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Les députés des Trois-Rivières (1808-1838)/RANVOYZÉ, Étienne

La bibliothèque libre.
Les éditions du « Bien Public » (p. 32-36).

VI

Étienne Ranvoyzé

(1776-1826)

Il naquit à Québec le 10 mars 1776 du mariage de François Ranvoyzé, qui avait servi à la défense de Québec en 1775-76, en qualité de milicien.

Son aïeul, Étienne Ranvoyzé, baptisé en 1699, boutonnier, fils de Pierre et de Marie Goupil, de Caen, Normandie ; sépulturé le 4 septembre 1749, avait épousé à Québec, le 8 mai 1729, Marie-Jeanne, fille de Jean Poitras et de sa seconde femme, Marie-Anne, née le 3 décembre 1700, fille de Pierre De La Voye. Son fils François fut le père du notaire Étienne Ranvoyzé, des Trois-Rivières.[1]

Né à Québec le 26 décembre 1739 et décédé le 8 octobre 1819, François Ranvoyzé fut l’un des plus habiles orfèvres de cette ville. Il fit, pendant près d’un demi-siècle, pour différentes églises de la province, des vases sacrés : calices, ciboires, ostensoirs, etc., dont elles avaient besoin.

Il avait épousé, à Québec, le 25 novembre 1771, Vénérande, fille de Charles Pélerin. Ils eurent une fille, Vénérande, née en 1773 et mariée le 2 juillet 1804 à Joseph De Blois. Elle mourut le 26 novembre 1836. Ils furent les parents de l’honorable Pierre-Antoine De Blois, sénateur (1815-1898).

Après avoir terminé ses classes au séminaire de Québec, Étienne étudia le droit chez le notaire Jean-Marie Mondelet, fut admis à la pratique, à Montréal, le 11 avril 1799, forma une société avec son ancien patron et alla ouvrir des bureaux à Saint-Marc et à Sorel. Deux ans plus tard, il s’établissait aux Trois-Rivières.

M. Ranvoyzé fut, en juin 1801, au nombre des signataires d’une adresse présentée au lieutenant Dupré à son départ des Trois-Rivières où il était en garnison.

Par devant Me Étienne Ranvoyzé, le 11 juin 1804, François Lemyre cédait à Jean-Baptiste Lozeau tous les droits seigneuriaux généralement quelconques à lui échus dans le fief de la Baie-du-Febvre par la mort de son père Antoine Lemyre.[2]

Nommé juge de paix le 8 juillet 1815, il était recommandé le 2 octobre suivant pour le poste de commis et trésorier de la commission établie pour la construction d’une prison en cette ville. Le 1er octobre 1818, M. Ranvoyzé sollicitait la nomination d’agent du secrétaire de la province pour l’émission des licences aux Trois-Rivières et le 22 octobre 1821, il demandait la réinscription de son nom sur la liste des juges de paix. Le 9 avril précédent il avait demandé avec d’autres citoyens des Trois-Rivières que le vieux monastère des Récollets qui avait servi de prison pendant plus de cinquante ans, fut rendu à sa destination primitive.

M. Ranvoyzé fut l’un des représentants de la ville des Trois-Rivières à l’Assemblée législative du 28 août 1824 jusqu’à sa mort survenue le 9 août 1826.

Il avait été défait aux élections de 1820 par Joseph Badeaux. Celui-ci ayant remercié ses électeurs dans la Gazette des Trois-Rivières, son adversaire se fâcha tout rouge et lui répliqua vertement,

Au printemps de l’année 1812, les relations de la Grande-Bretagne avec les États-Unis se tendaient de plus en plus. Il devenait évident que la guerre allait être déclarée et le territoire canadien envahi. À l’appel du gouverneur, un grand nombre de Canadiens s’empressèrent de s’enrôler dans la milice pour la défense de la province.

Le notaire Ranvoyzé offrit ses services qui furent acceptés et il servit pendant la guerre de 1812-15. Lieutenant au troisième bataillon de la milice d’élite incorporée le 25 mai 1812, il fut promu capitaine le 25 mars de l’année suivante. Ce bataillon dont les quartiers généraux étaient à Berthier avait pour commandant l’honorable James Cuthbert, de Berthier. Il prit part, sous les ordres de Salaberry, au mémorable combat de Châteauguay, le 26 octobre 1813, et à ceux de Plattsburg, du 6 au 11 septembre 1814. Les héritiers de M. Ranvoyzé obtinrent en 1839, une concession de 800 acres de terre en récompense de ses services.

Pendant les deux sessions de la législature auxquelles il assista, il ne chôma guère. Non seulement fut-il très assidu aux séances, mais il prit une part active à la discussion des questions débattues, présenta plusieurs projets de lois, fit partie de divers comités et présida à maintes reprises des comités pléniers de la Chambre. Parmi ses travaux, il en est trois qui intéressent particulièrement la population de la ville et du district des Trois-Rivières.

Le 2 février 1825, il fut membre d’un comité chargé d’étudier un bill relatif à la commune de la seigneurie de la Rivière-du-Loup.

Le 24 janvier 1826, M. Ranvoyzé présenta à la Chambre une pétition du président et des syndics de la commune des Trois-Rivières, « exposant qu’en vertu du statut provincial en date du 8 avril 1801, intitulé « Acte pour mieux régler la Commune appartenante à la Ville de Trois-Rivières, » les pétitionnaires ne pouvaient concéder que cinquante arpents de la dite Commune, outre ceux qui avaient été ci-devant concédés ; qu’actuellement les dits cinquante arpents de terre sont concédés. Que, vu les applications d’un nombre considérable de personnes demandant des terrains en concession, il devient nécessaire et avantageux pour le bien général de cette ville que les président et syndics de la dite Commune soient autorisés à concéder par emplacements n’excédant pas un demi-arpent en superficie chacun, un terrain de la dite Commune d’environ trente mille arpents en superficie, pour continuer les concessions tant du côté nord-ouest que du côté sud-est de la rue Saint-Philippe jusqu’au moulin à vent, afin de la faire aboutir au chemin du Roi et lui donner une sortie, et pareillement pour continuer une concession seulement depuis le bout de la rue des Forges jusqu’à la terre des représentants de feu Malcolm Fraser, avec injonction aux concessionnaires de clore seuls et à leurs frais partout où leurs terrains joindront la dite Commune, afin de lui exempter beaucoup de frais et de clôtures, et attendu en outre que la partie de terrains à concéder n’est nullement bonne pour le pacage des animaux. Qu’il est pareillement avantageux aux habitants de cette ville d’obtenir l’octroi d’un certain terrain d’environ trente-cinq arpents en superficie, situé au pied du coteau du fief Sainte-Marguerite, joignant la dite Commune, ci-devant réservé par les Révérends Pères Jésuites, en accordant une partie d’icelle et dernièrement offert de la part du gouvernement par les commissaires des biens des dits Révérends Pères Jésuites, aux président et syndics de la Commune pour l’agrandissement d’icelle, mais qu’ils n’ont pu alors accepter faute d’être autorisés en loi à le faire. Pourquoi les pétitionnaires concluent très respectueusement à ce qu’il plaise d’autoriser les président et syndics de la Corporation de la dite Commune à concéder des terrains susdits en la manière ci-dessus exprimée, et aussi à solliciter et accepter du gouvernement l’octroi du dit morceau de terre appartenant aux biens des dits Révérends Pères Jésuites, pour l’agrandissement de la dite Commune et en faire partie, et à faire à cet effet tout ce qui sera nécessaire pour parvenir à en obtenir un titre légal, aux charges, conditions et restrictions qui seront jugées à propos. »

« Sur motion de M. Ranvoyzé, appuyé par M. Berthelot.

« résolu, Que la dite pétition soit référée à un comité de cinq membres pour en examiner le contenu et en faire rapport avec toute la dépêche convenable, avec pouvoir d’envoyer quérir personnes, papiers et records.

« ordonne, que M. Ranvoyzé, M. Berthelot, M. Bureau, M. Caron et M. Viger composent le dit comité. »

Cette requête fut accordée un mois plus tard et un « Acte qui autorise le Président et les Syndics de la Commune des Trois-Rivières à acquérir et concéder certains terrains y mentionnés fut approuvé ».

Trois jours plus tard, une autre pétition des habitants des Trois-Rivières fut présentée à la Chambre par M. Berthelot. Ils se plaignent que vu qu’il n’existe aucune loi pour régler le poids et le prix du pain, les boulangers en profitent pour les frauder. Ils se concertent entre eux pour élever hors de toute proportion le prix de cet article de première nécessité et donnent aussi un faux poids. Cette requête fut référée à un comité de cinq membres dont M. Ranvoyzé fit partie. Ce comité fit rapport à la Chambre le 11 février, disant que le nombre des pétitionnaires n’est pas suffisant pour introduire dans le Bourg des Trois-Rivières des mesures qui sont considérées dans le reste de la province comme un obstacle inutile au développement de l’industrie du pays et qu’en conséquence les conclusions de la pétition ne doivent pas être accordées.

Un autre Acte « pour autoriser les habitants du fief Grosbois, dans le comté de Saint-Maurice, à faire des règlements plus avantageux pour la Commune du dit fief » fut aussi passé à la session de 1826. MM. Berthelot et Ranvoyzé l’avaient proposé et fait adopter.

En somme, M. Ranvoyzé fut un excellent député, renseigné, travaillant et animé d’une noble émulation pour le bien de ses commettants comme pour celui de la province en général.

Étienne Ranvoyzé épousa, à la Jeune-Lorette, le 6 mars 1803, Marie-Françoise, fille de François Filion et d’Élizabeth Duſour.[3]

Au recensement de 1825, ils étaient quatre dans la famille : le père, la mère, un homme non-marié, entre 40 et 60 ans ; un homme non-marié entre 18 et 25 ans.

Un frère, Louis, né le 3 mai 1787, fut admis à la pratique du notariat à Québec le 15 janvier 1816, Étienne avait aussi un autre frère nommé François-Ignace, né le 7 septembre 1772 ; ordonné prêtre le 13 août 1797 ; décédé à Sainte-Anne de Beaupré le 7 janvier 1843. Une sœur se nommait Marie.

  1. Tanguay, VI, 551.
  2. Inventaire des concessions en seigneurie, III, 255,
  3. Renseignement gracieusement fourni par M. Joseph Drouin, avocat et généalogiste de Montréal.