Les filles de Loth et autres poèmes érotiques/37

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Le Chapître des Cordeliers
Les filles de Loth et autres poèmes érotiques, Texte établi par Bernard, Edmond Dardenne, Imprimerie de la Genèse (Sodome) (p. 179-185).

Les filles de Loth et autres poèmes érotiques, Bandeau de début de chapitre
Les filles de Loth et autres poèmes érotiques, Bandeau de début de chapitre

LE CHAPITRE DES CORDELIERS


Déjà la renommée avait passé les mers
Pour aller annoncer à cent peuples divers,
Que l’invincible chef de la gent cordelière
Venait de terminer son illustre carrière.
Déjà, pour faire choix d’un digne successeur,
De chaque monastère on assemble la fleur,
Et Tolède est choisi pour tenir l’assemblée
Où doit se réunir l’élite députée.
Le Chapitre commence ; il se tient à huis clos ;
Un moine, beau parleur, l’ouvre par ce propos ;

« Oh ! vous, dignes soutiens de toute gueuse,
« Vous qui n’avez pour tout bien et tout revenu
« Que le droit casuel et du con et du cul,
« Vous qui, de toute part, venez ici vous rendre
« Au Saint Généralat, vous qui voulez prétendre,
« Vous vous flattez en vain que la brique en ces lieux
« Favorise jamais des vœux ambitieux
« Quiconque ose aspirer à cette illustre place
« Ne doit attendre sur ses talents aucune grâce.
« Plus humble, plus savant, fussiez-vous mille fois,
« Plus ardent à gueuser que le grand Saint-François,
« Si vous n’avez de vits d’une énorme mesure,
« Vous devez de ce rang vous-même vous exclure.
« Le mieux muni de vous doit être général,
« C’est là notre choix, le point fondamental.
« Choisissons parmi nous le vit le plus illustre ;
« Frères ! préparez-vous, voici l’instant fatal
« Que nous donne au grand jour le spectre monacal ;
« De votre raide engin, montrez la préférence !
Alors montrant le sien… « Voilà », dit-il, « mes droits !
« Et le signe assuré des meilleurs exploits.
« Quoiqu’on en ait tranché, par un malheur funeste,
« Pour être général, voilà ce qu’il me reste. »
— « Révérend ! c’est, je crois, un assez bel hochet
« À son aspect on croit voir un vit de mulet. »
...............
Saisi d’un saint transport, un vieillard à lunettes
S’approche, et, pour voir, fait une humble courbette
De près l’examine et dit ; « Par Saint-François
« Voilà bien de notre ordre un des plus bel anchoix !
Mais, d’un air dédaigneux, saisissant la parole
Père Tapeur soutient que c’est une hyperbole,

Prétend qu’il n’a pas suffisante grosseur
Défié, à son égard, le plus rude censeur.
Et, relevant d’une main sa grande robe brune
De l’autre, il sort un vit propre à faire fortune ;
À peine le peut-on empoigner d’une seule main,
Long à proportion, carré, sec et mutin.
« Voilà », dit-il, un vit rugissant de colère
« Et non pas ce que vient de nous montrer le Père.
« Avec cet outil, je peux, sans me gêner,
« Fourbir mes douze coups, dont six sans déconner. »
Le Chapître sourit et prend cette bravade
Pour un discours en l’air, une gasconnade.
Mais le moine piqué à cet affront nouveau
Frappe de son outil vingt fois sur le bureau.
Cet effort vigoureux fait trembler le Chapître
— « L’on admire et l’on rend justice à votre titre ;
« Vous méritez beaucoup », lui dit le président.
« Père Tapeur, calmez cet emportement ;
« C’est assez, Révérend, calmez ce tonnerre,
« Vous effrayez tout notre monastère
« Votre engin, à son tour, doit être mesuré,
« Et, s’il est le plus long, il sera préféré.
« Père examinateur, commencez votre ronde
« Que chacun vous fasse voir sur quel titre il se fonde,
« Qu’on fasse mention exacte de la longueur
« Et du tour du bretteur, qu’à tous on examine
« Les couilles, et les vits jusqu’à la racine.
« Enfin, ce que chacun montrera de vigueur
« Soit en votre examen produit en sa faveur
« À vos vits raccourcis, donnez la vraie mesure ;
« Je vous en prie, mes frères, faites-le d’une main sûre. »

Le président à peine a fini son discours
Qu’on vit tous nos paillards mettre leur vit au jour
Et se retroussant jusqu’au-dessus du ventre,
Se patinent le vit pour le faire bien étendre.
Et si, de temps en temps, il venait à baisser,
Un bon tour de poignet le faisait redresser.
Notre examinateur, voyant sa troupe prête
Accommode à son nez une antique lunette
Et, devant chacun d’eux fléchissant le genou
Examine poils, vit, cul, couilles, enfin tout.
Ce bon père n’étant pas pourvu de mémoire
Un autre le suivait portant plume, écritoire.
On mettait en écrit et longueur et grosseur
Des couilles et des poils, et surtout du bretteur.
L’examen achevé, on lit puis on opère
Mais, pour l’élection nul ne se détermine
Le père Brisemothe et le père Lenfourneur
Ont leurs engins égaux, et longueur et grosseur.
Également bandants ; ils ont des reins du diable
Les couilles sont égales, enfin, tout est semblable.
Mais comment faire un choix ; tout pareil, égal
« Pour nous tirer — dit-on » de cette incertitude,
« Mettons-les tous les deux à quelque épreuve rude
« Pour choisir, sans scrupule et sans prévention
« Faisons venir et fille et garçon.
« Sur l’un et l’autre sexe, exerçons leur courage
« Nous verrons qui des deux prend mieux un pucelage
« Lequel, en fouterie, est le meilleur ouvrier,
« En un mot, qui des deux est meilleur Cordelier. »
Bientôt après ces mots, on présente à la salle
Un jeune Ganymède, une jeune vestale.

Environ de quinze ans, plus belle que le jour
Teintée de lys et de rose, ouvrage de l’amour.
Chaque père, voyant cette poulette
Sent son vit tout près de rompre sa gourmette
Le président fait signe au père Lenfourneur
De commencer l’épreuve, de grimper sur la sœur.
Sitôt dit, sitôt fait, dessus une couchette
Mise en ces lieux exprès, mon frocard vous la jette.
Il se trousse et se met en devoir d’obtenir
Des plaisirs que l’amour ne saurait définir.
Le père triomphait, achevait sa victoire
Et retirait du con son vit couvert de gloire.
Sitôt il le renfonce, et pour braver cet exploit
De l’aveu du tendron, il décharge six fois !
Six fois, sans déconner ! ! Et puis, levant sa cotte
Il fait voir au grand jour la plus brillante mothe,
La cuisse la plus blanche et le plus beau connain
Qui se trouvât jamais sous jupe de nonnain
Le vit du moine, alors montrant sa rouge tête
S’échappe furieux de sa sainte braguette ;
Écumant de luxure, il remonte à l’instant.
Jean-Foutant, cette fois, entre plus aisément.
Ce petit con, quoique con d’une poupée
Au moine vigoureux laisse une libre entrée.
Dans ce fécond passant sans plainte et sans douleur
Cet efroqué Jean-Foutre a redoublé d’ardeur.
Tout est si bien qu’enfin ne pouvant passer outre
Il lui laisse le con tout barbouillé de foutre.
Le Père Lenfourneur, illustre candidat
Ainsi fut approuvé par le Généralat.
Le Père Brisemothe, à son tour sur la scène
Entre et dit qu’il foutra dix coups d’une haleine

Il essuie le con de cette jeune sœur
Et, dans trois coups de cul, lui cause une douleur
Qui fait jeter des pleurs à la pauvre innocente.
Le moine, sans pitié dans son ardeur brûlante
La serre dans ses bras, saisi d’un saint transport,
Sentant son vit serré comme dans un ressort
Change en tendres soupirs les pleurs de sa conquête
Et régale le con d’une si belle fête
Que le cul de la nonne enfanta de fureur.
Le paillard lance au fond sa bénigne liqueur
Et suivant sans repos l’amoureux exercice
Douze coups tous portants, son vit lui fut propice.
Le douzième fini, on crut que cette fois
Le moine arrêterait là le cours de ses exploits.
On allait opiner quand ce nouvel hercule
S’adonise deux fois, et deux fois déchargeant
Il retire deux fois du cul son vit bandant.
Jusque-là Brisemothe avait eu l’avantage
Et le Chapître allait lui donner son suffrage.
— « Le mien n’est pas pour lui, répond Père Frappard
Qui sur lui remporta une pleine victoire.
« — Mais pour foutre je veux bien lui donner la poire
« Et vais vous le montrer sur ce jeune garçon. »
Il dit et sur-le-champ le déculottant, le Père
Aux yeux de ces paillards présente un beau derrière
Il pousse vivement son vit sans le mouiller
Sans effort, sans peine encule l’écolier
Chacun frappe des mains à un si beau spectacle
Et l’on tient que le coup approche du miracle
Quand ce borgne, charmé de l’applaudissement
Leur dit : « Sans déculer, je fouterai tout en main. »

Le saint homme, en effet, de toute la journée
Ne cessa de tenir sa mazette enculée.
Le président se lève et recueille la voix
Quand un témoin étourdi se saisit de la porte
Et dit qu’il ne voudra qu’aucun Cordelier sorte
Sans foutre quarante coups dans chaque cul.
Sans avoir déclaré qu’il le faut pour être élu ;
Appelant de leur choix au plus prochain Concile
Prétend bien montrer qu’il n’est pas moins habile
Offre de leur montrer sa proposition
Mise dans un moment à exécution.
Il sort en murmurant, enfermant le Chapitre.
« Je vous foutrai », dit-il « ou je suis un bélître. »
Pied ferme et vit en main, il les prend au guichet
Les moines se voyant bien pris au trébuchet
Délibèrent enfin, et la sainte assemblée
Qui se voit au passage à coup sûr enfilée
Veut bien qu’à ce mâtin on présente le cul
Tout autant qu’il en est, tout autant sont foutus
Pas un moine n’est exempt, pas même la vieillesse,
Le borgne encule tout, d’une même vitesse.
...............
Chaque moine convint qu’il n’a pas son égal
Et qu’on ne peut choisir un plus grand Général.


Les filles de Loth et autres poèmes érotiques, Vignette de fin de chapitre
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