Les grands jours d'Auvergne en 1665/Introduction

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INTRODUCTION.


Les Mémoires de Fléchier sur les Grands-Jours d’Auvergne, dont il n’avait été donné jusque-là que de rares et courts extraits, ont été publiés pour la première fois en 1844, et ont obtenu aussitôt le plus grand succès dans le monde et parmi les esprits cultivés, en même temps qu’ils ont soulevé toutes sortes de controverses dans quelques parties de la province. La nature de ces controverses avait même été telle, et l’on s’était attaqué si vivement à la personne de M. Gonod, l’honorable éditeur, qu’il devenait à craindre qu’il ne se décidât point à donner une seconde édition fort désirée. Il mourut du moins, en 1849, avant d’avoir pu satisfaire à ce vœu de l’élite du public. Aujourd’hui que tout ce grand feu est apaisé, et qu’un esprit conciliant a prévalu, les Mémoires de Fléchier reparaissent dans les circonstances les plus propres à en faire goûter l’agrément sans qu’il doive s’y mêler aucun fiel ni aucune amertume. Mon but, dans cette Introduction, sera surtout d’amener tous les esprits qui daigneront me suivre à comprendre que ces Mémoires sont tout à fait d’accord, et pour le fond et pour le ton, avec ce qu’on pouvait attendre de la jeunesse de Fléchier ; qu’ils ne la déparent en rien ; qu’ils font honneur à l’esprit de l’auteur, à sa politesse, sans faire aucun tort à ses mœurs, ni à sa prochaine et déjà commençante gravité ; que dans ce léger et innocent ouvrage, il a tout simplement le ton de la société choisie où il vivait ; et qu’on ne saurait, même au point de vue de la morale et de la religion, trouver cela plus étonnant que de voir saint François de Sales ouvrir son Introduction à la Vie dévote en nous parlant de la Bouquetière Glycera.

Voyons Fléchier tel qu'il était, apprenons à le goûter dans les qualités qui lui sont propres et qui lui assurent un rang durable comme écrivain et comme narrateur ; ne craignons pas de nous le représenter dans sa première fleur d'imagination et d'âme, dans sa première forme de jeune homme, d'abbé honnête homme et encore mondain ; et bientôt sans trop de complaisance, sans presque avoir à retrancher, nous arriverons insensiblement à celui qui n'avait eu en effet qu'à se continuer lui-même, et à se laisser mûrir pour devenir l'orateur accompli si digne de célébrer Montausier et Turenne, et l'évêque régulier, pacifique, exemplaire, édifiant. Il n'y a pas de vie plus unie que la sienne, ni qui se tienne mieux.

Esprit Fléchier, né en juin 1632 à Pernes, dans le Comtat Venaissin, d'une honnête famille, mais appauvrie et réduite au petit commerce, annonça d'abord les dispositions d'un sujet parfait. Il reçut en naissant « un esprit juste, une imagination belle mais réglée, un bon cœur, des inclinations droites ; » et comme l'a dit un autre de ses biographes, il reçut du Ciel « ce naturel heureux que le Sage met au rang des plus grands biens, et qui tient peu du funeste héritage de notre premier Père. » Les passions ne le transportaient pas ; un feu pur et doux l'animait. Il avait pour oncle maternel un Père de la Doctrine chrétienne, assez célèbre en son temps, le Père Hercule Audifret. Il fit donc ou acheva ses études à Tarascon dans le collège des prêtres de la Doctrine, et s'engagea même ensuite dans la congrégation, mais par des vœux simples. Il professa les humanités en différentes villes, et la rhétorique à Narbonne. Devenu prêtre, il eut à prononcer dans cette dernière ville l'Oraison funèbre de l'archevêque mort en 1659 ; il n'avait mis que dix jours au plus à la préparer. La maladie et la mort de son oncle, le Père Hercule, l’appelèrent à Paris en cette même année ; il se proposa d’y rester, et n’ayant pu le faire avec la permission de ses supérieurs, il sortit de la congrégation, mais en se déliant avec douceur comme ce sera toujours sa façon et sa méthode, en emportant et en laissant les meilleurs souvenirs. Il avait vingt-huit ans. C’est ici que le littérateur pour nous commence à paraître. Il s’était exercé jusque-là dans de petites compositions, dans des jeux d’esprit scolaires ou académiques ; il va continuer dans le même sens, en étendant un peu ses cadres.

Il connut Conrart, secrétaire perpétuel de l’Académie française, et qui se plaisait à produire les talents nouveaux. Ce fut Conrart qui, comme on le disait, donna Fléchier à M. de Montausier. Ce fut lui qui le recommanda à Chapelain qui était, à cette date, la grande autorité littéraire et le procureur général des grâces. Fléchier aimait à faire des vers latins : il songea à s’en servir pour sa réputation et pour sa fortune littéraire ; cette ancienne littérature scolastique, qui a encore eu, depuis, quelques rares retours, n’avait pas cessé de fleurir à cette date avant que les illustres poètes français du règne de Louis XIV eussent décidé l’entière victoire des genres modernes. Fléchier avait adressé au cardinal Mazarin une pièce de félicitation en vers latins (Carmen eucharisticum) sur la paix des Pyrénées (1660) ; il en fit une autre l’année suivante, sur la naissance du Dauphin {Gènethliacon). C’est à ce sujet que Chapelain lui écrivait une lettre que j’ai sous les yeux, inédite, datée du 18 janvier 1662, portant à l’adresse : Monsieur Fléchier, ecclésiastique à Paris. On y lit :

« Monsieur,

« Je reçus votre lettre et le poème latin qui l’accompagnoit avec beaucoup de pudeur, ne pouvant sans rougir voir que vous le soumettez à mon jugement, lequel je ne puis exercer sans témérité sur d’autres ouvrages que sur les miens propres ; et je vous avoue que soit par cette raison, soit par le peu de loisir que me laissent mes occupations, je fus tenté de m’excuser du travail que vous exigiez de moi, et que le seul nom de M. Conrart me fit retenir votre cahier, et résoudre de vous complaire. Mais, après avoir lu votre Poëme, vous n’eûtes plus besoin de sa recommandation auprès de moi ; vous vous y rendîtes assez considérable par vous-même, et, tout inconnu que vous me fussiez, vous vous fîtes tout seul connoître à moi pour un homme de mérite et d’esprit qui n’aviez pas une médiocre habitude avec les Muses, et qui étiez avantageusement partagé de leurs faveurs. Il y a dans cette pièce de ce génie poétique qui est si peu ordinaire, grande quantité de sentiments élevés, et de vers noblement tournés. Tout y est du sujet, et le sujet sublime de soi n’y est du tout point ravalé par les expressions fort latines, et par les nombres fort soutenus et fort arrondis. L’invention m’en semble même selon l’art, et je n’y ai rien trouvé qui me donne scrupule, sinon que vous y introduisez la Renommée comme une divinité qui pénètre dans les choses futures, quoique sa fonction ne soit que de parler des événements présents ou passés. Vous y ferez réflexion, et en communiquerez avec vos amis habiles, auxquels je m’en rapporte s’ils ne s’y arrêtent pas. Je suis de leur avis pour la publication de l’ouvrage, et quand il aura paru, il aura mon suffrage et mes éloges auprès de ceux qui m’estiment connoisseur en ces matières-là.... »

Le ton de cette lettre est cérémonieux et un peu pesant, mais le jugement est exact. Nous y voyons Fléchier au début et appliquant à la poésie latine quelques-uns des mérites de diction qu’il transportera ensuite dans la prose française. La lettre de Chapelain se termine par deux ou trois remarques de détail dont il paraît que Fléchier a tenu compte [1]. [2]La pièce en elle-même est élégante, ingénieuse, sans le feu et l’ardeur de la belle églogue de Virgile intitulée Pollion, mais animée d’une douceur et comme d’une onction pacifique très-sensible et très-sincère. L’expression de mitis y revient souvent et nous donne la note de cet esprit doux par excellence, et qui sut l’être sans fadeur. Le Dauphin, dit-il, n’a dû naître qu’après les guerres terminées et à une heure de paix pour le monde :

. . . . . . . . Sic Fata parabant
Nec decuit mites nasci inter crimina Divos.

Il serait peu raisonnable, sans doute, d’accuser Fléchier de paganisme pour ce Fata et ce Divos. Il le serait tout aussi peu de l’aller accuser de galanterie (dans l’acception fâcheuse) et de licence pour certaines anecdotes des Grands-Jours. Dans l’un et dans l’autre cas, il obéit à un genre admis et à un ton donné.

C’est ainsi que dans sa pièce latine la plus considérable qu’il a consacrée à célébrer le Carrousel royal de 1662, et à décrire les divers groupes de cavaliers qui y figuraient, il n’a eu garde d’oublier ce qui fait le principal attrait des tournois, les dames qui regardent et qui s’y enflamment, et Cupidon dans les airs qui se réjouit :

. . . . . . . Mediis e nubibus ipse Cupido
Dulces insidias furtim meditatur. et artem
Exercet, ludumque suum ; sumptaque pharetra,
Blandis plena dolis et dulci tincta veneno

Nostrarum in cœtus Nympharum spicula torquet
Improbus, accenditque animos, et suscitât ignés.
Quœque suis agitur studiis, sua cuique cupido est. . . .

« Du sein des nuages, Cupidon lui-même prépare furtivement ses doux pièges, il exerce son art et fait son jeu ; prenant son carquois, il en a tiré des traits délicieusement perfides et trempés d'un charmant poison ; il les lance sur nos groupes de Nymphes, le méchant ! et il allume les cœurs et il attise les flammes : chacune est en proie à ses partialités, chacune a son désir.... »

Il faudrait être bien farouche pour se courroucer contre une mythologie si poliment touchée.

La réputation de Fléchier dans le monde lettré commençait à se faire, grâce à ces compositions de collège qui avaient leurs lecteurs et leurs juges, même à la cour. Dans le Mémoire de quelques gens de lettres vivants en 1662, dressé par ordre de M. Colbert, Chapelain, après avoir parlé de Huet, qui, disait-il, « écrit galamment bien en prose latine et en vers latins, » et du gentilhomme provençal du Périer, aujourd'hui très-oublié, continue sa liste en disant : « Fléchier est encore un très-bon poète latin. »

Vers cette année 1662, faisant un voyage en Normandie, et sans doute pour y voir M. de Montausier nommé gouverneur de cette province, Fléchier arrivait à l'improviste chez Huet avec qui il était très-lié, se glissait à pas de loup jusqu'à lui dans sa bibliothèque et le serrait tout surpris entre ses bras : « Je ne fus pas médiocrement réjoui, nous dit Huet en ses Mémoires, de la visite d'un si agréable ami. » On voit d'ici cette jolie scène familière des deux futurs prélats, dont l'un petit abbé alors, et l'autre un simple gentilhomme normand. C'est vers ce temps que Fléchier entra dans la maison de M. de Caumartin, maître des requêtes, à titre de précepteur de son fils. M. de Caumartin avait eu d'une première femme, Marie-Urbaine de Sainte-Marthe, un fils qui devint par la suite un magistrat et un administrateur distingué ; ce fut l'élève de Fléchier [3]. Ayant perdu sa première femme en 1654, M. de Caumartin, resté veuf pendant dix ans, épousa en 1664, en secondes noces, Mlle de Verthamon. Ce mariage fut célébré poétiquement par Fléchier, qui était déjà dans la maison ; il fit à ce sujet une Élégie en vers français dans le goût d'alors qui précédait la venue de Despréaux. L'Amour se plaint à sa mère qu'Alcandre (c'est-à-dire M. de Caumartin) résiste à tous ses traits, et que depuis la mort de sa première femme, il demeure inflexible :

Il soupira jadis son amoureuse peine,
Et ne put s'affranchir de ma première chaîne ;

Mais après cette chaîne et ces liens rompus ,
Il a repris son cœur et ne l’engage plus.
. . . . . . . . . . . ; . . . ; . . . . . . . .
Si j’expose à ses yeux l’objet le plus charmant ,
Il le regarde en juge et non pas en amant ;
Et si j’offre à ses feux quelque illustre matière ,
A son peu de chaleur il joint trop de lumière,
Il examine trop les lois de sa prison ,
Et veut joindre à l’amour un peu trop de raison.

Vénus répond à son fils en le consolant, et lui dit qu’il ne faut pas désespérer à ce point du rebelle Alcandre :

Plus ses vœux sont tardifs, plus ils seront constants,
Il diffère d’aimer pour aimer plus longtemps ,
Et sa chaîne, mon fils, qu’il traîne de la sorte ,
En sera quelque jour plus durable et plus forte;
Relève ton espoir, et choisis seulement
Une parfaite amante à ce parfait amant.

Doris sera cette amante et cette seconde épouse, Doris à la fois belle et sage, également chère à Pallas et aux Muses, mais qui ne veut avec celles-ci qu’ un commerce secret. Fléchier, dans ce portrait flatteur et qui a du ton de l’ Astrée, insiste comme il le doit sur la pudeur et la modestie qui fait le trait principal de la beauté célébrée :

Cette chaste couleur, cette divine flamme,
Au travers de ses yeux découvre sa belle âme,
Et l’on voit cet éclat qui reluit au dehors,
Gomme un rayon d’esprit qui s’épand sur le corps.

Telle Fléchier nous dépeint et nous montre à l’avance la seconde Mme de Caumartin avec laquelle il fera l’année suivante le voyage d’Auvergne, et pour qui il rédigera le récit des Grands-^ours. Ce fut très-probablement pour elle aussi, et à sa demande, que le cardinal de Retz, quelques années après, entreprit d’écrire ses incomparables Mémoires. Mme de Caumartin avait en elle le don d’inspirer, et ce charme auquel on obéit.

Ces vers français de Fléchier qui rappellent ceux de d’Urfé, Page:Fléchier - Les grands jours d'Auvergne en 1665, 1856.djvu/23 Page:Fléchier - Les grands jours d'Auvergne en 1665, 1856.djvu/24 Page:Fléchier - Les grands jours d'Auvergne en 1665, 1856.djvu/25 Page:Fléchier - Les grands jours d'Auvergne en 1665, 1856.djvu/26 Page:Fléchier - Les grands jours d'Auvergne en 1665, 1856.djvu/27 Page:Fléchier - Les grands jours d'Auvergne en 1665, 1856.djvu/28 Page:Fléchier - Les grands jours d'Auvergne en 1665, 1856.djvu/29 Page:Fléchier - Les grands jours d'Auvergne en 1665, 1856.djvu/30 Page:Fléchier - Les grands jours d'Auvergne en 1665, 1856.djvu/31 Page:Fléchier - Les grands jours d'Auvergne en 1665, 1856.djvu/32 Page:Fléchier - Les grands jours d'Auvergne en 1665, 1856.djvu/33 Page:Fléchier - Les grands jours d'Auvergne en 1665, 1856.djvu/34 Page:Fléchier - Les grands jours d'Auvergne en 1665, 1856.djvu/35 Page:Fléchier - Les grands jours d'Auvergne en 1665, 1856.djvu/36 Page:Fléchier - Les grands jours d'Auvergne en 1665, 1856.djvu/37 Page:Fléchier - Les grands jours d'Auvergne en 1665, 1856.djvu/38 Page:Fléchier - Les grands jours d'Auvergne en 1665, 1856.djvu/39 Page:Fléchier - Les grands jours d'Auvergne en 1665, 1856.djvu/40 Page:Fléchier - Les grands jours d'Auvergne en 1665, 1856.djvu/41 Page:Fléchier - Les grands jours d'Auvergne en 1665, 1856.djvu/42 Page:Fléchier - Les grands jours d'Auvergne en 1665, 1856.djvu/43 Page:Fléchier - Les grands jours d'Auvergne en 1665, 1856.djvu/44 Page:Fléchier - Les grands jours d'Auvergne en 1665, 1856.djvu/45 Page:Fléchier - Les grands jours d'Auvergne en 1665, 1856.djvu/46 Page:Fléchier - Les grands jours d'Auvergne en 1665, 1856.djvu/47 Page:Fléchier - Les grands jours d'Auvergne en 1665, 1856.djvu/48 Page:Fléchier - Les grands jours d'Auvergne en 1665, 1856.djvu/49 Page:Fléchier - Les grands jours d'Auvergne en 1665, 1856.djvu/50 Page:Fléchier - Les grands jours d'Auvergne en 1665, 1856.djvu/51

  1. 1. Il semble même qu’il ait jusqu’à un certain point tenu compte de son
  2. observation au sujet de la Renommée dont il a fait l’interprète de l’avenir ; car dans la pièce, telle qu’elle est imprimée, il a pris soin de ne nous représenter la déesse que comme se faisant l’écho des premiers bruits répandus et des premières rumeurs du destin ; les oracles transpirent déjà, elle répète ce qu’elle a entendu :

    . . . . . . . Toto tum pectore prona
    Volvit centum oculos, et centum subrigit aures,
    Impatiens strepere, et magnos inquirit in ortus,
    Exploratque aditus fati, primæraque captat
    Auspicia, et velox collecti nuncia veri,
    Quæ didicit, pandit patriis oracula regnis.

  3. 1. Boileau parlait de M. de Caumartin, l'élëye de Fléchier, quand il disait dans sa satire XIe (1698) :

    Chacun de l’équité ne fait pas son flambeau ;
    Tout n'est pas Caumartin, Bignon, ni d'Aguesseau.

    En lisant, dans les Mémoires de Saint-Simon, le portrait du même M. de Caumartin, conseiller d'État et intendant des finances, mort en 1720, on y découvre des caractères de bonne éducation qui décèlent la main excellente de son précepteur. Après lui avoir reproché d'être glorieux, d'avoir sous son manteau les grands airs que le maréchal de Villeroi étalait sous son baudrier, et d'avoir été le premier homme de robe qui ait hasardé à la cour (ô scandale !) le velours et la soie, Saint-Simon ajoute : « Le dedans étoit tout autre que le dehors ; c'étoit un très-bon homme, doux, sociable, serviable, et qui s'en faisoit un plaisir ; qui aimoit la règle et l'équité, autant que les besoins et les lois financières le pouvoient permettre ; et au fond honnête homme, fort instruit dans son métier de magistrature et dans celui de finance, avec beaucoup d'esprit, et d'un esprit accort, gai, agréable. Il savoit infiniment d'histoire, de généalogie, d'anciens événements de la cour. Il n'avoit jamais lu que la plume ou un crayon à la main ; il avoit infiniment lu, et n'avoit jamais rien oublié de ce qu'il avoit lu, jusqu'à en citer le livre et la page. Son père, aussi conseiller d'État, avoit été l'ami le plus confident et le conseil du cardinal de Retz. Le fils, dès sa première jeunesse, s'étoit mis par là dans les compagnies les plus choisies et les plus à la mode de ce temps-là. Cela lui en avoit donné le goût et le ton, et, de Tun à l'autre, il passa sa vie avec tout ce qu'il y avoit de meilleur en ce genre. Il étoit lui-même d'excellente compagnie.... » Nous retrouvons là très-visibles et dans leur lustre des qualités et des avantages que Fléchier contribua certainement à développer et qu'il possédait lui-même avec modestie. ─ C'est dans les conversations de ce M. de Caumartin devenu vieux, et pendant un voyage qu'il fit chez lui au château de Saint-Ange, que Voltaire, jeune, se prit d'un goût vif pour Henri IV et pour Sully, dont le vieillard ne parlait qu'avec passion : il en rapporta l'idée et même des parties commencées de sa Henriade.