Les noms indiens de mon pays/Texte entier

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Joseph E. Guinard o.m.i.
LES
NOMS
INDIENS
de mon pays
LEUR SIGNIFICATION
LEUR HISTOIRE
RAYONNEMENT
Joseph E. Guinard, o. m. i.
LES NOMS INDIENS
de mon pays
leur signification
leur histoire
RAYONNEMENT
2585 Ave Letourneux, Montréal.

L’auteur

Né à Maskinongé le 16 octobre 1864, l’auteur du présent volume est le doyen des Oblats canadiens et l’un des plus vieux prêtres du monde.

Le Père Joseph-Étienne Guinard, O. M. I. fit ses études classiques au séminaire des Trois-Rivières et ses études théologiques à Ottawa.

Ordonné prêtre en décembre 1891 ; il fut immédiatement assigné aux missions indiennes et fonda, au prix de mille difficultés, les premières résidences missionnaires chez les Indiens de la Baie James : Albany, Wecnisk, Attawapiscat.

Une dizaine d’années plus tard, on le rappelait de la Baie James pour lui confier, les missions crises et algonquines de l’Est, en particulier les postes du Haut-St-Maurice qu’il devait évangéliser pendant plus de trente ans.

Ces Indiens disaient de leur missionnaire : « C’est un charme que de l’entendre parler notre langue. Il en possède mieux que nous les finesses, les nuances et toutes les subtilités. »

Toujours vigoureux de corps et alerte d’esprit, malgré ses 95 ans révolus, le vieux missionnaire-écrivain consacre encore ses journées entières à ses inépuisables travaux littéraires et scientifiques.


PRÉFACE

Ce livre donne la traduction des noms indiens les plus connus du Canada. Ces noms pour la plupart sont iroquois, micmacs, algonquins, cris et esquimaux. Les bulletins touristiques et même les encyclopédies en donnent maintes traductions fausses et fantaisistes. J’ai cru faire œuvre utile en traduisant ces noms scientifiquement et en les réunissant dans les pages du présent volume, auquel j’ai consacré div années de ma vie. Ayant été 40 ans missionnaire chez les Indiens, je connaissais à fond les langues crises et algonquines ; dans le doute, j’ai consulté d’autres missionnaires et de célèbres interprètes indiens et métis. J’ai surtout eu la précieuse collaboration du R. Père A. Thibert, O. M. I., un des meilleurs spécialistes en langue esquimaude.

Je justifie mes traductions par les racines, car les langues aborigènes du Canada sont formées de racines, tout comme le grec, le latin et hébreux. Cela ne va pas sans difficulté. La langue crise, par exemple, varie sensiblement selon qu’elle est parlée par l’Indien de l’Est ou l’Indien des Prairies ou celui de la baie James et du lac Mistassini. (voir le mot Illinois) Où trouver le dialecte parfait et authentique ?

Un grand spécialiste en la matière,., M. J. A. Burgesse, soutient que « La langue des Indiens Tête-de-Boule de la rivière St-Maurice est du cris pur, tandis que celle des Waswanipi, à l’ouest, est la même que la langue mistassine et ressemble plutôt au dialecte montagnais ». (Archives de la Société Historique du Saguenay, 1949).

Ma carrière missionnaire et par conséquent mes études linguistiques m’ont surtout rapproché du cris de l’Est et plus particulièrement du cris Tête-de-Boule. Tant mieux pour moi si j’ai navigué dans les meilleures eaux, et si les racines que j’utilise sont puisées aux sources les plus pures.

J’ai pu commettre des erreurs ; les noms indiens sont d’ordinaire très mal épelés. Ils ont été tronqués par les Blancs et écrits de toute sorte de façon : ce qui déroute le traducteur. (voir le mot Michigan). En outre, les langues indiennes ont subi, comme toute langue, des altérations. À preuve, cette assertion du père Durocher o. m. i., missionnaire de la Côte Nord : « Quant aux catéchismes qui ont été écrits par les pères Jésuites dans leur langue (montagnaise) ancienne, ils ne les comprennent presque plus, tant cette langue a subi de variations. » (Missions 1845, no 6, p. 147) Les Indiens du Canada n’avaient autrefois ni école, ni grammaire écrite pour conserver la pureté de leur langue.

Je ne me suis pas contenté de traduire, j’ai ajouté un bref aperçu historique et géographique des localités, des animaux et des choses que ces noms désignent, ce qui brise la monotonie qu’aurait engendrée une suite de mots en regard d’une sèche traduction. J’indique les références où j’ai puisé ces notes et anecdotes.

Enfin, je mentionne certains mots canadiens, passés depuis longtemps dans notre vocabulaire, et qui proviennent de l’indien : BABICHE, GERNIGUANE, etc. Ces mots furent adoptés par les COUREURS DE BOIS ou autres Blancs qui fréquentaient les Indiens.

On devrait écrire et prononcer avec plus de respect, je veux dire plus correctement, ces noms indiens si riches et si savoureux qui jalonnent notre pays. Malheureusement, comme on les défigure ! Sur les cartes géographiques, les bureaux de poste, les gares de chemin de fer, les navires, on en fait trop souvent des patois et des jargons, qui n’ont de sens dans aucune langue du monde.

Si le présent volume peut servir la cause et restituer aux noms indiens du Canada leur vraie beauté, je ne regretterai jamais de l’avoir écrit.

Joseph Étienne Guinard, o. m. i.


Remarques sur la prononciation

En général dans les langues indiennes du Canada, toutes les voyelles se prononcent.

Cependant la voyelle e (E) se prononce toujours comme si elle avait un accent aigu : nété, kiwé, éébik.

In, se prononce comme dans cuisine, cousine, vermine. Il faut dire win, notin, kiwétin.

An, se prononce comme dans cabane, caravane, chicane : otaban, asinikan, sakitan.

W, à la fin d’un mot, et précédé de é ou de i, se prononce comme ou. Exemple : minew, prononcez minéou ; minosiw, prononcez minosiou ; sakinew, sakinéou.

C, se prononce comme ch : exemple : kicémanito, prononcez kichémanito ; wabac wabach ; kitci, kitchi.

G, est toujours dur, et ne se prononce jamais comme J.

E. G. o. m. i.

LES NOMS INDIENS
de mon pays

ABEGWEIT

Abegweit pour epegweit (couché, étendu dans l’eau). Micmac.

Nom primitif de l’île du Prince-Édouard.

Les Micmacs furent les premiers habitants de cette île ; et voici ce que raconte une de leurs pittoresques légendes.

Le demi-dieu Glosscap, devenu vieux et rhumatisant, décida de se choisir un endroit de repos, de s’organiser une sorte de paradis terrestre, loin du monde. Son choix tomba sur cette île invitante, située à 9 milles de la côte. Comme le rouge était sa couleur préférée, d’un coup de pinceau magique il lui donna la teinte éclatante et rafraîchissante que le sol de cette île conserve à perpétuité. Et Glosscap baptisa cette terre de prédilection du nom d’Abegweit (couché dans l’eau), pour évoquer les bonnes heures de détente qu’il se promettait d’y passer par la suite.

Ce paradis terrestre, les blancs l’ont changé de nom ; mais il demeure pour les touristes un endroit réputé. Nombre de Canadiens chaque année imitent le dieu Glosscap et choisissent l’île du Prince-Édouard comme endroit de vacances, pour se reposer des tracas de l’existence et du tapage des grandes villes.

Études historiques et géographiques p. 229. R. P. Pacifique, Cap.

ABÉNAQUIS
Abénaquis pour Wabanaki. (Les Indiens de la terre de l’Est, du levant.) Algonquin.
Racines : waban : le levant, l’est, l’aurore ; aki : terre (indien est sous-entendu).

Nom d’une tribu indienne, autrefois populeuse et glorieuse, qui couvrait le Nouveau-Brunswick et l’état du Maine. Malheureusement la race abénaquise est maintenant presque éteinte et ne parle plus sa langue. Une langue pourtant originale, qui se prononçait probablement à coups de glotte ; car les iroquois s’en amusaient en disant : « Le langage des Abénaquis ressemble aux cris de l’akotsakamenka (le goglu). »

Les Abénaquis avaient comme emblème national le chevreuil ; lequel est encore aujourd’hui le gibier par excellence de ces régions.

La race abénaquise se lia très vite d’amitié avec les premiers colons français et cette alliance a été d’une fidélité sans reproche. Ses guerriers partagèrent nos combats et ne cessèrent de harceler nos ennemis de la Nouvelle Angleterre.

La nation abénaquise se convertit en bloc à la foi catholique. Elle eut surtout comme missionnaires les deux fameux jésuites Druillettes et Rasles. (1687-1724). L’histoire rapporte que ce dernier fut massacré par les anglais, le 23 août 1724, au village de Narantsouak.

« Le jésuite, en sortant de l’église, est criblé de balles, scalpé, mutilé. On pille les cabanes, on profane les vases sacrés, on incendie le temple, on massacre quelques femmes et enfants. 150 Indiens avaient fui dans les bois et revinrent ensevelir les dépouilles de leur missionnaire ; puis les abénaquis se dispersèrent à jamais. »

En 1690, après la prise de Port-Royal, c’est un Abénaquis qui, à toute vitesse et à travers la forêt, alla prévenir à Québec le gouverneur Frontenac de l’arrivée imminente de la flotte anglaise commandée par l’amiral Phipps.

Les grands noms oubliés de notre histoire, pp. 211, 238, 247, Alphonse Fortin.
Dictionnaire illustré historique. Larousse.
Indians of Canada, p. 270, Diamond Jenness.
ABITIBI
Abitibi (eau mitoyenne). Algonquin, cris.
Racines : Abita, la moitié. Bi, pour nipi, mot tronqué et adouci signifiant eau. Bi signifie également breuvage, boisson.

Nom d’un lac et d’une rivière, dont les eaux se déversent dans le fleuve Mosse, un affluent de la Baie James, P. Q.

Géographiquement, cette appellation est pleinement justifiée. Le lac Abitibi est situé sur la ligne du partage des eaux, que nous appelons communément hauteur des terres. C’est la partie élevée du bouclier laurentien. À cet endroit, les eaux ont à choisir entre deux versants qui se séparent dos à dos : celui du St-Laurent et celui de la baie James. Elles sont donc les eaux du milieu, les eaux mitoyennes, et l’indien eut raison d’appeler cette région Abitibi.

Jusqu’à 1902, époque de la trouée du Transcontinental, le territoire de l’Abitibi n’était autre chose qu’une forêt vierge et sans limite. Les Indiens de la nation algonquine la sillonnaient en toute tranquillité et en maîtres incontestés. Ils piégeaient et chassaient à leur guise, alimentant le comptoir de la Compagnie de la Baie d’Hudson, qui ne fut abandonné qu’en 1914. Il était établi, près de la chapelle, sur une langue de terre graveleuse, au bord du grand lac Abitibi.

Ce poste remonte à un passé encore plus lointain, puisque le chevalier Pierre de Troyes y avait établi un petit fort en 1682, en se rendant à la baie James où il devait emporter d’assaut le fort Moose Factory.

Cette région de la hauteur des terres est un immense pays plat. argileux et minier. Le lac Abitibi est forcément un labyrinthe d’îles et de presqu’îles ; car ce réservoir gigantesque épouse les formes indécises d’un terrain à peine accidenté. Je mentionne qu’il y existe une pointe de terre si longue que cela prend un temps interminable en canot pour la doubler.

Encyclopédie Grolier.

ABOUJAKAN — NAPOSAGANG

Aboujakan (cordon de perles, de grains). Micmac.

Nom d’une paroisse de l’archidiocèse de Moncton, comté de Westmorland, province du Nouveau-Brunswick.

Études historiques et géographiques, Père Pacifique, Cap.

ACHAWAKAMIK
Achawakamik (maison d’observation) Cris.
Racines : achawab : regarder attentivement, observer.
kamik : maison, demeure.

Nom d’une colline sur le bord de la Baie d’Hudson entre les rivières Winisk et Severn. C’est également le nom du vieux chef indien qui avait planté son wigwam en cet endroit, pour mieux contempler l’immensité des forêts, des eaux et des cieux.

ACHIGAN

Achigan a une double signification :

1. En algonquin, c’est une espèce de « grosse tanche » que les Anglais nomment « black bass ». Le nom algonquin, adopté par les colons de l’endroit, s’étendit à la rivière où l’on pêchait ce poisson et finalement aux paroisses que cette rivière arrose. (Ex : St-Roch de l’Achigan, comté de l’Assomption, diocèse de Joliette).

Il y a quatre sortes d’achigan : l’achigan à grande bouche, l’achigan de roche, l’achigan à petite bouche et l’achigan blanc appelé melachigan. Ce dernier est un gros poisson au dos relevé en bosse ; il promène sous des écailles gris-argent une chair grossière et coriace qui dégagerait par moment une odeur de requin. Il émet des sons et ses grognements peuvent s’entendre même quand il nage en eau assez profonde. Les os de ses oreilles ressemblent à de l’ivoire et sont marqués d’un « L ». Les Noirs des États-Unis les portent en guise d’amulettes et les amoureux, qui veulent que le « L » signifie « luck » (chance), en font un talisman.

2. En cris, achigan signifie « bas, nippes, coupon d’étoffe. »

J. A. Cuoq, P. S. S. Lexique algonquin.

Claude Melançon : les poissons de nos eaux.

ADIRONDACK

Adirondack pour ratirontaks. D’après le R. P. Jacobs, s. j., ce mot iroquois signifie « les mangeurs de billots », « les mangeurs d’arbres ». C’est le nom que les iroquois donnent aux Algonquins. C’est aussi le nom d’un village, d’une voie ferrée et d’une chaîne de montagnes situées au nord-est de l’État de New-York. C’est encore le nom d’un parc de 4,000 milles carrés, mis en réserve par l’État.[1]

AGONIK

Agonik-akonik (serrez-vous, pressez-vous). C’est l’impératif du verbe cris akonew. J’ai lu ce mot dans un wagon-restaurant où sont installés comptoirs, chaises et cuisinier à haut bonnet blanc, qui nous demande un « tip » en présentant une assiette argentée.

AGUANUS
Aguanus pour akwanich (petit abri) Montagnais, Cris.
Racines : Akwan, abri ; ich, est un diminutif.

Nom d’une mission (St-Félix) sur la côte nord du golfe Saint-Laurent et d’une rivière dangereuse ainsi que poissonneuse, longue de 140 milles. À l’embouchure de cette rivière, s’élève un entrepôt frigorifique pour le saumon. La Compagnie de Téléphone du Bas Saint-Laurent y tient une station télégraphique.

L’encyclopédie Grolier se trompe, selon moi, en traduisant Aguanus par « endroit de déchargement ».

AKAKWIDJIC SIPI
Akakwidjic sipi (la rivière des marmottes). Algonquin. (en otchipwé, pécan)
Racines : Akakwidjic, marmotte, siffleux ; sipi, rivière.

La rivière Marmotte ou Groundhog river, comme l’apellent les Anglais, est un affluent de la Mattagami, en Ontario nord.

Les marmottes sont des animaux lourds, à tête aplatie et aux oreilles courtes, pourvus d’une queue touffue : leur chair est assez bonne à manger. Cet animal s’apprivoise facilement, il dort au moins quatre mois. Les Algonquins et les Têtes de Boule appellent le mois de février « Akakwidjic kisis » (la lune des siffleux), époque où la marmotte sort de sa léthargie.

AKAMASKI — AKIMASKI
Akamaski (la terre de l’autre côté, de l’autre bord). Cris.
Racines : Akam, au-delà de l’eau ; aski, terre.

Akamaski est une île de la Baie James, la plus grande de cette baie. C’est ainsi que la nomment les Indiens de la côte est, car ceux de l’Ouest (Attawapiskat et Albany) l’appellent Akamaskitchic (la petite Akamaski). De la rive ouest, en effet, cette île paraît comme un long serpent noir. Les Indiens qui l’habitent sont captifs plusieurs mois de l’année, à cause des brumes et des glaces flottantes.

Ce n’est pas cette île que le P. Charles Albanel, s. j. visita en juillet 1672, et où il baptisa quelques Indiens, mais bien l’île Charlton qui mesure environ 75 milles de tour.

Avant la construction du chemin de fer de Moosonee, c’était à l’île Charlton que s’arrêtait le vaisseau de la Compagnie de la Baie d’Hudson qui approvisionnait les postes de la Baie James.

R. P. L. Lejeune, O. M. I., Dictionnaire Général d’Histoire du Canada.

AKLAVIK
Aklavik (l’endroit des ours bruns). Esquimau.
Racines : Akla, ours bruns ; vik, endroit, lieu de.

Aklavik, situé sur le chenal ouest du fleuve MacKenzie à 69 milles de la côte arctique, est une mission du Vicariat Apostolique du Mackenzie.

Aux yeux des Esquimaux de la terre stérile, c’est du spécial, car pour eux, il n’existe que l’ours blanc polaire. Ils donnèrent ce nom d’Aklavik à la bordure de la région boisée qui limite la terre stérile, à cause des ours bruns qu’ils y aperçurent pour la première fois.

Ce poste est un peu la capitale des missions de la côte, car c’est là que les bateaux du fleuve et ceux de la mer glaciale se rencontrent pour les approvisionnements.

La mission catholique y a été fondée en 1924 ainsi qu’un hôpital tenu par les Sœurs Grises de Montréal. Les mêmes religieuses y dirigent une école, fréquentée par les Indiens et les Esquimaux. De leur côté, les anglicans, pour imiter les catholiques, ont construit un hôpital et une école. Le Département de la Défense nationale y maintient un poste émetteur. La Police Montée et les officiers médicaux du gouvernement desservent également cette région. On y trouve un bureau de poste et quelques magasins de traite.

Ce fut la première mission stable de la côte arctique du Mackenzie. Pour plusieurs semaines, au solstice d’hiver, le soleil ne se montre point, de sorte qu’en plein midi il faut allumer la lampe.

Le contact avec les indiens chrétiens a contribué beaucoup à attirer les Esquimaux vers le catholicisme, Cette mission a été le trait d’union entre les missions indiennes et les missions esquimaudes du Vicariat du Mackenzie.

A. Thibert, O. M. I. ancien missionnaire chez les Esquimaux.

AKPATOK

Akpatok (Ils courent) Esquimau. (Akpatok ne signifie pas « Paradis des oiseaux » comme le prétend une encyclopédie canadienne.)

C’est le nom d’une île de 50 milles de longueur et 10 de largeur à l’entrée de la Baie d’Ungava.

Sur le rivage de cette île on trouve des colonies de pingouins. Ces oiseaux palmipèdes, aux ailes très courtes, ne peuvent voler ; ils courent. C’est en observant ce phénomène que les esquimaux baptisèrent l’île Akpatok. (L’île des coureurs).

Les pingouins, dont la taille peut atteindre trois pieds de hauteur, ont des mœurs très intéressantes. On dirait qu’ils agissent avec réflexion plutôt que par instinct. Ils habitent les rivages des mers du nord. Certains pingouins volent admirablement et tous sont d’excellents plongeurs.

ALASKA

Alaska (la grande terre) Aleut.

Alaska est une grande presqu’île attenante au nord-ouest du Canada. Cette terre fut découverte en 1741 par Bering et Chirikof, deux Russes. Les États-Unis l’achetèrent pour la modique somme de $7,800,000.00. Cet achat fut vraiment une affaire d’or ; car l’Alaska fournit des revenus qui dépassent 40 millions de dollars par année.

On est porté à croire, à cause de sa latitude, que l’Alaska est froid, même en été. C’est une erreur : en Alaska, les vents et les courants vont du sud au nord. Un courant d’eau chaude, le Kouro-Sivo, partant du sud de la Chine remonte vers le nord en longeant les côtes du Pacifique. Du côté de l’Atlantique c’est le contraire ; les vents et les courants marins avec leurs glaces voyagent du nord au sud et refroidissent continuellement la température.

La chaîne de montagnes côtières de l’Alaska est remarquable : douze monts atteignent 10,000 pieds d’altitude et sont dominés par le mont Logan, 19,540 pieds. Ces montagnes pullulent de mines et contiennent 1,200 milles carrés de glace mouvante qui forme des banquises. Le glacier Malaspina est le plus considérable de l’Amérique.

Le fleuve Yukon traverse l’Alaska et fertilise son territoire. Les botanistes ont trouvé dans ces immenses contrées des plantes jamais signalées et jamais décrites.

La population indigène (indienne et esquimaude) est plutôt faible ; et les blancs y sont en majorité.

Le Progrès du Golfe, 31 janvier 1949 — Encyclopédie Grolier.

AMADJUAK
Amadjuak (porter pesant) Esquimau.
Racines : Amartok, il porte sur le dos ; djuak, beaucoup.

Probablement ainsi nommé à cause du grand portage à effectuer pour arriver de là au grand lac Nettiling ou Netsilik, qui signifie : où il y a des phoques”.

Amadjuak est situé dans la partie sud-ouest de la terre de Baffin, sur le détroit d’Hudson, entre Cap Dorset et Lake Harbor. Il fait partie du vicariat apostolique de la Baie d’Hudson.

Autrefois on y tenta une expérience d’élevage des rennes. Emporté par bateau et acclimaté au pays, le troupeau fut malheureusement anéanti en peu de temps par des chasseurs ambitieux et par le manque de compétence de ceux qui avaient charge de leur entretien. Le peu qui reste est passé à l’état sauvage.

The North West Territories, Département des Mines et Ressources, Ottawa, 1943-47.

AMIKOSIPINS
Amikosipins (le ruisseau des castors) Algonquin.
Racines : Amik, castor ; sipi, rivière ; ins, est un diminutif : ruisseau, petite rivière.

Les ruisseaux et les lacs à castors se rencontrent un peu partout dans nos forêts. J’ai vu au cours de mes voyages maintes et maintes chaussées de castor. Les castors sont presque des animaux domestiques ; ils vivent en clan ou familles dans des souterrains qui aboutissent au rivage d’un lac ou d’un ruisseau. Au rétrécis de ces cours d’eau, ils construisent des barrages avec un béton armé de leur invention, formé de terre et de menues branches. C’est ainsi qu’ils maintiennent l’eau à un niveau toujours égal et gardent sec le fond de leurs terriers. Les castors se font chaque automne une réserve hivernale. Elle consiste en un amas de bois vert et frais, surtout de tremble, qu’ils placent dans l’eau, comme on met un bifteck au réfrigérateur, et qu’ils grignoteront tout l’hiver durant. On chasse le castor pour sa fourrure et sa chair.

Chez les Indiens, il existe plus d’un récit fabuleux sur le compte des animaux de la forêt. Voici une excellente version de la fable LE CASTOR ET LE PIÈGE, telle que racontée par mon vieux servant de messe, Alexandre Pitchikwi :

Un castor descendait à la nage une rivière, battant fièrement le courant de sa large queue. Il relevait la tête, montrant sa barbe et ses dents, il disait : « Je suis puissant, je fais des barrages, je taris les rivières, je refoule les eaux, je construis des mers, et les forêts s’éclaircissent sous mes dents ». À ce moment il passe près d’un piège. S’arrêtant devant la curieuse machine, il questionne. « Qui es-tu ? Qu’attends-tu ? Comment t’appelles-tu ? — Je m’appelle Piège, répond l’autre. Quand mon Maître m’a placé ici, il m’a dit : Si quelqu’un passe, prends-le et retiens-le dans tes serres. — Eh bien, prends-moi, dit le castor, si tu crois en avoir la force. — Je ne cours personne, répond le Piège, mais si tu me touches, malheur à toi. » Le Castor, d’un air dédaigneux, lui donne un coup de patte. Piège le saisit au jarret. Surpris et effrayé, le Castor fait un bond et veut fuir. Il rue, se tord, se mâte, s’élance, rage. Mais Piège n’en mord que plus rudement. « Lâche-moi, dit le Castor, tu me fais mal. — As-tu si vite oublié la parole de mon Maître ? répond Piège. » Alors, le Castor se met à mordre de ses deux mâchoires. Le Piège plie, étincelle sous les coups de dents. Le Castor brise ses longues incisives, ses belles et larges dents jaunes. Poil en broussailles, haletant, tremblant, le captif se sent vaincu, Il baisse la tête, ferme les yeux, et grogne des paroles incohérentes. À ce moment, sort du fond de la rivière, une multitude d’insectes. Apercevant un gros hanneton, le Castor lui dit : « Mon ami, viens à mon secours, coupe-moi cette patte endolorie ». Le hanneton s’approche en bourdonnant, se met à l’ouvrage, mordant les chairs bleuâtres et coupant lentement les os. L’opération terminée, le Castor se glisse vers sa cabane en lançant au Piège ce mot résolu : « Je ne m’approcherai jamais de toi ».

Et c’est depuis ce temps que tout castor échappé d’un piège ne peut être repris.

AMQUI
Amqui pour Ankwi (camarade d’homme et beau-frère d’homme) Algonquin.
Ankwi vient de ankwimens, vieux mot qui portait cette signification et qui n’est plus compris aujourd’hui.

Le Guide du Touriste et l’encyclopédie Grolier traduisent Amqui par « place d’amusement et terrain de jeux ». Cette traduction me paraît fantaisiste.

Amqui, localité de la vallée de la Matapédia, province de Québec.

Lexique algonquin par J. A. Cuoq, P. S. S.

ANAKAPECHAGAN SAKAIGAN
Anakapéchagan sakaigan (le lac culotte) Algonquin.
Anakapechagan, culotte, sakaigan, lac.

Ce lac sur la rivière du Lièvre, province de Québec, est un lac fourchu; vu d’un certain endroit, il ressemble à un immense pantalon. Un pauvre chasseur indien de cette région faisait remarquer à ses camarades que ce pantalon liquide ne s’usait pas si vite que le sien.

ANOKI CLUB
Anoki club, (club de chasse). Algonquin.

La traduction littérale du mot Anoki serait « il travaille », mais anoki s’emploie le plus souvent dans le sens de faire la chasse, parce que la chasse est le travail ordinaire des Indiens. Ils appellent une terre de chasse : anokiwaki.

Anoki Club est situé sur les bords de la rivière de l’Aigle, affluent de la rivière Désert qui jette ses eaux dans la Gatineau, province de Québec.

ANTICOSTI

Anticosti, grande île à l’embouchure du fleuve St-Laurent, mesurant 135 milles de longueur et près de 30 milles dans sa plus grande largeur. En 1535, Jacques Cartier la baptisa du glorieux nom de l’Assomption. Heylyn dans sa Cosmographie (1660) la nomme Anticostie.

La plupart soutiennent que ce mot vient de l’espagnol et signifie « l’avant côte ». Les Indiens l’appellent nataskwan « aller chasser l’ours ».

La première concession de l’île fut accordée à Louis Joliet, en 1680, en considération de ses valeureux services. Il y bâtit un fort qui fut détruit par les Anglais, en 1690.

Dans la suite, au traité de Paris de 1768, elle fut annexée à Terre-Neuve. Mais en 1774, elle fut rattachée au Canada et fait maintenant partie de la province de Québec.

En 1874, les membres de la famille Forsyth de Québec essayèrent de la coloniser, mais sans succès. En 1895, elle fut vendue à Henri Meunier, millionnaire français et fabriquant d’un fameux chocolat, qui y effectua de grands travaux et y pratiqua surtout l’élevage. En 1926, l’île fut vendue à la « Anticosti Corporation » pour la somme de $6,000,000. Cette compagnie s’associa ensuite à d’autres firmes sous le nom de « Canada Power and Paper Corporation » et cette dernière fut réorganisée en « Consolidated Paper Corporation ».

Les abords de l’île Anticosti sont dangereux pour la navigation ; on l’appela même un temps le cimetière du golfe. Le gouvernement canadien remédia au danger des échouages et des naufrages en y construisant plusieurs phares puissants.

Encyclopédie Grolier.

Dictionnaire général du Canada par le R. P. Lejeune, O. M. I.

Du Cométique à l’Avion, p. 225, L. Garnier, eudiste.

ARTHABASKA
Arthabaska (il y a des roseaux) Cris, Algonquin.
Racines : Ayaw, il y a (cela) ; ack, roseaux, joncs, foin.

(D’autres grammairiens donnent comme racine ATHAPAW ou AVAPAW : sorte de joncs ; SKA : idée d’abondance. Cette description du mot est plus conforme aux langues crises de l’ouest.)

Le roseau est une plante creuse de 5 à 7 pieds de hauteur, aux feuilles étroites et longues. Elle fleurit en quenouille brune. Froissée, cette quenouille donne une laine blanche dont on fait des matelas et des oreillers. Nos ancêtres faisaient de sa tige creuse un ambre qu’ils mettaient au tuyau de leur pipe de plâtre. Les roseaux poussent dans les terrains humides et, là où ils croissent, rien ne pousse comme s’ils étaient un poison pour les autres plantes.

Arthabaska, dans le pays des Bois Francs, est le nom d’un comté du Québec et d’une ville bâtie en demi-cercle sur le flanc du mont Cristo, aux bords de la rivière Nicolet. Une croix lumineuse domine cette ville qui fut la patrie du peintre Suzor Côté et de plusieurs grands hommes d’état.

C’est dans ce village que pratiqua comme avocat Wilfrid Laurier, ancien premier ministre du Canada (1896-1911}. Sa résidence a été convertie en musée.

Les Frères du Sacré-Cœur, institut fondé à Lyon par le Père André Coindre, se fixèrent à Arthabaska dès leur arrivée de France au Canada en 1872.

ARVIAK
Arviak (l’endroit de la chasse à la baleine) Esquimau.
Racines : Arverk, baleine noire ; iartok, aller chasser.

Arviak ou Pointe-Esquimaude ou encore Cap Esquimau, dénomme un terminus de chemin de fer situé sur le littoral ouest de la Baie d’Hudson, T. N. O., à environ 180 milles au nord de Churchill, province de Manitoba. C’est la première localité qu’on rencontre en quittant le Manitoba pour les territoires du nord-ouest vers le nord. C’est donc là que se trouve la tribu esquimaude la plus méridionale : les Padlermints.

Le nom fut d’abord donné à l’île Sentry qui se trouve en face du Cap Esquimau où les Esquimaux passaient l’été, d’où le nom Esquimau Point ou Cap Esquimau. La chasse à la baleine a cessé, mais d’autres animaux marins fréquentent ces lieux. La mission Ste-Thérèse de l’Enfant-Jésus du Cap Esquimau a été fondée par Son Excellence Mgr O. Charlebois, O. M. I., et faisait alors partie du vicariat du Keewatin. Le P. Lionel Ducharme et le F. Prime Girard ont été les premiers missionnaires desservants. Ils ont construit la première mission appelée dès lors, Mission de la Bienheureuse Thérèse de l’Enfant Jésus, en 1924. Pour la construire on défit de vieilles baraques de la Police Montée à Churchill ; on perdit une bonne partie du bois dans le transport, de sorte qu’elle resta longtemps inachevée. Les deux premières années, on réussit à baptiser deux enfants à l’article de la mort. Les enfants vécurent et ce fut l’occasion de la conversion des parents qui devinrent le premier noyau du christianisme. De cette mission principale, les Oblats rayonnent dans trois dessertes : Padlei, Nunala et Mistake Bay. Les Anglicans y construisirent aussi une mission en 1926. On y trouve un détachement de la Police Montée, un poste de traiteur de H.B.C. Pendant la dernière guerre on y maintint un détachement militaire et une station météorologique.

Journal du R. Père A. Thibert, o.m.i.

ASHKIPAKAW SAKAIKAN
Ashkipakaw (lac aux feuilles vertes) Algonquin, Cris.
Racines : Ash, vert ; pak, feuilles, sakahigan, lac.

Les eaux de ce lac rejoignent la rivière Gatineau à plus de 200 milles de son embouchure. On l’appelle encore de nos jours « le lac Vert ».

ASHUAPMOUCHOUAN
Ashuapmouchouan pour aswamousdjiwan (rivière où l’on guette l’orignal). Cris.
Racines : Asw : guetter, surveiller, épier ; mous : orignal : djiwan : courant, rivière.

(Les Indiens d’aujourd’hui prononcent Ashamouchouane et donnent comme signification : « Rendez-vous des orignaux ».)

Ashuapmouchouan est le nom d’un lac et d’une rivière qui versent leurs eaux dans le lac St-Jean, province de Québec. À l’embouchure de cette rivière, la Compagnie de la Baie d’Hudson avait autrefois un poste secondaire, dépendant de celui de Métabéjiwan, et tenu jusqu’en 1850.

Le Père Charles Albanel, jésuite, suivit le cours de cette rivière, en 1671, pour se rendre à la Baie James. Il y rencontra trois indiens qui voyageaient en sens contraire. Ceux-ci l’avertirent qu’ils avaient vu deux navires anglais à la Baie James et qu’on y installait des postes de commerce.

Le Père réalisa qu’il lui faudrait des papiers officiels, établissant qu’il était lui aussi l’envoyé de son Roi. Il dépêcha donc vers Québec un Français et deux Indiens qui revinrent le 10 octobre « avec des lettres patentes signées de Mgr de Laval, du gouverneur Courcelle et de l’intendant Talon. »

Comme la saison était fort avancée, le Père Albanel décida d’hiverner sur les lieux. Cet hivernement sur l’Asuapmouchouan lui fut extrêmement pénible à cause de la mauvaise humeur de ses guides. À bout de courage et de patience, ils refusaient d’aller plus loin. Heureusement que le missionnaire rencontra, parmi ceux qu’il évangélisait, un brave vieillard et ses fils, « de la nation des Mistassins, qui, moyennant un riche présent de tabac, acceptèrent de le conduire jusqu’au terme de son voyage ».

On se mit en route le premier juin 1672, en suivant l’Ashuapmouchouan pour atteindre, par sa branche nord, le grand lac Mistassini et finalement les rives de la Baie James.

Histoire du Saguenay, pp. 70, 251.

ASIGOOASH
Asigooash pour asikiwach (retraite du canard). Cris, algonquin.
Racines : asik, nom d’une variété de canards sauvages ; wach, cavité, retraite, creux horizontal.

Nom d’une rivière affluent de la Bourlamaque, Abitibi, province de Québec.

ASSINIBOINES
Assiniboines (ceux qui font rôtir (cuire) par le moyen de pierres chaudes).
Racines : Assini, pierre ; abwan, faire rôtir.

Assiniboine est le nom d’une rivière et d’un fort construit par la Cie du Nord-Ouest vers 1795. C’est aussi le nom d’un mont de 11,870 pieds d’altitude entre les provinces d’Alberta et Saskatchewan, d’une passe ardue des Rocheuses et d’une tribu indienne.

Les indiens Assiniboines sont une branche de la famille siouse. Brouillés avec leurs frères des grandes plaines américaines ils avaient émigré au nord où les Cris leur avaient donné l’hospitalité, leur assignant d’abord des terres incultes entre les lacs Winnipeg et Manitoba et la vallée de la rivière à laquelle ils devaient donner leur nom. Cette rivière se déverse dans la rivière Rouge après un cours de 480 milles.

Amis fidèles des Cris, ils firent avec eux la guerre aux Pieds-Noirs, aux Sioux et aux Sauteux. Ces cinq peuplades avaient des coutumes à peu près semblables. Vêtus au complet, ils portaient en guise de manteau une peau de buffle avec des mitasses et mocassins. La pièce principale de leur vêtement consistait en une sorte de chemise en peau, garnie de poils. Les femmes portaient une courte jupe de cuir, retenue à la taille par une ceinture, ornée de dents de castor, de griffes d’ours, etc.

Ces Indiens vivaient dans des loges coniques en peau, montées sur des perches légères, pour être facilement transportables, lors de leurs constantes migrations. Aucune de ces tribus n’était remarquable par la pureté de ses mœurs ou l’honorabilité de son code. On pratiquait la polygamie et l’échange temporaire des femmes, comme preuve d’amitié. La femme était une esclave. La jeune fille n’avait pratiquement rien à dire dans la question de son mariage. Ces indiens croyaient en Dieu et l’appelaient le Grand-Esprit (Kitchi Manito), alors qu’ils appelaient le diable Mauvais Esprit (Matchi Manito).

AG. Morice, o.m.i, Hist. de l’Église catholique dans l’ouest canadien, Vol. 1, p. 3.

ASSINICA
Assinica pour asinikaw (c’est pierreux, rocheux) Cris.
Racines : Asini : pierre ; kaw, suffixe verbal, être.

Assinica est le nom d’un lac de la rivière Breadback qui coule dans la Baie James, parallèlement à la rivière Rupert, province de Québec.

ATAWABISKAT
Atawabiskat pour atawabiskak (au fond rocheux) Cris.
Racines : Atam : au fond ; Abisk : pierre, roche, fer.

Atawabiskat est le nom d’un fleuve au lit pierreux, qui se déverse dans la baie James, versant ouest. À 50 milles de son embouchure il se divise et donne naissance à la rivière Néachi.

C’est aussi le nom d’une mission crise fondée en 1894. Un chrétien de l’endroit serait l’auteur d’une phrase célèbre passée en proverbe : « Lorsque je tends un piège, je tends ma main à Dieu. »

Sur les bords du fleuve Atawabiskat pousse un arbuste à grains de chapelet. Ces grains jaunes-bruns, ont une forme un peu allongée, une enveloppe très dure, une perforation à chaque bout, ce qui leur donne une ressemblance frappante avec ceux d’un chapelet.

ATHABASKA
Comme ARTHABASKA (voir ce mot).
Nom d’une rivière et d’un lac de l’Alberta.
ATIKAMEG
Atikameg pour atikamek (poissons blancs) Cris.

Atikameg est le nom d’un lac de l’Alberta. Par ailleurs, on rencontre de nombreuses rivières Atikamek et lacs Atikamek dans le nord du Québec et de l’Ontario.

ATIKOKAN
Atikokan (os de caribou) Sauteux.
Racines : Atik : caribou ; kan : os, ossement ; okanan, ses os.

Atikokan est le nom d’un village ontarien. Bien que sauvage et rocailleuse, la région d’Atikokan peut connaître un brillant avenir à cause des dépôts de fer découverts à Steep Rock.

ATIKONAK
Atikonak (rencontre des caribous) Cris.
Racines : Atik : caribou ; nak : rencontre.

Le lac Atikonak et la rivière du même nom deversent leurs eaux dans le fleuve Hamilton, au Labrador.

Atikonak peut-être pour atikameck « poisson blanc. »

ATISAWIAN
Atisawian : (teinture, plante dont la racine donne la teinture). Cris. Algonquin.

Atisawian, sur la rivière Ekwan, à quelques milles de son embouchure, est un lieu couvert de jolis arbres, où l’Atisawian pousse en abondance. C’est là que, de bonne heure au printemps, les Indiens se rassemblent pour teindre les plumes, les poils de porc-épic et les bibelots servant à orner souliers, vêtements, trousses, paniers, etc.

La racine de l’Atisawian mélangée avec de l’alun donnent une teinture rouge.

AULATSIVIK
Aulatsivik (endroit idéal de pêche) Esquimau.
Racines : Aulayok : être en mouvement ; vik : Endroit (où on est en mouvement, dans le sens de faire la pêche à l’hameçon).

Aulatsivik est une île de la côte du Labrador.

AWANTJISH
Avwantjish (petite brume, peu de brume) Cris.
Racines : Awan : brume, vapeur ; ich, un dimunitif.
En iroquois awan signifie liquide, vapeur.
En micmac awanjish signifie petit portage.

Awantjish désigne un canton dans la vallée de la Matapédia, province de Québec.

J.A. Cuoq, P.S.S. Lexique iroquois.

R.P. Pacifique, Cap. Études historiques et géographiques, p. 190.

AYIMESIS
Ayimesis (Le pervers) Cris.

Ayimesis est le nom d’un Indien qui, au temps de la rébellion de Louis Riel, (1885) s’était entouré de sbires, dont Wandering Spirit était l’âme. C’est en levant son tomahawk sur la tête de Gilchrist qu’il commença le massacre du Lac La Grenouille, où tous les blancs furent tués avec les deux Pères Oblats Marchand et Fafard. Ce matin-là, le soleil se levait rougeâtre à l’horizon. « Comme c’est beau, s’écriait Ayimesis ! Un soleil de sang, c’est un signe de victoire pour les Indiens, toujours. »

Après la défaite des troupes de Riel, Ayimesis traversa aux États-Unis, mais, forcé de revenir, il changea son nom en celui de Petit-Ours : toutefois son identité ne faisait aucun doute. Comme suspect d’avoir pris part aux meurtres du Lac La Grenouille, il fut expédié à Régina ; aucun acte criminel ne lui ayant été directement imputé, il fut relâché, bénéficiant de la proclamation de l’amnistie. Il vint dire aux prêtres qu’il avait l’intention de se faire catholique. Peu après, Petit Ours (Ayimesis) vint se mettre à la remorque du Rév. John McDougall, ministre méthodiste, lequel l’accompagna à Ottawa comme interprète et conseiller. Alors on vit le spectacle inouï du chef d’une bande de brigands traverser le pays en triomphateur, aux acclamations de foules enthousiastes. Dans toutes les villes ses discours soulevaient des applaudissements. Il fut reçu avec déférence par tous les officiels ; le premier ministre Sir Wilfrid Laurier, le surintendant des Affaires indiennes, Sir Clifford Sifton. Ses demandes ressemblaient plutôt à l’ultimatum d’un adversaire redoutable qu’à l’humble requête d’un coupable repentant. Il réclamait en effet, pour lui et pour son peuple, des dédommagements pour dix années d’exil, une nouvelle réserve de son choix, des machines agricoles, du grain de semence, des chevaux, du bétail et des secours alimentaires.

Batoche, 27, 105, 301. Jules Chevalier, O.M.I.

BABICHE

Babiche, mot canadianisé. On désigne par ce mot une lanière de cuir ou de peau crue. Sans aucun doute ce vocable vient de assabab (fil), qui fait assababich au diminutif. En retranchant les deux premières syllabes on a le mot babiche. Assababich est un mot d’une langue de l’Ouest.

Sur la rivière du Lièvre, province de Québec, un lac et un portage sont appelés Babiche. Le vieil indien Antwan Jacot avait l’habitude d’expliquer ainsi l’origine de cette dénomination. « Il y a bien des années, des Algonquins furent tués ici par de féroces Iroquois qui leur faisaient la guerre sans raison. Pour les épeurer, nos ancêtres écorchèrent l’un de ces méchants et taillèrent sa peau en babiche puis ils étendirent cette babiche de peau humaine aux arbres qui longeaient le portage : ils taillèrent les bannières si étroites, qu’ils eurent assez de babiche pour clôturer tout un côté du chemin. »

P. Albert Lacombe, O.M.I., Dict. de la langue des Cris, p. 705

Baraba : Grammar of the Otcipowé language.

BASCATOSIN

Bascatosin pour Biskatachin « le petit lac plié ». tributaire du grand lac Baskaton.

BASHAW
Bashaw (concavé, cannelé, sillonné) Cris.

Bashaw, sur le chemin de fer du Canadien National, est le nom d’une paroisse de l’archidiocèse d’Edmonton en Alberta. Le terrain de cette localité est houleux. On y cultive le blé qui pousse en abondance. Le gros moulin à farine de l’endroit ne peut suffire à le moudre, tant les élévateurs sont remplis.

BASKATON
Baskaton pour piskita (plié, le lac plié) Algonquin.
Racines : pisk, plié. On dit, piskité, c’est plié par la chaleur.
Piska, c’est plié.

Lac de la rivière Gatineau, dans la province de Québec. En hiver, les eaux de ce lac travaillaient la glace, la bombaient, la pliaient, d’où le nom de lac plié. Ce phénomène dépend des sources ravineuses du lac, de sa mal-conformation et de sa profondeur irrégulière.

Autrefois, le lac Baskaton n’avait que quatre à cinq milles de longueur. Maintenant, depuis la construction du barrage Gouin (1926-27), il compte 800 milles de grève. La mission, bâtie sur le versant d’une colline de pins, fut noyée, ainsi que quatre grandes fermes de l’International Paper Co. La rivière Baskaton est disparue avec ses douze lacs. Ce barrage inonda tant de bois que pendant deux hivers on fit chantier sur la glace.

BATAWA
Batawa pour patahwaw (il est manqué, on l’a manqué) Cris.

La racine pat signifie manquer, manquer son coup. Exemple : un indien tire une balle sur un oiseau, elle passe à côté, il dira en le voyant fuir : « Ni gi patahwaw », je l’ai manqué, j’ai manqué mon coup.

Batawa est une mission des Pères Jésuites, près de la ligne du Canadien National, comté de Hastings, Ontario.

BATCHAWANA
Batchawana pour obatchiwanang (au courant du détroit). Sauteux, Algonquin.
Racines : Oba : détroit ; tchiwan, courant ; ang locatif.

Batchawana, situé à une quarantaine de milles au nord du Sault Ste-Marie, est le nom d’une baie et d’une rivière du comté d’Algoma, sur la rive est du lac Supérieur, en Ontario. La rivière Batchawana franchit un détroit où ses eaux s’engorgent entre deux murailles de pierre, ce qui justifie son nom.

Batchawana pour wibatchiwanang « au rétréci du courant », soutiennent d’autres traducteurs.
Racines : Wibo : étroit, rétréci ; tchiwan, courant ; ang est un locatif. Algonquin.
BATISCAN
Batiscan pour patiskam (il le manque du pied, son pied le manque, faire un faux pas) Cris.
Racines : Pat : manquer ; askam : terminaison verbale donnant l’idée du pied ;

Exemple : Quelqu’un traverse un ruisseau sur un tronc d’arbre et met le pied dans l’eau, on dira « papiskam ». Ou encore je veux embarquer dans un canot et je mets le pied en dehors. Je dirai : « Ni gi patiskam ».

Quebec Highways et l’encyclopédie Grolier ont fait erreur en traduisant Bastiscan par « Vapeur, nuée légère. »

Batiscan est le nom d’une rivière et d’une paroisse sur la rive nord du Saint-Laurent, diocèse des Trois-Rivières, fondée en 1684. À l’entrée du village, une vieille maison de pierres fut pendant plusieurs années la résidence des Pères Jésuites.

Along Quebec Highways, 1930.

BEDJIWAN
Bedjiwan (marée montante) Montagnais.
Racines : Pé et petchi : venir ; tchiwan : courant. Généralement on dit : petchitchiwan : la marée montante.

Bedjiwan, nom géographique de la côte nord du golfe St-Laurent.

La marée met en mouvement les eaux des mers. Deux fois par jour elle les fait monter aux rivages et dans les embouchures des fleuves. Ce phénomène est causé par l’attraction du soleil et de la lune. Quand le soleil vient en conjonction avec la lune, leurs forces attractives s’unissent et produisent les grandes marées. Elles font des marées moindres lorsqu’elles se désunissent. Les marées varient selon la superficie des mers. L’océan Pacifique, à cause de son immensité, n’a qu’une marée en 24 heures. Quand les forces d’attraction s’éloignent d’un océan, ses eaux reprennent l’équilibre. Le mouvement de ces masses liquides et leurs forts courants modifient sans cesse le profil des rivages océaniques et déplacent les alluvions apportées par les fleuves.

BETSIAMITES
Betsiamites pour « petchemits » (sangsue, lamproie de mer) Montagnais.

C’est le nom d’une rivière, d’une mission et d’une réserve montagnaise sur la rive nord du golfe Saint-Laurent, comté Saguenay.

Un vieil Indien soutient qu’autrefois la rivière Betsiamites était infestée de sangsues et qu’un missionnaire les aurait conjurées. À l’embouchure de la rivière Betsiamites, les Français avaient bâti un poste de traite qui existe encore.

En 1862, les pères Oblats, missionnaires de la côte nord, y établissent une résidence. La réserve de Bethsiamites, organisée en 1860, rendit les Montagnais maîtres de cette rivière, où abonde le gros saumon.

En 1911, Mgr Gustave Blanche, eudiste, fut nommé vicaire apostolique du Golfe St-Laurent et Betsiamites fut confié aux pères Eudistes, lesquels desservirent ce poste pendant 34 ans. En 1945, Son Excellence Mgr LaBrie, eudiste, invita les Oblats à reprendre leur ancienne mission. Ils la reprirent avec joie.

Histoire du Saguenay depuis son origine jusqu’à 1870, p. 208.

BISTCHO
Bistcho pour pitchaw (c’est loin) Cris.

Bistcho est le nom d’un lac aux sources de la rivière Petitot, province d’Alberta.

BOUCTOUCHE
Bouctouche pour pogtoe (feu, le feu) Micmac.

Bouctouche est le nom d’une rivière et d’un village du Nouveau-Brunswick situé à l’ouest du détroit de Northumberland, renommé par ses huitrières et ses huîtres.

CABONGA — CABONKA

C’est le nom abrégé d’un lac, puis d’un barrage qui a réuni trois grands lacs : Rapides, Barrière et Kakibongang (Voir ce nom).

CACOUNA
Cacouna pour Kakonang (au pays des porcs-épics) Algonquin.
Racines : kak : porc-épic ; nang : locatif régional.

Plusieurs tribus indiennes ont le même mot pour désigner ce mammifère rongeur dont le corps est armé de piquants. Cacouna fut visité par les premiers missionnaires, dont le P. Jean-Baptiste de La Brosse, s.j. (1771), que les Indiens appelaient Tchitchisahigan « le balai » (des consciences).

Histoire du Saguenay depuis l’origine jusqu’à 1870, p. 47.

J.A. Cuoq, Lexique de la langue algonquine.

CANADA

Canada est une altération du mot iroquois Kanata (village, bourgade, groupe de tentes) (kanatakon : dans le village). On a voulu, sans fondement solide, assigner à ce nom une toute autre étymologie : « konata » mot Cris signifiant « sans propos, sans raison, sans dessein, gratis. »

Le Canada est un immense pays de l’Amérique septentrionale, arrosé par une multitude de lacs, de rivières, borné au nord, à l’est et à l’ouest par trois océans et au sud par les États-Unis. Il est divisé en dix provinces : Île du Prince-Edouard, Nouvelle-Écosse, Nouveau-Brunswick, Québec, Ontario, Manitoba, Saskatchewan, Alberta, Colombie et Terre-Neuve ; plus deux territoires : Yukon et Nord-Ouest. Jacques Cartier, navigateur de St-Malo, découvrit le Canada en 1534 et donna à l’un de ses grands fleuves le nom de St-Laurent, lors de son second voyage en 1535.

Lexique iroquois : J.A. Cuog, P.S.S.

CANSO
Canso pour camsog (rocher de l’autre rive) Micmac.
Racines : Kam, au-delà ; sok : rocher, falaise.

Vu du Cap Breton, Canso a l’aspect d’une terre nivelée, d’une plaine. C’est une pointe avancée à l’extrémité est de la Nouvelle-Écosse, formant avec l’île Cap-Breton un détroit en même temps qu’un port de mer.

À Canso, pour l’orientation des navires, est installé un poste de télégraphie sans fil. C’est le terminus de plusieurs câbles sous-marins entre l’Europe et l’Amérique. Les navires venant de l’étranger y font escale ; il y a des bureaux de douane et un hôpital pour les marins.

En 1629, l’année de la prise de Québec par les Kirke, les PP. Vimont et de Vieuxpont firent naufrage l’un après l’autre sur les côtes de Canso et s’y établirent en fondant une mission au service des Micmacs.

Études hist. et géolg. du P. Pacifique, Cap. p. 270.

Encyclopédie Grolier.

CAPITACHUANE
Capitachuane pour Ka pitchatchiwan (le long courant) Algonquin. Cris.
Racines : Pitcha, long ; djiwan : courant.

C’est ainsi que les algonquins appellent un affluent de la rivière Ottawa.

CASCAPÉDIA
Cascapédia (rivière large) Micmac.
Racines : kaska : large ; En cris : anakaskaw : large ; pegiag : rivière.

Cascapédia, province de Québec, comté Bonaventure, est le nom d’une baie, d’une paroisse et d’une rivière qui prend sa source dans un lac près des monts Shickshock et qui se jette dans la Baie des Chaleurs. À son embouchure, elle atteint une largeur de 1 500 pieds. La pêche et l’exploitation des forêts y sont florissantes.

La Gaspésie au soleil par Antoine Bernard, C.S.V.

Études hist. et géog. p. 182 par le P. Pacifique, Cap.

CATARACOUI

Selon le Père Michel Jacobs, s.j., iroquois de Caughnawaga et spécialiste en langue iroquoise, Cataracoui vient de « otara » (glaise) et ce mot signifie « où il y a des dépôts de glaise ».

Cataracoui est le nom d’une rivière faisant partie du canal Rideau, qui se jette, à Kingston, dans le fleuve St-Laurent. C’est aussi le nom d’un fort bâti en 1673 par Monsieur de Frontenac et détruit par le Colonel Bradstreet en 1758. Sur son emplacement s’élève aujourd’hui la ville de Kingston à l’extrémité nord-est du lac Ontario, où il y a une école militaire et une université.

Dict. général du Canada. R.P. L. Lejeune, O.M.I.
Larousse (Supplément canadien).
CAUGHNAWAGA
Caughnawaga pour Kahnawaké (au rapide) Iroquois.
Racines : ohnawa, rapide ; ké : localité, lieu.

Caughnawaga est un village et une réserve iroquoise d’une superficie de 12,327 acres, en face de Lachine, à la tête du Sault Saint-Louis.

Les missions iroquoises furent toujours difficiles par le fait que les colons anglais attisaient des haines, Même le gouverneur de New-York, Dongan, un irlandais catholique, se distingua entre tous par son hostilité contre les Jésuites. En face de telles vicissitudes, ils durent faire émigrer les Iroquois catholiques au cœur de la Nouvelle-France. En 1669, on organisa la mission de la Prairie sur le Saint-Laurent qui, en 1676, fut transférée au Sault Saint-Louis. C’est le Caughnawaga d’aujourd’hui. Un essaim de convertis et de néophytes vint s’installer dans ce refuge, où arriva un jour la petite iroquoise surnommée « Le lis mohwaha » Kateri Tekakwita. Elle fut baptisée à l’âge de vingt ans et mourut en odeur de sainteté le 17 avril 1680.

Caughnawaga fut desservi d’abord par les Jésuites, puis par les prêtres séculiers et par les Oblats, pour retourner finalement aux Pères Jésuites.

On y garde de précieux souvenirs : le pupitre de Champlain, les dictionnaires de Charlevoix, un retable d’autel donné par la cour de Louis XIV et surtout les reliques vénérées de Catherine Tekakwita.

Caughnawaga ou Sault Saint-Louis, dans le Québec, est considéré comme le chef-lieu de la nation iroquoise. C’est là que se tient le grand feu, où se réunissent les députés des autres villages iroquois et même quelquefois des autres nations.

Les Iroquois de Caughnawaga sont divisés en sept bandes, ayant chacune son emblème : Tortue (anowara), Ours (okwari), Loup (okwaho), Calumet (kanonnawen), Rocher (onenhia), Alouette (tawistawis), Tourtre (orite).

Les Saints Martyrs canadiens, p. 45 — A. Fortin, chanoine
Dictionnaire général du Canada, L. Lejeune, O.M.I.
Lexique iroquois, p. 154 — J.A. Cuoq, P.S.S.
CAUSAPSCAL
Causapscal (courant de la pointe rocheuse) Micmac.

Causapscal, sur le chemin de fer du Canadien National, est le nom d’une paroisse du diocèse de Rimouski, fondée en 1870 et située au confluent des rivières Matapédia et Causapscal, d’où lui est venu son nom.

Études historiques et géographiques, p. 190. Père Pacifique, Cap.

CAYAMANT
Cayamant pour Kakgamaw (le lac porc-épic) Cris, Algonquin.
Racines : Kak : porc-épic ; gamaw : lac, étendue d’eau.

Cayamant est le nom d’un lac et d’une paroisse du diocèse de Pembroke, comté de Pontiac, province de Québec. Le nom de cette paroisse est mal écrit. Les paroissiens et leur curé disent Kakgaman, de même que les indiens.

CHABOMINISIPI
Chabominisipi (la rivière des groseilles) Cris, Tête de Boule.
Racines : Chabo : au travers, de bord en bord ; min, airelle, petit fruit ; sipi : rivière.

Cette rivière coule dans la Baie d’Hudson, versant ouest. Les groseilles y sont transparentes, rouges et blanches.

CHEEMAAWIN
Cheemaawin pour tchimahawin (pêche à la seine) Cris.

Cheemaawin est le nom d’une paroisse dans l’est du Manitoba.

Un lac, au nord de cette province, portait autrefois le même nom. Dans les relations de voyage de La Vérendrye, il est appelé Lac Bourbon. De nos jours, les cartes le nomment Cedar Lake.

CHIBOUGAMAU
Chibougamau pour Shabogamaw (lac traversé de bord en bord par une rivière) Cris, Tête de Boule.
Racines : Shabo : au travers, de bord en bord ; gamaw, lac, étendue d’eau.

Plusieurs lacs portent ce nom. Il y en a un sur la rivière Natowé, à une trentaine de milles en bas de Senneterre, et un autre plus remarquable, vers le Lac St-Jean. De récentes découvertes minières y ont été faites, notamment l’or filonien. Sur la rive nord de ce lac, la Cie de la Baie d’Hudson avait un poste pour les indiens et les chercheurs de mines. Aujourd’hui, Chibougamau est considérable et deux voies ferrées y ont leur terminus. Ce lac se déverse dans la rivière qui porte son nom, laquelle se jette dans la rivière Waswanipi.

CHICAGO
Chicago pour chikakong (chez les mouffettes) Algonquin.
Racines : Chikak : mouffette

Les Iroquois appellent ce mammifère carnassier anitas, enfant du diable.

Cet animal répand à volonté une odeur infecte qui lui a valu le nom de bête puante. Cette odeur est tellement insupportable qu’elle suffit à sa défense. Personne, ni homme ni bête, n’osent en approcher dès qu’elle a jeté ce parfum liquide secrété par deux glandes anales.

Chicago sur la rivière du même nom, à l’extrémité du lac Michigan, est la deuxième ville des États-Unis par la population, le commerce et l’industrie. Cette ville est le plus grand marché mondial pour la viande, le grain, les bestiaux, les fruits. Ses abattoirs et ses salaisons emploient plus de 25,000 personnes. Les produits de ses 8,500 industries se chiffrent par milliards.

La bibliothèque publique contient 1,400,000 volumes. L’Université de Chicago, en style gothique anglais, comprend 85 édifices et forme un immense quadrilatère. L’enregistrement annuel atteint environ 12,000 élèves. La bibliothèque de cette institution contient 1,300,000 volumes.

Le Geographic Magazine de décembre 1953 dit que le mot Chicago est une coupure de Chigagomich qui en algonquin signifie « oignon »; avec le temps on aurait laissé tomber mich.

CHICOPEE FALL
Chicopee Fall (la chute des sapins ou des branches de sapin) Cris, algonquin.
Racines : Chinkop : sapin ou branches de sapin en sous-entendant otikwan : branches.

Chicopee Fall est une ville du Massachusetts, États-Unis. Les Indiens qui, à cause de la chute, avaient à portager leurs canots et leur contenu, campaient souvent à cet endroit. Pour bien dormir, ils se faisaient des lits de branches de sapin, d’où le nom de Chicopee.

Les Algonquins et les Têtes de Boule appellent le dimanche des Rameaux : « Chinkopi Manadjitagan » ou encore « Chinlopitakonindwa » ; quand on tient des branches de sapin.

CHICOUTIMI
Chicoutimi pour chekotimiw (c’est profond parce que ça engouffre) Cris, Tête de Boule.
Racines : Cheko : engouffre ; timiw : profond.

Je donne ici une opinion personnelle. Généralement, pour ne pas dire toujours, on a traduit Chicoutimi par « jusqu’ici c’est profond » ; iskotimiw. Racines : Isko : jusqu’ici ; timiw : profond. Cette traduction est exacte, à condition qu’on change le mot. Malheureusement ça n’est pas iskotimiw, mais chekotimiw qui est écrit et prononcé. Par contre, les langues crises de l’ouest n’ont aucune racine CHEKO qui signifierait « engouffrer ». En cris de l’Ouest, Chicoutimi voudrait nécessairement dire « Jusqu’où c’est profond ». (voir Saguenay)

Chicoutimi est le nom d’un diocèse, d’un comté, d’une ville et d’une rivière de Québec.

En 1676, le Sieur Charles Bazire, marchand de Québec procureur d’une nouvelle compagnie française, voyant que les Indiens se rendaient en petit nombre à Tadoussac et traitaient plutôt à la Baie James, voulut s’approcher d’eux. Il fit construire à Chicoutimi un magasin et une maison pour servir d’habitation au commis et au missionnaire. En même temps, de concert avec le Père de Crespieul, il y bâtit une église de 35 pieds de long par 25 de large. 166 ans plus tard, (1842) Peter McLeod fit bâtir deux moulins à scie coup sur coup, le premier à deux milles de l’ancien poste de Chicoutimi et le second à la chute de la rivière Chicoutimi, au Bassin. Les chantiers commencèrent peu après dans la pinière explorée en 1725 par le Gardeur de Tilly. Dès le printemps de 1843 partirent des chargements de madriers. Un village surgit bientôt autour de la scierie. McLeod ouvrit un magasin et c’est ainsi qu’il est devenu le fondateur de Chicoutimi. Il était métis, fils d’une mère montagnaise et d’un père écossais, dont la famille était depuis plus d’un siècle à l’emploi de la Cie de la Baie d’Hudson.

La première chapelle des blancs à Chicoutimi fut bâtie en 1844 par le Père Honorat, O.M.I. et bénite par lui le 17 février de l’année suivante, sous le vocable du Saint Nom de Jésus.

Les Oblats au Saguenay, par Mgr Victor Tremblay.
Histoire du Saguenay depuis l’origine jusqu’à 1870 : pp. 87, 178.
CHIGNECTOU
Chignectou, nom probablement très mal écrit (grand marécage) Micmac.

Chignectou est le nom d’un isthme unissant la Nouvelle-Écosse au Nouveau-Brunswick et d’une baie entre ces deux provinces. La Baie de Chignectou fait partie de la baie de Fundy ; d’une longueur de 30 milles et d’une largeur moyenne de 15 milles. Elle est reconnue par ses fameuses marées qui atteignent parfois 50 pieds de hauteur.

Études hist. et géog. Rév. P. Pacifique, Cap.
Dictionnaire illustré (canadien) Larousse.
CHILLTWACK

Chilliwack pour chillukweuk (vallée de plusieurs courants) Déné.

Chilliwack, sur la rivière Fraser en Colombie canadienne, est un centre agricole desservi par le Canadien National et rallié par une voie maritime à New-Westminster.

En 1901 Chilliwak fut le théâtre de grandes cérémonies religieuses : 2,000 Indiens denés s’étaient rendus à l’appel du Père Chirousse, O.M.I. Madame F.E. Herring, protestante, écrit : « La présence de Mgr Dontenwill et d’une demi-douzaine de prêtres est tout ce qu’il faut pour assurer l’ordre et la paix. Ils ont sur ces sauvages une influence merveilleuse. La religion qu’ils enseignent est pleine de réalité, car personne ne sait mieux que les Indiens le sacrifice du confort personnel et des aises auxquels les prêtres se soumettent pour élever leurs âmes du côté du ciel. » Elle décrit l’état déplorable où se trouvaient les Indiens avant leur conversion, la brillante réception faite à l’Évêque à son arrivée au village de Chilliwack, la nouvelle église construite et achevée par les indiens eux-mêmes sous la direction d’un nain difforme. Elle continue : « Des centaines de tentes blanches, où chaque tribu et chaque groupe sont campés séparément et désignés, comme ils le seraient dans une procession, par leur propre étendard. » Vient ensuite la description des exercices de la mission : sermons, catéchisme, service solennel pour les défunts, procession au cimetière, tableaux vivants représentant les stations du chemin de la Croix. « Scènes devant lesquelles s’extasient les étrangers présents venus de Spokane et de Tacoma, États-Unis, pour en être témoins. »

Hist. de l’Église catho. dans l’Ouest canadien p. 400 — A.S. Morice, O.M.I.
Among the People of British Colombia, p. 140 — Londres 1903, Mrs Herring.
CHIMAGAN
Chimagan (lance, dard) Algonquin, cris.

Chimagan, nom d’un Indien remarquable par sa piété qui vivait sur la réserve à la tête du lac Témiscamingue, près des Rapides des Quinze, sur la rivière Ottawa.

Chimagan disait : « Les Indiens, moins pauvres que Jésus-Christ, ont été placés çà et là dans la forêt afin que le Grand Esprit soit prié et servi par eux, et que partout dans les bois, comme sur les eaux des lacs et rivières, il entende leurs cantiques avec le chant des oiseaux en nombre incalculable. Les Indiens sont imprévoyants, ils ne pensent pas au lendemain, mais dans leur solitude, à l’ombre des grands arbres, ils se préoccupent de leur avenir éternel, afin d’entrer un jour dans le grand nuage (le ciel) ».

CHIMO
Chimo pour saimo, saimut (bonjour, grâce) Esquimau.

C’est le salut des Esquimaux. À force d’entendre les blancs prononcer « chimo » (à l’anglaise) les gens de la tribu se saluent maintenant par chimo au lieu de saimo.

Chimo est un poste de traite de la compagnie de la Baie d’Hudson, situé sur la rivière Koksoak, au fond de la Baie d’Ungava. C’est aussi une base stratégique appelée à se développer, semble-t-il. Le P. Stanislas A. Larochelle, O.M.I., y visitant en 1949 les missions oblates, écrit : « Par suite du mauvais temps, nous devions être retardés cinq jours à Chimo. Cela nous permit de goûter à la vie militaire du camp américain, d’en observer même la discipline pour le lever et les repas à la queue leu leu, et de faire un peu de ministère. Il y a ici des chrétiens qui ont des idées assez surprenantes. Ainsi d’aucuns ont cru bon, à l’occasion d’une réunion protestante, de tourner le crucifix de bord, afin de cacher le Christ en croix. »

Chimo est aussi le nom d’un club sur le lac Manawan, région du haut Saint-Maurice. Sur une plaque de bronze appendue au mur de la pièce principale on peut lire : « Je ne passerai qu’une fois dans ce monde. Qu’on me laisse faire maintenant tout le bien que je puis faire au prochain, et tous les actes de bonté à son égard. C’est une chose que je ne peux ni différer ni négliger, car je ne repasserai plus par ce chemin. » John Menche, propriétaire du Club.

CHINKWOK SAKAIGAN
Chinkwok sakaigan (le lac des pins) Algonquin.
Racines : Chinkwok : pins ; sakaigan : lac.

Ce lac se trouve aux sources de la rivière du Lièvre, dans le Québec.

Le pin, est un genre de conifères à feuillage vert. Ses aiguilles longues, étroites et attachées en pinceau, font un bruit mystérieux lorsqu’elles sont agitées par le vent. Bien que poussant en terre sablonneuse et aride, le pin est le géant de nos forêts et dépasse de beaucoup la cime des autres arbres.

Le pin de la Colombie canadienne mesure des brasses en circonférence ; il faut un outillage spécial pour le scier, et on doit l’abattre par tronçons pour ne pas le briser dans sa chute.

Le pin des forêts du Québec et d’Ontario porte ses branches dans la partie élevée de son tronc, parfois à quelque trente pieds de la souche. Au début du 20ième siècle, dans les chantiers, on n’abattait que les pins, car c’était le seul bois marchand. J’ai vu plus d’une fois des lacs entièrement recouverts de billots de pins et dégageant une gomme qui teintait l’eau de diverses couleurs. Les bois de pin sont recherchés pour la mature des navires, la sculpture et plusieurs ouvrages de menuiserie.

La piété des fidèles voulut savoir de quel bois était faite la Sainte Croix sur laquelle Jésus notre Sauveur fut crucifié. On fit mille expertises, on examina au microscope les fragments de la vraie Croix conservés à travers le monde. L’examen révéla qu’elle était de bois de pin.

Rohaut de Fleury. Mémoires sur les instruments de la Passion.
Paris 1870, p. 63. Cité par Dragio Marucchi dans The Catholic Encyclopedia, V. IV, colonne 520.
CHINOUK

Chinouk est le nom d’une tribu indienne de la Colombie canadienne, d’un jargon, d’un vent et d’un village d’Alberta desservi par le Canadien National et situé à mi-chemin entre Calgary et Saskatoon.

En 1838-39, Mgr Demers, évêque de Vancouver, avait compilé un vocabulaire de jargon, ramassis de termes français ou anglais mal prononcés et de mots aborigènes empruntés pour la plupart à la langue indienne chinouk, et assez dénaturés dans la bouche de ceux qui s’en servaient. Ce curieux mélange était alors, et devait rester jusqu’à nos jours, le moyen presque universel de communication entre Blancs et Indiens, aussi bien qu’entre les tribus hétérogènes qui peuplent la côte du Pacifique depuis la Californie jusqu’à l’Alaska. Le R.P. Le Jeune, O.M.I., inventa de toute pièce un système d’écriture pour la langue chinouk en s’inspirant de la sténographie Duployé.

Chinouk désigne encore un vent très chaud qui monte de l’océan Pacifique et rafale sur le Canada par les passes des montagnes Rocheuses. Assez souvent, en hiver, pendant les périodes de grand froid, le chinouk s’annonce en brodant sur l’horizon un magistral arc-en-ciel, puis il se met à souffler sur les prairies. Alors le froid cède la place à une chaleur qui fait dégoutter les toits et ruisseler l’eau le long des routes. Le phénomène se produit en quelques heures. La chaleur du vent est si intense que son haleine ressemble au souffle enflammé d’un four.

En été, le chinouk est désastreux ; sous sa brise desséchante, une magnifique plaine de grain en croissance peut devenir soudainement un champ dévasté. C’est dans le sud de la province albertaine que l’effet du chinouk se fait le plus sentir.

A.G. Morice, O.M.I. Histoire de l’Église Catholique dans l’Ouest Canadien, V. III. pp. 288 et 351.
Mgr Gabriel Breynat, O.M.I., 50 ans au pays des neiges, V. I.
CHIPEWEYAN
Chipeweyan et tchipeweyan (peau pointue, capot pointu) Cris.
Racines : Tshipe, pointu ; weyan, peau avec son poil, capot.

Mgr J.L. Coudert, O.M.I. ancien missionnaire à Chipeweyan écrit : « Le mot chipeweyan est un mot cris qui signifie « capot pointu » parce que les Montagnais, qui rencontrèrent les premiers Cris, portaient, paraît-il, des capots se terminant en pointe à l’arrière, comme il est encore en usage chez certaines tribus esquimaudes du Nord. »

Chipeweyan est le nom d’une tribu indienne, d’une mission appartenant au MacKenzie et d’un poste de traite situé sur une pointe sud du lac Athabaska. C’était un poste stratégique de la fameuse Compagnie du Nord-Ouest.

En 1789, Alexandre MacKenzie avait chargé son cousin Roderick d’y établir un petit fort. À Chipeweyan, une stèle commémore le fait qu’en juin 1789, Alexandre MacKenzie partit de ce poste, avec un équipage de métis canadiens français, dans l’espoir d’atteindre l’océan Pacifique. Il descendit la rivière des Esclaves jusqu’au lac du même nom, puis faisant voile à gauche, il navigua 100 milles sur ses eaux et rentra dans le grand fleuve qui immortalise son nom, le fleuve MacKenzie. Il toucha l’océan Arctique, au 136e degré de longitude ouest, aujourd’hui frontière nationale entre l’Alaska et le Canada. Sur ce rivage lointain et désolé, MacKenzie éprouva un sentiment de déception à la vue de cet océan chargé de glaces et de banquises. Revenu à Chipeweyan vers la mi-septembre, il en repartit avec les mêmes hommes en 1792 et traversa cette fois les montagnes Rocheuses, par le 52e degré de latitude nord, pour atteindre l’année suivante la nappe bleue de l’océan Pacifique, en dépit des hostilités opiniâtres des peuplades aborigènes. Ils revinrent après avoir goûté l’eau salée et après que MacKenzie eut peint sur un rocher horizontal, à Bras Bentinok, cette fière inscription : « Alexander MacKenzie, venant du Canada par terre, le vingt-deux juillet mil sept cent quatre-vingt-treize, latitude 52e, 20, 48 nord. »

P.L. Lejeune, O.M.I., Dict. du Canada.
Encyclopédie de la Jeunesse, T. 5, p. 1804.
CHOCHOKWAN
Chochokwan (glace vive, glissante) Algonquin.
Racines : Chocho : glissant, lisse ; mikwam : glace, verglas.

Chochokwan est un affluent de la rivière Ottawa supérieure.

CHOCHOTÉSI
Chochotesi (c’est glissant) ou (la glissoire de l’oiseau — l’oiseau glisse) Algonquin.
Racines : chocho : glissant, lisse ; si, oiseau.

Chochotési désigne un lac de la rivière Manawan, affluent du St-Maurice. Sur son rivage, on remarque un rocher haut de plusieurs dizaines de pieds, où s’est formé une glissoire très lisse, du sommet jusqu’au pied.

Sur les rochers escarpés des alentours, des guerriers iroquois ont peint en vermillon de grands canots chargés de soldats, aux mains tendues et menaçantes. J’ai vu ces peintures, que le temps effaçait et qui tomberont un jour dans l’oubli.

CHOLIABAN
Choliaban — choniagan (case d’argent) Montagnais.
Racines : Cholia, chonia : argent ; onagan, olagan : vase, tasse, plat.

Choliaban est un nom géographique de la côte nord du golfe St-Laurent.

Je crois que Choliagan doit son origine à des Indiens en vaine de rire à l’occasion d’un ustensile nouvellement acheté, peut-être un plat ou une tasse en fer blanc. Les vases ne se trouvent pas dans les wigwams indiens. La batterie de cuisine se résume à un poêlon à frire et deux chaudières : une pour le thé l’autre pour la viande et le poisson. Très rares sont les familles qui ont une demi-douzaine de couteaux, de fourchettes, de tasses et d’assiettes. Que de fois j’ai vu boire à même les chaudières ou leur couvercle, et, à la fin du repas, fabriquer des cuillères en écorce pour avaler la graisse du bouillon. Faute d’assiettes, ils servent la nourriture sur des écorces, des feuilles ou des copeaux de bois. S’ils ont du sucre, ils le prennent du bout des doigts et le jettent dans leur breuvage qu’ils agitent avec une branche.

CHOMINIS
Chominis pour chominich (petit raisin) Cris.
Racines : Chomin : raisin ; ich : diminutif. Chominako : eau de raisin, vin.

Chominis, qu’on écrit à tort Chemilis, est un hameau situé sur la ligne de division entre les provinces d’Ontario et de Québec. Cette appellation indienne vient de petits graviers qui ressemblent à des raisins et forment deux grosses collines. Ce gravier est employé pour les chemins ou soufflé par air comprimé dans les mines qu’on abandonne.

À Chominis, du côté québécois, il existe une montagne cylindrique qu’on appelle le « chaudron » ou le « pain de sucre ». Elle est boisée, les racines des arbres trouvent moyen de se nourrir à même les fissures du roc. Cet énorme chaudron peut avoir 400 pieds de hauteur.

CHU CHUA
Chu chua (petits courants, ruisseaux) Déné.

Chu chua, sur la rivière Thompson, est une des nombreuses missions desservies par les Pères Oblats de Kamloops en Colombie canadienne.

CINGOPIK
Cingopik, pluriel de cingop (sapin) Algonquin.
Cingopik sakaigan (le lac des sapins)

Cingopik est le nom d’un lac poissonneux du comté d’Abitibi, qui a la forme d’un 8.

Les Indiens emploient également cingopik pour désigner les branches de sapin qui servent de plancher à leur wigwam, à leurs tentes, à leurs lits.

COACOACHOU
Coacoachou (carcajou) Montagnais.

Coacoachou est le nom d’un lac et d’une baie du comté de Saguenay, non loin de la rivière Olamane, dans la province de Québec. Le carcajou est un animal bas sur pattes et à odeur infecte. Il creuse des terriers à plusieurs ouvertures. Il ne sort que la nuit pour chasser, détruit nombre de petites bêtes et commet mille dégâts. On le considère comme un animal plutôt nuisible qui ne répare pas ses bévues par les services qu’il peut rendre.

COATICOOK

Coaticook est une ville des cantons de l’est, elle se détacha de Barnston en 1883. Elle compte trois paroisses : Saint-Jean-l’Évangéliste, Saint-Marc et Saint-Edmond ; la dernière ainsi nommée en l’honneur du P. Edmond Gendreau, O.M.I., qui y célébra sa première messe. Coaticook du diocèse de Sherbrooke, province de Québec, fut colonisé par les loyalistes en 1825 et 1850. La population, exclusivement anglaise en 1864, est aujourd’hui en majorité française.

D’après Along Quebec Highways, le mot coaticook serait abénaquis et signifierait « rivière des pins ». Dans le mot coaticook, il y a sûrement le mot bois, arbres : atk, atiwok au pluriel.

Les cascades de la rivière sont harnachées et actionnent plusieurs manufactures où l’on tissent les cotons et lainages.

Encyclopédie Grolier.

COCOTSHOU
Cocotshou pour kokotchiw (être fabuleux et méchant).

Les femmes de la Baie James et du haut Saint-Maurice calment leurs enfants en disant : « Le kokotchiw va venir ». Aussitôt l’enfant se blottit dans les bras de sa mère.

Cocotshou, nom géographique de la côte nord du Golfe St-Laurent.

COOCOOCACHE
Coocoocache pour kôkôkachi, (oiseau rapace) Tête de Boule.

C’est le nom d’une réserve indienne sur la rivière Saint-Maurice, presqu’entièrement inondée par le barrage du Rapide-Blanc.

C’est encore le nom d’un poste de la Compagnie de la Baie d’Hudson, aujourd’hui abandonné. De ce poste dépendaient Weymontachique, Kikandatc et Manawan. Autrefois, quand on descendait en canot la rivière Saint-Maurice, c’est à Coocoocache qu’on quittait la rivière pour éviter les longs et dangereux rapides blancs. Un portage conduisait vers un ruisseau affluent de la rivière Vermillon, laquelle était descendue jusqu’à son embouchure, en amont de la Tuque.

Dans le portage de Coocoocache, un combat eut lieu entre Iroquois et Têtes de Boule. Ces derniers étant prévenus qu’une quarantaine de guerriers ennemis voulaient les surprendre, placèrent une sentinelle sur une haute montagne. Quand la sentinelle aperçut les canots iroquois, elle donna l’alarme en imitant le cri du kôkôkachi. Aussitôt les Indiens, qui s’étaient concertés, prennent position le long du portage. Les Iroquois arrivent lentement et sans bruit, fouillant la rive de leurs yeux scrutateurs. Ne voyant rien d’anormal, pas même de pistes sur les sables du rivage, ils débarquent, se chargent des canots et bagages et s’engagent dans le sentier sinueux à travers les arbres. Soudain les Têtes de Boule font irruption, armes en main, et se jettent sur les Iroquois. La flèche et le tomahawk tuent sans pitié. En quelques minutes les Iroquois gisent sur le sol. Cependant trois d’entre eux réussissent à s’échapper et s’enfuient en canot sur la rivière Vermillon. De forts rameurs les poursuivent. Les fuyards se voyant en danger d’être faits prisonniers et dans l’impossibilité d’atteindre un portage, se lancèrent dans une chute où tous trouvèrent la mort. Depuis ce jour cette chute est appelée « chute des Iroquois ».

Thomas Raynold, ancien gérant à Coocoocache, raconte ce fait dans un livre.

COOTCHICHING
Cootchichine pour kotchitching, (à la décharge) Algonquin.
Racines : Kotchichi : décharge, embouchure ; ing un locatif.

Kotchitching est le nom d’une école et d’une mission indienne de l’archidiocèse de St-Boniface.

DAKOTA
Dakota ((territoire) Sioux.

Dakota désigne deux états de la grande République voisine ; arrosés par la rivière Rouge et le Missouri. On y trouve de riches mines d’or et de lignite, un peu de culture et d’élevage des bestiaux.

N.B. La signification des mots Dakota, Minnesota, Missouri et Nébraska m’a été fournie par une religieuse de la tribu des Sioux, Sr Mary Agnes, oblate du St-Sacrement.

DELIBANISIPI
Delibanisipi (la rivière du ruban) Tête de boule.
Racines : Deliban : ruban ; sipi : rivière. Déliban est le mot ruban indianisé.

La rivière Ruban est un affluent de la manawan. Par sa largeur, par la régularité de ses rives et la tranquillité de ses eaux, elle ressemble à un ruban. À son embouchure on voit un immense rocher qui surplombe. Sur ce rocher montaient les employés des Compagnies de la Baie d’Hudson et du Nord-Ouest, au temps de leur rivalité, afin de voir venir au loin les Indiens descendant au printemps avec leurs fourrures les rivières St-Maurice, Manawan et Ruban. Ce rocher dût entendre beaucoup de jurons et voir plusieurs rixes ; car on se haïssait au point de se tirer des balles et de s’entre-tuer.

D’après les vieux Indiens, ce rocher est le vrai Wemontaching contrairement à l’endroit qu’on appelle de ce nom. (Voir Wemontaching).

DÉNÉ

Déné est le nom commun donné à cinq tribus indiennes de la Colombie canadienne. Il signifie homme.

DONNACONA

Donnacona, petite ville du Québec, sise à l’embouchure de la rivière Jacques Cartier.

On ignore la signification de Donnacona. Le mot a beaucoup de ressemblance avec « anakona » qui signifie « biscuit ».

Donnacona rappelle la mémoire du grand chef huron de Stadaconé. Jacques Cartier l’emmena en France lors de son deuxième voyage au Canada en 1535. Il fut présenté au roi et baptisé avec pompe à Rouen. Cartier ne pouvant revenir au Canada qu’en 1541, Donnacona mourut en Bretagne, avec tous les Indiens emmenés avec lui.

ECHOAM
Echoam pour echohamok (ils se préparent à partir par eau) Algonquin.
Racines : Echo : idée de préparation ; am : eau, suffixe verbal.

Echoam est un affluent de la rivière Gatineau, branche de l’ouest. Les Indiens de la Barrière (Mistikonabikong) descendaient très souvent le cours de cette rivière au temps où ils allaient à Michomis et à Oskalaneo vendre leurs fourrures.

ÉRIÉ

Érié nom d’une tribu indienne aussi appelée « nation des chats ». Cette tribu habitait la rive méridionale du lac qui porte son nom. Elle fut détruite par les Iroquois en 1655.

Le lac Érié est l’un des cinq grands lacs qui alimentent le fleuve St-Laurent. Sa longueur est de 240 milles, largeur moyenne 50 milles, profondeur maximale 210 pieds. Une ligne imaginaire, passant au centre du lac, délimite la frontière du Canada et des États-Unis.

ESCOUMAINS
Escoumains pour ichkomin (jusqu’ici il y a des graines, bleuets, airelles) Cris, montagnais, tête de Boule.
Racines ichko : jusqu’ici ; min, graines, bleuets, arielles, fruits.

On sait qu’à certain degré de latitude nord, il n’y a pas ou presque pas de fruits, les fleurs gèlent. Certaines cartes géographiques indiquent ces limites.

Escoumains est le nom d’une rivière et d’un village sur la côte nord du Golfe St-Laurent, comté de Saguenay.

En 1852, les Pères Oblats se fixèrent aux Escoumains, qui déjà avaient une population blanche de 300 âmes. Le 10 octobre 1862, ils établirent leur résidence plus loin à Betsiamites, où ils avaient fondé une mission en 1852.

Hist. du Saguenay depuis son origine jusqu’à 1870. p. 179.

ESCOUMINAC — ESCUMINAC
Escouminac pour ichkominach (jusqu’ici il y a de petits fruits) Montagnais, tête de boule.
Racines : ichko : jusqu’ici ; min : graine, fruit. A est le pluriel, ch le diminutif.

Along Quebec Highways traduit escouminac par « Poste d’observation » À mon sens, c’est une traduction tout à fait fantaisiste.

Escouminac est un village de pêcheurs situé à l’embouchure de la rivière du même nom, qui se décharge dans la Baie des Chaleurs, au Nouveau-Brunswick. Dans la province de Québec, comté de Bonaventure, un autre village porte également le nom de Escuminac.

Les bleuets mûrissent en grappes sur un humble arbuste qui pousse dans les brûlés, en terre sablonneuse où la charrue n’a point passé.

À cause de leur saveur, les bleuets sont en grande demande. On en cueille des chars et de lourds camions ? Mangés, même sans sucre, ils sont excellents. Ils flottent sur le lait, éclatent et crèvent sous la dent et fournissent les meilleurs desserts. On dit qu’ils originent du Canada.

Les Indiens les font cuire en les brassant d’une palette ; la cuisson les diminue d’une bonne moitié. Durcis en refroidissant, ils forment un épais gâteau noir, facile à conserver et très nourrissant. En faisant bouillir dans l’eau avec du sucre une tranche de ce gâteau, ils obtiennent une excellente confiture. Les indiennes en font des tartes et des tartines pour leurs chers petits qui eux ne craignent point de se noircir les dents.

ESIPAN
Esipan (chat sauvage) Cris, Tête de Boule.

Les chasseurs appellent ainsi cet animal grimpeur et sauteur au pelage colorié, qui fournit une si remarquable fourrure.

Les Anglais l’appellent racoon. Les Algonquins et autres tribus de langue algique lui donnent le nom de mangeur d’huîtres, car certains prétendent que cet animal lave sa nourriture.

Plusieurs lacs et portages de nos forêts portent le nom d’esipan. C’est aussi le nom d’une longue baie en amont du barrage « A », sur la rivière Manawan, région du haut St-Maurice.

ESQUIMAU
Esquimau pour askimow — askipow (il mange cru, du cru) Cris.
Racines : ask : cru, vert ; mow, pow : manger. (En cris de l’Ouest on décomposerait : ayesk : cru ; mew ou pweou : finale verbale pour manger.)

Les Esquimaux sont des Indiens qui ont mangé du cru d’abord par nécessité, ne trouvant pas de combustible pour cuire leurs aliments, puis, avec le temps, ils s’habituèrent à ce régime alimentaire. Les Esquimaux habitent le Groenland, les côtes du détroit d’Hudson et le pôle arctique canadien. Ils sont considérés comme les plus pauvres habitants du globe terrestre. Les terres glacées qu’ils habitent sont presque sans végétation ; elles ne produisent que des mousses, du lichen et des arbustes nains ou rachitiques. L’hiver est d’un froid boréal intense et de rudes tempêtes, la nuit polaire se prolonge jusqu’à trois mois. La nature esquimaude s’est adaptée aux conditions climatériques. En été, ils habitent des tentes de peau, en hiver des ruches de neige, appelées igloos. Ils s’éclairent avec une lampe en pierre, alimentée de lard de baleine ou de phoque. Ils ont un costume spécial à l’épreuve du vent avec des bottes imperméables. Ils se servent du kayak, canot léger et rapide fait en peau d’animal marin ; leurs instruments de chasse et de pêche atteignent un haut degré de perfection. L’Esquimau est intelligent et d’une étonnante force de volonté. Il croit à l’immortalité de l’âme et à la sanction d’outre-tombe.

Chose étonnante et peut-être unique, l’Esquimau n’a pas dans son langage un mot pour dire « maman », qui permette au petit enfant, dès son premier balbutiement, d’appeler sa mère. Dès qu’il apparaît, si on le laisse vivre, il est coulé dans quelques lambeaux de peaux, peaux de lièvres préférablement. Dès le lendemain, sa mère le coule dans son dos, sous la poche de fourrure où il se débrouillera ; il y sera en sûreté.

Les Pères Oblats de Marie-Immaculée ont entrepris la conversion et la civilisation des peuplades de ces régions quasi inaccessibles, considérées comme les missions les plus pénibles du monde. C’est au Fort Peel que le Père Grollier baptisa les premiers Esquimaux, en 1869, le jour de l’Exaltation de la Sainte-Croix (14 septembre). Ce jour-là, le grand missionnaire eut également la joie de réconcilier solennellement les deux chefs Esquimaux et Loucheux au moyen d’une cérémonie significative. Il leur prit les mains qu’il réunit autour de sa croix de missionnaire, et leur fit promettre de garder la paix entre eux.

Mgr Grouard, soixante ans d’apostolat p. 237.
L. Le Jeune, O.M.I., Dict. général de biographie.
A.G. Morice, Hist. de l’Église catho. V, II, p. 21.
Roger Buliard, O.M.I., Inuk, p. 90.
ESS-O-SIPI
Ess-O-Sipi (la rivière des huîtres) Cris.
Racines : es : huître ; sipi : rivière.

Cette rivière, à l’embouchure graveleuse, se jette dans la Baie d’Hudson à une trentaine de milles au sud du fleuve Severn. À l’entrée de cette rivière et dans les eaux salées de la mer, on trouve un champ d’huîtres de plusieurs milles de longueur, où, parmi les graviers, pierres et rocs poussent des algues marines. Ces algues, à feuilles épaisses, sont sensibles à la température ; elles annoncent la pluie en s’amollissant.

HOCHELAGA
Hochelaga (à la chaussée des castors) Iroquois — Manuel indien.
Hochelaga pour hochlayé (chaussée des castors) Mgr Cuoq.

Hochelaga désigne l’ancien emplacement de la bourgade indienne visitée par Jacques Cartier en 1535. Cette bourgade d’une cinquantaine de cabanes, longues de 50 pieds, larges de 12 à 15 pieds, était enfermée dans une triple enceinte de pieux entrelacés à la partie supérieure. Cartier se rendit sur la montagne qu’il nomma Mont-Royal. Historiquement le récit de Jacques Cartier assure que les deux compagnons indigènes ramenés de France appelaient « royaume d’Achelay » les terres de la rive nord, à partir de Portneuf jusqu’à l’île de Montréal où il visita « le village d’Hochelaga ». Les Indiens lui firent un accueil si bienveillant, que le chef Agouhama déposa sur sa tête le bandeau rouge, signe distinctif de son autorité. Ce village palissadé était situé à quelque distance du Mont-Royal. Un monument commémoratif y fut élevé en 1925. Le haut St-Laurent ou l’Ottawa s’appelaient « rivière d’Hochelaga. »

Hand Book of Indian.

L. LE JEUNE, O.M.I., Dict. général de biographie.
FRÈRES DES ÉCOLES CHRÉTIENNES, Histoire du Canada.
Cuoq Lexique iroquois p. 188.
ICPANAMATINAW OU ICPAMATINAW
Icpanamatinaw ou Icpamatina (montagne haute) Cris.
Racines : icpa : haut : amatin : montagne.

Plusieurs montagnes sont ainsi dénommées.

Nos montagnes canadiennes sont soit à l’est soit à l’ouest du continent, car le centre de notre pays est une plaine unie et infinie.

Les montagnes de l’est du Canada sont basses, les plus hautes cimes n’outrepassant pas 4,000 pieds. La Nouvelle-Écosse compte à elle seule trois petites chaînes de montagnes, dont la principale, les Cobequids s’étend de l’isthme de Chinectou à l’île du Cap Breton.

Au Nouveau Brunswick l’altitude des montagnes n’excède pas 2,000 pieds.

La partie est de la province de Québec a, comme montagnes, les Alléghanies qui naissent dans le voisinage du lac Champlain, suivent la frontière jusqu’au Nouveau-Brunswick, se plient vers le Golfe Saint-Laurent et couvrent la péninsule de Gaspé. Le mont Logan, le plus imposant de cette chaîne, atteint 3,800 pieds.

La chaîne des Laurentides commence au Labrador, borde le nord du fleuve Saint-Laurent jusqu’à Québec, pousse une pointe vers le Lac Supérieur, puis incline vers le nord pour atteindre les rivages de la Baie d’Hudson et finalement l’Océan Arctique.

Dans l’Ouest canadien, en Colombie, s’élèvent deux rangées de montagnes géantes aux sommets couverts de neiges éternelles. La première appelée Cascades, parce que les cimes descendent par degrés, longe la côte de l’océan Pacifique. L’autre se nomme les Montagnes Rocheuses et borde la province d’Alberta ainsi que les Territoires du Nord-Ouest. Les Indiens appellent les Rocheuses « l’épine dorsale du monde ».

MARIST BROTHERS, Atlas-Geography.

IGLOOLICARDJUK
Igloolicardjuk (il y a des petites maisons) Esquimau.
Racines : Igloo : maison ; lik : il y a ; ardjuk : peu nombreux. Iglooligardjuk est le diminutif de igloolik.

Iglooligardjuk est Chesterfield Inlet. La Maison Notre-Dame de la Délivrance de Chesterfield Inlet est située à l’entrée du passage qui conduit de la Baie d’Hudson à Baker Lake, 400 milles au nord de Churchill, Manitoba, sur la côte ouest de la Baie d’Hudson. Poste central qui donne accès aux autres missions de la baie : Baker Lake, Repusle Bay, Ranken Inlest, Ager Inlet, etc.

Iglooligardjuk, « il y a de petites maisons ». En fait on y voit encore les vestiges de ces petites maisons qui servaient autrefois aux Esquimaux.

C’est la plus ancienne mission permanente chez les Esquimaux. En 1912, les PP. Turquetil et Leblanc y arrivent par le Nascopie, vaisseau parti de Montréal, avec tout le matériel pour fonder la mission. Après cinq années de patients efforts, en 1917, grâce à l’intervention toute spéciale de la petite Thérèse de l’Enfant-Jésus, compatriote du P. Turquetil, les premières conversions commencent et forment le noyau de cette belle chrétienté. C’est la mission de Chesterfield qui occasionna la proclamation de Sainte Thérèse de l’Enfant-Jésus patronne de toutes les missions du monde. Son Excellence Mgr Ovide Charlebois, vivement ému des conversions opérées là par sainte Thérèse, fit signer une pétition aux évêques missionnaires du Canada pour demander au Saint-Siège que Thérèse de l’Enfant-Jésus fut proclamée patronne spéciale de nos missions canadiennes. Rome répondit : « Pourquoi ne pas consulter les évêques missionnaires du monde entier » ? Tous furent unanimes à demander cette faveur et Rome l’accorda volontiers.

Outre la mission et l’hôpital (confié aux Sœurs Grises de Nicolet), Chesterfield possède un poste de traite, un médecin résident, un détachement de la Police Montée, une station de radio, etc. C’est la capitale du nord et la mission-mère du Vicariat de la Baie d’Hudson, Plus de 90% de la population esquimaude de Chesterfield sont des catholiques fervents.

Arthur Thibert, O.M.I. ancien missionnaire chez les esquimaux.

IGLOOLIK
Igloolik (il y a des maisons) Esquimaux.
Racines : Igloo : maison ; lik : il y a.

Igloolik est une petite île du bassin de Foxe, au nord-ouest de l’île Southampton. On peut l’atteindre en passant entre Southampton et la terre ferme ou encore en faisant le tour de l’île. Par le nord on ne peut y arriver qu’en traîneau à chiens et c’est par là que les premiers missionnaires pénétrèrent. La population y est plus dense qu’ailleurs en pays esquimau ; environ 300 âmes dans un rayon de 100 milles. L’abondance du morse compte pour quelque chose. C’est également une jonction naturelle entre les tribus de l’ouest et de l’est, c’est-à-dire de la terre de Baffin et de la terre ferme. Cette mission fut fondée dans des conditions particulièrement difficiles : on transporta tout le matériel en traînes à chiens. Les premiers Esquimaux avaient transcrit les prières sur des peaux de phoque, les ayant copiées à Chesterfield, à 800 milles de là. La Compagnie de la Baie d’Hudson y a établi un poste de traite qu’elle a dû discontinuer à cause des difficultés de ravitaillement.

Arthur Thibert, O.M.I. ancien missionnaire chez les esquimaux.

ILLINOIS
Illinois pour iliniwok (homme) Cris. ilinut Montagnais.
Racines : ilin : être supérieur.

(On rencontre plusieurs épellations et différentes prononciations de ce même mot, qui signifie toujours L’HOMME. En voici divers exemples : Illilou : Cris de Moose Factory — Ininou : Cris de la Côte ouest de la Baie James — Iyiyou : Cris de la Côte est de la Baie James).

Les Indiens s’appellent « iliniwok », les hommes, non pas qu’ils se prétendent être les premiers des hommes, mais des hommes à l’état naturel. L’Iroquois s’appelle onkwe onwe, « l’homme vrai », c’est-à-dire l’homme à l’état nature.

Illinois est le nom d’un État américain. C’est aussi le nom d’une rivière et d’une tribu indienne de l’Ouest américain, sur les terres de laquelle La Salle bâtit les forts Miamis et Crèvecœur (1679).

R.P. Albert Lacombe, O.M.I., Dictionnaire de la langue des cris.
Encyclopédie Grolier.
INUVIK

Nouvel emplacement de la ville d’Aklavik, sur le fleuve Mackenzie. (voir ce mot)

IVUYIVIK
Ivuyivik (lieu où les glaces, les pierres et le sable s’amoncellent sous l’effet des vagues) Esquimau.
Racines : Ivuyiyok : bourrelet, amoncellement des glaces, des pierres ; vik : lieu, endroit.

Ivuyivik désigne la mission Saint-Louis fondée en 1938 par le Père Aloysius Cartier, O.M.I. Elle est située sur la côte ouest de l’Ungava, à peu de distance du détroit d’Hudson. Cette mission est à une bonne distance des postes de traites. Elle fait partie, du Vicariat apostolique du Labrador, dont S. Exc. Mgr Scheffer, O.M.I., est le premier évêque. De cette mission, les Oblats ont rayonné à Harrison.

Arthur Thibert, O.M.I., ancien missionnaire chez les Esquimaux.

JUPITAGAN
Jupitagan pour chiwitagan (sel) Cris, montagnais.

Poste de pêcheurs du comté Saguenay situé à l’embouchure de la rivière du même nom, province de Québec.

Le sel que l’on trouve dans toutes les demeures, excepté chez les Esquimaux, employé comme assaisonnement et dans la préservation des viandes, se trouve en cristaux dans la terre et dans l’eau de mer évaporée. On le tire aussi des eaux de sources salines,

Les cris et les têtes-de-boule ont le même mot (chiwaw) pour dire salé et sucré.

Un de mes guides, indien de Waswanipi, voyant un gros pourceau au bord d’une rivière, arrêta d’avironner et, le montrant à son compagnon, il dit : « Tiens, regarde le salé ». Il n’avait mangé que du cochon salé.

KABONGA — CABONGA

Est le nom abrégé d’un lac et d’un barrage qui réunit trois lacs : Rapides, Barrière et Kakibongang. (Voyez KAKIBONGA).

KA ICPABISKAK
Ka icpabiskak (rocher haut, élevé) Cris.
Racines : icpaw : haut ; abisk : pierre, rocher.

C’est le nom d’une rivière remarquable par les rochers élevés qui l’encerclent. Elle se déverse dans la Miskiskan ; elle est sinueuse et presque sans rapides, ce qui est rare chez les rivières de la province de Québec. À l’embouchure de cette rivière, j’arrivai un soir vers minuit. Il pleuvait, mais nous sommes parvenus à faire du feu et nous avons mangé. Certains incidents de notre vie ne s’oublient pas.

KAKABEKA (FALLS)
Kakabeka pour Kakabika (rocher à pic coupé à angle droit) Algonquin, otcipwe.
Racines : kakakisi : être carré ; abik : roc, pierre. Kakabikedjiwan : cascades.

Kakabeka est le nom d’un village sur le bord de la rivière Kaministiquia, à 16 milles de Fort William. Près du village, desservi par le Canadien National, se trouvent les chutes qui ont donné leur nom à l’endroit. Elles sont hautes de 130 pieds.

Mgr BARAGA, A Dictionary of the Otchipwe Language.
J.-A. Cuoq, P.S.S., Lexique de la langue algonquine.

KAKAWIS

Kakawis (place où il y a beaucoup de baies, champs de bleuets, de fraises, etc.)

Kakawis, au diocèse de Victoria en Colombie, est une résidence des pères Oblats qui desservent en outre les missions de Ucluclet, Barnsfield, Clo-oose, Ahousat et six autres postes.

KAKGAMA
Kakgama pour Kakwagama ou Kakogama (le lac porc-épic) Algonquin, Cris, tête-de-boule.
Racines : Kak : porc-épic ; gama : lac, étendue d’eau.

Plusieurs lacs portent ce nom. Le porc-épic est un mammifère rongeur dont le corps est armé de piquants et dont la chair est comestible. Il se tient dans les fentes des rochers, il grimpe dans les bouleaux, les merisiers, les pins et les épinettes rouges, pour en manger l’écorce. Son poil long de trois pouces est dangereux ; il entre dans les chairs, s’y enfonce et passe à travers, s’il n’est pas arrêté par les os.

Un Indien me disait : « Le poil de cet animal a une force de pénétration qui le fait entrer toujours plus profondément dans les chairs, même le poil tombé depuis plusieurs jours reste dangereux, car il est vivant. » Autrefois, les Indiens avaient l’habitude, quand ils avaient un mal d’yeux, de se piquer un poil de porc-épic au bas de l’oreille.

Les indiennes teignent les poils du porc-épic et en font des fleurs et autres dessins sur les souliers, mitaines et gilets.

KAKIBONGA
Kakibonga pour kakibanka (bouché par le sable) Algonquin.
Racines : kaki : bouché, fermé ; anga : sable ; en composition avec un mot, suffixe.

Les vagues du lac Kakibonga ont élevé, à l’embouchure de la rivière qui s’y déverse, une batture de sable ; c’est pourquoi l’on donne le nom de Kakibonka à ce lac et à la rivière qui l’alimente. Les eaux du lac Kakibonga sont retenues par un barrage appelé « Cabonga ». L’étendue du réservoir d’environ 100 milles carrés forme un bassin de drainage de 1050 milles carrés, ce qui le rend au moins une fois plus considérable que celui d’Assuan sur le Nil, en Égypte. Avant la construction de ce barrage, terminé en 1929, il en existait un en bois, construit vers 1870 par les Gouin des Trois-Rivières et qui portait leur nom. Cette masse d’eau se déverse dans le lac Baskatong qui lui-même est fermé sur la rivière Gatineau par le barrage « Mercier », terminé en 1927. Le barrage Cabonga a réuni les eaux des lacs : Rapides, Fox, Stony et Kakibonga. Sur le bord de ce dernier s’élevaient autrefois la chapelle catholique de la mission algonquine et un magasin de la Compagnie de la Baie d’Hudson, tous deux abandonnés et transportés à 25 milles plus au sud.

Anastase ROY, La vallée de la Gatineau, p. 65.

KAKINAKAGAMI (RIVER)
Kakinakagami pour ka pinakagami (eau claire) Algonquin.
Racines : Pin : propre, pur, clair ; gami : breuvage, eau.

Kakinakagami ou (pinagami) est une rivière de l’Ontario-Nord dans le district de Cochrane et un affluent de la rivière Kénogami tributaire du fleuve Albany.

KAKWA (RIVER)
Kakwa, River (la rivière des porcs-épics) Cris, anglais.
Racines : Kak : porc-épic ; kakwok : pluriel.

Cette rivière de l’Alberta prend sa source dans la Colombie canadienne ; elle est un affluent de la Smoky river, laquelle déverse ses eaux dans la rivière La Paix.

KAMICHIGAMAW
Kamichigamaw (grand lac) Cris.
Racines : Michi : grand, gros ; kamaw : lac, étendue d’eau.

Ce lac, long de sept milles et large de deux milles, est une des sources de la rivière Ottawa. Ses eaux passent par la rivière Kamishigamaw et le lac Bouchette. Une seule île brise ses vagues et met à l’abri ses clubistes. Les eaux sont surtout peuplées par les dorés et les maskinongés.

Un chemin de chantier partant de Clova, à 41 milles à l’ouest de Parent sur le Transcontinental, s’approche chaque année de ce beau lac.

KA MINISTIQUIA
Ka ministiquia (la rivière de l’île ou des îles) Cris, algonquin.
Racines : Ministik : île ; weyaw : rivière.

Cette rivière se décharge dans le lac Supérieur, en Ontario. L’histoire parle souvent de Ka ministiquia. Les découvreurs et les premiers missionnaires de l’Ouest suivirent cette rivière. En 1717, Zacharie Robutel de la Noue, Canadien-français qui s’était, en 1680, battu contre les Anglais de la Baie d’Hudson, bâtit à Ka ministiquia, sur la rive occidentale du lac Supérieur, un poste qui devait être l’embryon du fameux Fort William des années subséquentes.

KAMLOOPS
Kamloops (champs des loups).

D’aucuns prétendent que ce mot signifie « Le Point de réunion des eaux de deux rivières. » (Les branches sud et nord de la rivière Thompson). Les autorités locales ont accepté cette version. J’ai consulté deux spécialistes en langue indienne et chacun apporte une opinion différente.

Le Père LeJeune, o.m.i. (déjà cité au mot DENE) soutient que le mot Kamloops n’a aucun rapport avec la langue indienne. De son côté le père Sutherland o.m.i. autrefois en charge de cette mission, se rallie à la première traduction. Il écrit « C’est probablement un mot indien de la langue Okanogan.  » Il reste sûr que le premier arrivant, un Canadien français au service de la Hudson Bay, a décrit Kamloops comme une région infestée de loups. (Champ des loups).

Kamloops, ville de 9,000 habitants, au centre des Montagnes Rocheuses, en Colombie.

KAMOURASKA
Kamouraska (étendue de foin, joncs) Micmac.
Racines : Kamou : étendue ; askaw : foin, joncs.

Kamouraska est le nom d’un comté et d’une paroisse du diocèse de Ste-Anne de la Pocatière, sur la rive sud du St-Laurent.

Joseph Norbert Provencher, né à Nicolet, était curé de Kamouraska quand Mgr Plessis lui confia la direction de la lointaine mission de la rivière Rouge (Manitoba). C’était, dans les circonstances, une offre peu alléchante, car partout au Canada on parlait des atrocités commises dans ces régions. L’abbé Provencher ignorait les langues indiennes et, de plus, une infirmité lui rendait le voyage difficile. Il écrivit à Mgr Plessis : « En réfléchissant sur la grandeur de l’ouvrage proposé dans cette pénible mission, il m’a semblé que je n’étais pas l’homme qu’il fallait, je ne me défie pourtant pas de la Providence, mais je crains qu’en acceptant cette mission j’empêche le progrès par mon incapacité. Si cette mission était retardée ou éprouvait quelque contretemps par ma faute, je craindrais les reproches des hommes et de Dieu. » Le pauvre prêtre se mit quand même en route le 19 mai 1818, avec l’Abbé Sévère Dumoulin, ayant pouvoirs et facultés d’un Vicaire Général. Destiné au premier siège épiscopal de l’Ouest canadien, il en était digne et le prouva par le bien immense qu’il accomplit.

A.-G. MORICE, O.M.I. Hist. de l’Église catholique dans l’Ouest Canadien, V. I, p. 121.

KANIAPISKAU
Kaniapiskau pour Ka néapiskak (pointe de roc) Cris, montagnais, tête-de-Boule.
Racines : Né : cap, pointe ; abisk : pierre, fer.

C’est le nom d’un lac et d’une rivière qui se déversent dans la baie d’Ungava, près de Chimo (voir ce nom). Les rives de la Kaniapiskau sont riches en dépôts de fer. La Compagnie Hollenger les exploite et a construit un chemin de fer pour les atteindre.

KAPICKAU
Kapickau pour Kipockaw (La rivière bouchée, c’est bouché). Les indiens ont tiré de ce mot le terme de mépris kipotch « bouché, insensé ».

Les cartographes ont fait erreur en donnant à la rivière Kipockaw le nom de Kapiskau. Cette rivière appelée Kipockaw par les indiens, m’est bien connue. Elle débouche dans la baie James, versant ouest. Son entrée est difficile d’accès à cause des bancs de boue qui l’encombrent, et ce n’est qu’à marée haute qu’on peut y pénétrer.

De chaque côté de la Kipockaw, s’étendent d’immenses battures marécageuses où séjournent plus d’un mois les oies blanches qui ont couvé sur les rives et dans les îles de la Baie d’Hudson. Par milliers et centaines de milliers, ces oiseaux couvrent le sol comme des linges blancs posés sur l’herbe. Les chasseurs, cachés dans les branches, en abattent à remplir les canots. La nuit, ces volailles font un tintamarre si ahurissant qu’on n’en peut fermer l’œil.

Quelquefois il y a panique au milieu de la bande. Les cris s’accentuent et vous fendent l’oreille comme un coup de tonnerre. Au même moment s’élève du sol une sorte de cyclone vivant qui monte en trombe vers le ciel, qui obscurcit un instant le soleil et qui retombe aussitôt avec tapage et fracas. Une fois engraissées dans les marais de la baie James, les oies blanches émigrent en bandes, traçant des V dans le ciel. Leur départ annonce le gel des lacs et des rivières.

En 1921, à quelques milles de Kipockaw, vivait la pieuse famille de John Ispénish. À la mi-février, une de leurs petites-filles, Bernadette, âgée de douze ans, minée par la consomption pulmonaire, était à la dernière extrémité. Un soir, les voisins sympathiques entouraient la malade en récitant des prières. Le bébé Daniel, âgé de 2½ ans, réussit à sortir sans être remarqué. Cet enfant n’avait jamais parlé ; on le savait muet. Or, voici que soudain sa langue se délie, et on l’entend crier du dehors : « Ashaié ni mis ni wabamaw ichpimik » (Je vois ma sœur aînée en haut), et son petit doigt montrait le firmament.

Ce fut un cri d’étonnement dans le wigwam en pleurs, car Bernadette venait tout juste de rendre le dernier soupir.

KAPUSKASING
Kapuskasing pour Kipockaching (là où c’est fermé) Cris, algonquin.
Racines : Kip : fermé, bouché ; ing : le locatif.

La rivière Kapuskasing est remarquable par son rapide croche. Qu’on remonte le courant ou qu’on le descende, la rivière semble bouchée.

Près de ce rapide anguleux est située la ville de Kapuskasing. bâtie en demi-cercle, avec son aéroport, son moulin à papier et sa ferme expérimentale.

Pendant la guerre de 1914, Kapuskasing eut un camp d’internement pour les prisonniers. 1880 Allemands habitèrent les baraques. Une cinquantaine y moururent de la grippe espagnole. Un jour, une sentinelle en faction s’aperçoit qu’un piquet de la clôture barbelée branlait comme s’il eût reçu des coups. Le soldat donne l’alerte et l’on découvre que des prisonniers y creusent un tunnel afin de s’évader. Il était temps ; encore quelques heures de travail, et ces malheureux auraient atteint la poudrière et toutes les baraques auraient sauté dans une explosion.

KAWAGAMA
Kawagama pour Kawigama (le lac buché) Cris, algonquin.
Racines : Waw : jeter par terre, abattre des arbres, à bas, gama : lac, étendue d’eau.

Kawagama est le nom d’un lac du comté Haliberton, en Ontario.

KA WASHIAMIKA
Ka washiamika (il y a des cabanes de castors) Algonquin.
Racines : Wach : « cabane » ; amik : castor ; ka : beaucoup, abondance.

C’est le nom d’un lac dans la vallée de la Gatineau supérieure.

KAWENE
Kawene pour Kawiné (être battu par la maladie).
Racines : Kaw : à bas, abattre ; né : par le mal, la maladie, la mort.

Kawene en Ontario, est une desserte de la paroisse d’Atikokan. Le Département des Terres et Forêts y maintient un poste assez important.

Quelqu’un a traduit Kawene par « non ». Cette traduction serait acceptable à condition que ce mot dérive du sauteux, ou kawin signifié « non ».

KAZABAZUA
Kazabazua pour kachibadjiwan (courant caché, souterrain) Algonquin.
Racines : Kach : caché ; djiwan : courant.

La rivière Kazabazua, dans le comté Gatineau, Québec, coule dans une plaine sablonneuse. À un certain endroit elle disparaît sous terre et revient plus loin à la surface.

Kazabazua est le nom d’une gare du Canadien Pacifique et d’un village à 47 milles d’Ottawa.

Vers 1880, Vital Potvin, dit Émard, citoyen de Maniwaki, était renommé par sa force herculéenne. Un jour d’hiver, il descendait à Ottawa avec un enfant d’une douzaine d’années ; son cheval maigre tirait sa traîne à bâton. Vital était pauvre ; pour tout manteau il portait sur ses épaules une couverture de laine. Sur la route, à Kazabazua, il rencontre une file de voitures chargées de foin, montant vers les chantiers, et conduites par des charretiers orangistes. Reconnaissant le pauvre bûcheron pour un Canadien-français catholique, ils l’injurient et le somment de livrer passage. Potvin s’irrite et décide de ne pas broncher. Quand les chevaux furent nez à nez, ça devient une pluie de menaces, d’insultes et de blasphèmes. Potvin passe les guides à l’adolescent, descend de sa traîne et se met à culbuter hors du chemin chevaux, traîneaux et charretiers. Pris de peur, les orangistes changent de langage : « attendez, attendez, Monsieur, nous allons vous céder le chemin. » Et, de leurs bottes, ils commencent à se fouler un passage dans la neige épaisse qui bordait la route. Vital ne frappait jamais du poing mais du côté de la main ; cela suffisait pour casser des os ou assommer. De 1830 à 1850, il fut, avec son ami Jos Montferrant, la terreur des « Shiners » sur le pont des Chaudières à Bytown.

Anastase ROY, Maniwaki et la Vallée de la Gatineau, p. 196.

KEESEEKONS
Keeseekons pour kijihons (petit jour ou firmament) Sauteux.
Keeseekons est un groupement indien en Saskatchewan.
KEEWATIN
Keewatin pour kiwétin (le nord, le vent du nord). Algonquin, cris, tête-de-boule.

Keewatin est le nom d’un village de la province d’Ontario, situé sur les bords du lac des Bois ; c’est aussi un territoire nordique qui s’étend du Manitoba à l’océan arctique, bordant la côte ouest de la Baie d’Hudson. Le Keewatin appartint à la H.B.C. jusqu’en 1870, année où le Gouvernement Canadien l’acheta.

Kiwetin ! Keewatin, ce joli mot indien m’a toujours ému et bouleversé. Au début de ma vie missionnaire, mon âme battait des ailes. Kiwetin ; « le nord », qui m’appelait, le pôle vers lequel se tourne l’aiguille aimantée, où la piété de Pie XI a fait jeter une croix du haut des airs ! Kiwetin ; le froid, les glaces, les poudreries ; où le soleil disparaît des mois entiers, où dansent les plus belles aurores boréales, où la lune tourne sur elle-même et semble perdue au firmament. Kiwetin : « le vent du nord », le plus pesant de tous les vents ! Il bouscule les banquises, bouleverse les Océans et déclenche les plus terribles tempêtes, il brûle comme le feu et fait mettre les deux mains au visage de l’homme grelottant.

KEGASHKA
Kégashka (rocher perpendiculaire falaise) Montagnais.

Kégashka est le nom d’un lac entre les rivières Natashquan et Musquaro, dans le comté Saguenay, Québec.

KEKEK
Kekek (Épervier) Algonquin, cris, tête-de-boule, otchipwe.

C’est le nom d’une rivière et d’un lac de la province de Québec.

L’épervier est un oiseau de proie du genre faucon. On l’employait autrefois pour la chasse.

Je me souviens d’un épervier. J’avais peut-être cinq ou six ans, je tenais une fourche et j’essayais de faner le foin. Une hirondelle, les plumes en désordre, vint se jeter tout près de moi, et pour ainsi dire à mes pieds. Comme je la considérais, un épervier survint, l’empoigna dans ses serres et s’enfuit. Cette scène me navra au point que je n’ai jamais pu l’oublier. Le pauvre volatile blessé cherchait auprès de moi asile et protection contre son ennemi ; mais l’ennemi fut plus vif et plus rusé que moi. Que d’éperviers d’un autre genre, dans ce monde !

KENNEBEC
Kennebec pour kinebik (couleuvre, serpent) Abénaquis.

Nom d’une rivière qui prend sa source dans le lac Mégantic et traverse l’État du Maine. C’est sur ses bords que fut tué le Père Rasle, s.j. (voir Abénaquis).

En 1775, le général Benedict Arnold envahit le Canada par le Maine et la rivière Kennebec, avec un millier de soldats ; il tenta vainement de s’emparer de Québec de concert avec le général Montgomery qui fut tué dès le début de l’assaut. Arnold tomba plus loin, dangereusement blessé.

SYLVA CLAPIN, Histoire des États-Unis, p. 77.

KENNEBECASIS
Kennebecasis pour kénébikochich (le petit kennebec ou petit serpent).
Racines : Kinebik : serpent-couleuvre ; chich : le diminutif.

Kennebecasis est le nom d’un cours d’eau du Nouveau-Brunswick qui se jette dans la rivière Saint-Jean.

KENOGAMI
Kénogami pour kinokami (le lac long) Cris, montagnais.
Racines : Kino : long ; kami : étendue d’eau, lac.

Plusieurs lacs portent ce nom. Ici je parle de celui du comté de Chicoutimi. Le relèvement de son niveau, pour fins industrielles en 1924, amena la disparition de la paroisse de St-Cyriac et le déplacement de la route Chicoutimi-Lac-St-Jean ; ce qui eut pour effet de jeter le lac Kénogami dans l’isolement, en marge de la circulation. On trouve dans ce lac des éperlans, prisonniers des terres, qui passent leur vie en eau douce. Leur chair serait plus délicate encore que celle de leurs congénères marins.

Histoire du Saguenay, p. 7 et 249.
Claude Melançon : L’Action Catholique, 23 février 1947.
KESAGAMI
Késagami pour Kijagami (le lac chaud) Cris, algonquin.
Racines : Kij : renferme l’idée de chaleur, gami : lac, étendue d’eau.

C’est le nom d’un lac de la province d’Ontario.

KIAMIKA
Kiamika, pour kickiamika (abrupt, coupé jusqu’au dessous de l’eau) Algonquin.
Racines : Kicki : coupé, abrupt ; amik : au dessous de l’eau.

C’est le nom d’un lac, dans le comté de Labelle, Québec. On y remarque une longue pointe de terre se terminant par une pente abrupte allant jusqu’au fond de l’onde. Ce phénomène explique son nom.

Une paroisse du diocèse de Mont-Laurier s’appelle Kiamika.

KICHIWAPISTOKAN
Kichiwapistokan pour Kitchiwabistakam (Le gros rocher blanc au bord de l’eau) Cris, tête-de-boule.
Racines : Kitchi : grand gros ; wab : blanc ; abisk : pierre ; akam : rivage, bord de l’eau.

C’est le nom indien du Cap Blanc, à Québec. Ce cap est près de l’Anse au Foulon, où le général anglais Wolfe, conduit par le traître Denis de Vitré, commandant de la frégate française, débarqua ses troupes dans la nuit du 12 au 13 septembre 1759.

Arnold, général américain, suivit le même chemin en 1775 quand il tenta de s’emparer de Québec.

KIJEATAWENINI
Kijeatawenini (le vieux marchand) Algonquin.
Racines : Kije : vieux ; atawe : faire la traite, commercer ; inini, homme.

Le vieux marchand, c’est ainsi que les Indiens appellent la Compagnie de la Baie d’Hudson. Le nom lui convient à cause de son ancienneté. Fondée en 1670, elle doit son existence à Pierre-Esprit Radisson et Médard Chouart des Groseilliers, deux Français mécontents, et pour cause.

Le gouverneur d’Avaugour leur avait confisqué une cargaison de 600,000 livres de castor, puis les avait jetés en prison. En 1665, le commissaire royal Georges Carterett, se trouvant à Boston, embarqua Radisson et de Groseilliers pour les amener à Londres. Le roi Charles II, impressionné par le récit des deux aventuriers, surtout par le nombre incroyable de fourrures, leur octroya dans une chartre du 2 mai 1670, des territoires qui n’avaient jamais appartenu à l’Angleterre. Il mettait la main sur un millier de milles carrés, au profit de gens de qualité, en tête desquels paradait le Prince Rupert, premier gouverneur de la Compagnie. Radisson et de Groseilliers n’eurent rien à faire dans l’organisation de la Compagnie. De plus, ils ne reçurent rien du tout ; ni titre de faveur, ni poste de direction, ni même un navire qui portât leur nom. On pensa sans doute leur faire beaucoup d’honneur en leur permettant de prendre part à l’expédition, « à titre de conseillers techniques. » La Compagnie de la Baie d’Hudson subit de grosses pertes et affronta de grandes rivalités. Dès les première années elle fut chassée de la Baie d’Hudson trois ou quatre fois par les Français. En 1782, La Pérouse détruisit le fort York à l’embouchure de la rivière Nelson et le fort Prince of Wales sur le fleuve Churchill ; la construction de ce fort avait coûté quatre millions. Puis, elle eut à lutter 38 ans, de 1783 à 1821, contre la Compagnie du Nord-Ouest qui lui fit une opposition sans merci dans tous ses postes. Tant et si bien, que la Compagnie de la Baie d’Hudson, rendue à l’agonie, s’allia avec sa rivale en 1822. Dès lors, ce fut la prospérité et ses comptoirs couvrirent les provinces de l’Ouest et du Nord canadien. En 1869, elle céda ses droits territoriaux au gouvernement fédéral pour la somme de 300,000 livres Sterling, se réservant 2,700,000 acres de terre, ses postes et ses droits de trafic. Dans son volume Vingt années de Mission (p. 28) Mgr A. Taché écrit : « En général, les membres de l’Honorable Compagnie de la Baie d’Hudson, non seulement nous ont rendu service, mais même dans bien des circonstances, se sont montrés des amis sincères et dévoués. Les tableaux les plus brillants ne sont point sans ombre, les règles les plus générales sans exception ; mais il n’est pas moins vrai que, les choses prises dans leur ensemble, les officiers de l’Honorable Compagnie ont des titres certains à notre reconnaissance et à notre estime, et, que pour une raison ou pour une autre, nous leur devons une partie du succès de nos missions. »

L. Le Jeune, O.M.I., Dict. général de biographie.
Chan. ALPHONSE FORTIN ; Les Grands Noms oubliés, p. 155.
KIMIWAN (LAKE)
Kimiwan lake (le lac de la pluie) mot à mot : le lac il pleut) Cris, anglais.

Ce lac de l’Alberta est au nord du Winagami. La ville de Mc Lennan est bâtie sur sa rive sud.

KINISTINO

Kinistino est le nom que les sauteux donnent aux Cris.

C’est aussi le nom d’une paroisse près de Duck Lake dans la Saskatchewan.

KINOGAMA
Kinogama (lac long) Cris, algonquin, tête-de-boule.
Racines : Kino : long ; gama : lac, étendue d’eau.

C’est le nom d’une gare du Canadien Pacifique, en Ontario. Plusieurs lacs portent également ce nom.

KINOJEVIS
Kinojevis pour kinogewich (mauvais brochet) Algonquin.
Racines : Kinoge : brochet ; ich. mauvais, méprisable.

Kinojevis est le nom d’une rivière sinueuse, aux rives abruptes et au courant paresseux. C’est un affluent de la rivière Ottawa. Elle prend sa source dans le comté Abitibi, province de Québec.

Le brochet de ses eaux est d’un très mauvais goût, ce qui justifie pleinement cette appellation.

KINONGÉ
Kinongé pour kinoge (brochet) Algonquin.

Kinongé est le nom d’une rivière à Montébello, affluent de l’Ottawa, province de Québec.

KIPAWA
Kipawa (C’est fermé, bouché) Cris, algonquin.
Racines : Kip : fermé, bouché, enfermé.

Le lac Kipawa dans le comté de Pontiac, à cause de ses longues baies, ressemble du haut des airs à une araignée. On s’égare facilement sur ses eaux, on prend les baies pour des rivières, on s’y engage et la déception nous attend. « C’est fermé ! » Kipaw ! Le lac Kipawa déverse ses eaux dans le lac Témiscamingue et mesure en superficie 95 milles carrés. Ce lac est remarquable par la « slush ». Certains hivers on voyait, disséminés ici et là sur le Kipawa, des îlots de marchandises que les charroyeurs avaient dû forcément abandonner et qui souvent endommagées par l’humidité, finissaient par croupit au fond de l’eau.

EUGENE NADEAU, O.M.I., Un homme sortit pour semer, p. 49.

KISKABISKAW
Kiskabiskaw (rocher coupé perpendiculairement) Cris, algonquin.
Racines : Kisk : coupé ; abisk : rocher.

Plusieurs rochers portent ce nom. Celui dont je vais parler est en plein bois, à plusieurs milles du lac Wétetnagamin, région de la Baie James. Cc rocher que j’ai vu bien des fois, en voyageant d’Obétchiwan à Waswanipi, est célèbre chez les Têtes-de-boule et les Cris. Il dépasse de beaucoup la cime des arbres, il est coupé perpendiculairement de trois côtés ; le quatrième monte en pente. Un parti d’Iroquois, en quête de massacres, rôdait dans les parages. Il arriva que ces Iroquois tuèrent un ours. Or, pour le manger, ils montèrent sur le rocher ; ignorant qu’ils escaladaient une forteresse sans issue. Pendant que les viandes rôtissaient et que le jongleur interrogeait les dieux, les Cris, qui les épiaient depuis des heures, prirent position au pied du rocher, et du seul côté vulnérable. Ils lancent leur sinistre cri de guerre. Les Iroquois effrayés essaient de fuir et parcourent vainement le rocher en tout sens. Le jongleur, tatoué et ruisselant de sueur, sort de sa tente. Se voyant en danger d’être capturé vif, il hurle un cri de terreur et se précipite en bas du rocher. Toute sa troupe le suivit dans ce saut de la mort. Les Cris trouvèrent leurs ennemis brisés et écorchés sur les pierres. Ils assommèrent ceux qui respiraient encore, puis fièrement, ils remontèrent le rocher pour achever le festin préparé par leurs ennemis.

KISKISSING
Kiskissing (au petit cèdre) Montagnais.
Racines : Kisk : cèdre ; kiskich : petit cèdre ; ing : locatif.

Kiskissing est un lac et une gare de chemin de fer sur la voie Québec-Lac-St-Jean.

Le cèdre, conifère à branches touffues pousse surtout dans les endroits humides. Son bois mou et léger résiste longtemps à la pourriture.

Les Indiens s’en servent pour fabriquer la charpente de leurs canots et les flottants de leurs filets. Autrefois, la Compagnie de la Baie d’Hudson donnait comme argent aux Indiens de la Baie James des éclats de cèdre représentant chacun 73 centins (un otai). J’ai vu faire de mes yeux ce mode de paiement à Albany, en 1895.

Nos ancêtres se taillaient de longues allumettes de cèdre, pour allumer pipes et chandelles. On les allumait aux tisons du poêle et, pour les éteindre, on les piquait dans la cendre.

Ma mère, comme toutes les femmes d’alors, se confectionnait des balais de cèdre. Nous la regardions entasser dans sa main le bout des branches puis les attacher fortement d’une ficelle à plusieurs tours, pour y introduire à la fin un long bâton pointu qui raidissait branches et corde. Alors, tous voulaient balayer.

Ce balai rustique, doux et discret comme une vadrouille, ne soulevait pas la poussière, parfumait les planchers et tapis et ne coûtait pas plus cher qu’une goutte d’eau. Quand il avait vieilli, on le jetait au feu, où il expirait en remplissant la maison de ses joyeux crépitements et de ses meilleurs arômes.

KITCHIGAMI
Kitchigami (la mer, l’océan, mot à mot : la grande eau). Algonquin, cris.
Racines : Kitci : grand ; gami : étendue d’eau.

C’est ainsi que les Cris et les Algonquins appellent la mer et les grands lacs. Ils aiment la mer et ses rivages parce qu’ils y trouvent poisson et gibier.

La mer couvre les trois quarts de la surface du globe terrestre. Elle est remarquable par sa profondeur, par ses marées, par ses eaux salées qui contiennent des traces de minéraux, par ses courants inexplicables qui traversent des océans entiers et qui réchauffent les continents lointains.

La mer est également admirable par ses îles géantes, ses récifs dangereux, ses coraux et coquillages, ses nombreux habitants de toutes forces, de toutes tailles et de tous poids. La résistance du thon et de la baleine est telle que l’homme avec ses balles et ses harpons prend des heures à leur ôter la vie. La mer, immensité qui projette dans notre âme l’idée de l’infini et de la majesté de Dieu.

KITCHISAGI
Kitchisagi (la grande embouchure) Algonquin.
Racines : Kitci : grand ; sagi : embouchure, sortie.

Kitchisagi est le nom d’une mission indienne, située à la sortie de la rivière Ottawa dans le lac Victoria. Cette mission appelée par les blancs « mission du Grand Lac Victoria », fut fondée en 1836 par M. Charles Bellefeuille, sulpicien. Le vieux Jean-Baptiste Pitchikwi parlait souvent de Kwenatc Nibis (M. Bellefeuille). Alors il regardait au loin, se rappelant sans doute l’endroit d’une rencontre où il avait été catéchisé et pardonné, par ce grand missionnaire. Depuis 1844, la mission Kischisagi est desservie par les Pères Oblats.

KITIGAN
Kitigan (fermé, terre cultivée) Algonquin.
Racines : Kitigé : cultiver ; gan : terminaison nominale.

Kitigan est situé sur le chemin du Canadien National, non loin de Kapuskasing, Ontario nord. Ce fut autrefois un terrain réservé : le gouvernement ontarien voulut y établir des vétérans de la guerre 1914-1918. Il leur bâtit des maisons et leur alloua des primes très élevées pour chaque acre de terre qu’ils mettraient en culture. Mais ces colons-soldats étaient des hommes pratiques. Ils firent défricher leurs terres pour un prix inférieur et vécurent du surplus de l’argent. Quand la dernière souche fut arrachée, ils quittèrent maisons et fermes et l’entreprise expira.

KITIGANISIPI
Kitiganisipi (la rivière de ferme) Algonquin.
Racines : Kitige : cultiver ; gan : terminaison nominale ; sipi : rivière.

Ancien nom de Maniwaki. Les blancs l’appelaient rivière Désert. La Rivière Désert est un affluent de la Gatineau. Autrefois, la Compagnie de la Baie d’Hudson y possédait un poste de traite. À un mille de l’embouchure de la Rivière Désert demeurait le chef Pakinawatik, un gentilhomme venu du lac des Deux-Montagnes. Ce fut lui qui demanda à Mgr Guiges qu’un prêtre demeurât au milieu des Indiens, appuyant sa requête d’une pétition signée de 41 noms. Telle fut l’origine de la venue des Pères Oblats à Maniwaki, en 1851. Pakinawatik, homme de foi, ne se laissa pas entraîner dans le trouble et l’apostasie des Indiens d’Oka. La réserve indienne de Maniwaki (six milles de largeur sur dix de longueur) fut concédée sous son règne. Pakinawatik mourut en 1874, le 25 février. Son nom signifie : « Arbre frappé du tonnerre ». Pour signaler les mérites de cet excellent chef, le département des affaires indiennes fit ériger sur sa tombe un superbe monument de marbre rose.

Archives des Pères Oblats, Maniwaki.

KIWANIS
Kiwanis (être dissipé, léger, dissolu, bruyant) Algonquin.
Racines : Kiwan, en étourdi, étourdiment. On traduit par kawanisiwin les débauches de l’Enfant Prodigue.

Kiwanis est le nom d’une société neutre. Il ne faut pas nécessairement conclure de là que les membres de ce club social soient des étourdis et des enfants prodigues dans le sens de la parabole de l’Évangile.

KOGALUK
Kogaluk (grande rivière) Esquimau.
Racines : Kog ou kurk : rivière ; aluk : grand, gros.

Un kogaluk est ordinairement une rivière importante mais moins importante qu’un koksoak (voir ce nom). Kokaluk est le nom d’une baie et d’une rivière de la province de Québec, se jetant dans la Baie d’Hudson.

KOKOMIS
Kokomis (ta grand’mère, ta grand’tante) Algonquin.

Le nom s’applique également à des rochers qui ont plus ou moins l’apparence de vieilles femmes. J’ai vu deux de ces kokomis, dont celle de la rivière Saint-Maurice, à qui la ville de Grand’Mère doit son nom. Quand on décida la construction du barrage de la rivière, on résolut de conserver « grand’mère » rocher, car elle avait des droits à cet honneur. Depuis des siècles, elle résistait aux fureurs des flots, et aux amoncellements des glaces. Avant d’inonder les lieux, on mina avec soin le vieux rocher et, par sections, on le transporta au centre de la ville, où il trône maintenant dans un parc public, parmi les célébrités du pays.

L’autre « kokomis » est dans les eaux de la rivière Abitibi à quelques milles du lac du même nom. Autrefois, les Indiens païens offraient à ce « Kokomis » du petun, de la viande fumée, la suppliant d’arrêter les vents sur le grand lac Abitibi.

KOKSOAK
Koksoak (très grande rivière, ou fleuve) Esquimau.
Racines : Kurk-kok : rivière, ça coule ; djuark ou soak : très grand.

Koksoak est un fleuve de la province de Québec qui se jette dans la baie d’Ungava. Ses bords sont dotés de très riches mines de fer. Les rivières Larch, Swampy Bay et Kaniapiskau constituent ses principaux affluents.

KONDIARONK

Kondiaronk, appelé le Rat, célèbre chef huron de Michillimakinac, après avoir causé beaucoup d’ennuis aux habitants de la colonie, se réconcilia avec les Français et contribua grandement au traité de 1701, lequel termina la guerre iroquoise. Brave, prudent, d’une éloquence irrésistible, il n’avait d’indien que le nom. Selon Charlevoix, personne peut-être n’eut plus d’esprit que lui. Il mourut à l’Hôtel-Dieu de Montréal, en 1701.

KONKWE
Konkwe (la femme jalouse) Algonquin.
Racines : Kon donne l’idée de jalousie ; kwe : suffixe, féminin.

Konkwe est le nom d’un chemin qui traverse la Réserve indienne de Maniwaki dans toute sa longueur et atteint la rivière de l’Aigle. Les jalouses ne sont pas toutes sur ce chemin, il est trop court pour leur nombre.

KOUCHIBOUGUAC
Kouchibouguac (Grande rivière en cette direction) Micmac.
Racines : Kouchi pour kitci : grand.

Kouchibouguac est une rivière du Nouveau-Brunswick et une mission desservie par la paroisse de Saint-Louis des Français.

Kouchibouguac s’écrit de différentes manières. On lit aux registres de la paroisse Saint-Louis que le missionnaire François Norbert Blanchette, plus tard évêque d’Orégon, a baptisé en 1824 des enfants dont les familles habitaient Pigibougouack.

Mgr Blanchette dessina une échelle chronologique pour l’instruction religieuse des pauvres Indiens de son diocèse. Un vieux païen redoutait tellement la prière qu’il n’osait regarder cette échelle. « Je crains, disait-il, la puissance magique de ce morceau de papier ». Un auteur protestant la décrit ainsi : « Une longue feuille sur laquelle sont marqués les principaux événements racontés dans l’Écriture depuis la création du monde jusqu’à la fondation de l’Église et le développement de l’Église de Rome jusqu’à nos jours. » L’avantage de ce système, c’est qu’il condense une foule de renseignements religieux dans les limites les plus restreintes.

Rapport de juillet 1845, p. 91.
A.-G. MORICE, Hist. l’Église cath. dans l’Ouest canadien. V. I, p. 261 ; V. III, p. 222.
KOUCHIBOUGUACIS

Kouchibouguacis (la petite Kouchibouguac) Micmac. Voir le mot précédent.

KOVIK ou KOKVIK
Kovik, ou kokvik (rivière qui coule) Esquimau.
Racines : vik ou kurk, l’endroit ou bien le récipient où ça coule.

Kokvik est le nom d’une courte rivière de la province de Québec, qui se jette dans la Baie d’Hudson.

KURDJUAK ou KOKSOAK
Kurdjuak (Grande-Rivière) Esquimau.
Racines : Kurk : rivière ; djuak : très grand.

Plusieurs rivières portent ce nom, en particulier les rivières Churchill, Chimo, Coppermine et Great Whale.

Kurdjuak ou Churchill, dans la province du Manitoba, est situé à l’embouchure de la rivière Churchill sur la côte ouest de la Baie d’Hudson. C’est le terminus du chemin de fer de Le Pas. À Churchill toute végétation disparaît. Dès qu’on quitte ce lieu, on entre dans la terre stérile ou « Barren Land ». On y voit encore les restes du vieux fort Prince of Wales, détruit par les Français en 1782. Des Esquimaux l’habitaient en permanence, ce qui entraîna les autorités religieuses à choisir Churchill, comme siège de l’évêché du Vicariat de la Baie d’Hudson. La petite ville se modernise ; elle possède même des élévateurs à grain, équipés à la moderne, mais peu utilisés. La population augmente surtout lorsque les troupes y font des expériences militaires.

Arthur THIBERT, O.M.I., Missionnaire chez les Esquimaux.

LILLOOET
Lillooet (oignon sauvage) Déné,

Lillooet est le nom d’une tribu indienne de la Colombie canadienne, d’une réserve, d’un village et d’une rivière qui se déverse dans le fleuve Fraser. De leur résidence de Lillooet, les Pères Oblats desservent Shalalth, High Bar, Fountain, Boothroyd.

Diamond JENNESS, Indians of Canada, p. 351.

MACAZA
Macaza pour makazotc (le batailleur, celui qui se bat) Algonquin.

Macaza est une paroisse du diocèse de Mont-Laurier, comté Labelle, province de Québec.

MACHIATIK
Machiatik pour matchiatik (mauvais bois, mauvais arbre) Cris, montagnais.
Racines : Matchi : mauvais ; atik : bois, arbre.

C’est le nom d’une île du golfe Saint-Laurent, côté nord. Rien d’étonnant que cette petite île porte le nom de mauvais bois. Ses arbres sont sans abri, exposés aux neiges humides et pesantes, aux verglas, aux terribles tempêtes de la mer qui cassent les branches et torturent les troncs.

MADAWASKA
Madawaska pour matawaskaw (il y a du foin à la jonction de la rivière) Cris.
Racines : Mata : rencontre, union ; askaw : foin, jonc.


Madawaska désigne une rivière longue de 250 milles, qui débouche sur l’Outaouais, près d’Arnprior, Ontario. Une paroisse du diocèse de Pembrooke, porte le même nom.

Madawaska désigne également une rivière du Nouveau-Brunswick, qui prend sa source dans le lac Témiscouata et se déverse dans la rivière St-Jean, à Edmunston. Cette Madawaska a donné son nom à un vaste comté de la même province et à une ville américaine sur la frontière du Nouveau-Brunswick.

MAGANATAWAN
Maganatawan (ils le tenaient, l’étreignaient).
Racines : magonew : il le tient avec ses mains, le serre, l’étreint.

Maganatawan est le nom d’une rivière qui arrose le comté de Parry Sound et jette ses eaux dans la baie Georgienne en Ontario.

MAGOG
Magog abréviation de Memphrémagog (vaste étendue d’eau, grand lac) Abénaquis.

Magog est une ville commerciale du comté de Stanstead, province de Québec. Elle fut fondée par des loyalistes venus des États-Unis après la déclaration de l’indépendance américaine. Elle est située à la tête du lac Memphrémagog, prolongement de la rivière Magog. Ses visiteurs aiment à gravir le mont Orford, dont le sommet atteint 2,800 pieds au-dessus du niveau de la mer. On a trouvé dans le lac Memphrémagog des éperlans vivant en eau douce.

MAKAMIK
Makamik (castor infirme, boiteux) Algonquin.
Racines : Mak : infirme, boiteux ; amik : castor.

Makamik, nom d’un lac et d’une paroisse dans le diocèse d’Amos, comté Abitibi, province de Québec.

Ce castor infirme, ou boiteux, s’était vraisemblablement échappé d’un piège. Along Quebec Highways traduit Makamik par « étonnant ». Cette traduction m’étonne étrangement et, de fait, le lac Makamik ne possède rien qui puisse étonner les yeux.

J.-A. Cuoq, P.S.S. Lexique de la langue algonquine.

MAKATEWIKONAIE
Makatewikonaie (la Robe Noire) Cris, algonquin, tête-de-boule.
Racines : Makate : noir, konas : vêtement, robe, pelure ; wi pour l’euphonie.

Makatewikonaie est le nom que les Indiens donnent aux prêtres et aux missionnaires à cause de la soutane.

Les robes noires furent admirables de zèle et d’endurance. En un siècle, elles ont évangélisé l’Ouest Canadien et planté la croix jusque dans les terres gelées du cercle polaire. Rien n’a pu refroidir leur zèle ; ni les éléments, ni les déboires, ni les difficultés, ni les hommes. Les Pères Taché et Faraud, craignant qu’on les rappelât d’une mission trop pauvre pour les sustenter, écrivaient à leur supérieur général : « De grâce ne nous rappelez pas. Nous ne vous demandons que deux articles indispensables : un peu de vin pour célébrer la messe et un peu de farine pour fabriquer nos hosties. »

Mgr Taché s’étonnait de la maigreur de ses missionnaires mais s’aperçut bientôt que le manque de nourriture expliquait tout. Mgr Grandin, visitant la mission St-Joseph du Grand Lac des Esclaves, la décrit ainsi : « Leur chapelle est une petite chambre à l’extrémité de laquelle une salle de 9 pieds carrés reçoit les sauvages au moment des offices. Les deux pères (Eymard et Gascon) sont si pauvres qu’ils n’ont pas de papier pour nous écrire des lettres. Ils dressent les actes de baptême et de mariage le plus laconiquement possible, afin de ménager cet article. » Les missionnaires passaient des années sans manger de pain. Plus tard, deux sacs de farine de 50 lbs leur furent annuellement alloués à chacun.

Le père Grollier, malade et presque délirant, se tordait de douleurs d’estomac, sur le plancher de sa cabane. On lui demande ce qui pourrait le soulager. Il répond : « Oh si j’avais seulement une pomme de terre ! Il y a si longtemps que je n’en ai pas goûté ! ou bien un peu de lait. » Hélas ! On n’avait ni l’un ni l’autre, ni médecin, ni remède. Le 4 juin, 1864, le Père Grollier s’éteignait d’épuisement à l’âge de 38 ans, en suppliant qu’on place sa dépouille mortelle entre celles des deux derniers Indiens enterrés au cimetière de la mission. Sa requête fut exaucée.

Mgr A. TACHÉ, O.M.I., Vingt années de Missions, p. 30.

MAKWA
Makwa, (ours) algonquin, otchipwé. (huard) cris de l’Ouest.
Makwa est le nom d’une paroisse du diocèse de Prince-Albert, en Saskatchewan.

L’ours est reconnu comme l’animal le plus fort des forêts d’Amérique. Très friand de fourmis, il les cherche dans les troncs de bois pourris, qu’il réduit en fragments. Il ne dédaigne pas les bleuets ; il en mange tellement au temps de la cueillette qu’il peut à peine se traîner et on l’entend gémir. L’ours dort tout l’hiver et ne prend aucune nourriture. Au printemps, lorsqu’il sort de son gîte, ses pieds sont tellement sensibles qu’ils deviennent tout sanglants. Les Indiens aiment sa chair et même sa graisse. Avec les tripes de cet animal, ils fabriquent un boudin long et mince, fort estimé.

MALIOTENAN
Maliotenan (village de Marie).
Racines : Mali : Marie ; otenan : famille, petit village.

Nom du bureau de poste de la réserve indienne près de Sept-Îles.

MAMAWAMATAWA
Mamawamatawa (affluents débouchant ensemble au même endroit) Cris, tête-de-boule.
Racines : Mamaw : ensemble ; matawa : affluent.

Les rivières Kénogami et Négagami débouchent ensemble sur le fleuve Albany, en Ontario. Dans la province de Québec, les rivières Manouan et Ruban jettent ensemble leurs eaux dans le Saint-Maurice à Sanmour. Les deux endroits portent le nom de Mamawamatawa.

MAMAWI
Mamawi (ensemble) Cris.

Mamawi est le nom d’un lac de la province d’Alberta, dont l’élévation au-dessus de la mer est de 699 pieds.

MANICOUAGAN
Manicouagan pour minikwagan (vase à boire, verre, tasse) Cris.

Manicouagan, dans le comté Saguenay, province de Québec, est le nom d’une rivière longue de 310 milles, d’une péninsule et d’un canton de la côte nord du fleuve Saint-Laurent. La péninsule de Manicouagan est une pointe de terre entre l’estuaire de la rivière Manicouagan et celui de la rivière aux Outardes. Un câble sous-marin de 36 milles de longueur et chargé d’électricité à haut voltage, part de la Pointe Manicouagan et traverse le St-Laurent jusqu’en Gaspésie. Il transmet aux industries, minières et autres, de la rive sud une partie de l’électricité produite par les usines hydro-électriques de Chûtes-aux-Outardes, Manicouagan et Betsiamites, construites sur les rivières du même nom.

MANIGOTAGAN
Manigotagan (mauvaise gorge) Sauteux.
Racines : Mani : mauvais ; gotagan : gosier, gorge.

Mission située sur la rivière du même nom, à trois milles du lac Winnipeg, desservie par les PP. Oblats de l’école indienne de Fort Alexandre.

Vers 1890, quatre Canadiens français : Louis Simard, Louis Boulette, William Charbe et Arthur Quesnel, arrivaient de l’Est et ouvraient des chantiers en ce lieu. Tous épousèrent des ihdiennes ou des métisses. Leur descendance forme aujourd’hui les trois quarts de la population de l’endroit. Tous ne parlent que l’anglais.

MANISTIQUE
Manistique pour ministik (île boisée) Algonquin — (île) Cris.
Manistique est le nom d’une gare du Canadien Pacifique et d’une ville de l’État du Michigan, États-Unis.
MANITO
Manito (génie esprit).

C’est le nom par lequel la grande famille algonquine : Cris, Algonquins, Sauteux, Otchipwés, Tête-de-Boule, Montagnais de l’Est et Maskégons, désignait l’être suprême, le tout-puissant ; car toutes ces tribus croyaient à un être supérieur. Aussi, elles ne tardèrent point à embrasser la religion qui adore et reconnaît cet être comme Créateur et Maître de toutes choses.

Manito est le Otkon des Iroquois, le Oki des Hurons (Génie, Esprit, Être mystérieux et puissant).

Manito est aussi le nom d’un lac dans l’ouest de la Saskatchewan. Disons plutôt que c’est le nom de plusieurs lacs et rivières du Canada.

J.-A. Cuoq, P.S.S., Lexique de la langue iroquoise.

MANITOBA
Manitoba (lac des prairies, eau des prairies) Assiniboine.
Racines : Minné : eau ; toba : prairies.

En cris, Manitoba signifierait « détroit de l’esprit », de manito : esprit, oba : détroit.

Manitoba est le nom d’un lac mesurant 120 milles de longueur et 25 de largeur. En octobre 1738, De la Vérendrye attribua à ce lac le nom de lac des prairies. Ce nom convient parfaitement à ce lac plat, à rives basses et dont la profondeur moyenne est de 13 pieds, qui se répand par de petites rivières dans les lacs Winnipeg et Winnipegosis.

Le Manitoba est la province centrale du Canada. C’est une immense plaine fertile et riche en terrains miniers. Deux grands fleuves la traversent dans toute sa largeur, le Churchill et le Nelson. Deux autres fleuves et plusieurs rivières arrosent abondamment ses 25 millions d’acres de terre arable. La Capitale du Manitoba est Winnipeg. Ses principales villes sont St-Boniface, Brandon, Portage la Prairie, Flinflon. C’est dans cette province que commença l’insurrection métis qui amena la pendaison de Riel.

À propos de cette insurrection et de son chef Louis Riel, Auguste-Henri-Trémaudan écrit. « Le traitement des métis a été très déloyal et très injuste. L’insurrection fut provoquée par la négligence coupable des ministres, non par les métis. L’insurrection aurait été évitée si nos troupes n’avaient pas tiré les premières, si les métis avaient été approchés par des émissaires fidèles. Riel se rendit à la condition qu’il serait protégé jusqu’à ce que le gouvernement, non les tribunaux, décidât de son sort. On lui a refusé les sursis élémentaires pour produire les témoins nécessaires. Le gouvernement a négligé de se procurer des interprètes compétents. Wilfrid Laurier ne craignit pas de répéter en chambre ce qu’il avait dit à Montréal, devant une assemblée de 50,000 personnes, que s’il s’était trouvé sur les bords de la Saskatchewan lorsque les métis prirent les armes, il se serait, sans hésitation, joint à eux. »

TREMAUDAN, Histoire de la nation métis dans l’ouest canadien, p. 339.

MANITOU
Manitou-manito (esprit, génie) Algonquin, cris.

Ce mot est entré dans le lexique religieux. Kije Manito : le bon Esprit, kitchi manito : le grand Esprit, Dieu ; Matchi manito : le mauvais esprit, le diable.

Manitou est le nom d’un lac de l’Abitibi. C’est également le nom d’un lac et d’une rivière tributaire du Saint-Laurent, sur la rive nord, à l’ouest du détroit Jacques-Cartier, à plus d’un mille de son embouchure. Cette rivière fait une chute de 118 pieds.

MANITOULIN
Manitoulin pour manitouwin (spiritisme, action de faire du surnaturel).

Certains disent et écrivent : manitou-île (île manitou, l’île de l’esprit, du génie) : mot hybride, moitié indien et moitié français.

Cependant, les otchipwés appellent cette île : Manito Minis : L’île de l’esprit, du Manitou.

Manitoulin est un groupe d’îles de la province d’Ontario s’étendant de l’est à l’ouest sur la rive nord du lac Huron.

Bishop BARAGA.

MANITOWANING
Manitowaning pour Manitowaching (au gite de l’esprit) Algonquin, sauteux.
Racines : Manito : esprit ; wach-waj : gite, repaire, cavité ; ing : locatif.

Manitowaning est un village situé sur l’île Grand Manitolin à l’entrée de la baie Georgienne, en Ontario. Les Indiens disent qu’il y a sous cette île un courant souterrain, d’où le nom de Manitowaching. Cette traduction me fut donnée par une institutrice indienne de l’endroit.

MANIWAKI
Maniwaki (terre de Marie) Algonquin.
Racines ; Mani : Marie ; aki : Le W pour l’euphonie.

Terminus de chemin de fer et centre de chantiers, Maniwaki fut à sa façon un grand centre missionnaire.

De 1851 à 1946, c’est de là que sont partis les missionnaires oblats pour aller catéchiser les Indiens des lacs Barrière (Mitikonabikong), Victoria (Kitchisagi), Simon, Manawan, Obedjiwan, Waswanipi et ceux de Baskatong, Michomis et Wémontaching.

Il y a quelques années, la paroisse de Maniwaki se donnait un monument religieux d’une certaine importance, inspirée des apparitions de Fatima. Le terrain fut choisi, une colline abrupte plantée de pins, et les bras bénévoles se mirent au travail.

Dès les premiers coups de pelles, on découvre dans la terre un chapelet très ancien, emprisonné sous les racines d’un arbre. Chacun voulait sa part de l’étrange relique.

Le travail s’acheva. Vint le jour de l’inauguration solennelle, où l’on avait invité les Indiens de la réserve. Une bonne vieille, Hermeline Watagan, fut agréablement surprise en voyant l’endroit choisi. C’était précisément celui où, petite orpheline, elle venait en cachette réciter le chapelet avec une compagne, Marie Hébert, également orpheline, et devenue plus tard religieuse.

Herméline raconta : « Nous avions commencé à dire le chapelet sur la montagne. Une religieuse, le sachant, nous donna une statuette de la Vierge. Après quelques recherches, nous avons trouvé au pied de la montagne une cavité dans le roc. Nous l’avons tapissée de mousse et de petites fleurs. Nous y mîmes la statuette et tous les jours du mois de mai, après la classe, nous allions toutes deux réciter le chapelet. Un jour, quelqu’un nous lança des pierres, mais nous continuâmes à venir quand même. »

Le mystérieux chapelet s’expliquait et révélait en même temps les véritables initiateurs de la colline mariale de Maniwaki.

MANJAMEGOUS
Manjamegous (truite saumonée) Algonquin.

Manjamegous est le nom d’un lac aux sources de la rivière du Lièvre, affluent de l’Ottawa, province de Québec. Autrefois, il y avait là un groupe d’Angonquins, parmi lesquels le vieux Pizan ; quand il mourut, tous se dispersèrent. En 1945, au pied de ce lac, on construisit un barrage considérable.

La truite saumonée, à chair rouge, s’attrape surtout à la mouche, c’est-à-dire en faisant sauter sur l’eau un hameçon minuscule caché par des plumes de diverses teintes.

MANOTICK
Manotick pour manatik (mauvais bois) Algonquin.
Racines : Man : mauvais, méchant ; atik : arbres, bois.

Située sur la rivière Rideau, comté de Carleton, Manotik est une paroisse de l’archidiocèse d’Ottawa.

Les bûcherons disent que dans les forêts se trouvent des « ronds de mauvais bois ». Ce sont des arbres creux, pourris, farcis de gomme, rongés par une sorte de tuberculose. La Providence a voulu que ces arbres contaminés servent de nids aux oiseaux, de ruches aux abeilles, de gites ou de greniers aux écureuils et aux fourmis. Des oiseaux grimpeurs martèlent ces troncs malades pour en faire sortir les larves et les vers qui les habitent et les rongent. Ces arbres, une fois tombés, donnent du bois sec pour le chauffage et fertilisent le sol.

MANOUAN
Manouan pour manawan (on ramasse des œufs) Cris.
Racines : Man : prendre, enlever ; awew : œuf, suffixe verbal.

Deux rivières et deux lacs portent ce nom dans la Province de Québec : L’une des rivières se déverse dans la grande Péribonka et l’autre dans le Saint-Maurice. À 70 milles de l’embouchure de cette dernière, sur le lac Métabeskéga, il y a un poste de la Baie d’Hudson et les Indiens têtes-de-boule ont une réserve de plusieurs milles carrés.

MASCOUCHE
Mascouche (ourson) Cris.
Racines : Maskwa : un ours ; maskoch : un petit ours, un ourson.

Mascouche est le nom d’une paroisse et d’un village du diocèse de Joliette, comté de l’Assomption dans le Québec, situé sur la rivière du même nom. « Along Quebec Highways » se trompe grandement en traduisant Mascouche par « Smooth plain ». Il n’y a absolument rien dans ce mot qui justifie cette traduction.

MASKANAW
Maskanaw ou Meskana (chemin) Cris, montagnais, tête-de-boule.
C’est un nom géographique de la côte nord du fleuve Saint-Laurent.

Dans certaines grandes forêts, se trouvent des chemins (ou plutôt des sentiers) que les Indiens appellent kitchi maskanawa : « grands chemins » et qui leur servent de points de repère. Les blancs, moins avertis et moins expérimentés, croisent ces sentiers sans les apercevoir ou, même en les suivant, se perdent et s’égarent. L’Indien possède un instinct d’orientation extraordinaire, et ne s’égare jamais. En pleine forêt vierge, il prend des raccourcis et touche son but sans dévier. J’ai toujours trouvé ce fait prodigieux.

Les Indiens connaissent comme par instinct l’astronomie et se dirigent sur les étoiles avec une rare habileté.

MASKEK
Maskek (marais, marécage) Cris, tête-de-boule, otchipwé.

Maskeg est le nom d’un lac en Saskatchewan où les pères Oblats dirigent une mission,

Ce mot indien est passé dans le français et l’anglais.

On appelle maskeg, un terrain humide, boueux et dont les eaux n’ont point de déversoir. Le rivage ouest de la baie James est une suite infinie de maskeg où chaque automne des milliers et des milliers d’oies blanches se posent et s’engraissent avant d’émigrer vers le sud. (voir le mot KAPICKAU où il en est question).

En mars 1933, une trentaine d’Indiens se trouvent menacés par la famine aux sources de la rivière Ekwan, à environ 200 milles de la Baie James. La pêche, qui avait jusque-là assuré la subsistance du groupe, est devenu insuffisante. Chaque matin, toujours avec un espoir nouveau, les femmes vont visiter les filets immanquablement vides. Quand on réalise le danger, il est déjà trop tard pour entreprendre sans provision une marche de 200 milles vers la mission d’Attawabiskat sur la baie James. Tous, surtout les femmes et les enfants, se sentent trop affaiblis pour tenter ce suprême effort. On tient conseil, on s’alarme. Wabano, le plus fervent chrétien du groupe, propose de risquer sa vie pour le salut des autres. Il entreprendra le voyage seul, portant sur lui une lettre adressée au missionnaire d’Attawabiskat. S’il tombe de défaillance en chemin, il placera, selon la mode du pays, son message à destination. Il recommande à tous de prier sans cesse et d’économiser leurs forces jusqu’à l’arrivée du secours.

Quelques jours plus tard, un Indien du poste Nikitowisagi, en route vers la mission d’Attawabiskat, se fraie péniblement un chemin dans la poudrerie qui déferle. À l’embouchure de la rivière Ekwan, il aperçoit un bâton planté dans la neige, dont le bout fendu retient une lettre enveloppée dans une écorce de bouleau. Il s’approche et va s’en emparer quand son pied heurte un corps dur. De sa raquette il écarte la neige et reconnaît Wabano mort, gelé, les mains enlacées dans son chapelet. Le chasseur s’empare du message et franchit en toute hâte les quatorze milles qui le séparent de la mission. Quelques heures plus tard, deux attelages de chiens galopaient sur la rivière Ekwan, portant secours aux affamés. En récompense de cet acte héroïque, Dieu s’est choisi parmi les enfants de Wabano, une religieuse, Nancy Wabano, qui dépense sa vie au service des Indiens, dans l’école de la Pointe Bleue, au Lac St-Jean.

MASKIKI
Maskiki (plante médicinale, remède) Cris, algonquin.

Mot très commun sur les bouteilles de remède.

Les Indiens se fabriquent plusieurs bonnes médecines. Mentionnons quelques unes de leurs recettes.

1 — Pour guérir la coqueluche : couper des bouts de branches d’épinette blanche, à deux pouces de longueur, faire bouillir dans l’eau et boire le liquide. 2 — Pour guérir les hémorroïdes : faire bouillir des cocottes d’épinette noire, ou la racine de l’arbuste appelé vulgairement vinaigrier, et boire le liquide, 3 — Un onguent fait de souffre bien écrasé et de graisse de lard, demi-mesure de chacun, guérit la gratelle, le riffle et autre maladie de la peau. Il faut graisser abondamment, une fois seulement, le membre malade et être trois jours sans le laver. 4 — Pour guérir l’érysipèle : faire fondre du beurre salé et graisser sans se laver. 5 — Au début de la colonie, les Indiens ont guéri les Français qui mouraient du scorbut, en leur faisant laver la bouche avec une décoction d’écorce d’épinette rouge. 6 — La plante appelée « tabac du diable », hachée et bouillie, guérit le rhumatisme ; l’employer par lotion. 7 — L’huile de ricin guérit les cors et les verrues.

MASKINONGÉ
Maskinongé pour maskinogé (brochet difforme) Algonquin.
Racines : Mask : difforme, défectueux ; kinogé : brochet.
(En cris de l’Ouest’gros poisson”’. Mask : gros : kinongé : poisson)

Ce poisson, gros et laid, semble difforme ; il peut atteindre 8 pieds et peser 100 livres ; il est très vorace.

Maskinongé est le nom d’un comté, d’une paroisse et d’une rivière, Cette paroisse fut desservie par les Récollets de 1714 à 1748. C’est là que naquit Mgr Joseph David Déziel, fondateur du collège et de la ville de Lévis. Au centre du village, il existe une fameuse source d’eau minérale.

En 1806, Lagimodière, originaire de Maskinongé, était revenu de la Rivière-Rouge dans son pays natal où il épousa Marie-Anne Gaboury. Après la célébration des noces, il emmena à la Rivière-Rouge sa jeune épouse pour partager ses peines et ses joies de pionnier. Marie-Anne Gaboury fut la première canadienne qui ait eu le courage d’aller s’établir en pays sauvage. Elle aida beaucoup les missionnaires et fut marraine d’une cinquantaine de baptisés. Lagimodière était un homme d’une grande droiture ; l’injustice, de quelque côté qu’elle vint, le révoltait. Prévoyant un conflit armé imminent entre les compagnies du Nord-Ouest et de la Baie d’Hudson, il décida en 1815 de porter un message à Lord Selkirk, qui demeurait à Montréal. Après avoir embrassé sa femme et ses enfants, il partit seul en hiver et fit au moins 1 500 milles à la raquette, traînant une toboggan. Lorsqu’il arriva à Montréal, il faisait nuit. Il frappa à la demeure de Lord Selkirk où l’on donnait grand bal. La porte s’ouvre, mais dès qu’on aperçoit cet étrange personnage, on s’apprête à le congédier. Lagimodière pousse violemment la porte et entre. Galants et soldats veulent lui barrer la route ; il les bouscule comme des enfants et présente son urgent message à Selkirk. Quelques jours après, Lord Selkirk demandait à Lagimodière quelle récompense il désirait pour le service qu’il venait de lui rendre. Lagimodière se contenta de prier le noble seigneur d’obtenir qu’on envoie des missionnaires dans l’Ouest, pour donner les secours de la religion à sa compagne, ainsi qu’à la population métisse qu’il aimait comme sa propre famille. Lord Selkirk, quoique protestant, fut vivement impressionné par la requête désintéressée du brave canadien. Il se rendit à Québec chez Mgr Plessis, l’unique évêque du Canada ; et cette intervention valut à l’Ouest canadien ses premiers missionnaires, les abbés Provencher et Dumoulin.

Auguste-Henri de TREMAUDAN, Hist. de la nation Métis, p. 98.

MASKOTEW
Maskotew (prairie) Cris, sauteux, otchipwé.
Racines ; maskochi : foin, herbe.

C’est le nom que les Métis de la Rivière-Rouge donnaient aux prairies de l’Ouest canadien. Ces prairies, en raison de leur immensité, ressemblent à des océans. Le firmament tombe autour de nous comme un globe tranché en deux. Des millions de bisons, cherchant leur subsistance, y avaient creusé des chemins tortueux, des fosses profondes que les labours ont fait disparaître. Les cours d’eau coulent paresseusement à cause du nivellement du sol. Quand les vents soufflent en tempête, et cela arrive assez fréquemment, ces prairies sont dangereuses comme un désert. En hiver, le froid devient intense, la poudrerie aveugle, le voyageur est sans abri et sans feu. L’été manque de verdure et d’ombre. Dans ces plaines monotones où les points de repère font défaut, où tous les décors se répètent, on peut s’égarer facilement. Lorsque ces steppes devenaient la proie des flammes, le moyen d’échapper au péril était d’allumer un nouveau feu et de le laisser courir, puis de demeurer à l’endroit brûlé ; alors, les flammes menaçantes s’arrêtaient à la ligne noire, faute d’éléments pour se propager.

À ces dangers s’ajoutait autrefois celui d’être surpris par les Indiens barbares. Le 13 juillet 1851, une bande de 67 chasseurs métis, parmi lesquels se trouvait l’abbé Laflèche, futur évêque des Trois-Rivières, s’étaient éloignés de leurs 385 compagnons, pour mieux chasser les bisons. Apprenant que 2,000 Sioux viennent les attaquer, les 67 Métis se barricadent aussitôt derrière leurs charrettes, résistent à deux violents assauts et forcent leurs ennemis à se retirer. Fervents catholiques, les Métis attribuèrent leur victoire aux prières de l’abbé Laflèche ; ses exhortations avaient stimulé la petite troupe à combattre vaillamment ; il avait aussi fait vœu au nom de ses gens d’observer un jeûne solennel et de chanter trois grand’messes, si tous sortaient indemnes du combat. Aucun d’eux ne fut tué et l’on compta seulement trois blessés.

Auguste-Henri TREMAUDAN, Histoire de la Nation Métis, p. 143.

MASKWATCHISIK
Maskwatchisik (à la petite montagne d’ours) Cris.
Racines : Maskwa : ours ; tchi, montagne ; sik : diminutif et locatif.
(En cris de l’Ouest, Maskwa : ours : watchisis : petite montagne ; k : locatif)

Maskwatchisik est une localité qui a perdu son nom ; aujourd’hui elle s’appelle Hobbema. Van Horn, ancien président du Pacifique Canadien, l’a ainsi dénommée, en mémoire du célèbre peintre hollandais Hobbema. À l’ouest et au nord-ouest de la mission d’Hobbema, le terrain devient valonneux et tout parsemé de buttes, qui jadis servaient de repaire à une colonie d’ours. Un ruisseau et un petit lac ont retenu leurs souvenirs : le maskwa sipisis et le maskwa sakahigan (ruisseau d’ours — lac à l’ours). La population d’Hobbema est métissée. Le pionnier, B. Piché (1810-1847), était un Canadien de Terrebonne. Un bon tiers des habitants du lieu descendent de cet homme, qui fut le premier à demander les missionnaires à l’évêque de St-Boniface en 1842. On rencontre encore des familles Cardinal, Goin, Gladu, Godin et Leclaire, mais avec une modification anglaise ou indienne dans leur nom.

R.-P. MOULIN, O.M.I., Hobbema.

MASSAWIPPI
Massawippi pour nasawipi (entre les eaux) Algonquin.
Racines : Nasaw : entre, au milieu ; nipi : eau.

Massawipi est une localité du comté de Stanstead, à 13 milles de la frontière des États-Unis. Le lac, qui baigne ses terres et porte son nom, rassemble sur ses bords des amateurs de golf, de tennis, de canotage et d’autres sports à la mode. Il se décharge dans la rivière Massawippi, laquelle se déverse dans la rivière St-François, au pays de Québec.

MATABINOTIN
Matabinotin (le vent vient de terre — mot à mot : le vent se meut vers l’eau). Algonquin, tête-de-Boule, Cris.
Racines : Matabi : aller vers l’eau, gagner l’eau ; notin : il vente, le vent.

Anciennement, les Indiens appelaient Trois-Rivières Matabinotin.

Matabinotin fut visité en 1537 par Jacques Cartier, il donna à la rivière Saint-Maurice le nom « Fouez » qui, en breton, signifie « foi ».

En 1600, Dupont-Gravé changea le nom de la rivière en celui de « Trois-Rivières », (À cause de deux grandes îles qui bloquent son embouchure, la rivière St-Maurice, à cet endroit, se partage en trois branches et donne l’illusion de trois rivières au lieu d’une.)

Jusqu’en 1634, aucun blanc n’habitait Trois-Rivières. Mais à cette date, sur les ordres de Monsieur de Champlain, le Sieur de la Violette entreprit l’érection d’un fort et les français s’y établirent. À Matabinotin vécurent plusieurs hommes célèbres et glorieux dont les manuels d’histoire du Canada font mention. Citons Jacques Hertel, interprète de renom ; Nicolas Perrot, futur gouverneur de Montréal ; Pierre-Esprit Radisson et Médard Chouart des Groseilliers. (voir le mot Kijeatawenini).

Mais le plus illustre de tous est sûrement Pierre de la Vérendrye, le découvreur des Montagnes Rocheuses : une vie tissée d’aventures périlleuses et de randonnées incroyables. On le trouve la même année sur les rives de la Baie d’Hudson et sur la frontière du Mexique. Si le courage n’avait pas manqué à ses compagnons, il aurait atteint l’océan Pacifique. Forcé de rebrousser chemin, il entreprend la découverte de la côte ouest américaine, se rend au sud du Dakota et y érige le fort Pierre, aujourd’hui capitale de l’état. S’estimant rendu au terme le plus éloigné de ses courses, (à quelque 6,000 milles des Trois-Rivières) il laisse, sous une pyramide de cailloux, une plaque de plomb portant cette fière inscription : POSÉE PAR LE CHEVALIER de la VÉRENDRYE, LE 30 MARS 1743. Des enfants, au cours de leurs jeux, trouvèrent cette plaque le 16 février 1913.

L. LE JEUNE, O.M.I., Dictionnaire général de biographie.
E. BRETON, O.M.I., Cap-de-la-Madeleine, cité mystique de Marie, Préf.
MATABISKEGA
Matabiskega (on arrive à l’eau par un marécage) Cris, tête-de-boule.
Racines : Matabi : aller vers l’eau ; skeg : marais.

Matabiskéga est un lac de la rivière Manawan, affluent de la rivière Saint-Maurice. Ce lac est remarquable par ses îlots flottants. Ça cause une impression étrange de voir venir vers soi des îlots avec leurs petits arbres agités par le vent. Pendant la mission que je donnais au cours de l’été, une terrible tempête arracha toutes les tentes, emporta les canots et le toit de ma demeure. Quand la pluie eut cessé, ce fut des cris, des exclamations en voyant au milieu du lac une île nouvelle d’un arpent de longueur. De temps immémorial cette île flottante s’était échouée au rivage, la tempête venait de la pousser au large.

Le lac s’est enrichi d’un village indien, d’une magnifique chapelle, de deux écoles, d’une scierie et d’un magasin de la Baie d’Hudson,

MATACHEWAN
Matachewan pour matadjiwan (rencontre des courants) Cris, tête-de-boule.
Racines : Mata : rencontre, union ; djiwan : courant.

Mission indienne desservie par les Pères Jésuites dans le diocèse du Sault Ste-Marie, Ontario.

MATAGAMI
Matagami (réunion des eaux) Cris, tête-de-boule.
Racines : Mata : réunion, rencontre ; gami : étendue d’eau, eau.

Plusieurs rivières réunissent leurs eaux dans le lac Matagami, pour se déverser dans la Baie James, par la rivière Notawé. Du lac Matagami, riche en esturgeons, on atteint facilement la Baie James en quatre jours de canot, malgré les difficultés de la rivière.

Quelqu’un a traduit Matagami par « eau courante ». Il se trompe. Un jour, me rendant à Waswanipi sur les grands canots de la Compagnie de la Baie d’Hudson, et me trouvant sur ce lac, je demandai la signification de « Matagami » aux Indiens de mon équipage. Aussitôt l’un d’eux leva son aviron et sans parler me montra au loin de nombreuses rivières. Par ce geste il signifiait : Matagami veut dire « rencontre des eaux ».

MATAMEC
Matamec (truite) Montagnais.

Matamec est le nom d’une rivière à une dizaine de milles à l’est de Sept-Îles comté Saguenay, où il y a de la truite et un camp de pêche.

MATANE
Matane, abréviation de Matandipives (épaves, débris de navire) Algonquin.

Matane est le nom d’une ville, d’un comté de la Province de Québec et d’une rivière.

La rivière Matane était connue de Champlain. D’après le P. Pacifique, Cap., dans ses « Études historiques et géographiques », p. 191, Matane signifie « vivier de castors ». Dans « Along Quebec Highways », 1930, selon un indien malécite, Matane signifierait « épine dorsale ».

Je me permets de donner une autre traduction (Épave, débris). Ayant proposé cette traduction à un résident de Matane, il tressaillit en disant : « C’est à plein ça ! Il y a presque toujours des épaves à Matane, des chaloupes qui viennent s’échouer au rivage. Au moment où je vous parle, une barge y est échouée. En creusant la cave de notre maison, mon père a trouvé des ossements de baleine et des morceaux de charbon, venant sans doute d’un navire qui avait fait naufrage. » La marée montante dirige vers Matane débris, épaves et tout ce qui flotte.

Antoine GAGNON, ptre, Histoire de Matane.
J.-A. CUOQ, P.S.S., Lexique de la langue algonquine.
MATAPÉDIA
Matapédia (jonction de rivières) Micmac.
Racines : Mata : jonction, union ; pégiag : rivière.

Matapédia est le nom d’un comté du Québec, d’un village, d’un lac et d’une rivière, renommés tous deux pour la pêche à la truite et au saumon, qui se déversent dans la baie des Chaleurs.

L’endroit où les rivières Matapédia et Restigouche s’unissent s’appelle « jonction des eaux. »

Une légende micmac dit qu’autrefois chacune de ces deux rivières débouchait à la mer ; mais que la Restigouche aurait pris la Matapédia pour fiancée. Un jour elle demanda du pain de sucre à Klooscap, le dieu des bonnes choses, qui se tenait debout sur la montagne. Klooscap se pencha et frappa du bâton le flanc de la montagne. Aussitôt, un immense bloc de pierre tomba dans la Restigouche et forma une île. Dès ce moment, la grande rivière se serait unie à la petite, l’aurait prise pour épouse, formant une seule rivière. (Au sujet de Klooscap, voir le mot ABEGWEIT.)

R.P. PACIFIQUE, O.F.M., Cap., Études historiques et géographiques.

MATASHIBOU
Matashibou (grande rivière) Montagnais.
Racines : Mista : grand, gros ; sipo : rivière.

Nom indien de la rivière Moisie, longue de 210 milles, comté Saguenay, province de Québec.

L’embouchure de la rivière Moisie, est devenue inaccessible à toute navigation de tonnage moyen, à cause des bancs de sable accumulés par les marées et débâcles. Le saumon y abonde. Jadis les Holliday de Québec, avec l’aide des citoyens de l’endroit, y faisaient une pêche abondante, et gardaient de vastes entrepôts où le poisson congelé attendait l’arrivée des goélettes de transport. Un de ces hangars à saumons existe encore, ainsi que l’ancienne maison des propriétaires de cette entreprise.

L’industrie du fer y connut également des beaux jours. On voyait, au siècle dernier, des hauts fourneaux épurgeant un minerai extrait d’un sable noir, abondant sur la grève.

MATAWIN
Matawin (comme Mattawa).

Matawin est le nom d’une rivière, affluent de la Saint-Maurice, dans le Québec. Sur son cours de 100 milles, se trouve le barrage du Lac Taureau, qui refoule les eaux jusqu’au village de St-Michel des Saints et noie des millions d’arbres.

MATCHIMANITO
Matchimanito (le mauvais esprit, le diable) Cris, algonquin, tête-de-boule.
Racines : Matchi : mauvais ; manito : esprit.

C’est le nom d’un lac de l’Abitibi dans la Province de Québec. On honore le diable en appelant ce lac par son nom. Avec ses eaux fraîches, ses vagues, ses poissons et ses brumes qui forment des nuages, le lac mériterait un meilleur nom.

MATONIPI
Matonipi (eau des pleurs) Cris.
Racines : Mato : il pleure ; nipi : eau.

Matonipi est le nom d’un lac de la rivière Maouchalagan, qui se déverse dans le fleuve St-Laurent, Comté Saguenay, Québec.

MATOSIPI
Matosipi (rivière des larmes, des pleurs) Cris, tête-de-boule.
Racines : Matow : il pleure ; sipi : rivière.

On a traduit matosipi par eau merveilleuse. Pour que cette traduction soit bonne, il faudrait dire : mamaskatenitagwan nipi.

MATTAWA
Mattawa (confluent, jonction de deux cours d’eau.) Cris.

Mattawa est un affluent de la rivière Ottawa. C’est aussi le nom d’une ville d’Ontario, desservie par le Canadien Pacifique. Benjamin Sulte indisposa les habitants de Mattawa en écrivant que cette ville ressemblait à un dos de chameau pelé.

Quand les Pères Oblats s’établirent à Mattawa, en 1863, il y avait des chantiers, un groupe d’Algonquins et peu de blancs, parmi lesquels la famille Timmins, dont les fils sont devenus multimillionnaires.

Un père s’y distingua entre tous : Jean-Marie Nédelec que les voyageurs appelaient « le Père Brûlé ». Ils prétendaient, à faux, que les sauvages l’avaient torturé. Le père était connu de tous les bûcherons de la rivière Ottawa. Pendant la construction du chemin de fer du Canadien Pacifique, il suivit avec sa chapelle portative des milliers de terrassiers, prêchant et confessant. Il desservit les missions indiennes d’Abitibi, de New Post et d’Albany sur la Baie James, et d’autres encore.

Un soir d’hiver, accablé de fatigues, il rentra à la mission et mourut. Le Père Nédelec était breton et terrible marcheur, capable « d’essouffler » plus d’un jeune. Quand, en 1892, je résidai à Mattawa, le vieil oblat, à peau épaisse, cuite et recuite par le soleil, me donna de précieux conseils.

MÉCATINA ou MÉKATINA
Mékatina pour mikatina (montagnes rouges) Cris, tête-de-boule.
Racines : Mik : rouge ; atin : montagne, pente, côteau.

Mekatina est le nom d’une chaîne de montagnes, d’une rivière poissonneuse et d’un cap sur la rive nord du golfe Saint-Laurent, en ace de Terre-Neuve.

MÉGANTIC
Mégantic pour mangatik (gros bois, gros arbre) Algonquin.
Racines : Mang : grand, gros, large ; atik : bois, arbre.

Le mot atik se dit proprement des végétaux qui perdent tous les ans leurs feuilles. Par analogie, il s’applique à certains corps oblongs, qui ont avec les végétaux quelque rapport réel ou imaginaire : un épi de blé-d’inde, une chandelle, une croix.

Mégantic, dans le comté de Frontenac, est le nom d’un village et d’un lac qui n’est que l’élargissement de la rivière Chaudière. On y signale des mines d’amiante, d’or et d’argent.

J.-A. CUOQ, P.S.S., Lexique de la langue algonquine. Encyclopédie Grolier.

MÉKINAC
Mékinac pour mikinak (tortue) Cris, algonquin.

Saint-Joseph de Mékinac, sur la rivière St-Maurice, est une paroisse du diocèse des Trois-Rivières, Province de Québec. Au jeu de cartes, les piques sont appelés mikinak par les Têtes-de-boule, Les Algonquins emploient mikinak okima pour désigner le roi de pique.

La tortue est d’une extrême lenteur ; peut-être qu’elle ne craint rien, se fiant à sa carapace extrêmement résistante. Elle se creuse des trous pour y demeurer en certaines saisons. Sa chair est comestible. La tortue, dans les fables, personnifie les lambins et lourdauds.

Une des sept bandes iroquoises de Caughnawaga a pour emblème la tortue.

J.-A. CUOQ, P.S.S. Lexique algonquin et iroquois.

MEMRAMCOOK
Memramcook pour Amlamgog (il y a divers courants) Micmac.

C’est le nom d’une ville, d’une rivière et d’une île de l’archidiocèse de Moncton, Nouveau-Brunswick. Memramcook possède une Université bilingue dirigée par les clercs de Sainte-Croix. C’est à Memramcook que fut fondé, par Sœur Léonie, l’Institut des Petites Sœurs de la Sainte-Famille.

Notice sur l’Univ. de Memramcook 1929.
R.P. PACIFIQUE, O.F.M., Cap., Études historiques et Géographiques.
MÉTABETCHOUAN
Métabetchouan pour matabidjiwan (le courant se jette dans le lac) Algonquin, montagnais, tête-de-boule.
Racines : Matabi : gagner l’eau, aller vers l’eau ; djiwan : courant.

La rivière Métabetchouan déverse ses eaux dans le lac Saint-Jean. Métabetchouan : nom d’une gare et d’un bureau de poste, au même endroit.

À Métabetchouan la croix précéda le missionnaire. Le 16 juillet 1647, lorsque le Père de Quen arriva à l’embouchure de cette rivière pour prodiguer aux Indiens malades les consolations de son ministère, il eut la surprise et le bonheur de constater que ces bons indiens avaient planté sur le bord de la rivière une « belle et grande croix ». En 1676, le Père de Crespieul, s.j. fit bâtir à Métabetchouan une chapelle de 35 pieds de longueur sur 25 de largeur et la dédia à Saint-Charles. Vers 1680, il choisit Métabetchouan comme résidence des missionnaires. Il organisa une ferme et fit venir des animaux domestiques de Québec. En 1682, le Frère Malherbe, qui avait eu l’honneur de transporter sur ses épaules les ossements des saints martyrs Brébœuf et Lallemant, venait cultiver la ferme de Métabetchouan. Il y planta des vignes, des arbres fruitiers, fit construire un petit moulin à farine et d’autres dépendances. Autrefois, la Compagnie de la Baie d’Hudson avait un poste à l’embouchure de la Métabetchouan. Plus tard, la chapelle des Montagnais, construite par les Pères Oblats en 1846, dotée d’un toit et d’un clocher, peinturée en rouge et bien décorée à l’intérieur, fut l’orgueil des Indiens, à ce point, qu’ils prirent ombrage de la voir fréquenter par les blancs et s’y opposèrent violemment pendant quelques années.

Histoire du Saguenay depuis l’origine jusqu’à 1870. pp. 65, 96, 250.

METAGAMA
Metagama pour matagamaw (réunion des eaux) cris, tête-de-boule.
Racines : Mata : réunion, rencontre ; gamaw : eau, étendue d’eau.

Nom d’une gare du Canadien Pacifique et d’une rivière de l’Ontario.

MÉTIS
Métis pour mitis (petit peuplier).

Les vieilles cartes donnent mitis et non métis. Mitis en langue malécite est le diminutif de miti. Donc « Petit métis » est une répétition de mots, un pléonasme.

Métis est le nom d’une rivière, d’un lac de 5 milles de longueur, et d’un village sur la rive sud du Saint-Laurent : lieu de villégiature et de tourisme.

R.P. PACIFIQUE, O.F.M., Cap. Études historiques et géographiques. p. 191.

MICHIGAMAW
Michigamaw (grand lac) Cris, tête-de-boule.
Racines : Mich : gros, de grande dimension ; gamaw : étendue d’eau, lac.

(Les Cris de l’Ouest prononcent Misigamaw).

Plusieurs lacs portent ce nom. J’ai connu un Indien tête-de-boule qui s’appelait ka Michigamaw. Parce qu’il était né au bord d’un grand lac, on lui donna le nom du lac. Ce ka Michigamaw était marié à la vieille indienne Mihokwamaw (La Bonne Plume). Celle-ci, dans ses jeunes années, avait jeûné pour devenir jongleuse, mais après quelques jours de privations, tombant de l’arbre où elle s’était juchée, elle devint inapte à la jonglerie. Cette Bonne Plume possédait une voix riche qui l’aurait bien servie dans son métier. Elle riait de bon cœur quand on lui parlait de sa mésaventure, et demeurait à Obedjiwan, province de Québec.

MICHIGAN
Michigan pour michigamaw (grand lac), cris.
Racines : voir Michigamaw.

Michigan est une abréviation de michigamaw. Un grand missionnaire de l’Ouest, le R.P. Alb. Lacombe, O.M.I., fait cette remarque à-propos des noms indiens : « Il ne faut pas oublier que tous ces noms, qui aujourd’hui désignent des villes, des rivières, des lacs, etc., ont été défigurés dès le commencement par les voyageurs, qui les prononçaient selon que leur langue en était capable, sans se rendre compte qu’ils détruisaient ainsi les mots ».

(Un autre spécialiste y voit une corruption de « Mitchigan » qui signifie en cris de l’Ouest « trappe à poisson ». — Voir MIKISKAN)

Le lac Michigan est un des cinq grands lacs du fleuve Saint-Laurent. Les rives du lac Michigan sont basses et sablonneuses. L’absence de bons ports et la violence des vents y rendent la navigation difficile. Longueur, 320 milles ; largeur moyenne, 65 milles, profondeur maximum 860 pieds ; superficie, 22,450 milles carrés.

Il est très probable qu’Étienne Brûlé soit le découvreur du lac Michigan. Cet homme passa sa vie avec les Hurons et finit par être tué et mangé par eux. Il fut le premier interprète, et il accompagna à Québec le premier convoi de fourrures de la huronie. Étienne Brûlé fut aussi le découvreur du lac Érié et le premier blanc à voir les Chûtes Niagara, à visiter le territoire de la Pennsylvanie, à naviguer sur les eaux du lac Huron et du lac Supérieur. À la fin de sa vie, il découvrit le Sault Sainte-Marie avec un Français nommé Grenolle.

Chanoine Alphonse FORTIN, Les Grands Noms oubliés de notre Histoire, p. 21
Alb. LACOMBE, O.M.I., Dictionnaire de la langue des Cris, p. 705.
Encyclopédie Grolier.


MICHIKAMAN
Michikaman pour Michigamaw (grand lac) Montagnais, tête-de-boule.
Racines : comme Michigamaw et Michigan.

Ce lac du Labrador est au nord des grandes chûtes du fleuve Hamilton, province de Terre-Neuve.

MICHILLIMAKINAC
Michillimakinac pour Michilimikinak (sa grosse tortue). Cris, algonquin.
Racines : Mich : gros ; mikinak : tortue ; li pour l’euphonie.

J’ai entendu très souvent les Indiens dire michili, michiliw en parlant d’une chose appartenant à un autre.

Michillimakinac est la fameuse mission Saint-Ignace fondée en 1671. Quand M. de Tracy alla conjurer la menace iroquoise, c’est à Michillimakinac qu’il se prépara. De là aussi, le 13 mai 1673, par

tirent Louis Jolliet et le père Marquette, à la recherche d’une route vers l’océan Pacifique. Ils suivirent les traces de Nicolet et de Radisson, découvrirent le Mississipi. Passant aux bouches de l’Arkansas, du Missouri et de l’Ohio, ils revinrent avec la certitude que le Mississipi se jette dans l’Atlantique. À la fin de septembre, ils étaient de retour à Michillimakinac. Jolliet dit adieu au Père Marquette et reprit le chemin de Québec. Près de Montréal, au Sault-Saint-Louis, son canot chavira, entraînant la perte de tous ses papiers, notes, cartes et deux compagnons. « Je fus sauvé, dit-il, après avoir été quatre heures dans l’eau, par des pêcheurs qui n’allaient jamais dans cet endroit. Il ne m’est resté que la vie ». Michillimakinac devint un poste de traite important et prit plus tard le nom de Mackimac.

L. LE JEUNE, O.M.I., Histoire générale du Canada.
Chan. Alphonse FORTIN, Les Grands Noms oubliés de notre Histoire, p. 136, 164.
MICHINAMEKUS
Michinamekus pour michinamekôs (grosse truite grise) Algonquin.
Racines : michi : gros ; namekos : truite grise.

Michinamekus est le nom d’un lac sur la branche ouest de la rivière du Lièvre en Québec.

MICHIPICOTEN — MICHIPIKWATIN
Michipicoten (grosse brisure) Cris.
Racines : Michi : gros ; pikotin : brisé, cassé.

Un canot frappe un roc dans un rapide et se brise, on dira Pilotin tchiman : le canot est brisé. Certains disent : Michipikwatin « la montagne à grosse bosse ».

Michipicoten est le nom d’un fort français construit vers 1700 sur la rivière Magpie ; le nom d’une île, d’une baie, d’une mission desservie par le Curé de Wawa, d’un havre et d’une rivière qui déverse ses eaux dans le lac Supérieur, en Ontario.

Michipicoten est reliée au Sault Sainte-Marie par le chemin de fer Algoma Central.

MICHOMIS
Michomis (grand-père, aïeul) Algonquin.

Le vrai nom est Ni michomichinaning « chez notre grand-père. »

Michomis est un affluent de la rivière Gatineau, 100 milles en amont de Maniwaki. Autrefois, il y avait là un poste de traite où se rendaient les Algonquins du lac Minjamegou, de Mitikonabikong et du haut Saint-Maurice. Michomis a connu de beaux jours au temps de l’arpentage du chemin de fer. Aujourd’hui, tout y est abandon et ruines.

MICMAC
Micmac (alliés).

La tribu des Micmacs appartient à la grande famille des Algonquins, elle habite surtout le Québec et le Nouveau-Brunswick. La langue micmac, comme on le voit dans le présent volume, est largement représentée dans les noms géographiques du Canada.

MICOINE
Micoine pour émikwan (cuillère) Cris, algonquin.

Cuillère de bois en usage chez les Indiens. De formes et de grandeurs différentes, elles sont très commodes pour retirer de la marmite potage et poisson.

Il semble qu’anciennement les Indiens servaient le rhum et l’alcool dans des cuillères, car ils disent « ningotwemikwan ningi minikwen » : j’ai bu une cuillérée, (un petit verre), nijwemikwan eta ningi minikwen : je n’ai bu que deux cuillérées (deux verres, deux coups).

Si tous ceux qui aiment la goutte n’excédaient jamais ces deux cuillérées, que de troubles, de querelles et de bêtises seraient évitées dans le monde.

MIGWASHA
Migwasha pour Migoosag (rocher rouge) Micmac. (bois rouge) Cris.
Racines : Mik : rouge ; Washa : baie.

Migwasha, une pointe élevée à la tête de la Baie des Chaleurs, justifie pleinement son nom par la présence d’un énorme rocher rouge, qui rappelle la pierre de la cathédrale de Strasbourg.

Fr. Antoine Bernard, C.S.V., La Gaspésie au Soleil.

MIKISKAN
Mikiskan pour mekiskan (hameçon) Cris, tête-de-boule, algonquin.

C’est le nom d’une rivière du versant est de la Baie James, qui se jette dans la rivière Bell, province de Québec. La Compagnie de la Baie d’Hudson y eut un poste de traite, succursale de celui de Waswanipi et de si petite dimension qu’un seul grand canot chargé de marchandises pouvait l’approvisionner pour un an. J’ai visité ce poste abandonné où des framboisiers poussaient à travers planchers et lambris, et dont le dernier commis, Vincent, était fils d’un Métis, ministre protestant.

On appelle « mekiskan » une certaine attrape à poissons, inventée par les Indiens du lieu. L’appareil se construit ainsi. À quelques pieds du bas d’un petit rapide, ils bloquent la rivière avec des pierres ou des pieux, laissant au centre une ouverture de deux ou trois pieds de largeur. En face de cette ouverture ils construisent une glissade de bas en haut, pour que la vitesse du courant projette le poisson hors de l’eau, sur le sol. La glissade peut avoir 15 pieds de longueur ; on utilise comme matériaux des perches de bois rond, sans écorce et lisses comme un miroir. Les perches se trouvent piquées d’un bout au fond de l’eau, et l’autre bout repose sur une solide traverse, ordinairement un petit tronc d’arbre, qui les soulève à deux pieds au-dessus de l’eau. Le tronc d’arbre est lui-même supporté à chaque bout par deux poteaux fourchus, plantés à coups de masse dans la profondeur du sol.

Une fois l’attrape construite, le pêcheur n’a plus qu’à faire du tapage sur la rive pour effrayer les poissons de la rivière. Pris de panique, ils se précipitent vers l’ouverture fatale, et ce sera chaque fois la Pêche Miraculeuse. L’on voit tellement de ces attrapes sur la rivière Mikiskan qu’elle mérite cent fois son nom.

MIKKWA
Mikkwa pour mikwaw (rouge, c’est rouge) Cris.

Nom d’un cours d’eau affluent de la rivière la Paix, province d’Alberta.

MILNIKEK
Milnikek pour Minikek (ils font la récolte des fruits) Algonquin, cris.
Racines : Min : bluet, airelle, myrtille ; kée : faire, cueillir.

C’est le nom d’une mission du comté de Bonaventure, archidiocèse de Rimouski, province de Québec.

En montagnais Milikek signifie « récolter les bluets ».

MILWAUKEE
Milwaukee pour Milowaki (bonne terre) Algonquin.
Racines : Milo ou mino : bon ; aki : terre ; le w pour l’euphonie.

Milwaukee est le nom d’une rivière et d’une ville riveraine du Lac Michigan, dans l’état du Wisconsin. Elle eut pour fondateur Laurent J. Salomon Juneau, Canadien français né à l’Assomption, province de Québec, le 9 août 1793. Après avoir été à l’emploi de la Compagnie de la Baie d’Hudson, il se fixa sur les bords de la rivière Milwaukee, avec sa femme, Josephte Viau, le 14 septembre 1818. En 1835, l’endroit prit l’aspect d’un village et porta le nom du fondateur. Celui-ci traça les rues, vendit un grand nombre d’emplacements, devint maître de poste et s’enrichit largement. C’est dans sa maison que l’abbé Bonduel célébra la première messe sur ce territoire. Plus tard, en 1846, Salomon devint maire de la ville.

Bientôt, cependant, sa fortune passa entre les mains de spéculateurs plus habiles. Il dut s’enfoncer de nouveau vers les terres vierges et s’établir à Thérésa, où il s’adonna au commerce des fourrures avec les Indiens. Son prestige demeurait intact, car en 1856 on le choisit comme l’un des délégués du Wisconsin à la convention du parti démocrate de Cincinnati, où Buchanon fut désigné comme candidat à la présidence des États-Unis. Juneau mourut la même année le 14 novembre. Selon sa volonté, on transporta ses restes à Milwaukee, sa glorieuse fondation. Les habitants de cette ville lui avaient donné le surnom de « Juneau le noble et bon. »

Extrait de la Survivance (Edmonton Alberta) reproduit par « Le recueil Digeste français ». Septembre 1947. Vol. 20, no 3.

MINAIKOSAKAIGAN
Minaikosakaigan (le lac des épinettes) Cris.
Racines : Minaik : épinette ; sakaikan : lac.

Ce lac, presque rond, se trouve sur la rivière Ekwan, versant ouest de la Baie James. Il me rappelle un pénible voyage, où les épreuves ne manquèrent point (1893) D’abord nous avions très peu de nourriture. Nous étions campés pour la nuit, mes guides et moi, sur un rocher couvert de mousse sèche, sans avoir cru nécessaire d’éteindre notre feu. Le feu s’infiltra dans les mousses, brûla ma tente avec une partie de nos maigres provisions, et nous tint occupés jusqu’à l’aube. Nous fîmes la prière pour repartir aussitôt ; mais, en escaladant un rapide, ma chapelle portative glissa à l’eau et je perdis tous mes ornements sacrés.

MINAKI
Minaki (terre de bleuets, d’airelles, de graines) Algonquin.
Racines : Min : bleuet, airelle Aki : terre.

Minaki est le nom d’une gare du Canadien National entre Winnipeg et Sioux.

MINGAN
Mingan pour Maigan (loup, le loup) Algonquin, cris, tête-de-boule.

Mingan désigne un groupe d’îles dans le golfe Saint-Laurent, en face de l’île d’Anticosti. Sur une de ces îles, Louis Jolliet mourut très pauvre, vers 1700. Hydrographe du roi et célèbre explorateur canadien, il avait exploré le Labrador et découvert le Mississipi avec le Père Marquette, en 1673.

Mingan désigne également une mission montagnaise desservie par les Pères Oblats, On y vénère encore une vieille croix, plantée par le père Charles Arnaud, O.M.I, au temps d’une disette. Comme elle menaçait de tomber, les Indiens coupèrent à deux ou trois reprises son pied vermoulu ; ce qui explique ses proportions bizarres.

Les Indiens sont moins destructeurs que les blancs : ils ont le culte des vieilles choses et des reliques du passé. À Wémontaching, mes Indiens têtes-de-boule préférèrent réparer leur vieille chapelle, plutôt que d’en posséder une neuve, plus belle, qui ne leur aurait pas ceûté un sou. La vieille chapelle, au toit pointu, se dresse devant leurs yeux comme un symbole du passé.

Mingan désigne encore une rivière et plusieurs îles baignées par le détroit Jacques Cartier. Mingan rappelle un ancien poste français, fondé en 1655, devenu maintenant base américaine sur le golfe St-Laurent. En 1949, le gouvernement de Québec acheta de la Compagnie Labrador la seigneurie de Mingan (900 milles carrés) pour la somme de $900,000.00.

J.-A. CUOQ, P.S.S., Lexique de la langue algonquine.
Apostolat des missionnaires O.M.I. (Nov. 1946).
MINNEDOSA
Minnedosa pour miniduza (eau rapide) Sioux.
Racines : Mini : eau ; duza : rapide.

Minnedosa est le nom d’une rivière, affluent de l’Assiniboine au Manitoba, et d’une ville située à 130 milles à l’ouest de Winnipeg.

Encyclopédie Grolier.

MINNESOTA
Minnesota (eau bleue ciel) Sioux.
Racines : Mini : eau.

Minnesota désigne une rivière, affluent du fleuve Mississipi, et un état américain (capitale St-Paul) sur la bordure de l’Ontario et du Manitoba.

Traduction de Sœur Mary Agnès, siouse, oblate du St-Sacrement.

MINWENITAMOWINISIPI
Minwenitamowinisipi (la rivière du Bonheur) Cris.
Racines : Minwenitamowin, contentement, bonheur ; sipi : rivière.

La rivière du Bonheur est sur la « route de canot » qui conduit à Weenisk, mission de la Baie James. Le 15 juin 1931, le P. Martel, O.M.I., le Fr. Tiboutot et une dizaine d’enfants de l’École d’Albany suivaient cette route. Les voyageurs venaient de laisser la rivière du Bonheur, quand un enfant, par maladresse, fit chavirer le canot en eau profonde. Aucun d’eux ne savait nager. Le père leur cria : invoquez Sainte-Thérèse, et les pauvres petites têtes, émergeant de l’eau, lançaient ce cri déchirant : « Kitchitwa Tenèse pimatchiinan. » (Sainte Thérèse, sauvez-nous). On ne sait comment le frère put rattraper en si peu de temps le canot à la dérive, le vider et se porter au secours des enfants que le courant dispersait, pour finalement les sauver tous.

On se trouvait à 150 milles de tout être humain, sans provision, à part une vieille chaudière qui flottait et contenait un reste de thé et de farine.

Mais comment faire du feu. Soudain le frère sort de l’eau une couverture de laine trempée de part en part. On la déroule, on y trouve, enfermée dans une petite boîte de métal, une grosse poignée d’allumettes que l’eau n’avait pas touchées. Ce fut un cri de joie. On prie, on chante, on allume le feu pour sécher les vêtements, on rit comme des fous.

Trois jours plus tard, les enfants rentraient à Weenisk sains et saufs et tous disaient, en tombant dans les bras de leurs chers parents : « C’est grâce à Sainte-Thérèse, si je suis encore vivant. »

MISASK
Misask pour mijack (herbe, (rivière) herbeuse) Algonquin.

Nom d’une rivière, affluent du fleuve Eastmain, dans le Nouveau Québec.

MISCOU
Miscou (marais, herbeux) Micmac.

Miscou est une île à l’entrée de la Baie des Chaleurs, au Nouveau-Brunswick. Le 3 juillet 1534, Jacques Cartier doubla la pointe de Miscou et la nomma Cap d’Espérance. Le premier missionnaire de Miscou fut le Père Sébastien, récollet (1619). Par les soins de Raymond de la Ralde, un poste de pêche fut fondé en 1623 sur cette île ; mais en mars 1628, l’amiral David Kirke vint avec trois navires s’attaquer aux Français du Canada et l’établissement de Miscou fut sa première conquête.

Le maquereau et le hareng viennent frayer sur les bancs de Miscou. À la fin d’avril, époque du dernier dégel, le hareng arrive en bancs et pénètre dans la Baie des Chaleurs. Malgré la voracité de poissons ennemis qui les poursuivent et les dévorent sans merci, ces multitudes de harengs sont telles que l’action des vagues les tue par milliers. Il arrive que la grève se couvre, sur une distante de plusieurs milles, d’une couche d’œufs de quelques pieds d’épaisseur.

Antoine BERNARD, C.S.V., La Gaspésie au Soleil, pp : 62 et 180.
R.P. PACIFIQUE, Cap. Études historiques et géographiques.
MISCOUCHE
Miscouche pour menisgotjg (petit marais, la petite Micou) Micmac.

Miscouche est le nom d’une île et d’une paroisse du diocèse de Charlottetown, comté Prince, Île du Prince-Édouard.

R.P. PACIFIQUE, O.M.I., Cap., Étude hist. et géographique p. 230.

MISKWAJE
Miskwaje (rougeole) Algonquin.
Racines : Miskwa : rouge ; ajé : peau.

C’est le nom d’une rivière qui se jette dans la Gatineau.

La rougeole est une maladie rare, mais dangereuse, chez les Indiens. J’ai vu les Indiens d’Obedjewan aux prises avec ce fléau. À mon arrivée, tout semblait mort : pas un chien n’aboyait, pas une fumée ne sortait des wigwams ; seul, le chef vint me serrer la main. J’entrai dans les tentes ; ils étaient couchés et me regardaient à peine. Pour tout remède, j’avais une bouteille de sirop contre la toux. Je la bénis et j’en versai une potion à chacun. Ils l’avalaient avec une telle confiance que, à ma grande surprise, le lendemain tout le monde était debout.

MISSINABI
Missinabi pour masinabi (marqué par l’eau, empreinte faite par les eaux) Algonquin.
Racines : Masina : marquer, écrire ; nipi : eau.

La rivière Missinabi, dans l’Ontario nord, tire son nom d’un phénomène géologique : à certains endroits l’on voit très bien la marque de la crue et de la baisse de ses eaux. La Missinabi est le gros affluent de la rivière Moose qui se jette au fond de la Baie James. Jusqu’à ces dernières années, sur cette rivière et près du pont du Canadien National, la Compagnie de la Baie d’Hudson avait un poste de traite appelé Matice.

Missinabi est aussi le nom d’un lac.

MISSISQUOI
Missisquoi pour misiskwok (grosses femmes) Cris, algonquin.
Racines : Mis : gros, énorme ; iskwew, ikwe : femme.

Missisquoi est le nom d’une rivière, d’une baie du lac Champlain et d’un comté de la province de Québec, sur la frontière de l’état du Vermont.

MISSISSAGI
Mississagi pour Misisagi (large embouchure) Algonquin.
Racines : Mis : grand, sagi-saki : embouchure d’une rivière, sa sortie.

Mississagi est le nom d’une rivière qui se jette dans le lac Huron, Province d’Ontario.

MISSISSIPI
Mississipi pour Misisipi (grand fleuve) Cris, algonquin.
Racines : Mis : gros, grand ; sipi : rivière, fleuve.

Il y a deux Mississipi : une rivière d’Ontario affluent de l’Ottawa et longue de 100 milles ; le grand fleuve des États-Unis, très large mais peu profond, qui se déverse dans le golfe du Mexique, après un parcours de 3,000 milles. Visité par Hermando de Soto en 1541, aperçu par Des Groseilliers et Radisson en 1659, le Mississipi doit sa découverte finale et entière à Louis Joliet et père Marquette. L’abbé J.-A. Cuoq, sulpicien, dans son Lexique de la Langue Algonquine dit en parlant du Mississipi « Ce nom géographique est un de ceux, en petit nombre, qui n’ont pas subi d’altération au moins essentielle ; ce qui rend, j’oserais dire, inexcusables les écrivains qui l’ont traduit : « la grande eau », « le père des eaux », « la rivière aux poissons », « le père des fleuves ». Telles sont les plus ou moins curieuses significations attribuées au mot Mississipi, mot qu’il était si facile pourtant d’interpréter et de comprendre, car en langue algonquine et dans les langues qui lui sont congénères, ce mot se décompose ainsi : misi : grand, et sipi : fleuve. Tous les Indiens de la langue algique emploient la même dénomination et ce nom de Mississipi a même prévalu au sein des tribus de langue iroquoise. »

La Salle descendit le Mississipi jusqu’à son embouchure, le golfe du Mexique, en 1682. Si l’on mesure ce fleuve à partir de la source de son affluent, le Missouri, sa longueur totale est de 4,200 milles et il devient le plus long fleuve du monde.

Chan. Alph. FORTIN, Les Grands Noms oubliés de notre Histoire. p. 147.

MISSOURI
Missouri (le village des grands canots).

Missouri est l’un des états unis de l’Amérique du Nord. C’est aussi un cours d’eau affluent du Mississipi, qui atteint 2,500 milles de longueur. Les principaux centres industriels qui jalonnent sa course sont Saint-Louis, Kansas City et Saint-Joseph.

MISTASSINI
Mistassini pour mistasini (grosse pierre) Cris.
Racines : Mis : gros ; asin : pierre, rocher, caillou.

Il ne faut pas confondre Mistassini rivière et Mistassini lac. Ils sont fort distants l’un de l’autre. La rivière Mistassini sur laquelle apparaît le village du même nom, se jette dans le lac Saint-Jean, province de Québec.

Le lac Mistassini situé sur le versant est de la Baie James, en pleine forêt, déverse ses vastes eaux (120 milles de long) dans la rivière Rupert.

En 1721, le Père Albanel, s.j., traversait le lac Mistassini pour se rendre à la Baie James. Son guide lui dit : « Tais-toi et ne regarde pas dans cette direction si tu ne veux pas périr ; car les génies agiteraient l’eau et formeraient des tempêtes. »

Les Indiens de Manawan étaient rongés par la même superstition ; mais avec cette différence que lorsqu’ils passaient en face d’une certaine petite île, ils pouvaient parler et la regarder, mais ne pas la désigner du doigt, ce qui aurait amené aussitôt la tempête.

Histoire du Saguenay, pp. 97 et 113. Relation inédite, p. 46.
Relations 1672 édit. Thwaites L. VI p. 180.
MISTATIM
Mistatim : (cheval et gros chien) Cris.
Racines : mis : gros ; atim : cheval, chien.

Mistatim est le nom d’une mission de la paroisse St-Brieux, diocèse de Prince-Albert, Saskatchewan.

MISTAWASIS
Mistawasis (le gros enfant) Cris.
Racines : Mis : gros ; awasi : enfant.

Nom d’une desserte du District de Prince-Albert. C’est aussi le nom d’un Indien de l’Ouest canadien qui fut mêlé à l’agitation, au temps de Louis Riel.

Jules LE CHEVALIER, O.M.I., Batoche, p. 34.

MITCHIKANABIKONG
Mitchikanabikong (à la barrière de pierre) Algonquin.
Racines : Mitchikan : clôture, barrière ; abik : pierre, roche ; ong : locatif.

Mitchikanabikong est une mission algonquine, communément appelée La Barrière, située au fond du lac Barrière, lequel fait maintenant partie du réservoir Cabonga, au parc Lavérendrye. Il y a quelques années cette mission avait deux écoles. Les parents devinrent jaloux de leurs enfants parce qu’ils commençaient à en savoir plus qu’eux-mêmes. Les parents, toutefois, savaient lire, écrire et chanter, mais se dirent : « Quand nos enfants seront instruits, ils ne nous obéiront plus, ils seront orgueilleux et nous humilieront. » Il fallut donc fermer les écoles. Depuis 1946, la mission se donne au Forbe, 25 milles plus au sud et Mitchikabikong est devenue une station touristique de chasse et de pêche.

MOCASSINS
Mocassins pour makisin et maskisin (souliers indiens) Algonquin, cris, tête-de-boule.

Le mocassin communément appelé « soulier mou », est la chaussure d’hiver par excellence, surtout pour le marcheur à la raquette.

Il possède trois précieuses qualités : la souplesse, la légèreté et la chaleur. On le fabrique maintenant à l’épreuve de l’eau : ce qui mérite le quatrième qualificatif d’imperméable.

Le mocassin est taillé dans une peau d’orignal ou de chevreuil, tannée à la manière indienne et fumée avec du bois pourri. Souvent on l’ornera de motifs brodés, de perles ou de verroterie…

Le mot « mocassin » est passé depuis longtemps dans le français et l’anglais, mais mal écrit et surtout mal prononcé.

MOCHAWAK
Mochawak (c’est désertique, désert) Cris.

Le désert de Mochawak, près de la Baie d’Hudson et de la Baie James, s’étend en triangle sur toute la pointe du cap Henrietta Maria. À perte de vue la nature ne vous présente que des gros cailloux, des mousses blanchâtres, et des épinettes d’une espèce naine et rabougrie. En revanche, le désert de Mochawak est une lande idéale pour le renard blanc, la perdrix blanche et le caribou. La bordure nord est fréquentée par l’ours polaire ; mais le phoque ne dépasse pas cette bordure. Les eaux de la Baie James sont déjà trop chaudes pour ces huileux mammifères.

La ligne de radar Mid-Canada passe à travers ce désert.

MONCOUCHE
Moncouche pour mangoch (jeune huard) Montagnais, otchipwé, tête-de-boule.
Racines : Mang : huard, avec un diminutif.

Nom d’un lac et d’une rivière du comté de Chicoutimi, dans la province de Québec.

Le huard ou « aigle de mer » vit sur les lacs. Il va chercher sa nourriture jusqu’au fond des eaux. Rarement il s’envole, même lorsqu’il est poursuivi à coup de fusil. Il lance un cri joyeux semblable à un éclat de rire ; il module également un cri langoureux, en notes coulées, douces comme un appel lointain et déchirant. Son plumage noir, épais et serré, s’orne d’un collier soyeux gris ou jaunâtre. On ne l’abat pas facilement ; car les plombs glissent sur ses plumes humides, et ses plongeons, longs de deux ou trois cents pieds, déroutent le chasseur.

Un Indien me disait : « Pour tuer le huard, regarde la direction de ses yeux au moment de sa plongée, car il se fixe un but avant de disparaître. Tourne vivement ton canot et va toi-même de ce côté. Si tu rames bien vite tu auras la chance de le voir sortir de l’eau tout près de toi. » Sa chair brune est très dure. C’est la coutume de s’inviter, entre chasseurs, à déguster un repas au huard. Accroupi autour de la chaudière appétissante, on mange lentement et longtemps. Le bruit sonore des os sucés et vidés de leur moelle sert de musique à ce festin.

MONIANG

Moniang est le nom indianisé de la ville de Montréal, fondée par Monsieur de Maisonneuve en 1642.

C’est de Moniang, en 1660, que partit Dollard des Ormeaux avec ses braves pour le sublime exploit du Long-Sault. Ce fut à Moniang, le 16 mars 1686, que chaussèrent la raquette Pierre de Troyes et ses cent soldats pour leur vaillante expédition contre Mousipi, Albany et Rupert, à la Baie James. Ce fut encore à Moniang, le 19 mai 1818, que les deux premiers missionnaires de la Rivière-Rouge, les abbés Provencher et Dumoulin, prirent le canot qui devait les conduire vers l’Ouest canadien. Ce fut toujours à Moniang, en 1843, que les sœurs Grises de Montréal dirent adieu à leurs compagnes de l’Est pour se porter au secours des Indiens et métis des prairies. Un voyage de 1 500 milles, huit semaines à travers lacs, rivières et portages fangeux. De Moniang les grands canots de la Compagnie de la Baie d’Hudson partaient, avec courrier et marchandises pour la traite lointaine des fourrures. Enfin, ce fut à Moniang que le 24 juin 1845 les premiers oblats, le Père Aubert et le Frère Taché, s’embarquèrent à leur tour, sans se douter que plusieurs centaines de missionnaires oblats suivraient leurs traces et porteraient leur apostolat jusqu’au pôle Nord. Le voyage se fit successivement par les rivières Ottawa, Matawa et des Vases ; par le lac Nipissing, la rivière des Français, le lac Huron, le lac Supérieur et ainsi jusqu’à la rivière Ministikweia. Puis là, les missionnaires s’engagèrent dans un dédale de lacs, de petites rivières, de portages qui les conduisit à la hauteur des terres qui séparent le versant du Saint-Laurent de celui de la Baie d’Hudson. Là, le jeune Frère Taché éprouva de profondes émotions. Devenu Évêque par la suite, il les raconta ainsi dans ses « Vingt années de Mission », à la page 8 : « Vous me pardonnerez un mot, pour exprimer l’émotion qu’éprouva mon cœur en cet endroit : Nous arrivions à l’une des sources du Saint-Laurent ; nous allions laisser le Grand Fleuve, sur les bords duquel la Providence a placé mon berceau. Je bus de cette eau pour la dernière fois ; j’y mêlai quelques larmes et lui confiai quelques-unes de mes pensées intimes. Il me semblait que quelques gouttes de cette onde limpide, après avoir traversé la chaîne des grands lacs, iraient battre la place près de laquelle une mère bien-aimée priait pour son fils. Je relate cet incident parce que, après vingt ans, le souvenir de l’émotion qu’il m’a causée me permet de mieux apprécier les sacrifices du même genre que j’impose chaque année à mes jeunes missionnaires.

MOOSE-JAW
Moose-Jaw (mâchoire d’orignal) Cris, anglais.
Racines : Moose pour mous-monz : orignal, jaw : mâchoire, anglais.

Moose-Jaw, ville da la Saskatchewan, est un centre ferroviaire qui possède un aéroport, des salaisons, des minoteries et des raffineries d’huile.

On rapporte qu’en cet endroit certain voyageur cassa une roue de sa charrette et la répara industrieusement avec une mâchoire d’orignal.

Le mot mous est indien (maskégon, tête-de-boule). Les Anglais l’ont adopté pour désigner ce royal quadrupède au cou orné d’un gland, au nez puissant, au panache majestueux, qui peut atteindre, 5 pieds de largeur ; qui tombe et repousse chaque année, en marquant d’une coche l’âge de son maître. Ce colosse, qui peut atteindre 6 pieds de hauteur, est d’une force remarquable : en courant il traverse des marécages où les autres quadrupèdes s’embourbent ; pour fuir le chasseur, il rejette sa tête en arrière et passe comme une trombe au milieu de la forêt dense, pliant au passage, avec son panache, tous les jeunes arbres qui lui barrent la route. Ses pattes de devant sont dangereuses pour les chiens et les loups. Sa chair est excellente et son gros nez un morceau de choix. L’Indien utilise sa peau dans la fabrication des souliers, mitaines, cordes et cuir à raquettes ; son poil, aussi léger que de la plume, devient oreillers et matelas.

Le jeune orignal s’apprivoise assez facilement ; attelé, il trotte dans la rue comme un cheval.

MOOSE SIPI
Moose sipi (la rivière de l’orignal) Cris.
Racines : Moose pour mous : orignal ; sipi : rivière.

La Moose a plusieurs gros affluents, dont les rivières Missinabi, Mattagami et Abitibi. À son embouchure, au fond de la Baie James, on trouve le terminus du chemin de fer Northern Ontario, le village et la mission Moosonee, où réside l’évêque catholique. Près de là, sur une île, c’est Moose Factory, un poste de la Compagnie de la Baie d’Hudson.

MOOSOMIN
Moosomin (graine d’orignal) Cris, algonquin, otchipwé.
Racines : Mous-monz : orignal ; min : graine, fruit.

Moosomin est le fruit du cormier ; une grappe de graines rouges et amères dont les orignaux sont friands.

Moosomin est aussi le nom d’une ville de la Saskatchewan, près de la frontière du Manitoba, sur le Canadien Pacifique.

Après une longue absence à Régina, nécessitée par le procès de Poundmaker (inculpé dans l’affaire Riel), le Père Cochin, O.M.I. avait hâte de retourner vers ses chrétiens des Réserves. Il les trouva plongés dans la tristesse, la maladie et la misère. On les avait privés de leurs rations et abandonnés à leurs propres ressources. Les ministres protestants profitaient de leur dénuement pour se créer des adeptes au moyen de largesses intéressées. La même année, novembre 1885, le père Bigonesse, o.m.i. écrit : « Je dus me rendre à Moosomin où je passai la nuit auprès d’une petite fille mourante à qui je donnai l’Extrême-Onction. C’est la seule consolation que je pus retirer de cette visite. Les enfants et les grandes personnes ne firent presque pas plus de cas de moi que d’une roche que l’on rencontre le long du chemin. Le chef lui-même qui est baptisé me donna, comme à regret, du foin pour mon cheval. Ce ne fut pas sans dépit que je vis le ministre McKay, qui parle très bien le cris, et les enfants catholiques sortir de son école chargés de présents. Je quittai cette réserve le cœur affligé et pleurant à chaudes larmes. »

Jules LE CHEVALIER, O.M.I., Batoche, p. 273.

MUSCOWEQUAN
Muscowequan pour maskawikivan (penne ou plume longue des ailes et de la queue des oiseaux) Sauteux.

Le mot Muscowequan désigne un groupement de Sauteux dans la localité de Lestock.

MUSKOKA
Muskoka, pour miskokad (ceinture à rassade, ceinture de laine) otchipwé.

Ces ceintures, d’ailleurs très belles, sont portées parfois par les raquetteurs.

L’Encyclopédie de la Jeunesse, tome 5, p. 1615, dit que Muskoka signifie « ciel limpide ». Je ne peux accepter cette traduction.

Muskoka est le nom d’un comté et d’un lac de la province d’Ontario. Une rivière du même nom déverse ses eaux dans la Baie Georgienne, après un parcours de 100 milles environ. Muskoka est un endroit de villégiature très fréquenté à cause de ses trois lacs : Muskoka, Joseph et Rosseau.

MGR. BARABA, A Dictionary of the Otchipwe Language, explained in English.

MUSQUARO
Musquaro pour maskwaro (la queue de l’ours) Cris, montagnais.
Racines : Ask : ours ; ano et aro : queue.

Nom d’un lac et d’une rivière qui se jette dans le golfe St-Laurent, comté Saguenay ; cette rivière est probablement ainsi nommée parce qu’elle est courte comme une queue d’ours. Le fort Musquaro, situé à l’embouchure de la rivière du même nom, fut construit par les Français en 1710. Autrefois, les PP. Oblats, et plus tard les Eudistes, réunissaient à cet endroit les Indiens de Natashquan, de la Romaine et de St-Augustin. Depuis 1947, les missionnaires les visitent dans leurs missions respectives.

MYSTIC
Mystic pour mistik (arbre, bois) Cris, tête-de-boule.

Village du comté de Missisquoi, province de Québec, sur le Canadien Pacifique, entre Farnham et Stanbridge.

Si mystic n’est pas un mot indien mais anglais, il signifie « mystique », et non « arbre ou bois ».

La mystique est la science spirituelle qui a pour objet propre les rapports surnaturels de l’âme avec Dieu. La mystique traite de la théorie et de la pratique de la vie contemplative. C’est à la théologie mystique qu’il appartient de discerner le surnaturel et ses contrefaçons.

On appelle mystique celle ou celui qui a une vue simple, affectueuse et prolongée de Dieu et des choses divines.

De l’aveu de tous les mystiques, cette vue ou cette contemplation est un don essentiellement gratuit. L’homme peut s’y disposer mais il ne peut l’acquérir ni par l’industrie, ni par effort. Sainte Thérèse prend cette gracieuse comparaison pour mieux nous faire comprendre. « Dieu se plaît d’abord à faire monter l’âme vers lui de degré en degré ; ensuite, Il prend cette petite colombe et la met dans le nid afin qu’elle y repose. »

Ad. TANQUEREY, Précis de théol. ascétique et mystique, p. 867.

NABESIPI
Nabesipi (la rivière du mâle) Cris, montagnais.
Racines : Nabe : mâle ; sipi : rivière.

Cette rivière coule dans le golfe St-Laurent, côte nord.

NAKINA
Nakina (d’avance, auparavant) Algonquin ; (retiens-le) Cris.

Nakina est le nom d’un village et d’une jonction du Canadien National en Ontario, à 272 milles à l’ouest de Cochrane.

J’ai entendu ce mot maintes fois dans ma vie de missionnaire, surtout lorsque mes guides remontaient à la perche de forts rapides, et se lançaient de continuels « Nakina, retiens-le (le canot), ne lâche pas prise. »

NAMEGOUS SIPI
Namegous sipi (rivière de la truite grise) Cris, algonquin.
Racines : Namegous : truite grise ; sipi : rivière.

Cette rivière de l’Ontario se jette dans la Baie d’Hudson ; elle est voisine de celle de Weenisk. De petites bandes de caribous émi- grent quelquefois dans ses parages et c’est, dit-on, la limite sud du territoire où l’on trouve le renard blanc, bien que celui-ci descende jusqu’à Albany certains hivers.

À une soixantaine de milles de son embouchure, il y a deux montagnes de fer, hautement appréciées par les prospecteurs, mais non exploitées.

NAMEW
Namew (esturgeon) Cris.

Lac de la Saskatchewan, qui touche également au Manitoba. Plusieurs lacs et rivières s’appellent namew ou esturgeon.

L’esturgeon est un poisson d’eau douce et d’eau salée ; sa bouche, placée sous la tête, n’a pas de dent ; il est protégé contre ses ennemis par de petites écailles dures et serrées et par cinq rangées de grosses écailles éperons.

L’esturgeon d’eau douce habite les fonds vaseux des lacs et rivières, qu’il laboure de son museau pour dévorer vers et petits poissons surpris en frayères.

L’esturgeon fraie le printemps dans les rapides. Sa chair est assez bonne, ses arêtes tendres et peu nombreuses.

L’esturgeon d’eau douce ne va jamais à la mer ; sa longueur dépasse rarement six pieds.

Avec les œufs d’esturgeons, on apprête, en Ontario et dans les provinces Maritimes, le caviar, un plat de gourmets. On appelle « calyk » la chair d’esturgeon fumée. Avec la vessie natatoire de l’esturgeon, les Russes font aussi l’ichtyocolle, ou colle de poisson, employée à de multiples usages, en particulier pour la clarification des vins.

Les rivières et les lacs du versant de la Baie James abondent en esturgeons.

Claude MELANÇON, Les Poissons de nos Eaux.

NANAIMO
Nanaimo (une grosse et forte tribu) Dené.

Nanaimo est une ville située sur la côte est de l’île Vancouver en Colombie canadienne. Des bateaux font la navette entre cette île et le continent. Le lieu aurait reçu ce nom parce que cinq nations indiennes avaient coutume de s’y rassembler. Les Sœurs de Sainte-Anne de Lachine, province de Québec, à la demande du Père Lemmens, curé de Nanaimo, y ouvrirent une école en 1877.

Avant 1855, aucun prêtre n’était allé à Nanaimo. Quatorze ans auparavant, quelques-uns de ses habitants avaient pris part à la grande assemblée de Langley ; d’autres avaient reçu quelques notions de religion à Cowichan ; mais ces Indiens hésitaient à chanter des cantiques et à prier, exposés comme ils l’étaient au ridicule des mineurs de Nanaimo, irréligieux pour la plupart. Pour neutraliser l’effet du ridicule et du mauvais exemple, un missionnaire organisa une grande démonstration avec d’imposantes cérémonies. L’Évêque, Mgr Demers, y figurait, entouré de plusieurs milliers d’Indiens représentant quinze tribus. Au cours de la cérémonie, un chef en grande tenue, s’avance et élevant la voix dit : « Il convient de montrer au Grand Priant que nous savons quelque chose de ses prières ; avant que nos mains touchent la sienne, levons les nôtres pour faire le signe de la croix. » Aussitôt l’immense assemblée porte la main au front et lentement prononce, d’une voix haute et cadencée, les paroles du signe de la croix. L’Évêque ému versait des larmes ; elles brillaient au soleil de l’île de Vancouver.

Hist. de Sœurs de Sainte-Anne de Lachine, p. 223. Sr. MARIE TEODORE, religieuse de Sainte-Anne.

NAPANEE
Napanee (la farine) Français indianisé,

Napanee, située sur la rivière du même nom, est une ville manufacturière de la province d’Ontario, chef-lieu du comté de Lennox. Napanee est aussi le nom d’une paroisse de l’archidiocèse de Kingston. Au temps où je missionnais à la Baie James, les Indiens mangeaient si peu de « napanee » qu’ils disaient « Ce n’est pas de la nourriture ». Après la mission, lorsqu’ils quittaient le poste d’Albany, ils en emportaient quelques livres dans un mouchoir de couleur, ; cette provision devait leur durer un an. Ils en mettaient quelquefois une pincée dans leur tasse de thé chaud.

NAPINA
Napina (vieillard, chef ou vieux chef) Pied noir.
Racines : Nap : vieux ; inaw : chef.

Napina est un nom géographique de la Saskatchewan.

Chez les tribus qui vivent dans les forêts, l’élection d’un chef se fait généralement sans beaucoup de cabale ; elle dure cependant un ou deux jours. J’ai vu à Manawan, un vieil Indien présenter à l’assemblée le fils du chef défunt, en ces termes : « Voilà Céni ; son père fut un excellent chef, son fils sera aussi bon ». Tous, sans murmurer, acceptèrent comme chef Céni Néwéiachitc. J’ai demandé au Ministère des Affaires indiennes de ratifier cette élection. Quand il n’y a pas unanimité, les jeunes gens votent avec les hommes et, comme ailleurs, la majorité l’emporte.

Les chefs sont d’ordinaire bons orateurs. Lors d’une visite pastorale de Mgr Latulipe à Wémontaching en 1913, le chef Louis Pitchikwi disait : « Gardien de la Prière, nous sommes contents de te voir. Tu es venu avec 43 robes noires, elles sont à tes côtés. Aujourd’hui le poste de Wémontaching est comme une ville sainte. Nous te remercions de cette visite ; nous t’attendions depuis plus de 30 ans. Aujourd’hui il nous est donné deux beaux jours à la fois : le soleil brille et se mire dans les eaux ; il fait beau aussi dans nos cœurs ; ta parole y a mis de la lumière et tes bénédictions de la joie. Tu vois, la voiture de feu (chemin de fer) passe tout près de notre chapelle ; nous espérons que souvent tu reviendras. La voiture de feu nous amènent de bonnes choses ; les provisions et les vêtements sont moins chers. Elle apporte également l’eau de feu qui rend fou. Dis au grand chef de ce pays d’avoir le cœur fort pour punir ceux qui vendent à mes enfants de l’eau de feu ; je désire qu’ils restent bons. Gardien de la Prière, sois certain que tes fils des bois n’oublieront pas ta robe violette et ta main qui nous a fait baiser la pierre de ton anneau. Nous prierons pour toi le Maître de la vie, afin que tu reviennes rendre nos âmes aussi brillantes que la croix qui pend sur ta poitrine ».

NASKOPI — NASKAPI
Naskopi (grossier, rude, non-civilisé).

Nom d’une rivière qui se jette dans le lac Melville et aussi d’une tribu indienne qui erre dans toute la péninsule est du Labrador, depuis Sept Îles jusqu’au lac Nitchikwan et la Baie Ungava, excepté une étroite bande habitée par les esquimaux.

La Compagnie de la Baie d’Hudson possédait un navire du nom de Naskopi. Sans doute, ce nom lui fut donné à cause des rudes voyages qu’il devait faire à travers les glaces et au milieu des tempêtes pour approvisionner les postes du détroit d’Hudson, de l’île Southampton, de la Terre de Baffin, etc. Ce navire fit naufrage en 1947. Son travail de ravitaillement fut confié au « Sainte-Thérèse », petit vaisseau des pères Oblats.

NATASHQUAN
Natashquan pour nataskwan (aller chasser l’ours, aller quérir sa chair) Cris, montagnais.
Racines : Nat : aller quérir, à la recherche ; ask : ours.

Natashquan est le nom d’une paroisse du comté Saguenay et d’une rivière très poissonneuse, longue de 200 milles, qui se jette dans le golfe Saint-Laurent, en face de l’île Anticosti. Cette rivière fixe une partie de la limite sud du Vicariat du Labrador confié à Mgr Lionel Scheffer, O.M.I., en 1946. Natashquan est aussi l’endroit d’où partent chaque printemps les pêcheurs, allant à la chasse au phoque, sur les côtes du Labrador. Natashquan fut visité en 1534 par Jacques Cartier.

Apostolat des missionnaires O.M.I. (nov. 1946).
Nouveau Dict. illustré, Larousse.
NATOWE

Natowe, espèce de gros serpent assez commun autrefois, et dont les Indiens mangeaient la chair. Les Algonquins et toutes les tribus de langue algonquine donnent ce nom aux Iroquois ; Natewewi : il est Iroquois, Natowewic : méchant Iroquois ; natowenang : aux pays des Iroquois.

NATOWESI
Natowesi (l’oiseau iroquois) Algonquin.
Racines : Natowe : iroquois ; si : oiseau.

Natowesi est le nom d’un lac et d’une rivière qui donnent leurs eaux au lac Baskatong, province de Québec. L’oiseau iroquois était le hibou. Cet oiseau nocturne, à la face et aux yeux de chat, tue et mange les autres oiseaux dormant dans leurs nids sur les branches des arbres. Dans leurs guerres d’embuscades, les Iroquois se faisaient toujours précéder d’une sentinelle qui montait dans la cime des arbres et imitait le cri du hibou. Par ce ramage, elle faisait connaître aux guerriers, cachés dans les bois, le nombre des wigwams et leur position. La nuit venue, ceux-ci venaient comme les hiboux tuer et massacrer les dormeurs dans leurs maisons.

Lexique algonquin, J.A. CUOQ, Sulp.

NÉABISKAW
Néabiskaw (pointe rocheuse) Cris, montagnais.
Racines : Né : pointe ; abisk : pierre, roc.

Cette pointe se trouve sur la rive nord du golfe Saint-Laurent. Une multitude de pointes de terre frangent la côte de l’Atlantique et s’avancent en dents de scie vers l’abîme des flots.

NEBRASKA
Nebraska (peu profond, il y a peu d’eau) Sioux.

Nebraska est un état des États-Unis, il a pour capitale Lincoln et est arrosé par le fleuve Missouri. Sa partie nord-ouest est rocheuse et parsemée de collines.

L’adjonction des deux territoires Nébraska et Kansas fut une des causes de la fameuse guerre civile aux États-Unis, appelée « guerre de sécession ». Depuis ces troubles, il existe entre les États du Sud et du Nord une certaine rivalité. Le Sud voulait que chaque état légifère à son gré en matière d’esclavage ; le Nord en exigeait l’entière abolition.

NÉCHAKO
Néchako (la rivière de la grosse île) Déné.
Racines : Né : île ; cha : gros ; ko : rivière.

Néchako est le nom d’une rivière du Yukon qui se jette dans le fleuve Fraser, après un parcours de 280 milles. Elle tire son nom d’une très grande île où s’élève une haute montagne. C’est aussi le nom d’une mission indienne. Tenant peu à la vie de ce monde, un malade de Néchako disait au missionnaire : « Il n’est pas nécessaire que je vive ; il y en a plusieurs pour me remplacer. »

Traduction du P. Joseph Allard, O.M.I., missionnaire au Yukon.

NEEPAWA
Neepawa pour nipawol (ils dorment) Cris.

Ville du comté de Portage-la-Prairie au Manitoba, située à 123 milles à l’ouest de Winnipeg. Neepawa est un important centre ferroviaire, au centre d’une région agricole. La ville groupe des entrepôts à grain et plusieurs industries. La culture du blé et l’élevage représentent les principales ressources de la région.

Les prêtres de Neepawa, de L’Exarchat du Canada Central, Ukrainiens, desservent les missions : Scandinavia, Rivers, Souris, Minnedosa.

Encyclopédie Grolier.

NÉGAGAMI
Négagami pour nékagami (eau de gravier) Cris.
Racines : Néka : sable, gravier ; gami : eau, étendue d’eau.

Le Négagami est un affluent du fleuve Albany, province d’Ontario. Le lit de cette rivière est pavé de gravier. C’est aussi le nom d’une station du Canadien National.

NEGUAC
Neguac pour anigeoeg (stérile) Micmac.

Nom d’une belle paroisse du diocèse de Bathurst, province du Nouveau-Brunswick, comté de Northumberland. La mission Tabusintac est desservie par la paroisse de Néguac.

R.P. PACIFIQUE, O.F.M., Cap., Études historiques et géographiques, p. 205.

NEIACHI
Neiachi (pointe de terre) Algonquin, cris.
Racines : Né : pointe ; achi : terre.

Neiachi est une pointe de terre qui s’avance dans la Baie James, du côté ouest. C’est aussi le nom d’une branche de la rivière Atawabiskat, à une cinquantaine de milles de son embouchure.

NÉIAKAW
Néiakaw (pointe de sable) Cris.
Racines : Néiaw : il y a une pointe ; néka : sable.

Néiakaw désigne une pointe du côté ouest de la Baie James, à une centaine de milles au sud du Cap Henrietta Maria. Au printemps, les huards y séjournent en grand nombre.

À Néiakaw vivait Spence, un vieil Indien primesautier. Un jour que je catéchisais dans les longues herbes du rivage — nous n’avions alors ni chapelle, ni maison, — après avoir expliqué pourquoi on donne à certains péchés le nom de péchés capitaux, n’étant pas certain d’avoir été compris, j’interrogeai mon auditoire. « Oui », répondit Spence. Et levant le bras, il dit en écarquillant les doigts : « C’est comme ma main ; il n’y a qu’une main mais plusieurs doigts. L’orgueil fait naître plusieurs péchés, la colère en occasionne plusieurs autres. »

NÉIASKWEIAW
Néiaskweiaw (pointe de la forêt) Cris, tête-de-boule, algonquin.
Racines : Né, néiaw : pointe ; akweia : forêt, arbres.

Néiaskweia, à une soixantaine de milles au nord du fleuve Ekwan, est une pointe de terre qui se termine par une colline boisée. Elle encercle une baie sur la côte ouest de la Baie James. C’est un lieu de rendez-vous pour les Indiens en voyage : ils y trouvent du bois pour cuire les aliments et des perches pour dresser leurs tentes.

NÉKOUBAU
Nékoubau pour nékobaw (pointe de broussailles) Montagnais, cris.
Racines : Né : pointe ; kobaw : broussailles.

Le lac Nékoubau est situé à l’une des sources de la rivière Ashwapmouchouan branche de l’ouest, province de Québec. En 1686, par les soins du Père de Crespieul, S.J., une chapelle fut bâtie à la mission Saint-Ignace, de Nékoubau. En 1690, cette mission fut visitée par le Père Bonaventure Favre, S.J., décédé à Québec le 6 décembre 1700, Depuis plus de deux siècles « il n’y a plus de prière à Nékobaw », disent les Indiens.

Histoire du Saguenay depuis l’origine jusqu’à 1870, pp. 96, 100.

NÉMASKWA
Némaskwa (la pointe de l’ours) Montagnais, cris.
Racines : Né : pointe ; ask : ours.

Nom indien de la longue pointe de Mingan, sur la rive nord du golfe Saint-Laurent, province de Québec.

Les ours aiment les pointes de terre où généralement il y a du sable pour prendre leurs ébats, de là aussi ils traversent lacs et rivières.

L’Indien qui va chasser les ours ne porte que deux pièges ; car ces pièges sont lourds à cause de leurs chaînes, et dangereux à tendre à cause de leurs ressorts.

NEMISKAN
Nemiskan pour nameskaw (beaucoup d’esturgeons, de poissons) Cris.
Racines : Namew : esturgeon ; skaw : abondance.

Nemiskan est le nom d’un parc national dans le sud-est de l’Alberta. Ce mot, très mal écrit, signifie peut-être : poissonneux (nameskaw).

NEMISKAU
Nemiskau ou nameskaw (il y a beaucoup d’esturgeons) Cris.
Racines : Namew : esturgeon ; skaw : idée d’abondance.

On trouve un lac Nemiskau à cent milles à l’est de la Baie James. Il déverse ses eaux dans la rivière Rupert. En 1679, le Père Antoine Silvy, S.J., y établit la mission Saint-Antoine. Six ans auparavant, en 1672, le Père Charles Albanel, M. Denys de Saint-Simon et un Français, se rendant à la Baie James à la demande de l’intendant Talon, virent au bord du lac Nameskau les ruines d’un grand village détruit par les Iroquois. Le Père Albanel décrit le lac Nemiskau ; « grand lac de dix jours de circuit, entouré de montagnes du sud au nord, avec un grand nombre d’îles, alimenté par cinq rivières ». Au retour de ce voyage, le 9 juillet, on arbora sur une pointe du lac les armes du roi de France.

À Nemiskau, la Compagnie de la Baie d’Hudson a un magasin ; la Compagnie Revillon Frère y avait également le sien, il y a peu d’années.

Histoire du Saguenay, depuis l’origine jusqu’à 1870, p. 97.
L. LE JEUNE, O.M.I., Dictionnaire général de biographie.
NÉPISIGUIT
Népisiguit (rivière, cours impétueux) Micmac.

Autrefois, on écrivait Népisigouit (P. Ignace), Nipigiguit (P. Lallement), Piziguis (Bazagier), etc.

Cette rivière du Nouveau-Brunswick se jette dans la Baie des Chaleurs, à Bathurst. Son cours tortueux est parsemé de rapides et de chutes d’une sauvage grandeur.

Les Indiens racontent que leurs ancêtres dirent un jour au missionnaire : « Notre fleuve est bien méchant sans doute parce qu’il n’a pas été baptisé ». Le prêtre l’ayant béni, il n’a plus causé de noyade. C’est à l’embouchure de la rivière Népisiguit qu’a été établi un des premiers postes de commerce du pays. Après celle de Port-Royal, elle est la plus ancienne mission micmac. Cette mission fut fondée en 1620 par le Père Sébastien, récollet. Il mourut prématurément en 1623, de misère et de faim, dans les bois du Nouveau-Brunswick. Il fut le premier missionnaire à sacrifier sa vie pour les âmes en la Nouvelle-France. Une montagne, aux sources de la rivière Nipisiguit, porte son nom.

NIAGARA
Niagara (résonner, faire du bruit) Iroquois.

Niagara est le nom d’une remarquable chute d’eau de 180 pieds. En 1946 un tremblement de terre l’a abaissée et défigurée du côté américain. Étienne Brûlé, célèbre interprète en langue huronne, fut le premier blanc à contempler cette chute.

Niagara est le nom d’un fort bâti par La Salle en 1678, et d’une rivière qui sépare la province d’Ontario des États-Unis. Celle-ci est divisée en deux parties, l’une canadienne l’autre américaine, par l’île Goat qui se trouve juste au sommet de la cataracte. Niagara Falls est le nom de deux villes, l’une canadienne l’autre américaine, bordant les célèbres chute. Les deux villes communiquent par un pont suspendu, situé à deux milles en aval ; c’est là qu’eut lieu, en 1814, la bataille de Lundy’s Lane entre Anglais et Américains.

Chan. Alph. FORTIN, Les grands noms oubliés de notre histoire, p. 24.
J.-A. CUOQ, P.S.S., Lexique de la langue iroquoise.
NIAPISKA
Niapiska pour néapiskaw (la pointe rocheuse) cris, tête-de-boule.
Racines : Né : pointe, cap ; apisk : pierre, fer.

Plusieurs endroits portent ce nom.

NIJOTEW — NIJOTEK
Nijotew ou Nijotek (les jumeaux)) Tête-de-boule, cris.

Ce nom désigne deux rapides de la rivière Mikiskan ; ils encerclent d’abord une île, puis ils s’unissent en un seul rapide.

L’habileté des Indiens dans la descente des rapides est incontestable. C’est l’Indien de l’avant qui gouverne le canot, évitant les vagues dangereuses et les pierres. Dans le danger on modère le canot en plongeant profondément l’aviron, car l’eau profonde est moins rapide que celle de surface.

Avant la descente, l’Indien de l’avant se lève, examine le courant et les passes dangereuses, puis il lève l’aviron et indique à son compagnon la route à suivre. Alors le canot se risque dans le courant. L’eau bouillonne, mugit, écume ; les rochers du fond semblent surgir ; l’esquif saute sur les vagues ou plonge dans des caves. Des coups d’aviron énergiques Évitent les écueils ou « oreilles de charrue ». Enfin, parvenu au pied du rapide, il faut se défier des remous, des bois flottants ou à demi submergés. Pendant la descente, on n’entend aucune parole, chacun étant occupé : il y va de sa vie. Lorsque les rapides sont trop dangereux, on soulage le canot d’une partie de sa charge, et le missionnaire marche dans le portage. Arrivé à l’autre bout, il attend souvent dix ou quinze minutes, et parfois davantage, car le canot tarde à se montrer. Inquiet, il interroge les eaux bouillonnantes, il craint d’y découvrir des épaves, des débris de canot. Et les minutes s’allongent ! Tout à coup, le canot surgit comme une flèche. Le missionnaire descend au bord de l’eau, saisit la frêle embarcation d’écorce que le mouvement des eaux secoue. Oubliant qu’il se mouille les pieds, il s’enquiert des raisons du retard, des difficultés. Comme on se sent heureux, hors du danger et de l’angoisse ! Merci mon Dieu !

NIKIK PAWISTIK
Nikik pawistik (le rapide de la loutre) Tète-de-boule, cris.
Racines : Nikik : loutre ; pawistik : rapide.

Le Nikik Pawistik est un des nombreux et fougueux rapides de la rivière Saint-Maurice. On y a construit le barrage Gouin, généralement appelé « barrage La Loutre », lequel a maintenant formé un lac artificiel de 125 milles de longueur, élargi de baies profondes. Il a fallu trois ans de pluies et de fonte des neiges pour remplir cet immense bassin qui, avec deux pieds de plus en hauteur, déborderait dans le versant de la Baie James. Ce barrage a noyé le vieux poste de Kidendatch, la chapelle indienne d’Obedjiwan située à quatre-vingts milles en amont, et une immense forêt aux arbres encore debout et semblant implorer pitié. Aux époques de grandes pluies, on ouvre parfois les lourdes portes d’acier du barrage Gouin, pour se débarrasser d’un surplus d’eau importun. Alors, il faut voir s’échapper de ce goulot géant l’eau tourbillonnante culbutée hors de sa prison par la poussée écrasante d’une telle masse liquide. Il arrive que des billots, nageant dans ce gouffre, sont projetés haut dans les airs et, dans un mouvement rotatoire, sont relancés avec violence vers les portes de l’écluse, frappant et défonçant à coups de bélier la lourde armature de fer boulonné. Les plans de cette gigantesque construction sont l’œuvre de Monsieur Olivier Lefebvre, ingénieur en chef de la Commission des Eaux Courantes de Québec.

NIKITAWISAGI
Nikitawisagi (embouchures fourchues) Cris, algonquin.
Racines : Nikita, ningita : qui se divise, fourchu ; sagi : embouchure, sortie.

Nikitawisagi est le nom d’une rivière qui se jette dans la Baie d’Hudson au Cap Henrietta. Le cap Henrietta, dont nous avons déjà parlé, est ce vilain amas de rochers, s’avançant jusqu’à six milles dans l’eau comme une griffe de démon et séparant la Baie d’Hudson de la Baie James.

La Compagnie Révillon Frères opérait autrefois sur la Nikitawisagi un comptoir de traite. Sur la rive opposée, la Cie de la Baie d’Hudson ne tarda pas à installer un poste commercial du même genre, lequel fonctionne encore de nos jours et porte le nom de Lake River.

NIPAWIN
Nipawin (le sommeil) Cris.

Nipawin ville de la Saskatchewan desservie par le Pacifique Canadien. Elle occupe une région boisée en bordure de la rivière Saskatchewan ce qui fait de cette ville un endroit réputé pour la chasse et un centre important d’industrie forestière. Nipawin rappelle en outre, un parc provincial et dénomme une paroisse du diocèse de Prince-Albert.

NIPIGON
Nipigon pour nipikan (eau trouble) Sauteux.
Racines : Nipi : eau ; pik, pikan : brouillé, bourbeux, sale.

Nipigon, lac de l’Ontario et paroisse du diocèse Sault Sainte Marie. Le lac Nipigon mesure 70 milles par 50. Il a des rives accidentées et une profondeur d’eau très irrégulière : il compte des centaines d’îles.

Radisson et Des Groseillers le traversèrent lors de leur fameuse excursion de 1662. En 1678, aux environs du lac Nipigon, les Français bâtirent des forts de traite pour faire concurrence à la Compagnie de la Baie d’Hudson.

Chan, Alph. FORTIN, Les Grands Oubliés de notre histoire. p. 149.
Encyclopédie Grolier.
NIPISSING
Nipissing pour nipisil (Saules, les saules) Cris.
Racine : Nipissi : saules.

On a traduit Nipissing de bien des façons : « petite eau », « petit lac », « dans la petite eau ». Pour ma part, j’y vois un mot à racine crise, très justifié d’ailleurs par la géographie des lieux. L’Indien, homme concret et toujours en quête d’observations, dénomme un endroit d’après tel détail qui a frappé ses yeux. Le lac Nipissing, aux rives ombragées de saules, s’appela tout bonnement « lac des saules ».

Il a 50 milles de long et 25 de large et se déverse dans la baie Georgienne, par la rivière des Français.

L’évangélisation des indiens du lac Nipissing débuta avec le Récollet Guillaume Poulain, en 1622. Les Nipissiens combattirent pour nous en 1755 au lac Champlain sous Dieskau et dépêchèrent une ambassade à Montréal en 1757 pour nous renouveler l’assurance de leur fidèle amitié.

Comme tous les voyageurs des pays lointains, les abbés Provencher et Dumoulin, en route vers l’Ouest canadien, firent halte. au lac Nipising, et ce fut pour eux l’avant-goût des petites misères qui les attendaient en mission. L’on se chicanait entre blancs à propos de fourrures, et les Peaux-Rouges restèrent bien déçus en voyant que le canot des missionnaires ne leur apportait pas d’eau-de-vie.

A.G. Morice, O.M.I., Histoire de l’Église Catholique dans l’ouest Canadien, V.L. page 128.

NISKU
Nisku pour niska (outarde, oie) Cris.

Nisku est une gare du Pacifique Canadien à 12 milles d’Edmonton. C’est aussi un petit hameau de quelque vingt personnes. Si jadis l’outarde ou l’oie blanche enrichissait ce lieu, aujourd’hui la richesse provient d’un bec d’oléoduc, qui dégorge sans se lasser et dans trois réservoirs, l’huile brute des champs pétrolifères de Leduc, Alberta. Trente wagons-citernes fournissent à peine à transporter cette huile aux raffineries de Calgary, Régina et Brandon.

NITCHIKUN
Nitchikun (il y a des loutres) Montagnais.

Plus d’un lac portent ce joli nom. Mentionnons celui qui alimente la rivière de Fort-Georges, à cause de son poste de traite si éloigné du reste du monde.

La loutre, un quadrupède qui atteint trois pieds de longueur, vit dans des terriers au bord de l’eau, et se nourrit de poissons. Sa peau est l’une des meilleures fourrures du Canada.

NOKOMIS
Nokomis (ma grand’mère, ma grand-maman) Cris.

(En Cris de l’Ouest nokom signifie ma grand’mère, mais nokomis veut dire mon oncle).

Nom d’une gare du Canadien National, et d’un village de la Saskatchewan-centrale, au pays du blé.

NOMININGUE
Nominingue pour nominintc (celui qui est oint, graissé) Algonquin, cris.

Nominingue est le nom pittoresque d’un beau lac des Laurentides et d’une petite ville sise sur ses bords. Le lac Nominingue attire de nombreux touristes. La ville possédait autrefois son collège classique dirigé par les Chanoines Réguliers de St-Benoit.

Les Algonquins donnent au lac Nominingue un autre nom, et l’appellent onamani sakaigan « le lac vermillon ». (Onaman : vermillon ; sakaigan : lac).

Vers 1886 les Pères Jésuites fondèrent un établissement que les indiens appelaient onamaning « au vermillon, au fard. » Les deux appellations ont en somme une signification commune : graisser dans le sens de farder. Autrefois les Indiens aimaient à se pommader et à se teindre les ongles de vermillon ; ou peut-être que les colons de l’endroit peinturaient de cette couleur leurs maisons et granges.

Lexique algonquin. J.A. CUOQ, Sulp.

NOOTKA
Nootka (aller autour) Déné.

C’est le nom d’une tribu indienne de la Colombie Canadienne ; d’un fiord qui pénètre dans les terres à une profondeur de 30 milles ; d’une petite île à l’ouest de la grande île Vancouver.

Les Nooktas furent célèbres à cause de leurs canots creusés dans des troncs d’arbres et de leur audace sur la mer. À la chasse à la baleine, seul le capitaine avait l’honneur de lancer le harpon. Ils habitent des maisons rectangulaires, décorées de figures grotesques.

Diamond JENNESS, Indians of Canada, p. 345.

NOSBONSING
Nosbonsing pour Nosponsing (provisions (de voyage) consommées ou encore parmi les provisions) Tête-de-boule.
Racines : Nospon : provisions, goûter ; In : être à bas, à terre. Ing : le locatif.

Nosbonsing est le nom d’un lac aux sources de la rivière Mattawa, à l’est du lac Nipissing en Ontario. Il est probable qu’autrefois, les voyageurs en direction de l’Ouest canadien faisaient route par là. Nosbonsing est renommé comme endroit de villégiature et de tourisme.

NOTIKEWIN
Notikewin (la rivière du vent, qui fait le vent) Cris.
Racines : Notin : vent ; ke : faire ; win, suffixe nominal.

Cette rivière est un affluent de la rivière la Paix. Elle arrose une partie de l’immense vicariat de Grouard en Alberta. D’autres voient dans notikewin une corruption de notinikewin, qui signifie « combat, bataille ».

NOTTAWASAGA
Nottawasaga pour matawasagane (confluent embarrassé, à plusieurs obstacles) Tête-de-boule, cris, algonquin.
Racines : Matawa : confluent ; sagaw : fort, dru, embarrassé.

C’est le nom d’une rivière de l’Ontario et d’une baie sur la Baie Georgienne, entre le Cap Rich et l’île Christian, qui s’enfonce dans les terres jusqu’à une profondeur de 25 milles et mesure une trentaine de milles de largeur.

NUKASUSUKTOK
Nukasusuktok pour Nakasusuktok (odeur de vessie) Esquimau.
Racines : Nakasuk : vessie ; suktok ou sunitok : odeur de.

Nakasusuktok, ile du Labrador.

NUNALA
Nunala (le pays par excellence) Esquimau.
Racines ; Nuna : terre, pays ; lak : superlatif.

Le nom s’explique probablement par l’abondance du gibier terrestre et aquatique, et par le voisinage du bois, dans le sens que des rivières le rendent accessible. Il y avait jadis à Nunala un poste de traite de la Compagnie de la Baie d’Hudson. Aujourd’hui quelques trappeurs libres, ne pouvant obtenir la permission d’entrer sur les territoires du Nord-ouest, s’y sont établis et font fortune. Très peu d’esquimaux fréquentent ces parages, à cause de la proximité des blancs mieux équipés, qui raflent tout le gibier. Nunala est desservi par les Pères Oblats de Cap Esquimau.

R.P. A. THIBERT, O.M.I.

OBA
Oba (détroit, rétréci) Algonquin, tête-de-boule.

Nom de deux gares de chemin de fer en Ontario.

OBACHING
Obaching (au détroit, au rétréci) Algonquin, cris.

C’est le nom d’un lac du comté Témiscamingue, province de Québec.


OBANAKAW
Obanakaw (les îles des détroits, chenaux formés par des îles) Algonquin, tête-de-boule, cris.
Racines : Oba et obé : détroit, chenal ; anak : idée d’île.

Plusieurs lacs portent le nom d’obanakaw. Généralement on traduit obanakaw par « le lac des îles ».

OBASATIKAW — OPASATIKA
Obasatikaw (le détroit des peupliers, des trembles — à la lettre : les peupliers du détroit) Cris, tête-de-boule.

Nom d’un village, d’une rivière affluent de la Missinaibi et d’une gare de chemin de fer, dans le comté de Cochrane, en Ontario.

OBASKAW
Obaskaw (détroit herbeux) Cris, tête-de-boule.
Racines : Oba : détroit, rétréci ; askaw : foin, herbe.

Si vous coupez le mot : oba skaw, il faut traduire : détroits nombreux.

Nom d’un lac et enseigne d’un magasin, en Abitibi.

OBASKWEYAW ou OPPASKAWEYA
Obaskweyaw (la forêt rétrécit) ou, en modifiant l’accent (élévation boisée) Cris. (voir PASQUIA HILLS)
Racines : Oba : rétréci, détroit, skweyaw : forêt, bois.

Nom géographique du district de Le Pas, Manitoba, Il est commun à la ville de LE PAS, à la rivière qui s’y jette et qui vient des montagnes Oppaskweya ou Pasquia Hills situées en Saskatchewan. (voir Pasquia Hills).

OBATAGUSH
Obatagush pour obatagoch (le petit détroit) Cris.
Racines : Obata, oba : détroit, rétréci ; och : diminutif.

Obatagoch est le nom du poste de la Compagnie de la Baie d’Hudson situé à quelques milles du grand lac Mistassini, dans le Québec. Anciennement ce poste s’approvisionnait à Rupert House sur la Baie James. Un jour, les grands canots de cette Compagnie, revenant chargés de provisions et de marchandises, furent surpris par une tempête. Pour sauver leur vie, les Indiens jetèrent à l’eau toute la cargaison. Cette année-là le magasin du lac Mistassini, jamais riche, resta complètement vide. Pendant quelques années plusieurs Indiens de ce poste se rendaient trafiquer à Oskélaneo, gare du Canadien National. Le voyage se faisait par les lacs Chibougamo et Obatakoman, suivis des lacs et rivières Orhault, Brochet, Œil de Linx, Clair, pour sortir au Bassin de la Loutre sur la Saint-Maurice, en face de la mission d’Obédjiwan, et naviguer la rivière Oskélaneo, jusqu’à terme. Aujourd’hui les Indiens de Mistassini ne vont plus à Oskélaneo, mais au lac Chibougamo, nouveau terminus d’un chemin de terre venant de Roberval et de deux voies ferrées.

OBATAKOMAN
Obatakoman pour obatagama (le lac des détroits, des rétrécis) Cris
Racines : Obata, oba : détroit, rétrécis ; gama : lac, étendue d’eau.

Ce lac de la Province de Québec touche à la grande hauteur des terres, versant de la Baie James. Des centaines d’îles le parsèment, au point qu’il est difficile de sortir de ce labyrinthe et de retrouver sa route. Un jour, j’y rencontrai plusieurs Indiens protestants du lac Mistassini. Ils étaient pauvres et tristes, n’ayant absolument rien dans leurs misérables canots. Nous les avons secourus.

OBATIKWEIAK
Obatikweiak (du détroit de la rivière) Tête-de-boule, cris.
Racines : Oba : détroit ; tikweia : rivière ; locatif.

Détroit de la rivière Manouan, affluent de la Saint-Maurice. Il y eut à cet endroit un combat célèbre entre les Têtes-de-Boule et les Iroquois. Ceux-ci furent annihilés. On coupa les pouces et les index à deux prisonniers, puis on les poussa au large dans un vieux canot d’écorce en disant : « Allez et dites aux chiens d’Iroquois que s’ils reviennent sur nos terres, ils ne retourneront jamais chez eux. » J’ai vu là de mes yeux les vieux pins rouges, aux pieds noircis par le feu, où furent brûlés les prisonniers Iroquois, et jamais les Têtes-de-boule ne campent à cet endroit.

OBATINA
Obatina pour obatinaw (la montagne du détroit) Cris.
Racines : Oba : détroit, chenal ; atin : montagne, côte pente. Nom géographique.
OBÉDJIWAN
Obédjiwan (le courant du détroit) Tête-de-Boule, cris.
Racines : Obé, oba : détroit, rétréci ; djiwan : courant.

Ce détroit est élargi depuis qu’on a construit le barrage Gouin (La Loutre), sur la rivière Saint-Maurice. (Voir Nikik Parvistik).

Obédjiwan est le nom d’une réserve et d’une mission indienne tête-de-Boule.

L’avant-veille du premier de l’an 1935, les Indiens de cette mission cherchaient Louisa, une enfant de six ans, égarée dans la forêt depuis des heures. Il faisait très froid et c’était la nuit. On avait beau crier, appeler ; aucune réponse. D’instinct, l’enfant égarée gravit une colline, Elle vit soudain, près d’elle, un tout petit oiseau qui la regardait. Alors elle entendit une voix d’enfant qui lui dit en indien : « Peux-tu retourner seule chez toi ? — Non, répondit Louisa. — Je vais te conduire », reprit la voix. À l’instant même, comme si quelqu’un l’eut poussée par les épaules, elle se vit ramenée chez ses parents. Elle avait beau tourner et retourner la tête, elle ne pouvait voir qui la touchait. « Nous ne marchions pas dans la neige, racontait Louisa, je n’avais ni froid, ni peur ». Le petit Jérôme, son frère jumeau, paraissait bien inquiet, et regardait continuellement à la fenêtre. La voyant arriver, il s’écria : « Voilà Louisa », La maman ouvre la porte et aperçoit sa petite Louisa secouant, avant d’entrer, la neige de ses bas. « Mais qui donc t’a ramenée ? — Celui qui est derrière moi ». La maman eut beau regarder, elle ne vit personne. Pendant quelques jours, Louisa demeura absorbée, mystérieuse et priait les mains jointes, ce qu’elle n’avait jamais fait jusqu’alors. Je fus témoin du fait, car je prêchais alors aux Indiens d’Obedjiwan.

OCHAPOWACE
Ochapowace pour chabowase (c’est lumineux, la lumière passe à travers) Algonquin, cris.
Racines : chabo : à travers, bord en bord ; wase : qui brille, clair, lumineux.

Ochapowace est le nom d’une mission desservie par les Pères Oblats de Marieval, archidiocèse de Régina, Saskatchewan.

ODANAK
Odanak (au village) Abénaquis.

Odanak dans le comté d’Yamaska, est le nom d’un village et d’une réserve indienne peuplée par deux cents Abénaquis, une branche de la grande famille algonquine. Vers 1680 ils émigrèrent de l’État du Maine. Ils sont habiles à faire des objets de fantaisie, d’agréments, surtout des corbeilles et des paniers.

OGASCANAN
Ogascanan pour ogaskanang (au pays des dorés) Algonquin.
Racines : Oga : doré ; skaw idée d’abondance ; nang locatif régional.

Les eaux du lac Ogaskanan s’écoulent dans la rivière Kipawa, comté de Témiscamingue.

Le doré, aux yeux pâles et saillants, au dos muni d’une double nageoire, aux écailles rudes et libéralement pailletées d’or, fut justement appelé par les premiers Français venus au Canada « poisson doré ». L’on pourrait aller plus loin et dire « poisson qui vaut son pesant d’or ». Le doré est tellement amusant à pêcher ; sa chair savoureuse fournit de si bons plats ; il s’enlève sur le marché comme des petits pains chauds. Mais toutes ces qualités lui causent des ennuis. Les braconniers outrepassent les lois, le harponnent sur la frayère et l’exterminent d’une façon révoltante. La race est en péril, et c’est à se demander si la généreuse femelle, qui pond jusqu’à 300,000 œufs par an, pourra suffire à repeupler nos lacs.

OGOKI
Ogoki pour agoki (être adhérent, joint à, collé) Algonquin.

Ogoki est un affluent du fleuve Albany, Baie James, province d’Ontario, où l’on voit un poste de traite de la Compagnie de la Baie d’Hudson. C’est également le nom d’une gare de chemin de fer dans le nord de l’Ontario.

OHIO
Ohio abréviation de Ohionhiio (belle rivière) Iroquois.
Racines : Kahionha : rivière ; iio : belle.

L’Ohio est un affluent du fleuve Mississipi. C’est le nom d’un état américain dont la capitale est Columbus. Cette région fut découverte et exploré par Cavalier de La Salle, vers 1670, et demeura possession française jusqu’en 1760.

Études philologiques sur les langues indiennes d’Amérique. p. 16.
OKA
Oka — oga (le doré, le poisson doré).

Village sur le lac des Deux-Montagnes, renommé par son abbaye cistercienne, son école d’agriculture et sa ferme modèle où l’on fabrique le fameux fromage d’Oka.

Avec les années, la mission indienne du lac des Deux-Montagnes a pris le nom d’Oka. Cette mission avait été fondée en 1721, par M. Robert Gay, Sulpicien, afin d’y réunir les indiens de la montagne du Sault Récollet, de L’Île aux Tourtes, et de tous les environs. On y parlait iroquois et algonquin, De 1721 à 1747, 24 prêtres sulpiciens se succédèrent à la tâche.

Les premiers oblats destinés aux missions firent à Oka un long stage d’étude des langues indiennes. Ils revinrent, enthousiasmés de leurs professeurs, bien munis de catéchismes, de livres de prières, de sermons, de dictionnaires, cartes géographiques et précieuses notes de tout genre.

Un jour que je voyageais en chemin de fer, un vénérable prêtre sulpicien vint s’asseoir près de moi, et commença à me parler en cris. Je le pris pour un missionnaire quelconque et ce n’est que plus tard que j’appris quel sorte d’homme il était : un savant polyglotte, un maître linguiste, un spécialiste en langue algonquine, auteur de plusieurs volumes réputés. Je découvrais M. J.-A. Cuoq, p.s.s. C’était en 1898.

J.-A. CUOQ P.S.S., Anotc Kekon, p. 172.
OKANASE
Okanase pour okanens (petit os) Sauteux.

Okanase dans la localité de Balcarres, est un groupement de 123 indiens, en Saskatchewan. Okanase et Keeseekons sont des noms imposés par un sorcier.

OKATARA
Okatara (lézard) Tête-de-boule.

Nom d’un ruisseau et aussi nom que des Indiens donnent au « bulldozer » ; parce que cette puissante machine se meut à peu près comme le lézard.

Les lézards sont des reptiles sauriens, insectivores, à longue queue et à quatre pieds. Ils recherchent les endroits rocailleux et ensoleillés, Se chauffer paresseusement au soleil, c’est prendre un bain de lézard.

OKOTOKS
Okotoks pour orhkotoks (roches, pierre) Pied-noir.

Au sud de l’Alberta, à 25 milles de Calgary, on voit en pleine prairie une merveille de la nature : une roche « erratique » ou errante, seule de son espèce et sans explication : véritable okotoks qui pèse 1 800 tonnes.

Okotoks, sur la rivière Sheep, est un village de l’Alberta, centre d’exportation pétrolifère rattaché à Turner Valley. On y fait également de l’agriculture et en particulier l’élevage des chevaux.

OLAMAN
Olaman (vermillon) Cris.

Olaman est le nom d’une rivière du sud de l’Alberta, affluent de la Goéland et d’une autre rivière dans le Comté Saguenay, province de Québec.

OMBABIKA
Ombabika (rochers élevés) Algonquin.
Racines : Omb : élevé, levé de terre ; abik : pierre, rocher, fer.

Ombabika est une rivière rocheuse de l’Ontario nord, qui se jette dans une baie du lac Nipigon.

Ombabika, mission indienne desservie par les Pères Jésuites de Port-Arthur, Ontario.

OMENICA
Omenica pour moenekhak (rivière paresseuse, qui a peu de courant) Déné.
Racines : Omoen : paresseux ; khah : rivière.

Omenica nom d’un fort de traite, construit en 1806 par la Compagnie du Nord-Ouest, qui s’appelait autrefois Fort St-James.

C’est également le nom d’une rivière typiquement paresseuse du bassin du Makenzie, en Colombie. Quand les Indiens s’engagent sur ses eaux, ils disent, en remettant dans le canot les perches utilisées dans les rapides : Omoene khah : « il n’y a plus de courant ».

MORICE, O.M.I., History of the Northern Interior of British Columbia pp. 55 et 315.
ONAKAWANA
Onakawana pour onakawanan (il l’empêche, il le détourne, il l’entraîne) Algonquin.
Racines : Naka : opposition, retardement ; o : il, pronom personnel.

Nom géographique dans l’Ontario nord.

ONAMAN
Onaman (vermillon) Cris, algonquin.
Racines : Naka : opposition, retardement ; o : il, pronom personnel.

Nom d’un lac situé à 25 milles à l’est du Lac Nipigon dans le district de Thunder Bay, Ontario. Les Montagnais appellent Onaman la rivière Romaine, qui se jette dans le golfe St-Laurent près des îles de Mingan en Québec. Les blancs ont francisé ce mot et en ont fait « Romaine ».

ONISTAGAN
Onistagan pour ka anistagants (ce qui est en désordre) Montagnais.

Onistagan est le nom d’un lac de la rivière Péribonca, comté de Roberval, province de Québec : lac en forme de betterave, très poissonneux, très profond, avec des eaux très claires.

Onistagan est le nom d’un portage plutôt marécageux. D’après la légende, une famille indienne y aurait trouvé la mort. Ces pauvres affamés à bout de provision, cherchaient à fuir la forêt, mais ne purent jamais trouver ce portage de malheur, encombré qu’il était par les tourbes du marécage. Ça lui valut le nom d’Onistagan : « portage embarrassé ».

ONONTHIO
Ononthio (belle montagne) Iroquois.
Racines : Ononta : montagne ; iio : idée de beauté.

Les Iroquois donnèrent ce nom à Monsieur C.H. de Montmagny, deuxième gouverneur de la Nouvelle-France, et l’attribuèrent dans la suite à tous ses successeurs. À sa Majesté le roi de France, ils décernaient le titre de Grand Ononthio.

Quant à M. de Montmagny, Ononthio était la traduction fidèle de son nom ; puisque Montmagny est un mot latin mal francisé (mons magnus) qui signifie « Montagne grande », « Mont grand ». On peut supposer que, dans l’entourage du gouverneur, un interprète avait expliqué aux Iroquois la signification du mot Montmagny ; c’est pourquoi ils s’adressèrent à ce personnage en l’appelant Ononthio, alias « Monsieur de Grandmont » ou « de Grande Montagne » alias « Monsieur de Montmagny ».

ONTARIO
Ontario pour Oniatariio (beau lac) Iroquois.
Racines : Kaniatare : lac ; iio idée de beauté.

Ontario : l’un des cinq grands Lacs et l’une des dix provinces du Canada.

Samuel de Champlain fut le premier blanc à visiter ces régions (1615-16). Les Pères Jésuites y évangélisèrent bientôt les tribus huronnes et algonquines, et M. de La Salle entreprit ses découvertes et ses fondations. Sous le régime français les forts se multiplièrent dans la péninsule et sur les rives méridionales du lac Ontario. Tout se résumait alors à la traite des fourrures et aux activités de guerre. Après le traité de 1763, la péninsule resta déserte durant vingt années encore et ce n’est qu’en 1783 que l’Ontario se peupla d’un notable contingent d’immigrants loyalistes, venant des États-Unis. Leur nombre s’éleva dès l’année suivante à 10,000. Les loyalistes ont été les véritables fondateurs de la Province d’Ontario. En 1788, on jugea urgent de diviser la région jusqu’à Niagara en quatre districts ; Lunenbourg, Mecklembourg, Nassau, Hesse, dénominations allemandes en mémoire des alliances princières d’Angleterre. Le 24 août 1791, un arrêté du Conseil Privé « divise la Province de Québec en Province du Haut-Canada et Bas-Canada ». Toronto devient capitale.

Le lac Ontario, reçoit les eaux des lacs Supérieur, Michigan, Huron et Érié. Sa forme ovale mesure 193 milles de long et 60 milles de large. Sa plus grande profondeur d’eau atteint 738 pieds. Il se décharge dans le fleuve Saint-Laurent en passant par de très nombreuses îles. Ce lac est navigable dans toute son étendue et presque toute l’année durant. Il est cependant sujet à de violentes tempêtes et dangereux pour les embarcations légères. Une partie du lac Ontario appartient au Canada, l’autre aux États-Unis.

Études Philologiques sur quelques langues sauvages d’Amérique p. 17.
L. LE JEUNE, O.M.I., Dictionnaire général de biographie.
Encyclopédie Grolier.
OPINNAKAU
Opinnakau pour obénakaw (chenaux des îles) Algonquin, tête-de-boule, cris.
Racines : Obé : détroit, chenal ; anak : idée d’île.

Opinnakau est le nom d’une rivière qui se déverse dans la Baie James. Pendant quelques années la Compagnie de la Baie d’Hudson eut un poste de traite sur ses rives. Son embouchure est difficile d’accès.

OSHAWA
Oshawa (traverser, il traverse) Algonquin, tête-de-Boule.

Oshawa est le nom d’une paroisse de l’archidiocèse de Toronto, d’une chrétienté Ukrainienne et d’une ville manufacturière d’Ontario renommée par son port de mer et ses usines d’automobiles.

OTOSKWAN
Otoskwan (son coude) Cris,
Racines : O : son ; mitoskwan : coude.

Nom d’une petite gare du Canadien Pacifique en Alberta.

Autrefois la Bow River, affluent de la Saskatchewan, s’appelait otoskwani sipi : « la rivière du coude ».

OTTAWA
Ottawa pour Ottiwa (Elles bouillent, les eaux bouillent) Cris, tête-de-boule.
Racine : ottew : bouillir.

On a donné plusieurs traductions fantaisistes au mot outaouais ou Ottawa. « Cheveux relevés, oreilles courtes, oreilles longues, trafiquants » (Bancroft), « hommes des bois » (Sulte). Selon moi, il n’y a rien de cela dans le mot Ottawa, si ce n’est un pâle souvenir de la racine algonquine tawak (oreille) ; mais sans aucun adjectif.

Ottawa, tel qu’écrit, est le pluriel inanimé de ottew : « elles bouillent », (les eaux, les rapides, les chutes). Les Cris et les Tête-de-boule, emploient couramment ce mot pour dire que l’eau bout, ou que des vapeurs s’élèvent au-dessus des chutes, comme dans le cas de la chute des Chaudières à Ottawa. Cette traduction me semble beaucoup plus plausible et même la seule acceptable.

Champlain fut le premier blanc à voir cette chute ; il en donne la description en mentionnant que les Indiens l’appellent asticou. Champlain a mal saisi le mot et l’a écrit asticou pour askikok qui sinifie « dans la chaudière. » Cris, tête-de-boule, Algonquin. J’ai entendu des Anglais prononcer Ottawa : Ottiwa. C’est de l’indien pur.

Outaouais est l’ancien nom de la rivière Ottawa et celui d’une tribu indienne qui erra longtemps sur ses bords. La ville d’Ottawa, sur la rivière du même nom, est l’ancienne Bytown. En 1858, la reine Victoria la choisit pour capitale du Haut et du Bas-Canada ; neuf ans plus tard, en 1867, Ottawa devenait la capitale de tout le pays. Le maire Dickinson avoua avec raison qu’Ottawa était redevable surtout à G.-Étienne Cartier d’avoir été choisie comme capitale du Canada.

En janvier 1844, deux Oblats, les Pères Telmon et Dandurand, arrivèrent à Bytown pour desservir les hommes des chantiers et pour atteindre plus facilement les Indiens du Témiscamingue, de l’Abitibi et de la Baie James. Le 20 février 1845, les Mères Élisabeth Bruyère et trois Sœurs Grises arrivèrent à Bytown au son des cloches, quatre-vingts voitures chargées d’hommes et de femmes s’étaient portées à leur rencontre. En 1847, le Père Eugène Guigues, O.M.I., devenait premier évêque de Bytown. En septembre 1849, il dotait son jeune diocèse d’un collège classique, humblement installé dans un local en bois près de la cathédrale, et qui devait devenir un jour l’Université d’Ottawa. Le premier septembre 1860, le prince de Galles, futur Édouard VII, posa la pierre angulaire du premier édifice du Gouvernement. En août 1896, à une assemblée tenue au carré Cartier, Sir Wilfrid Laurier déclara qu’il désirait faire d’Ottawa, le Washington du Nord, c’est-à-dire un district fédéral indépendant des provinces. Le « Washington » s’organise graduellement selon les plans de l’urbaniste français Gréber.

L.-M. LE JEUNE, O.M.I. Dictionnaire Général de biographie.
Sœur PAUL-ÉMILE, Mère Élisabeth Bruyère et son œuvre.
Lucien BRAULT, Ottawa, Capitale du Canada, pp. 151, 32, 40.
OUAMISTIGOUCHE SHIPO
Ouamistigouche pour wémistigojiw shipo (rivière des français) Montagnais.
Racines : Wémistigojiw : français : shipo : rivière.

Cette rivière se jette dans la Baie Rouge, rive nord du Golfe St-Laurent. Une autre Rivière des Français ou « ruisseau des Français ». (Wemistigojiw sipichich) se déverse dans la Moose River, Baie James. Pierre de Troyes et ses cent soldats y préparèrent leur attaque contre les anglais en 1686.

OUANANICHE
Ouananiche pour wananich (le petit égaré) Cris, tête-de-boule, montagnais.
Racines : Wan : égaré, perdu ; ich : diminutif.

La Ouananiche est le nom d’un poisson du lac St-Jean qui a fait la renommée du royaume du Saguenay. La ouananiche a le goût et la couleur du saumon. Elle serait un saumon de mer adapté à la vie en eau douce ; par conséquent un « petit égaré ». Sans doute ce saumon n’a pas trouvé d’issue ou s’est trop attardé quand les eaux salées se retirèrent du Lac St-Jean et ainsi, il devint prisonnier de l’eau douce ou plutôt il voulut y rester car il pouvait encore s’échapper par le Saguenay ; c’est donc un poisson relique, rappelant l’asséchement de l’Amérique du Nord. La ouananiche est gourmande, et ne perd pas un coup de dents. Piquée par l’hameçon, elle lutte avec énergie. On la pêche à la volée, à la traînée et à l’appât. Son poids moyen est de 4 livres. Depuis quelques années on l’élève artificiellement dans le Québec et on la sème dans divers lacs.

Raoul BLANCHARD, L’est du Canada Français, T. 2, p. 27.
Claude MELANÇON, Les Poissons de nos Eaux.
Luc SIROIS, C.J.M., Montagnais sans Maître.
OUAOUARON
Ouaouaron pour wawaron (grenouille verte) Iroquois. Mot canadianisé.

Les Anglais l’appellent bull-frog ; les Algonquins omamano. D’où l’on voit que tous ces noms sont des onomatopées, cherchant à imiter le cri de cette bête.

OUAPITAGONE

Ouapitagone est le nom de quelques petites îles à l’entrée nord-est du golfe St-Laurent, où l’on trouve une sorte de canard d’espèce très rare, qui porte le même nom.

OUIATCHOUAN
Ouiatchouan pour wiiadjiwan (remous, courant tournant) Montagnais, cris.
Racines : wiia : rond, circulaire ; tchiwan : courant.

Nom d’une rivière et d’un canton au Lac Saint-Jean.

OUIATCHOUANISHE
Ouiatchouanishe pour wiiatchiwanich (la petite ouiatchouan) diminutif du précédent.

Cette rivière se décharge dans le lac Saint-Jean près de Roberval.

PABOS
Pabos pour paboch (tout ce qui se mange avec la cuiller) Algonquin, tête-de-boule.

Paboch s’emploie dans le langage enfant rappelant les bébés qui jouent sans raison avec la cuiller et qui répandent leur nourriture hors de l’assiette.

Le Père Pacifique, cap., dans ses « Études historiques et géographiques », p. 178, dit que Pabos vient de pagôg « eaux tranquilles », mais aussitôt, comme n’étant pas sûr, il ajoute : « On l’écrit Paboc dans un rapport du 21 août 1783 » (arch. can. 1891, 22). Or c’est de cette façon que les Algonquins et les Têtes-de-boule l’écrivent.

Dans « La Gaspésie au Soleil », p. 27, le Frère Antoine Bernard traduit « Grand Pabos et Petit Pabos : rivières rapides et d’un fort débit ». Sa traduction est donc à l’opposé du Père Pacifique.

Pabos est le nom d’une paroisse, d’une mission et de deux rivières qui se jettent dans la Baie des Chaleurs, comté de Gaspé.

J.-A. CUOQ, P.S.S., Lexique de la langue algonquine.
PACKWATCHI
Packwatchi (Montagne pelée) Cris.
Racines : Packwaw : c’est pelé, désert, stérile ; tchi : idée de montagne.

Packwatchi est une élévation de terrain avançant dans les eaux de la Baie James, à mi-chemin entre les postes Albany et Moosonee.

PADLEI
Padlei, de Padlerk (Le plus bas, méridional) Esquimau.

Padlei est un poste à l’intérieur des terres, vis-à-vis de Cap Esquimau et en bordure du pays boisé. Les Esquimaux y rencontrent les Indiens et font des échanges. La tribu esquimaude du Cap s’appelle elle-même les Padlermiuts : « gens du sud ». Padlei a son poste de traite opéré par la Compagnie de la Baie d’Hudson, et sa mission Ste-Thérèse-de-l’Enfant-Jésus, établie depuis plusieurs années. Ce poste fut visité pour la première fois par ls R.P. Emmanuel Duplain, O.M.I., en 1925. Actuellement, il est servi régulièrement par les Pères Oblats du Cap Esquimau. Le terrain est accidenté au point que les Esquimaux l’appellent plutôt Kingarualik, c’est-à-dire « le pays des collines. » Le service de ravitaillement se fait seulement par un avion qui vient de Cap Esquimau.

Arthur THIBERT, O.M.I.
PAGWACHUAN
Pagwachuan pour pakwatchiwan (courant peu profond) Cris, algonquin.
Racines : pakwa : peu profond, il y a peu d’eau ; tchiwan : courant.

C’est le nom d’une rivière de la Province de l’Ontario.

PAKWAW
Pakwaw (peu profond, il y a peu d’eau) Cris, algonquin.

La rivière Pakwaw est un affluent de l’English River, laquelle se jette dans la rivière Albany. Pakwaw est aussi une station de chemin de fer du Canadien National. En 1917, la Compagnie Révillon Frères y construisait des chalands pour transporter provisions et choses nécessaires à la traite des fourrures. Ces chalands partaient avec les eaux hautes du printemps ; en quelques jours ils atteignaient la Baie James ils ne servaient qu’une fois et cela parce qu’il aurait été trop dispendieux de les remonter à Pakwaw ; distance de plus de 300 milles et parsemée de forts courants. Plusieurs missionnaires oblats passèrent par cette voie ; la Compagnie Révillon Frères alla même jusqu’à descendre au temps de la guerre 1914, les approvisionnements de sa rivale, la Compagnie de la Baie d’Hudson.

PANGNIRTUNG
Pangnirtung pour Pangnertok (fermé) Esquimau.

Pangnirtung est situé sur la côte est de la terre de Baffin. Le poste s’élève au fond d’une baie qui semble fermée de toutes parts. Les Anglicans y ont un hôpital et une mission. La Police Montée y réside en permanence. Pangnirtung est pour la Terre de Baffin ce que Chesterfield est pour la Baie d’Hudson. Le lieu abonde en baleines blanches, ce pain quotidien des Esquimaux.

Arthur THIBERT, O.M.I.
PAPASKWASATI
Papaskwasati pour papackwasati (peuplier pelé) Otchipwé, cris.
Racines : papackwa : pelé, écorcé, chauve ; asati : peuplier.

Papaskwasati est le nom d’une rivière, qui se jette dans le lac Mistassini, versant de la Baie James, Québec.

PAPINACHOIS
Papinachois (il plaisante) Algonquin.
Racines : papinowe.

Papinachois : nom d’une rivière débouchant sur le fleuve St-Laurent entre la Betsiamites et la Rivière Outardes. C’est également le nom d’une baie, d’une réserve indienne, et d’une petite tribu montagnaise de cette région.

Annuaire 1944-1945, Chicoutimi, Lac St-Jean, Roberval.

PASANJEWA
Pasanjewa (il est fouetté, on le flagelle) Algonquin.
Racines : pas : coups ; ajé : peau.

Pasanjewa est le nom que portait le frère du Grand Chef Pakinawatik de Maniwaki et le nom d’une petite rivière qui se jette dans le lac Baskatong, Québec.

Je suis allé, sur cette rivière, donner une mission à des hommes de chantier qui bûchaient dans des bois brûlés. Le soir, ils arrivèrent au camp, noirs comme des nègres, il leur fallait deux à trois eaux pour se laver les mains, les bras et le visage. Ils me disaient : « Ce qui coûte le plus cher ici, c’est l’eau et le savon ». L’un d’eux, en m’apercevant, s’écria : « Mon Père, comment êtes-vous venu dans un trou si sale ? » — Je répondis : « Je n’y suis que pour une nuit et vous, vous y êtes depuis des mois, lequel de nous est le plus à plaindre ? » Le matin, j’étendis une couverte grise sur le bout d’une table ; je la couvris d’un linge blanc et j’y mis ma chapelle. Et dans ce chantier où tout était noir, j’ai donné le pain blanc du Christ à des âmes bien belles et bien blanches.

PASBEBIAC
Pasbebiac pour tachkibiak (batture fendue par l’eau) Micmac.
Racines : Tach : fendre ; bi : eau.

Paspébiac est le nom d’une paroisse du diocèse de Gaspé sur la Baie des Chaleurs. D’après Sam Hock, interprète de 1877, Paspébiac signifie « pointe d’arrêt ».

Ce barrachois est le banc de sable triangulaire, en face de l’église de Paspébiac. La mer pénètre dans ce banc de sable par une ouverture, côté ouest, et met les petites embarcations à l’abri des gros vents.

Mgr Plessis, en visite pastorale en 1811, écrivait : Paspébiac est l’endroit central du grand commerce de la morue des MM. Robin ; ils y ont leur comptoir et leur principal magasin et sont propriétaires d’une étendue de terre considérable. Les habitants auxquels ils se sont rendus nécessaires sont des espèces de serfs entièrement sous leur dépendance. Cette maison Robin possède plusieurs grands établissements dans la Gaspésie. Aucun des propriétaires ne réside sur les lieux. Dans le district de Gaspé, les affaires sont dirigées par six commis, placés deux par deux. Ces employés doivent être célibataires ou bien, s’ils sont mariés, ne doivent pas avoir leurs femmes auprès d’eux. On leur a imposé un règlement très sévère, entrant dans les plus minutieux détails de la conduite à tenir, et spécifiant même les plats qui, chaque jour, doivent être servis à table. Un des grands principes des Robin est de ne permettre aucune innovation. Le règlement imposé aux agents leur défend de ne rien avancer aux pêcheurs avant un temps marqué ; les hangars seraient-ils pleins de provisions, pas un seul biscuit ne sera distribué avant l’époque déterminée. Comme les pêcheurs ne sont payés qu’en effets, ils ne peuvent rien mettre de côté pour leur avenir. Les écoles sont proscrites : « Pas besoin d’instruction pour eux, écrivait M. Philippe Robin à ses commis, s’ils étaient instruits, seraient-ils plus habiles à la pêche ? » J’ai abrégé la citation : toutefois, il y en a assez pour montrer l’inhumanité et le rôle lucratif et peu glorieux de cette puissante compagnie. Le monopole des Robin a cessé, mais la Compagnie continue d’exister sous le nom de « Robins, Jones, and Whiteman » de Jersey, à Halifax.

Antoine BERNARD, c.s.v., La Gaspésie au Soleil, p. 177.
PASQUA
Pasqua pour packwaw (désert, terre stérile) Cris.

(Dans le langage des Indiens de l’Ouest, ce mot s’emploie dans le sens d’une prairie sans arbre, par opposition à une forêt. Le terme convient aux prairies désertiques de l’Ouest, où il poussait autrefois une certaine végétation.)

Pasqua est le nom d’un désert de l’Ouest canadien et étatsunien. Mgr Taché, dans son « Esquisse du Nord-Ouest de l’Amérique », écrit : « Le désert, ce mot n’étonnera pas ceux qui ont fait quelques études sur la partie occidentale de l’Amérique du nord ; tout le monde connaît le grand désert américain ; tous ne savent peut-être pas qu’il se prolonge presque sur notre sol, qu’il pénètre au point d’intersection du 100e degré de longitude avec le 49e degré de latitude, suivant ensuite une ligne plus ou moins sinueuse dans la direction générale du nord-ouest, jusqu’au point d’intersection du 113e degré de longitude avec le 52e degré de latitude, formant ainsi une superficie totale d’au moins 60,000 milles carrés. Il y a donc lieu de l’appeler désert immense. Ce désert n’est sans doute pas une plaine de sable mouvant et desséché ; il est néanmoins parfaitement impossible de songer à y former des établissements considérables. Presque partout un sol aride ne voit croître que le foin des prairies (systéria dactyloides). Une petite lisière de sol d’alluvion marque les cours d’eau, lesquels sont desséchés presque toute l’année ».

Pasqua est en outre le nom d’un ancien chef indien, d’un lac et d’une réserve. Cette réserve est située dans la vallée de Qu’Appelle, sur les bords du lac Pasqua, en Saskatchewan. Elle fut concédée lors des traités de l’Ouest avec le chef Pasqua ; les Indiens de cette réserve sont desservis par les Pères Oblats de Lebret.

PASQUIA HILLS
Pasquia pour paskwia hills (les collines se séparent, prennent une autre direction) Cris. Anglais.
Racines : pask : fourcher, se diviser ; hills : collines.

(D’autres voient dans ce nom une corruption de OPPASKA-WEYA — voir ce mot — et lui donnent la même signification).

Pasquia est une région de collines, au nord-est de la Saskatchewan, communément appelée Côtes Pasquia.

Pasquia est aussi le nom d’un fort établi en 1754 par M. de la Corne sur la rivière Carotte, affluent de la rivière Saskatchewan.

PATAMISK
Patamisk (castor d’environ deux ans) Cris.

Patamisk est le nom d’un lac, aux sources du fleuve Eastmain, dans le Nouveau Québec.

PATUANAK
Patuanak pour wapatchiwanak (les courants du détroit) Montagnais.
Racines : wapaw : détroit ; tchiwan : courant.

Patuanak sur le fleuve Churchill est une mission montagnaise du vicariat du Keewatin.

PAUGAN FALLS
Paugan pour Opwagan falls (les chutes du calumet) Algonquin, anglais.
Racines : opwagan : calumet, pipe ; falls : chute.

Paugan Falls, près du village de Low, province de Québec, est une des plus grosses chutes de la rivière Gatineau. Son barrage en béton armé, construit en 1927, a coûté $20,700,000.00.

Le calumet jouait un grand rôle dans la vie domestique et sociale des aborigènes de l’Amérique. Il se trouvait partout : dans les festins, dans les noces, dans les obsèques, dans les jeux, dans les conseils et traités d’alliance. Rempli de pétun et allumé par le même tison, il circulait de bouche en bouche, en signe de paix, d’amitié et de fraternité. (voir le mot WETASKIWIN)

J’ai vu le gros Calumet que les Indiens de Wémontaching envoyèrent aux Sœurs Hospitalières à l’occasion du trois-centième anniversaire de leur arrivée à Québec. Le tuyau était plus long que l’avant bras d’un homme. De la cheminée pendait un cordon orné de rubans et de rassades. Narcisse Kokôkohô le présenta à l’institutrice qui devait l’expédier aux Hospitalières de l’Hôtel-Dieu. Il le tenait dans ses deux mains, plus haut que la tête et s’avançait lentement, sourire aux lèvres. Les ornements du magnifique calumet se balançaient au vent et faisait un cliquetis musical. Toute l’assistance applaudit avec enthousiasme.

Along Quebec Highways. Tourist Guide. 1930.
J.-A. CUOQ, P.S.S., Lexique de la langue algonquine.
PAULAKTUK
Paulaktuk (pays à poussière noire, noir comme suie) Esquimau.
Racines : pau : suie ; lock : superlatif.

Paulaktuk est situé sur la Baie Darnley, golfe d’Amunsen, côte Arctique, district du Mackenzie.

Paulaktuk doit son nom à une certaine fumée noire que dégage le sous-sol bitumineux de l’endroit.

À Paulaktuk, il y a un poste de traite et une mission catholique fondée en 1930 ; elle possède une grotte de Lourdes qui a son histoire simple et poétique. C’était à Lourdes en France 1933. Devant une foule accourue de toutes les parties du monde, les fêtes du 75e anniversaire des Apparitions allaient se terminer en apothéose. Mais laissons la parole à Mgr Breynat, O.M.I., un témoin oculaire :

« Au moment le plus solennel de la clôture, à l’Heure même où avait eu lieu la première apparition de la Belle-Dame, Mgr Gerlier se tourna vers moi, pauvre Vicaire Apostolique du Mackenzie et m’offrit, pour qu’elle portât le rayonnement de ses bienfaits chez les Esquimaux de la côte Arctique, une très belle statue de Notre-Dame de Lourdes.

« À l’issue de la cérémonie, la famille Soubirous vint m’exprimer sa vive joie de voir s’établir ce céleste trait d’union entre le Gave et les rives de l’Arctique ; et, pour que la Vierge ne se mit pas en route pour ces lointaines contrées sans être accompagnée de sa fidèle confidente, l’heureuse famille de la Voyante s’offrit à ajouter au cadeau de Mgr Gerlier une belle statue de Bernadette. »

En attendant les célestes visiteuses qui mirent trois ans à venir, les P.P. Binamé, Griffin et le Fr. Brisson, oblats, s’affairaient là-bas à leur élever, à même la terre stérile, une réplique de la grotte de Massabielle. Ils la construisirent à 50 pieds de l’océan Arctique ; la douce Vierge fait face à ses eaux amères, à ses brumes et tempêtes, à ses glaces éternelles et à ses solennelles banquises qui se promènent au gré des vents et des courants.

Deux fois l’an il règne un peu d’activité autour de la Vierge de Paulaktuk, lorsque les soixante à quatre-vingts Esquimaux viennent célébrer la Noël à la mission et surtout à l’occasion du passage des bateaux, durant la courte saison de la navigation de l’Arctique. Alors un petit village de toile blanche s’érige à proximité du roc béni et Notre-Dame donne audience à ses rares pèlerins de la terre stérile, sous la lumière sans déclin des étés nordiques.

La présence de Marie aux confins de la terre habitée est une bénédiction pour ce peuple qui spirituellement et géographiquement est le plus éloigné de Rome et du Calvaire. Les obstacles quasi-insurmontables qu’avaient rencontrés jusqu’alors l’apostolat des missionnaires, se trouvèrent soudainement aplanis. Le mouvement de conversion va désormais, de famille en famille, lentement mais sûrement, chez les tribus esquimaudes du Mackenzie.

Eugène NADEAU, O.M.I., Apostolat des O.M.I., mai 1950.
R.P. A. THIBERT, O.M.I.
PEMBINA
Pembina pour nipimina (graines aqueuses) Cris.
Racines : Nipi : eau ; mina : graines, petits fruits.

Pembina est une rivière du Manitoba. Le mot pembina est entré dans la langue française du Canada, pour désigner l’obier, arbuste atteignant jusqu’à 8 pieds. Son fruit globuleux d’un rouge vif est translucide et acide ; il devient d’un goût excellent après les premières gelées. Quelqu’un a écrit : « le pembina est le fruit du berberis épine-vinette. »

Le dictionnaire cris du P. A. Lacombe, O.M.I.
Grammar Otchipwe, Mgr A. R. Baraga, p. 300.
PEMISCA
Pemisca pour pimiska (rame, pagaie) Cris.

Pemisca est un affluent du fleuve Eastmain, lequel verse ses eaux dans la Baie James, province de Québec.

PENEQUANI
Penequani pour Pinekwani (il perd ses plumes) Algonquin.
Racines : pin : perdre, tomber ; kwan : plume.

C’est le nom d’une localité de la province d’Ontario. On dit : pinawe : muer ; pinakwi : les feuilles tombent ; piniwine : perdre son bois, ses cornes (le chevreuil, l’orignal).

Quand les oiseaux perdent leurs plumes, leur beauté s’amoindrit ; ils deviennent caduques et oisifs ; le serin ne chante plus, la poule cesse de pondre ses œufs. Il y a en eux un malaise, une fièvre. Les Cris ont appelé le mois de juillet opaskowipisim : la lune où les oiseaux perdent leurs plumes. Sur leur calendrier ce mois est représenté par un oiseau au cou amaigri, au corps décharné et frileux. L’oiseau vole en semant des plumes.

PÉNÉTAGUISHENE
Pénétaguishene pour pinetakochin (il arrive propre) Algonquin.
Racines : Pin : propre ; takochin : il arrive.

Quand je demandai à une indienne la signification de ce mot, elle répondit : « Nous l’avons dit hier, quand Pian arriva de la chasse. Ki pinetakochin : il en est arrivé propre, sans poux, net. »

C’est le nom d’une paroisse de l’archidiocèse de Toronto, et le nom d’une ville du comté de Simcoe sur la Baie Georgienne. Son port la relie à plusieurs villes des grands lacs. « Penetaguishené » est reconnu comme l’un des plus anciens sites historiques du Canada. Champlain et le P. le Caron y séjournèrent en 1615, de même que les pères Brébeuf et Lallemant, S.J., quelques années plus tard.

Encyclopédie Grolier.

PÉRIBONCA
Péribonca pour périwanga (rivière creusant dans le sable). Algonquin, cris, tête-de-boule.
Racines : Per, pen : ôter, descendre ; anga : sable.

Péribonca est le nom de deux rivières, la petite et la grande Péribonca, qui versent leurs eaux dans le lac St-Jean, et le nom d’une paroisse du diocèse de Chicoutimi.

Péribonca s’est fait connaître surtout depuis que Louis Hémon y a écrit le roman « Maria Chapdelaine ». On a élevé un monument, sur les bords de la rivière, à l’auteur de ce livre.

En 1679, Louis Jolliet, accompagné du Père Antoine Silvy, S.J., et huit coureurs des bois, remonta la rivière Péribonka, quand, sur l’ordre du gouverneur Frontenac, il se rendit à la Baie d’Hudson, faire enquête sur les forces des positions anglaises. Il apprit par des Indiens que les Anglais y avaient déjà quatre forts, défendus par 60 hommes. Il constata que ces forts n’étaient pas difficiles à enlever, les Anglais croyant impossible une attaque venant de l’intérieur du pays.

Histoire du Saguenay, p. 89.
Along Quebec Highways 1930.
PETAIKAN
Petaikan pour pitaikan (loge de castor brisée) Cris.
Racine : pitaikew : il brise sa loge.

Petaikan est un village de la Saskatchewan, situé à mi-chemin entre les rivières Carrot et Saskatchewan.

PETAWAWA
Petawawa pour Petwewe (On entend le bruit (des chutes des rapides), le bruit vient jusqu’ici) Cris,

Petawawa est le nom d’un village du comté de Renfrew et d’une rivière ontarienne qui arrose le Parc Algonquin et se jette dans l’Outaouais, près de l’île des Allumettes.

Pendant la guerre (1939-1945) de gouvernement y établit un camp d’entraînement et un camp de concentration.

PICHIW
Pichiw (loup-cervier, lynx) Cris, tête-de-boule.

Ce mot indien, qui se prononce pichiou, est passé depuis longtemps dans la langue française du Canada. Il signifie « soulier de caribou » ou « soulier sans semelle ». Il s’emploie également comme terme d’affection, en parlant à un enfant. Ex : Maman l’aime son petit pichou.

Glossaire du Parler Français au Canada, p. 512.

PICHIW OSKIJIK
Pichiw oskijik (l’œil du loup-cervier) Cris.
Racines : Pichiw : loup-cervier, lynx ; oskijik : son œil.

Pichiw oskijik est le nom d’un lac et d’une rivière de la Province de Québec, qui se trouvent sur la route de canot allant au lac Obatakoman (Le lac des détroits).

Le loup-cervier est de la famille des félidés. Cet animal aux yeux perçants, aux griffes redoutables, se piège comme la martre, en déposant l’appât sous un petit abri, au pied d’un arbre. Poursuivi, le loup-cervier devient infatigable ; il fuit en décrivant un grand cercle qu’il suit sans cesse. Le chien parvient cependant à le faire grimper dans un arbre. On donne le nom de loups-cerviers aux capitalistes trop ambitieux.

PIEKOUAGAMI
Piékouagami pour pakwagami (lac peu profond, plat) Montagnais, cris.
Racines : pâk : peu profond ; kami : eau, lac.

C’est ainsi que les anciens Indiens appelaient le lac Saint-Jean, cet immense bassin d’eau à qui le Saguenay sert de déversoir. Le lac Saint-Jean mesure 23 milles de longueur par 20 de largeur, ce qui lui donne une forme presque ronde. En 1926 on a remonté ses eaux de plusieurs pieds en construisant, à la sortie de ce lac, le gigantesque barrage de l’Île Maligne. On prenait cette mesure dans le but de créer un réservoir d’eau plus considérable. Mais il semble que ce fut une erreur, car le « lac plat » est redevenu, après 30 ans, le lac plat, c’est-à-dire peu profond. Des bans de sable, charroyés par les nombreuses rivières qui l’alimentent, ont rempli le lac à nouveau et il ne contient pas plus d’eau qu’autrefois. À ce point qu’on a dû récemment créer des réservoirs d’eau beaucoup plus loin : aux Passes dangereuses et sur la rivière Péribonca, et construire à ces endroits de nouveaux barrages aussi coûteux que le premier.

Bref, au lieu de relever les eaux du Lac St-Jean — ce qui a occasionné le sacrifice inutile de 14, 000 âcres de terre en culture et la ruine de beaucoup d’agriculteurs — il eut mieux valu construire tout de suite ces barrages au bon endroit.

Le P. Jean de Quen, s.j., fut le premier blanc à contempler cette nappe d’eau (le 16 juillet 1647) ; jusqu’à ce temps les Indiens avaient empêché les blancs d’y pénétrer en exagérant, à dessein, les dangers de la navigation sur la rivière, à cause de ses chutes, de ses précipices,  etc. Ce qui décida les montagnais à conduire le P. De Quen à ce grand lac, c’est qu’il y avait plusieurs malades qui demandaient le secours du saint ministère.

Le P. Albanel signale que les Montagnais défendaient jalousement leurs rivières, parce que pour eux « les rivières sont ce que sont pour les Français les champs, dont ils tirent leur subsistance, par la pêche, la chasse, le trafic ». Il existe dans le lac Saint-Jean un poisson dont la réputation locale est grande, la ouananiche, qui n’est qu’un saumon adapté à la vie en eau douce. Le Frère Marie-Victorin au cours d’études botaniques effectuées sur les rives de ce lac, a découvert toute une florule de plantes maritimes prouvant qu’une mer a hanté jadis ces rivages.

Histoire du Saguenay depuis l’origine jusqu’à 1870, pp. 13 et 64.
Rédaction 1672 Édit. Thwaites, L. VI, p. 172.
PIKANAK
Pikanak pour pakânâk (noyer) Algonquin.

Nom d’un affluent de la rivière Gatineau, province de Québec. Les Indiens avaient l’habitude de faire leurs arcs avec le noyer dur, qu’ils appelaient mitikwabak, bois à arc, ce bois est susceptible d’un beau poli.

Les noyers sont de grands arbres produisant des noix grosses comme des œufs de poule ; pékan : noix.

PIKAUBA
Pikauba pour pikobaw (menues broussailles) Cris, tête-de-boule, montagnais.
Racines : Pik : menu, fin ; kobaw : broussailles ; wabi : blanc.

(La carte du père Laure donne ouapikoupau : « broussailles blanches » ; abi : blanc ; kobaw : broussailles).

Pikauba est le nom d’une rivière qui se décharge dans le lac Kénogami, région du Saguenay.

PIKO RIVER
Piko River (rivière de la poudre) Cris.

C’est un cours d’eau dans les forêts du nord de la province de Québec.

J’ai souvent vu des Indiens, manquant d’allumettes, mettre une pincée de poudre dans une guenille sèche et la faire exploser, puis se hâter d’allumer leur pipe.

Au début de ma vie missionnaire, l’on voyait à chaque poste de la Compagnie de la Baie d’Hudson, des petits hangars, éloignés de toute habitation, où l’on remisait les barils de poudre, car alors il n’y avait pas de cartouches. Chaque chasseur était muni d’une corne de poudre et d’une jolie trousse contenant ses plombs et ses balles. Tout cet attirail décorait sa personne car c’était supporté par deux bandes de couleur partant de ses épaules et se croisant sur la poitrine. Ainsi orné, et tenant un long fusil, le chasseur indien, aux yeux noirs et vifs, était beau à voir et semblait invincible.

PIKWAKONAGAK
Pikwakonagak (la butte, le mûlon de neige) Algonquin.
Racines : Pik, pikwak : gros en bosse, arrondi ; konaga : neige.

Pikwakonagak est l’ancien nom de la réserve indienne de Gordon Lake, et le nom d’un lac de la Gatineau supérieure, dans le Québec.

PIMITCHANGA
Pimitchanga (le côté sablonneux) Algonquin.
Racines : Pimitch, le côté, un côté, de travers ; anga : sable.

Pimitchanga est le nom d’un lac du Québec, dans le comté Gatineau, lequel a bel et bien une rive sablonneuse et des bancs de sable d’un seul côté.

PIMITCHIGAMA
Pimitchigama (le lac travers) Algonquin, cris.
Racines : Pimitch : de côté, un côté, de travers ; gama : lac, étendue d’eau.

Quelques lacs de nos forêts sont ainsi nommés.

PINAWA
Pinawa pour pinahwa (il est peigné) Cris, tête-de-boule.

Mission desservie par les Franciscains de la paroisse Lac-du-Bonnet, archidiocèse de St-Boniface, Manitoba.

PIPMAUGAN
Pipmaugan pour pipmogan (flèche) Montagnais.

C’est le nom d’un grand lac de la rivière Betsiamites, où les Iroquois furent défaits par les Montagnais, au dire de ceux-ci. Ce lac de 90 milles de longueur est alimenté par plusieurs cours d’eau qui prennent leur source au pied du Mont Watshish (petite montagne).

La flèche, arme primitive de l’époque des archers, fut si longtemps l’outil principal de l’Indien, pour la chasse et la guerre, que d’une certaine manière elle le caractérise. Aujourd’hui encore leurs enfants lancent avec adresse des flèches aux lièvres, aux perdrix, aux pluviers, aux bécassines ; et tous les enfants du monde qui veulent jouer à l’Indien se fabriquent un arc et des flèches.

PITAWAGAMA
Pitawagama (lacs parallèles, étendue d’eau parallèle) Cris, algonquin.
Racines : Pitaw et pito : double ; gama : lac, étendue d’eau.

Le lac Pitawagama, long de 16 milles, longe le lac Baskaton ; ces deux lacs sont une partie des eaux de la rivière Gatineau qui débouche à Hull en face d’Ottawa.

PITOBIK — BITOBIK
Bitobik (espèce de marais formé par l’eau d’une rivière qui se répand dans les terres voisines par les endroits bas de ses bords).

Les bitobik sont nombreux. À Maniwaki, la rivière Désert forme un bitobik. Tout près de là, sur la réserve indienne, on a donné ce nom à un beau lac.

PONOKA
Ponoka (la biche) Pied-noir.

Ponoka est le nom d’un lac et d’une ville du comté de Red Deer, en Alberta, située sur la rivière Bataille, à 64 milles d’Edmonton. Ses principales industries sont l’agriculture, l’élevage et la coupe du bois.

Le lac La Biche avait été visité par MM. Thibault et Bourrassa au moins une fois par an depuis 1851. Le Père Lacombe y donna aussi une Mission en 1852, Ce dernier, harcelé par un prédicant méthodiste qui se rendait aussi au lac La Biche, ne pouvant prolonger son séjour au milieu des peuples qu’il avait visités, les confia à Marie sous son glorieux titre de « Notre-Dame des Victoires. » Comme pour prendre possession de ce beau pays, il planta la croix sur une île située au milieu du lac. Le Père Rémas, plein de zèle et de courage, s’estima heureux d’aller continuer l’œuvre si généreusement lancée. Le dénuement, dans lequel il se trouva d’abord, lui imposa de nombreux sacrifices pour préparer la victoire sur l’hérésie et l’infidélité.

Mgr A. TACHE, O.M.I., Vingt ans de Missions du Nord-Ouest de l’Amérique.
POONICHUAN
Poonichuan pour ponidjiwan (la fin du courant, le pied du courant) Cris.
Racines : Pon : fin, cessation ; djiwan : courant.

Poonichuan est le nom d’une baie au sud et à la tête du lac Mistassini, district de la Baie James province de Québec.

POVUNGITOK
Povungitok (endroit qui n’est pas gonflé) Esquimau.
Racines : Povak : poumon ; povatok : gonflé ; ngi : négation.

Probablement à cause du manque de vent pour les bateaux à voile.

(D’après Steiman, o.m.i., ce mot signifierait « la rivière qui pue », en souvenir des massacres de caribous qui s’y faisaient fréquemment autrefois.)

Povungitok, poste esquimau situé sur le littoral de la Baie d’Hudson, entre Ivuyivik et Harrison, c’est-à-dire du côté est. Les Esquimaux de l’endroit sont renommés pour leurs sculptures sur « saponite » ou pierre savon.

A. THIBERT, O.M.I.

POWASSAN
Powassan pour pawasin (agité par le vent) Algonquin.
Racines : Paw : agiter, secouer ; asin : vent.

Powassan, village et lac du district de Parry Sound, dans l’Ontario, situé au sud-est du lac Nipissing, sur la ligne Ontario Northland. Les principales industries de la région sont l’agriculture, l’exploitation forestière et la chasse.

PUGWASH
Pugwash (peu profond une rivière, un lac) Micmac.

Nom d’une paroisse de l’archidiocèse d’Halifax et d’un port de mer en Nouvelle-Écosse. Pugwash est situé sur le détroit de Northumberland et est desservi par le Canadien National. La pêche et l’exploitation de carrières de pierre de construction en sont les principales industries.

PUKATAWAGAN
Pukatawagan pour pakitawagan (endroit de pêche) Cris, algonquin.
Racines : Pakitawaw : il tend des filets, gan terminaison nominale.

Pakitawagan cest une mission du Vicariat Apostolique du Keewatin, Manitoba.

La pêche d’été est un sport agréable et un délassement. Hélas, il n’en est pas ainsi de la pêche d’hiver sous la glace, laquelle devient un très pénible labeur. L’Indien s’y condamne par nécessité et pour ne pas mourir de faim.

La méthode traditionnelle pour tendre un filet dans l’eau est la suivante. L’on pratique d’abord des trous dans la glace, à distances égales. L’on introduit ensuite dans le premier trou une longue perche, que l’on pousse, avec la main, d’un trou à l’autre, jusqu’au dernier. À cette perche est attachée une longue corde, qui suit nécessairement le même trajet. Enfin, au bout de la corde est attaché le filet. Lorsque la perche atteint le dernier trou, on la retire de l’eau ; on tire ensuite sur la corde, jusqu’à ce que le filet soit rendu à ce terme. Alors il se trouve tendu de tout son long et retenu à chaque bout par de bonnes attaches.

J’ai vu des indiennes enlever les poissons de ces filets. Je demandais à l’une d’elles : « Vous avez grand froid aux mains ? — Non, me dit-elle, c’est froid seulement quand je sors les mains de l’eau ». Et sans se hâter, elle continua à enlever un à un ses poissons qu’elle jetait sur la neige. Ils se tordaient et prenaient en gelant les poses les plus comiques.

Le P. Charlevoix a laissé un récit fort intéressant dans une lettre à la duchesse de Lesdiguières : « Ces peuples (les Indiens) ont une adresse merveilleuse à darder les poissons dans l’eau, surtout dans les rapides. Ils pêchent aussi avec la seine et ils s’y disposent par une cérémonie assez bizarre. Avant de se servir de ce filet, ils le marient avec deux filles vierges et pendant le festin de noce, ils le placent entre les deux épouses. On l’exhorte ensuite fort sérieusement à prendre beaucoup de poissons et on croit l’y engager en faisant de grands présents à ses prétendus beaux-pères. »

R.P. PACIFIQUE, O.M.I., Cap., Études Historiques et Géographiques, p. 228.
PWAGAN
Pwagan pour opwagan (pipe, calumet) Algonquin.

Voir le mot WETASKIWIN).

PYTHONGA
Pythonga pour pitchanga et pitchawanga (il y a long de sable) Algonquin.
Racines : Pitcha : long ; anga : sable.

Ce sable fut charrié par les eaux, à cause de la rupture d’un barrage qui vida et assécha des lacs en amont.

Pythonga est le nom d’un club et d’un lac long de 16 milles. Il contient dans ses eaux des truites grises pesant 30 et même 40 livres. Il se déverse dans la rivière de L’Aigle et finalement dans la rivière Désert, Comté Gatineau, province de Québec.

QUÉBEC
Québec (rétrécissement, détroit).

Dans la plupart des langues indiennes on retrouve ce sens. Les Iroquois appellent Québec Tekiatontarikon « deux montagnes qui se rejoignent » ; les Algonquins wabitikweiang « au rétréci de la rivière », les Micmacs Gépeg : « rétrécissement, détroit. » Seuls les Tête-de-Boule appelle Québec Kapawin, « débarcadaire ».

La Compagnie de la Baie d’Hudson dans sa revue « The Beaver » et le Père Arnaud, O.M.I. écrivent : « Quand Champlain arriva avec ses navires en face de Québec, les Indiens sur le rivage, naturellement, invitèrent les Français à venir à eux disant : Kabek, Kabek : débarquez, débarquez. »

Québec est le nom d’une province canadienne, d’un comté et d’une ville. La ville de Québec, fondée par Champlain en 1608, est la plus ancienne du Canada. Elle a gardé son cachet antique et pittoresque par ses rues étroites et montantes, par ses maisons à style français. Elle a su garder ses reliques du passé : remparts, tours de garde, citadelle, portes et murailles, plaines d’Abraham. Tout parle de son origine, de ses luttes, de son histoire et de sa foi. En 1659 Québec recevait Mgr de Laval, premier évêque de l’Amérique du Nord. Québec est l’église-mère du Canada et d’une majeure partie des États-Unis, et le point de départ de la civilisation et de l’évangélisation des peuples de l’Amérique du Nord.

Québec, capitale d’une province qui lui doit son nom, est bâtie sur un promontoire de 330 pieds, sur la rive nord du fleuve Saint-Laurent, au confluent de la rivière Saint-Charles. La haute-ville occupe la partie où jadis s’élevait le village indien de Stadaconé.

N.O., p. 93 Voir le mot Toronto, à propos de ce traducteur.

QUICHICHOUANE
Quichichouane pour kitchidjiwan (le grand courant) Cris, algonquin.
Racines : Kitchi : grand, gros : djiwan : courant.

Kitchidjiwan est le nom indien de la rivière Albany, Baie James. Les Anglais changèrent son nom en établissant un fort de traite, à l’embouchure du Fishig Creek. Pierre d’Iberville s’en empara en 1686, et les Canadiens changèrent le nom en celui de Fort Ste-Anne. Le P. Silvy, s.j., note qu’ils avaient pris Sainte Anne « pour patronne du voyage et de l’entreprise. »

C’est près de ce fort, en 1693, que fut tué le P. Dalmas, s.j. Une grande partie de la garnison avait péri de faim et de maladie, faute de ravitaillement. Le commandant et quatre soldats encore vivants étaient allés à la chasse aux outardes. Pendant leur absence, l’armurier Guillory tua le chirurgien. Après avoir servi la messe du Père, le meurtrier découvrit son crime et la crainte qu’il avait d’être puni lui-même et mis à mort, dès le retour de ses compagnons. « Je vous promets, répondit le Père, de m’y opposer autant que je le pourrai, mais je vous exhorte à reconnaître devant Dieu l’énormité de ce crime, à lui demander pardon et à en faire pénitence. » Le Père s’offrit à aller au devant des chasseurs pour les adoucir. Mais à peine était-il sorti du fort, que l’armurier se mit en tête que le Père le trompait ; il prit sa hache et son fusil et courut après lui. L’ayant rejoint, il l’accusa de traître et le blessa d’une balle. Pour se soustraire à la fureur de l’assassin, le religieux se jeta sur une glace flottante. Le meurtrier y sauta après lui, l’assomma de deux coups de hache et noya son corps sous la glace. C’était le 3 mars 1693.

Cent soixante et un ans plus tard, les Pères Oblats prirent charge des Indiens d’Albany. Leurs premiers missionnaires furent les pères Garin, Laverlochère et Nédelec. En 1892, les Pères F. X. Fafard et J. E. Guinard (l’auteur de cet ouvrage) y établirent une résidence. L’année suivante, le P. Fafard remontait la rivière Albany jusqu’à Fort Hope 30 milles. De son côté, le P. Guinard suivait la grève ouest de la Baie James et missionnait jusqu’à Winisk sur la Baie d’Hudson.

L. LE JEUNE, O.M.I. Dictionnaire général de biographie.
Archives de la mission d’Albany.
RICHIBOUCTOU
Richibouctou pour kitchipogteo ou gtjipotog (gros feu) Micmac.
Racines : Kitchi ; gtji : gros, grand ; bougteo : feu.

Richibouctou est le nom d’un village et d’une rivière du Nouveau-Brunswick. À marée haute, la rivière devient navigable sur une distance de 15 milles, sa longueur étant d’environ 40.

Richibouctou eut pour curé en 1820, François Norbert Blanchet. On retrouve plus tard ce prêtre zélé avec son confrère Modeste Demers, sur les lointains rivages de l’Orégon. Au début leur apostolat connut un succès appréciable, mais par la suite les résultats devinrent moins consolants. Pour infuser plus de vie à cette mission lointaine, un acte de Rome, daté du premier décembre 1843, érigea en Vicariat Apostolique la contrée de l’Orégon et en confia l’administration à l’abbé Norbert Blanchet, qui fut sacré à Montréal le 25 juillet 1845. L’année suivante il devenait le métropolitain d’une province ecclésiastique, avec résidence à Orégon City. Son archidiocèse embrassait tout l’Orégon actuel, avec juridiction provisoire sur le diocèse de Nesqually. Ses deux suffragants furent son frère Magloire Blanchet, promu évêque de Walla-Walla, et son ami Modeste Demers nommé au siège de Vancouver.

L. LE JEUNE, O.M.I., Dictionnaire général de biographie.
R.P. PACIFIQUE, O.F.M., Cap. Études hist. et Géographiques. pp. 215, 267.
RIMOUSKI
Rimouski pour animouski (cabane à chien) Algonquin, tête-de-boule.
Racines : Animous : chien ; ki : demeure.

Je n’accepte pas l’opinion de ceux qui traduisent Rimouski, par « terre de l’orignal ». Pour leur donner raison, il faudrait écrire : mousaki : (algonquin) ou mousaski (cris).

Rimouski est le nom d’un comté, d’une rivière et d’une ville dans le Québec. La ville de Rimouski est située sur la rive sud du golfe Saint-Laurent, à six milles de la Pointe-au-Père où les pilotes prennent charge des transatlantiques pour les conduire dans le chenal du St-Laurent. La ville de Rimouski est remarquable par ses riches institutions qui en font la Reine et comme la capitale du bas-St-Laurent. Siège d’un archidiocèse, centre d’études de tous genres, base aérienne et base navale, elle rend au commerce, à l’industrie et à l’agriculture de toute une région des services très appréciable.

C’est un peu en amont de cette ville qu’eut lieu, le 15 juillet 1628, le combat naval entre les Kirke et Claude Roquemont qui commandait la flotte des Cent Associés. Les Français se rendirent après avoir épuisé leurs projectiles et même les plombs de leurs lignes de pêche.

Le premier missionnaire de Rimouski fut le P. Jean-Baptiste de la Brosse, s.j. (1767-1781). Il raconte dans ses notes : parti de Chicoutimi après les fêtes du jour de l’an 1776, pour me rendre à Rimouski où je voulais faire l’office de Pâques, je me suis mis en route quatre fois, mais je fus ramené sur place par le vent et la température contraire, et enfin, Dieu le voulant ainsi, je fus terrassé par la maladie. » Rimouski eut sa seigneurie comme maints endroits de la Nouvelle-France. Elle fut concédée en 1694 au Sieur Augustin Rouer de la Coudonnière qui, six ans plus tard, la vendit à René Le Page de Ste-Claire.

Hist. du Saguenay depuis l’origine jusqu’à 1870, p. 140.
R.P. PACIFIQUE, O.F.M., Cap., Études hist. et géographiques.
L. LE JEUNE, O.M.I, Dictionnaire général de biographie.
RISTIGOUCHE
Ristigouche pour mistikocj (petits arbres, petit bois) Cris, tête-de-boule.
Racines : Mistik : bois ; och : le diminutif.

Le R.P. A. Lacombe, O.M.I., donne la même signification. (Dict. cris, p. 708) Selon un tract publié à Ottawa en 1914, le mot Ristigouche serait composé de deux mots micmacs ; listo et gotjg qui signifient « désobéis à ton père », et cela aurait été le cri de guerre de l’ancien chef micmac Tonel, contre un parti d’Iroquois qui fut exterminé. Selon moi, c’est aller chercher trop loin la signification de Ristigouche qu’on défigure sans raison valable.

Ristigouche, dans la province de Québec, est aujourd’hui le principal établissement des Micmacs. Avant la venue des blancs, ces Indiens habitaient les rives de la Baie des Chaleurs et des rivières Ristigouche et Matapédia. Depuis 1894, les Pères Capucins desservent cette paroisse, fondée en 1745, Les Micmacs ont beaucoup de vénération pour sainte Anne et la considèrent comme leur Reine. Leur église est un lieu de pèlerinage. Le R.P. de la Brosse, s.j. écrit dans ses notes qu’en 1772, après avoir visité la mission de Ristigouche, il a « béni solennellement une belle chapelle en l’honneur de Sainte-Anne ». Au temps de la conquête anglaise, Ristigouche fut témoin du dernier combat entre les frégates françaises, qui avaient cherché refuge dans le port, et les vaisseaux anglais qui les poursuivaient. Cette bataille navale eut lieu le 6 juillet 1760. Après leur victoire, les troupes anglaises débarquèrent, brûlèrent l’église et deux cents maisons.

Antoine BERNARD, La Gaspésie au Soleil, p. 225.
R.P. PACIFIQUE, O.F.M. Cap., Études hist. et géographique, p. 188.
SAGAMO
Sagamo (c’est cloué, attaché, fixé) Cris.

Nom que les tribus indiennes donnaient à leurs « grands chefs, leur capitaines ». En Acadie, le titre de Sagamo allait à l’aîné de la famille la plus puissante et la plus nombreuse. Néanmoins cette haute dignité était en principe élective et non héréditaire. Il reste que le Sagamo était l’homme « fixe » et d’une certaine manière inchangeable. Ses attributions étaient d’entretenir les chiens de chasse, de construire les canots de pêche, d’approvisionner la tribu entière, de régler les litiges, de déclarer la guerre et de la diriger. Le Sagamo présidait les conseils ou assemblées de la tribu, recevait les ambassadeurs étrangers, s’associait aux autres Sagamos d’une même fédération pour toutes les question d’intérêt général. De Sagamo les Français et les Anglais ont formé le mot sachem.

Bibl. R. S. Thwaites, ptre Jes. Rel. t. 73 Cleveland, 1903 cité par le R.P. LE JEUNE, O.M.I., Dictionnaire général de biographie.
SAGLUK
Sagluk (mensonge) Esquimau.

Sagluk poste de traite du détroit de la Baie d’Hudson, péninsule de l’Ungava. Les Esquimaux l’ont probablement ainsi dénommé parce que les environs sont trompeurs. Le poste fait de bien maigres affaires en matière de fourrures. Il a son poste émetteur de radio commercial.

A. THIBERT, O.M.I.

SAGUAY
Saguay pour saki (embouchure) Algonquin.
Racines : Saki : sortie, embouchure (d’une rivière).

Nom d’une paroisse du diocèse de Mont-Laurier, province de Québec.

SAGUENAY
Saguenay pour sakini (son embouchure, sa sortie) Algonquin, tête-de-boule, montagnais.
Racines : Saki : embouchure d’une rivière ; ni exprime le possessif.

M. J. A. Burgesse écrit (30 mai 1949, document de la S. Hist. du Saguenay, cité dans la préface du présent volume) : « Je ne connais aucun nom géographique de notre région (saguenéenne) qui ne soit pas de langue montagnaise, si ce n’est le mot SAGUENAY. Il est absolument certain que, s’il y a eu d’autres races au Saguenay avant les Montagnais, celles-ci n’ont laissé aucune trace de leur passage dans les noms géographiques, lesquels sont tous de langue algonquine, c’est-à-dire la langue mère de tous les dialectes des Indiens des bois : que ce soit le Cris, le Montagnais, l’Algonquin, l’Abénaquis, le Micmac, l’Outaouais, l’Otchipwé, etc.

Il est universellement admis, parmi les ethnologues, que les Montagnais — Naskapi habitent la région du Saguenay depuis longtemps (2,000 ans, selon quelques-uns). On se base sur les mœurs et non sur la langue pour l’affirmer. Nous savons qu’il n’y a pas eu de migrations parmi les Montagnais depuis l’arrivée des blancs, sauf peut-être un petit déplacement temporaire à cause des incursions des Iroquois ; mais nous savons également que la langue qui se parlait à l’époque du père de Crespieul n’était pas tout à fait celle qui se parle aujourd’hui. Elle ressemblait plutôt à la langue dite crise de la Baie James et du lac Mistassini.

« Certains ethnologues croient que ce changement est dû à l’extinction des populations entre la période 1700-1720, lors de l’abandon des postes et des ravages de la peste…

« Bref, il n’y a pas de noms géographiques de notre région qui sont autre chose que du montagnais ancien ou moderne. »

Le Saguenay est un tributaire du Saint-Laurent. Un trait caractéristique du Saguenay c’est son fjord, un bras de mer sinueux d’une largeur moyenne d’un mille et d’une longueur de 75, encaissé entre des rochers à pic qui, à certains endroits, dépassent 1500 pieds de hauteur. Il donne l’impression d’une majesté mystérieuse et farouche, plus propre à émouvoir le voyageur qu’à attirer le colonisateur. Sa profondeur dépasse généralement 800 pieds. À 50 milles de son embouchure, il se divise en deux, formant au sud la Baie des Haha et au nord le « bras du Nord » ou de Chicoutimi. Il est navigable à eau profonde jusqu’au fond de la Baie des Haha et, par un chenal entretenu, jusqu’à la ville de Chicoutimi. Ce n’est qu’aux termes de le navigation que les rives du Saguenay s’adoucissent et deviennent hospitalières, L’entrée du Saguenay est dangereuse à cause des courants occasionnés par les marées. Jacques Cartier faillit y perdre l’un de ses navires, l’Émerillon. Le premier prêtre qui parcourut les bords du Saguenay, habités par les Montagnais, fut le Père Dolbeau, récollet (1615) ; son zèle le poussa à s’enfoncer dans la forêt dès son arrivée de France. Le 30 octobre 1844, l’Archevêque de Québec Mgr Signay confiait aux Oblats la desserte des établissements et l’évangélisation des Indiens dans le territoire du Saguenay, avec résidence à Saint-Alexis de Grande-Baie.

Histoire du Saguenay depuis l’origine jusqu’à 1870, p. 6, 36, 222.
SAKAMITÉ ou SAGAMITÉ
Sakamité pour kijakamité (eau chaude) Indien.
Racines : Jig : chaud ; kami : eau.

Mot passé dans le langage canadien pour désigner une espèce de brouet ou aliment presque liquide.

Les Indiens ne donnent à aucun de leur potage ou ragoût le nom de sakamité. Ce mot doit son origine à une méprise, ou à quelqu’un qui ignorait la langue indienne.

SAKIMAY
Sakimay pour sakimé (maringouin) Cris.

Sakimé est une mission desservie par la paroisse de Marieval, archidiocèse de Régina en Saskatchewan.

SAPAWE
Sapawe pour nisabawe (noyade, mot à mot, il est tué par l’eau) Algonquin.
Racines : Nisa : tuer : abawe : par l’eau.

Nom d’un tout petit village de la région du lac Supérieur en Ontario.

SASKATCHEWAN
Saskatchewan pour Saskadjiwan (courant du dégel) Cris.
Racines : Saska : dégel ; djiwan : courant.

Dans son Dictionnaire de la langue crise, le père Albert Lacombe O.M.I. propose comme traduction : « Saskatchewan pour Kisiskadjiwan « courant rapide ». (de Kisiska : il marche vite ; djiwan ou tchewan : courant). »

Saskatchewan est le nom d’une grande rivière et d’une province de l’Ouest canadien. En fait, la rivière Saskatchewan est une eau d’un dégel, naissant directement d’un champ de glaces éternelles, au cœur des Montagnes Rocheuses.

La rivière Saskatchewan parcourt les prairies et se jette dans le lac Winnipeg. Il existe également, au sein des Rocheuses, le mont Saskatchewan dont l’altitude atteint 10, 970 pieds.

Une partie de la Saskatchewan ressemble à un désert ; car le sol est d’une poussière fine qui reste dénudée aux époques de sécheresse et se laisse emporter jusqu’aux nues par les tempêtes fréquentes de cette région. Une croûte d’humus a donné de belles récoltes, mais la fécondité n’a pu se maintenir.

Dans son ensemble, cependant, la Saskatchewan est tellement fertile qu’on l’appelle avec raison : « la province du blé ». Elle devient même la province des huiles, à cause des immenses dépôts pétrolifères qu’on y découvre de nos jours.

A. LACOMBE O.M.I. Dictionnaire de la langue crise.
A-G. MORICE, O.M.I., Hist. de l’Église Cath. dans l’ouest Can. V. I. p.229.
SASKATOON

Saskatoon est le nom d’un bon petit fruit très commun dans l’Ouest canadien. On devrait l’appeler « petite poire ». C’est le produit d’un arbuste ressemblant à un frêle cerisier qui n’a généralement qu’une quinzaine de pieds de hauteur ; les noyaux de son fruit sont nombreux et fins comme des grains de sable.

Saskatoon est aussi le nom d’une ville très moderne, située au centre de la province de Saskatchewan, où, comme un nœud, se réunissent plusieurs voies ferrées transportant la farine, les blés, les animaux à boucherie de l’Alberta et de la Saskatchewan. Ses élévateurs à grain peuvent entreposer plus de 5 millions de boisseaux. La ville de Saskatoon est bâtie sur le sable et entourée de sable. Ce sable ressemble aux noyaux des fruits de l’arbre saskatoon ; cette ressemblance explique peut-être l’origine du nom.

L. J. SWEENEY, O.M.I., 1946.

SAWAIAN
Sawaian pour osawian (plante à racine jaune et poilue) Cris, algonquin.
Racines : Osaw : jaune ; waian : velu.

Le mot est passé dans la langue française du Canada. On le prononce sawéniane, sawiane, savoyane. La sawaian, une très petite plante à trois feuillets, dont la racine sert à teindre en jaune, est employée comme médicament, contre les maux de bouche. Ses fils jaunes et poilus justifient pleinement son nom. Les Algonquins l’appellent objibik « racine jaune ». Ils la mâchent dans leurs longues marches ; ils disent qu’elle guérit les lèvres gercées, donne de l’appétit,  etc.

SAYABEC
Sayabec pour Siapeg (prolongement du lac, petit golfe) Micmac.

Paroisse du diocèse de Rimouski, située sur la petite rivière Saint-Pierre, près du lac Matapédia.

R.P. PACIFIQUE, O.F.M., Cap., Étude historique et géographiques, p. 100.
SEBEC
Sebec pour sepeg (passage étroit) Micmac.

Nom géographique sur la rivière Cascapédia, province de Québec.

R.P. PACIFIQUE, O.F.M., Cap. Étude historiques et Géographiques, p. 100.
SECHELT
Sechelt (sauter par dessus) Déné.

Sechelt est le nom d’une tribu indienne de la Colombie. Le Père A. G. Morice, O.M.I., inventa pour ces Indiens, et tous ceux de la Colombie, un système d’écriture semblable à celui que le ministre protestant James Evans avait inventé pour les Cris ; mais plus perfectionné et rendant adéquatement les sons de la langue dénée, si compliquée. Les différents dialectes des Indiens de cette province ont pour ainsi dire les mêmes racines.

A. G. MORICE, O.M.I., Histoire de l’Église catho. dans l’Ouest Canadien V. III, p. 348.
SESEMATTAWA
Sesemattawa pour siswemattawa (rivière formant plusieurs confluents) Cris, algonquin.
Racines : siswe : dispersion, se répandre de côté et d’autre. Mattawa : confluent.

Sésémattawa est une rivière de l’Ontario Nord. Elle déverse ses eaux dans le fleuve Weenisk, lequel débouche dans la Baie d’Hudson, versant ouest.

En algonquin, les premiers mots du chant de l’Asperges sont : Siwebikandewicin Tebenimin ni kitci piniteeian : « Aspergez-moi d’eau, Seigneur, afin que j’aie le cœur pur. »

SHAWANAGA
Shawanaga pour Shawanakam (la rive sud) Cris, algonquin.
Racines : Shawan : sud ; akam : rivage, bord de l’eau, rive.

Shawanaga est une mission indienne du diocèse de Peterborough, province d’Ontario.

SHAWINIGAN
Shawinigan pour ashawenikam (portage anguleux) Tête-de-boule, algonquin, cris.
Racines : Asjawé : anguleux, formant un angle ; onikam : portage.

Shawinigan est le nom d’une chute et d’une ville industrielle sur la rivière Saint-Maurice. D’après les relations des Jésuites, ce territoire fut grandement bouleversé lors du tremblement de terre de 1663.

Shawinigan est la ville reine des Laurentides. Déjà en 1929, le Bureau fédéral de la Statistique lui accordait le 3e rang dans la province de Québec pour la valeur de sa production. Elle avait alors 24 grandes industries. Les principales sont : les usines à papier de la Belgo ; l’Aluminium Company of Canada ; la Shawinigan Water & Power, (en 1943, la distribution de son électricité dépassait 7,343,000,000 Kilowatts-heure) : la Shawinigan Chemicals dont les édifices couvrent 25 acres ; la Canadian Carborandum, dont les ouvriers revêtus d’amiante se démènent dans la chaleur intense des fourneaux et l’éclat éblouissant du produit en fusion ; la filature de la Shawinigan Cotton avec ses 600 métiers ; la Canadian Industries Limited, où l’on fabrique le cellophane.

Ces industries et les autres appelaient une École Technique où l’on prépare la main d’œuvre ; on y donne des cours de mathématique, de chimie, de dessin industriel, de mécanique, d’électricité, etc.

Gérard FILTEAU, L’Épopée de Shawinigan, p. 88.

SHEGUIANDAH
Sheguiandah pour shéwiandak (s’introduire, se fourrer sous les branches de conifères) Algonquin, cris.
Sek : fourrer, introduire, mettre entre ; andak : feuillage des arbres toujours verts ; se dit aussi des branches et quelquefois de l’arbre lui-même.

Sheguiandah, mission indienne desservie par les pères Jésuites, province d’Ontario.

SHIPAGAN
Shipagan (passage) Micmac.

Shipagan est le nom d’une île située à l’ouest de la Baie des Chaleurs au sud de l’île Miscou. C’est encore le nom d’une paroisse au diocèse de Bathurst, Nouveau-Brunswick, et d’un détroit où on fait la pêche à l’éperlan.

R.P. PACIFIQUE, O.F.M., Cap. Étude Hist. et Géog. p. 201.
J. A. CUOQ, Lexique de la langue algonquine.
SIKIP
Sikip pour sikkip (poule d’eau) Cris.

Nom d’une desserte sur le Meadow Lake, en Saskatchewan.

La poule d’eau ou gallinule est un oiseau aquatique qui fait son nid dans les roseaux, au bord des marais, des étangs et des petites rivières. Ses ailes et sa queue sont courtes, ses pattes longues et vigoureuses. Ce gibier est difficile à chasser en raison de la rapidité avec laquelle il court et plonge. On prétend que son cri annonce la pluie.

SISIPUK
Sisipuk pour chichibak (canards) Cris.

Sisipuk est le nom d’un lac du Manitoba dont les eaux se déversent dans le fleuve Churchill.

Le canard sauvage est un oiseau aquatique, palmipède, à bec d’oie. Il est nerveux, agité et bavard. Les indiens imitent son cri à la perfection. Sur terre, les canetons savent si bien se cacher que seul le chien peut les repérer. Sur l’eau, la cane est vraiment admirable, pour protéger ses tout petits, en présence du chasseur. S’exposant elle-même aux projectiles, elle distrait le chasseur en tournoyant autour de lui. Quand ses canetons le peuvent, elle fuit avec eux et vole en se trainant sur l’eau, ce qui produit un écran d’écume blanche qui, brillant au soleil, les dérobe à la vue. Les meilleurs avirons ne peuvent les atteindre. Le soir, les canards se réunissent sur les îles pour dormir.

SKEENA
Skeena (les nuages) Déné.

Skeena est le nom d’un fleuve qui déverse ses eaux dans l’Océan Pacifique à Essington, Colombie canadienne. Il coule dans une vallée entre les Cascades et les Rocheuses, son parcours est de 150 milles.

La traduction Skeena, nuages, signifie que les nuages, à cause des pluies abondantes, sont comme la source de ce fleuve de l’ouest. On sait que les hautes montagnes de la Colombie interceptent les nuages, les amoncellent et sont cause des pluies torrentielles qui arrosent ces lieux.

« Canadian Board on Geographical Names » et « Surveys and Mapping Branch » of Victoria, B.C.
SQUATECK
Squateck pour eckwatek (le brûlé) Montagnais, tête-de-boule.

Village et paroisse du diocèse de Rimouski, située sur la rivière du même nom, comté de Témiscouata, province de Québec. Deux lacs de la région portent le nom de Squateck ; le plus grand a sept milles de longueur sur un mille de largeur et il est poissonneux. Lorsque le feu détruit une forêt, ordinairement ces brûlés deviennent d’abord des champs d’épilobes ou de bleuets. Après quelques années, les bouleaux et les trembles prennent leur place, puis c’est le tour des conifères : sapins, épinettes, enfin poussent les bois durs : ormes, frênes, etc… La providence a déposé en tout lieu des semences cachées que les feux ne peuvent détruire : « Semences qui germez dans la terre, bénissez le Seigneur », s’écrie le Psalmiste.

SKWAMISH

Skwamish est le nom d’une tribu déné de la Colombie, d’une rivière et d’un village situé à son embouchure.

À l’automne de 1887, les archevêques de Montréal et de Saint-Boniface, accompagnés du vénérable Père Lacombe, étaient venus admirer sur place les fruits des sages industries et de la clairvoyance de Mgr Durieu. Les Indiens Skawamiches que ce prélat avait, à force de patience et de persévérance, réunis en ce qu’on pourrait appeler un village modèle, juste en face de la nouvelle ville de Vancouver, vinrent, fanfare en tête, recevoir à la gare leurs illustres visiteurs. Puis ce fut à la mission une série de fêtes qui émurent jusqu’aux larmes le vétéran des grandes plaines de l’Ouest. Le Père Lacombe pleurait de joie et de tristesse : de joie, en voyant les Indiens si bien formés et si solidement instruits, et de tristesse, lorsqu’il les comparaît par la pensée à leurs frères des Territoires du Nord-Ouest, pour lesquels lui et tant d’autres missionnaires bien méritants ne cessaient de se dévouer depuis longtemps avec des résultats si différents.

A. G. MORICE, Histoire de l’Église Catholique dans l’Ouest Canadien, V. 3, p. 339 citant une lettre du R.P. Lejacq, 6 nov. 1887.
SKWAW — SQUAW BROOK
Squaw Brook (le ruisseau de la Sauvagesse) Cris, tête-de-boule, anglais.
Racines : Du mot iskwew les Anglais ont fait squaw, sauvagesse, indienne ; brook : ruisseau.

Skwaw Brook, est le nom d’un ruisseau et d’une gare de chemin de fer du Pacifique Canadien entre Mooshead et Greenville.

Autrefois, la femme indienne avait la vie dure ; elle portait les fardeaux, charroyait l’eau et les quartiers des gros animaux abattus par son homme dans la forêt. Elle bûchait le bois, tannait les peaux, etc. pendant que le mari flânait dans le wigwam ou se promenait sans but, la hache à la ceinture et l’arc pendant à l’épaule.

On la considérait en outre comme un être inférieur et plus ou moins insensé. En cris les mots « femme et fou », se ressemblent de près.

Cependant, chez quelques peuplades, du moins chez les Têtes-de-Boule, la femme choisissait son mari. Le vieux Michel Kwetchich me racontait :

« Autrefois, avant qu’on nous prêchât la Prière, quand une fille voulait se marier, elle se faisait un wigwam qu’elle tapissait de branches de sapin. Au milieu, elle faisait un foyer, entouré de cailloux, elle roulait sa couverte, tressait ses cheveux avec des rubans en peau d’anguille, revêtait sa plus belle robe avec ses bracelets en coquillages et chaussait ses mocassins neufs ; puis, assise sur les talons, près de la porte, elle regardait par un trou les jeunes gens qui passaient devant elle en revue. Elle chassait rudement ceux qu’elle ne prisait pas. Mais elle ouvrait la porte à celui qu’elle désirait pour mari. C’est ainsi, concluait Michel, qu’anciennement on faisait chez nous les mariages ».

STIKINE
Stikine : corruption de sta-han-kane (grande rivière) Déné de la tribu thlikit

Rivière de la Colombie qui jette ses eaux dans l’océan Pacifique.

« Surveys and Mapping Branch » de Victoria, B.C.
SWASTIKA

De par son orthographe et sa prononciation, on croirait ce mot cris ou algonquin. Cependant il est de la langue sanscrite et signifie « Croix gammée ». Les branches de cette croix sont coudées en forme de gamma vers la droite.

Swasika, sur la voie ferrée Ontario Morthland, est un village et un centre minier du Témiscamingue. Autrefois ce village était peuplé d’Allemands.

TADOUSSAC
Tadoussac pour totochak (mamelles) Algonquin.

Tadoussac doit son nom aux montagnes qui l’environnent et dont les cimes au-dessus de la forêt ressemblent à des mamelles.

Tadoussac est un village touristique situé au fond d’une très belle baie à l’embouchure du Saguenay. À Tadoussac on fait l’élevage du saumon, et cela en l’empêchant de prendre la mer, par une clôture métallique aux mailles très étroites.

Avant la découverte du Canada par Jacques Cartier (1534), Tadoussac était, pendant la belle saison, le rendez-vous commercial des Indiens. Vers 1560, Normands, Bretons et Basques se partageaient les revenus du trafic (pas toujours à l’amiable). Un vieil Indien disait au Père Charles Lalemant qu’il avait vu à Tadoussac jusqu’à 20 navires à la fois.

TAKU
Taku (saumon) Déné de la tribu Chilkat.

Taku est aussi le nom d’un fleuve qui se jette dans l’océan Pacifique à Douglas, en face de l’île Admiralty, Colombie canadienne.

Canadian Board on Geographical Names.
TAPINI
Tapini (cresson) Algonquin.

Plante antiscorbutique et dépurative qui croit dans les eaux Le cresson des jardins sert à assaisonner les salades.

Tapini est le nom d’une vieille ferme de chantier sur les bords de la Lièvre supérieure, province de Québec. Le R.P. Guéguen, O.M.I. parlait souvent de cette ferme où il donnait la mission en allant et revenant de chez les Indiens. Arrivée à Tapini, il se croyait revenu dans la civilisation.

Le Père Guéguen était breton. Il souffrit toute sa vie d’une infirmité incurable qui aurait retenu tout autre à la maison. Cependant, il missionna plus de 30 ans chez les bûcherons et les Indiens. Quelquefois, étant incapable de marcher, ses guides le portaient dans leurs bras. Je l’ai accompagné dans son dernier voyage en canot, de huit à neuf cent milles. J’ai vu sa charité, sa patience et les maux qui l’affligeaient. Une fois on l’attendit plus d’une heure au bout un portage marécageux, on le plaça dans le canot ; sa plainte fut : « Pauvre moi ».

Un Frère qui le mena souvent dans les chantiers et fut témoin plus d’une fois de ses actes d’héroïsme, avait coutume de dire : « Quand le Père Guéguen se décidera de faire des miracles, il en fera tant qu’il voudra ».

Un jour des Indiens protestants venus de Rupert House à Waswanipi où le cher Père prêchait une mission aux Cris, le ridiculisèrent grossièrement. Pour toute réponse il leur rappela la justice de Dieu. Peu de temps après, ces insulteurs partirent pour retourner à leur poste et tous moururent en chemin. On les trouva pourris. À l’entrée de leur tente était une chaudière dans laquelle une bête avait bouillie avec le thé. On a pensé que l’un d’eux alla de nuit puiser de l’eau où se trouvait cette bête vénéneuse qui empoisonna leur breuvage.

Le Père Guéguen possédait plusieurs langues indiennes. Il publia en tête-de-boule un catéchisme, des prières et des cantiques. Il mourut à Maniwaki en 1909. On fit son oraison funèbre en trois langues.

TAWANI
Tawani (il ouvre la bouche, il bâille) Otchipwé.

Nom d’une mission esquimaude sur la côte ouest de la Baie d’Hudson.

TAWATINAW
Tawatinaw (vallée, espace, entre deux montagnes ou Collines) Cris, tête-de-boule.
Racines : Tawaw : espace, terrain ; atinaw : montagne, colline.

Nom d’une paroisse du diocèse d’Edmonton, province d’Alberta.

TEKAKWITHA
Tékakwitha (celle qui avance en hésitant) Iroquois.

C’est le nom d’une jeune Iroquoise, remarquable par la sainteté de sa vie. Dès ses premiers ans, la petite vérole affecta sa vue ; ce qui lui valut sans doute le surnom de « marcheuse hésitante. »

Son père était Iroquois, sa mère algonquine, et ils venaient des environs des Trois-Rivières. Elle avait connu les « Robes Noires » avant d’être amenée captive sur les rives de la Mohawh.

Tékakwitha décida de demeurer vierge. Deux de ses tantes, dans leur intérêt, voulurent la marier par surprise. Découvrant le piège, elle sortit de la cabane avec précipitation, laissant stupéfaits tantes et prétendant. Cet affront attira sur elle persécutions et travail accablant.

Sur un hêtre, près d’une source où souvent elle allait puiser de l’eau, l’enfant grava une croix et priait devant elle. On rapporte que sa prière du matin était à peu près celle-ci : « Père, Tékakwitha s’est levée avant le jour, avant les autres, pour t’apporter son cœur, garde-le. Tékakwitha n’a pas autre chose à t’offrir. Mais elle a beaucoup à demander. Hélas ! ceux de la cabane ne cessent de t’offenser, ils se moquent des « Robes Noires », boivent l’eau de feu et me défendent de prier. Père, parle à mon oreille intérieure ; protège-moi car j’ai peur. Tu as pris ma mère, donne-moi la tienne, car je suis seule. Père, es-tu ici avec moi, comme l’a dit la Robe Noire ? Tu m’entends ? »

Elle fut baptisée un jour de Pâques et reçut le nom de Kateri (Catherine) ; son parrain fut un grand chef appelé Cryn.

Ne pouvant pratiquer librement la religion sur les rives de la Mohawh, rivière des États-Unis, elle s’enfuit à Kanawaké (Caughnawaga) où elle fit sa première communion.

Kateri était mortifiée ; elle se flagella ; pour un temps, elle coucha sur une natte parsemée d’épines, se levait avant l’aurore et attendait à la porte de l’église, encore fermée à clef. À l’occasion d’un enterrement elle dit, en montrant du doigt une pointe de terre près des rapides : « Bientôt je serai enterrée là ». La prédiction allait bientôt se réaliser.

Elle mourut à 24 ans (1680), entourée de ses compagnes, à genoux. Pendant que le Père Cholenec récitait les prières des agonisants, un cri d’étonnement s’échappa de sa poitrine. Le visage de Kateri, qu’il avait toujours vu couvert des marques de la petite vérole, était devenu d’une beauté surprenante : les assistants en étaient ravis ; la peau délicate semblait lumineuse et ce rayonnement durait encore quand on ferma son cercueil.

Gilbert C. BOUVIER, Kateri Tékakwitha.
Rina LASNIER, Féerie indienne, p. 21.
CAUGHNAWAGA.
TEMISCAMINGUE
Témiscamingue pour timiskaming (dans l’eau profonde) Algonquin.
Racines : Tim : profond ; kami : eau, étendue d’eau ; ing un locatif.

Témiscamingue, lac de 67 milles de longueur, élargissement de la rivière Ottawa. Un comté de la province de Québec porte également ce nom.

Le Témiscamingue d’aujourd’hui, belle région agricole et grand district minier, parsemé de villes neuves et de gros villages, est une chose bien différente du Témiscamingue sauvage d’il y a cent ans et plus.

De nos jours, la vie indienne se résume à quelques pauvres réserves sans importance ; alors que jadis, les missions indiennes et les postes de traite du Témiscamingue étaient un centre d’activité considérable.

Comme partout ailleurs, la pénétration des blancs a été précédée par une ère de pénibles missions. Citons parmi les missionnaires célèbres : Charles Bellefeuille (1836), les abbés Hippolyte Moreau, Poiré, Bourassa, Payement, Olscamp ; le jésuite Duranquet et finalement Nicholas Laverlochère, o.m.i. (1844). À partir de cette date, ce territoire fut confié aux pères Oblats. Ils s’y installèrent de façon permanente, à la sortie du lac Témiscamingue, en 1863.

C’est un oblat, le frère Moffette, qui révéla aux Canadiens le Témiscamingue agricole. Lui-même piocha le premier jardin, traça le premier sillon et récolta la première gerbe de blé. Une société de colonisation fut organisée et les familles terriennes arrivèrent. Le frère Moffette fut à ce point le guide et le protecteur des colons qu’on lui donna le titre de « Père du Témiscamingue ».

Eugène NADEAU, Un homme sortit pour semer, p. 30.
TÉMISCOUATA
Témiscouata (lac profond) Micmac.
Racines : Timi : profond ; goateg : lac.

Nom d’un lac qui donne naissance à la rivière Madawaska. Sa longueur mesure environ 32 milles, sa largeur est irrégulière de un à trois milles. C’est également le nom d’un comté du Québec. Chef-lieu : L’Île Verte. Ce comté touche à l’État du Maine et est arrosé par la Rivière-du-Loup, la Trois-Pistoles et le Saint-François.

TIKERARDJUARK
Tikerardjuark (comme un long index) Esquimau.
Racines : Tikerk : index ; djuar : très grand ; rar, pour l’euphonie ; tendance vers.

Tikerardjuark est une longue pointe de terre en direction de la mer, à Cap Esquimau. Chaque printemps les Esquimaux s’y rassemblent pour faire la chasse aux phoques.

A. THIBERT, O.M.I., ancien missionnaire chez les Esquimaux.
TIMAGAMI
Timagami (eau profonde) Cris, algonquin.
Racines : Tima : creux, profond ; kami : eau, étendue d’eau.

Ce lac aux eaux claires, profondes et poissonneuses, est certainement l’un des plus beaux du Canada. Il mesure 90 milles carrés. Il est parsemé d’îles, petites mais toutes bien boisées. C’est le lac le plus achalandé de touristes, de toute la province d’Ontario. Jusqu’à 1938, les Indiens de Timagami furent desservis par les Pères Oblats ; leurs deux derniers missionnaires furent les Pères Évain et Martel.

Sur la rive nord-est du lac Timagami, dans le district de Nipissing, est bâti le village qui porte son nom. Il abonde de visiteurs et son bateau invite chaque jour à une jolie promenade : le tour du lac.

TOBOGGAN

Toboggan, mot d’origine indienne : otaban en algonquin, otabanask en cris : « traîne », (dérivé de otabi et otabew, il traîne, il charrie, il hâle derrière lui). Toboggan est devenu un terme français et anglais.

La traîne indienne est faite d’une planche en bois franc d’un demi-pouce d’épaisseur et recourbée en rond à l’avant. Sa longueur est de 7 à 8 pieds, et sa largeur d’une quinzaine de pouces. Cette traîne a l’avantage de glisser sur la neige sans enfoncer, et ne verse pas comme les traîneaux à patins élevés. Il est agréable de descendre en toboggan les collines et les côtes de neige vierge où ne circule ni route ni sentier.

TOMAHAWK

Tomahawk, ce mot vient du verbe cris « otamahwew, il le frappe » ; otamah : frappe-le ; otamahok, frappe-les ; otohamwaw : On le frappe, il est frappé.

Le tomahawk fut une arme de guerre chez les Indiens, un assommoir.

Tomahawk est le nom d’une mission de l’Archidiocèse d’Edmonton.

TOMASIN
Tomasin pour tangasin (toucher le roc) Algonquin.
Racines : Tang : toucher ; asin ; pierre.

Quand un canot touche une pierre au fond de l’eau, on dit : « Tangasin. »

Tomasin est le nom d’un lac et d’une rivière. Leurs eaux alimentent le lac Rond puis le lac et la rivière Désert et finalement la Gatineau.

TORONTO
Toronto (un arbre dans l’eau) Iroquois.
Racines : Karonta : arbre ; 0 : idée de plongée dans un liquide, eau.

Un ancien missionnaire signant N. O., auteur des « études philologiques sur quelques langues indiennes de l’Amérique », donne de Toronto cette traduction et il la donne comme faisant exception à une règle générale, parce que la composition de ce nom « exclut toute postposition », (p. 93). M. J.-A. Cuoq, dans son lexique iroquois, donne la même traduction de Toronto.

Toronto, capitale de la province d’Ontario, est située sur la rive nord du lac du même nom. Fondée en 1794 par le gouverneur Simcoe, cette ville a réalisé un incessant progrès. Elle est située à l’endroit où s’élevait le fort « Rouillé » bâti par les Français en 1749. Plus tard, avec les Loyalistes, elle devint Fort York, nom qu’elle garda jusqu’en 1834. En 1813, durant le conflit entre les Canadiens et les Étatsuniens, ce bourg fut pris, pillé et brûlé deux fois par les troupes américaines de terre et de mer. L’on a élevé dans l’enceinte actuel du terrain de l’exposition, une colonne commémorative indiquant le site précis de l’ancien fort Rouillé. Toronto, qu’on peut appeler la ville des ponts, est arrosée par trois rivières. Son université fondée en 1827 est l’une des plus importantes du Canada et sa Bourse l’une des mieux cotées de l’Univers. Toronto compte près de 3, 000 établissements industriels. La population est en très grande majorité anglo-protestante. L’Église catholique compte plusieurs paroisses, de nombreuses écoles séparées, soutenues par les catholiques, le Saint-Michael’s College, un archevêché dont le titulaire est Cardinal.

Études philologiques sur quelques langues sauvages de l’Amérique, p. 93.
L. LE JEUNE, O.M.I., Dictionnaire général de biographie.
Encyclopédie Grolier.
TRACADIE
Tracadie pour Tlagatik (établissement, campement) Micmac.

Village et port de mer de la Nouvelle-Écosse et village du Nouveau-Brunswick, comté de Gloucester. Ce dernier’Tracadie (N.-B.) fut toujours considéré comme un centre acadien important par ses institutions (collège, hôpital, pèlerinage, lazaret), par son agriculture, ses produits maritimes et ses nombreuses fabriques de tonneaux. Un cours d’eau de 50 milles se jetant dans le golfe Saint-Laurent, porte aussi le nom de Tracadie.

R.P. PACIFIQUE, O.F.M., Cap., Études historiques et géographiques.
TRACADIECHE
Tracadièche pour tlagatiedche (endroit où il y a des hérons) Micmac.

Nom d’un Mont qui dresse à quelques centaines de pieds sa crête verdoyante, près de Carleton, Baie des Chaleurs.

Les premiers colons de Carleton étaient des Acadiens échappés à la cruelle déportation de leurs compatriotes, lors du Grand Dérangement. Sept familles dont l’histoire a enregistré les noms et qui ne sont pas près de s’éteindre : les Leblanc, Landry, Dugas, Comeau, atteignirent Tracadièche, aujourd’hui Carleton, en décembre 1755.

Vie de Mère Mallet, p. 431.

TUGASKE
Tugaske pour takaske (fais un pas) Cris.

Petite localité en Saskatchewan.

UNGAVA
Ungava pour ungawak (le plus loin) Esquimau.
Racines : Unga : cette chose au loin avec le sens de l’autre côté de quelque chose : wak superlatif.

L’Ungava est la partie la plus nordique de la province de Québec. Le Dr. J.-A. Retty y a découvert de riches mines de fer. La Compagnie Hollinger les exploite au lac Knob. Les sondeuses à percus- sion ont permis de découvrir du minérai jusqu’à une profondeur de 367 pieds. Mais avant le Dr. J.-A. Retty, en 1868, le Père Louis Babel, O.M.I., sur une précieuse carte géographique qu’il a dressée à la suite de ses voyages, indique ce site comme « abondant en fer ». « Jusqu’à ce jour l’Ungava ne fut habité que par les Indiens et des Esquimaux. Les Frères Moraves y font la traite des fourrures depuis 1771, ainsi que la Compagnie de la Baie d’Hudson. »

Au sujet des premiers habitants de l’Ungava, M. J. A. Burgesse écrit : « L’Ungava est le pays des Naskapis, qui ne sont autres que nos Montagnais primitifs. Les Esquimaux ne pénètrent jamais dans l’intérieur, mais demeurent à la côte… Les noms géographiques Wiachouan et Kenogamischistuk, que l’on rencontre dans l’Ungava, sont montagnais. Les ouvrages de Wallace et surtout de Cabot, écrits au commencement du siècle actuel, indiquent bien que les habitants de l’intérieur de l’Ungava étaient Indiens et non pas Esquimaux. » (3 nov. 1950, Document aux Arch. de la S. Hist. du Saguenay)

La Baie d’Ungava s’ouvre au nord sur le détroit d’Hudson et s’enfonce vers le sud à l’intérieur des terres. Sa largeur est d’environ 170 milles. Plusieurs fleuves s’y déversent : le Koksoak, le George et le Kaniaspikaw. La plus considérable de ses îles est Akpatok, à l’entrée de la Baie.

Le district d’Ungava, qui faisait partie des territoires du Nord-Ouest, a été rattaché à la province de Québec en 1912; on l’appelle maintenant le Nouveau-Québec.

Progrès du Golfe, juin 1949.
Stanislas A. LAROCHELLE, Prov. O.M.I., Circulaire No 7.
UTIKUMA
Utikuma pour otkkomiw (il a des poux) Cris.

Utikuma est un lac de l’Alberta nord d’une superficie de 90 milles carrés, et situé à 2,105 pieds du niveau de la mer. Il se déverse dans la rivière Wabiskaw. Si ce lac, au nord du Petit lac des Esclaves, pouvait parler, il demanderait sûrement qu’on change son nom. N’est-ce pas humiliant de s’appeler « lac pouilleux ».

WABAMUN
Wabamun (miroir) Cris.

Nom d’une mission fondée en 1898 au diocèse d’Edmonton, en Alberta. On a changé le nom de Wabamun pour celui de Spruce Grove.

WABANO
Wabano (sorcier) Algonquin, cris.

Nom de bon nombre de personnes, de lieux, et de rapides.

Il y a parmi les Indiens païens, une société de gens qui se prétendent dépositaires de beaucoup de secrets. Tout le monde ne peut être admis dans cette société. Ils tiennent leurs assemblées le soir ; elle dure toute la nuit. On y fait toute sorte d’extravagances : les uns avalent plusieurs brasses de corde qu’ils arrachent ensuite de leur gosier ; d’autres mettent du feu dans leur bouche ou dans leurs mains. Et cela se fait au moyen de certains trucs bien simples qu’ils appellent médecines et qu’ils prétendent avoir reçues de l’Orient, d’où leur vient le nom de Wabano.

Un jour Mgr Grandin se tenait avec plusieurs Indiens autour d’un feu. Un sorcier se pencha et prit dans les cendres rouges une pierre brûlante et la présenta à l’Évêque en disant : « Es-tu capable de faire cela ? » L’Évêque répondit à ceux qui l’entouraient : « Je vous ai enseigné qu’il n’y a que les démons que le feu ne brûle pas. » Cette réponse fit réfléchir le sorcier, qui se convertit.

F. JONQUET, O.M.I., Vie de Mgr Grandin, O.M.I., premier évêque de St-Albert.
J.-A. CUOQ lexique de la langue algonquine.
WABASH
Wabash pour Wabask (ours blanc) Cris.
Racines : Wab : blanc ; ask : ours.

Wabash est le nom d’une compagnie, d’un chemin de fer et d’une rivière des États-Unis. La Wabash arrose l’Indiana, puis sépare cet état de l’Illinois et se jette dans l’Ohio, après une course de 550 milles, Elle est reliée au lac Érié par un long canal.

WABASKAW
Wabaskaw (il y a des ours blancs) Cris.
Racines : Wab : blanc ; ask : ours ; skaw : abondance.

Dans la province d’Alberta, une rivière et quelques lacs portent ce nom.

L’ours blanc, nanuk en langue esquimaude, est massif et fort. Sa longueur dépasse onze pieds. Lorsqu’il est jeune, il est très blanc mais avec les années son poil devient jaunâtre. Bien qu’amphibie, il vit ordinairement sur terre ou sur les glaces et les banquises. Avec les renards blancs, il nettoie les plages de la mer glaciale en y mangeant les animaux apportés par les vagues et les marées montantes. À l’eau, l’ours blanc est d’une souplesse étonnante. Il plie et se replie, j’allais dire, comme un serpent. Il plonge et va chercher des poissons au fond des eaux. Quand il réapparaît, il se met sur le dos et flottant, les pattes un peu élevées, un poisson à la gueule, il semble jouir et jubiler. L’ours blanc ne se contente pas de poissons ; il chasse les loups marins et les phoques. Je l’ai vu revenir tenant un phoque avec une patte de devant et monter sur la glace avec sa proie. La chasse à l’ours blanc est dangereuse : la plupart du temps, il faut plusieurs balles pour l’abattre. Des chasseurs poursuivis par lui sur l’eau se sont sauvés en l’aveuglant, en lui tirant des plombs aux yeux.

Généralement, l’ours blanc n’est pas agressif et ne s’attaque à personne. Mais, s’il est attaqué, il se défend courageusement. Cerné ou blessé, quand il décide de passer à la contre-attaque, il le fait toujours ventre à terre, l’avant de son corps glissant sur la neige, les deux pattes supérieures repliées dans un galop terrifiant. Comme il ne tue pas avec ses crocs mais d’un seul coup de massue de ses pattes énormes, il doit s’imposer un temps d’arrêt avant d’aborder son ennemi. C’est l’unique et dernière chance du chasseur, c’est l’instant que l’Esquimau de jadis mettait à profit pour lui darder son harpon dans l’épaule ou lui fouiller le cœur de son grand couteau.

Les crocs de l’ours blanc sont précieusement mis en réserve pour servir d’agrafes à la ceinture. Sa peau devient un magnifique tapis de sol imperméable ou de beaux pantalons, à moins qu’un blanc ne l’achète pour une vingtaine de dollars.

Roger BULIARD, O.M.I., Inuk p. 136.

WABASKOTCHI
Wabaskothi (la montagne de l’ours blanc) Cris.
Racines : Wabask : ours blanc ; tchi : montagne.

Cette montagne ou colline est située un peu au nord-ouest du cap Henriette. Il y a quelques arbres sur cette colline. Comme la forêt est loin de là, il est probable que des mères ourses se rendent à cet endroit pour avoir leurs petits.

WABASSIMONG
Wabassimong (au chien blanc) Otchipwé, sauteux.
Racines : Wab-wap : blanc ; sim, suffixe pour chien ; ong : locatif.

En 1838, l’abbé Belcourt fonda Wabassimong, au confluent des rivières aux Anglais et Winnipeg. Cette mission coûta aux missionnaires des efforts surhumains. M. Georges Antoine Belcourt, né à la Baie-du-Febvre, était curé de Sainte-Martine, quand il partit pour les missions de l’Ouest canadien. M. A. Ross, dans son livre « The Red River Settlement », l’appelle un homme actif, intelligent et entreprenant. Il essaya longtemps de décider les Indiens à cultiver la terre. Ces nomades, hélas ! n’étaient pas mûrs pour cette besogne ; même aujourd’hui, ils ne le sont pas encore. M. Belcourt publia en sauteux un catéchisme, un livre de prières et une grammaire que j’ai étudiée. Son dictionnaire ne fut pas imprimé.

WABASSO
Wabasso pour wabosok (lièvres, il est blanc par le feu ou le soleil) Algonquin, cris.
Racines : Wab : ou wap : blanc ; sow terminaison verbale ou suffixe, indique l’action du feu ou du soleil.

Aux Trois-Rivières et à Shawinigan, deux manufactures de cotonnade portent le nom de Wabasso. Celle de Shawinigan emploie environ 400 ouvriers sur plus de 600 métiers, avec 22,000 broches. On y produit les cotonnades blanches et coloriées, les batistes, shirtings et broadcloths. Les produits à l’enseigne du lièvre blanc « Wabasso » sont en grande faveur sur le marché.

Gérard FILTEAU, L’épopée de Shawinigan, p. 293.
WABIKONDJISIPI
Wabikondjisipi (la rivière de la montagne des fleurs) Cris.
Racines : Wabikon : fleur ; dji : montagne ; sipi : rivière.

Cette rivière se déverse dans le lac Waswanipi, en traversant un gros rapide.

La montagne, moyenne et ronde, a belle apparence à cause de ses arbres très durs. Elle présente deux parties bien distinctes, deux teintes fort jolies et bien dessinées. Il est probable que le sommet fut brûlé par la foudre tandis que le pied a été épargné.

WABIKOON
Wabikoon pour wakilon (fleur naturelle ou artificielle) Cris, sauteux, otchipwé.

Nom d’une rivière de la province d’Ontario qui se jette dans l’English River. Une gare du Canadien Pacifique porte également ce nom.

En algonquin et tête-de-boule, le mois de mai s’appelle « la lune des fleurs ».

WABISI
Wabisi (l’oiseau blanc, le cygne) Algonquin.
Racines : Wab : blanc ; si : oiseau, volatile en général.

Nom d’un lac de la rivière Gatineau.

Le cygne est un énorme oiseau très blanc, palmipède, migrateur et domestique. Il possède un long cou flexible, de larges ailes et un cou décoratif. Il aime les joncs et les eaux.

Tous les oiseaux aiment l’eau ; et des millions y vivent. Les oiseaux furent les premiers à rompre le grand silence de la terre et à chanter la gloire du Créateur.

WABISIWISIPI
Wabisiwisipi (la rivière du cygne) Cris.
Racines : Wabisiw : cygne ; sipi : rivière.

Cette rivière poissonneuse conduit ses eaux à la baie James. Elle coule entre les rivières Ekwan et Obénakaw en Ontario nord.

WABISKAW
Wabiskaw (c’est blanc) Cris.

Wabiskaw est un nom géographique en Saskatchewan. C’est également le nom d’un affluent de la rivière La Paix, en Alberta.

WABOZ SIPI
Waboz sipi (la rivière du lièvre) Algonquin, tête-de-boule.
Racines : Waboz : lièvre ; sipi : rivière.

Cette rivière, qu’on appelle toujours La Lièvre, est un affluent de la rivière Ottawa. Sur ses bords on rencontre les villes de Buckingham et de Mont-Laurier. La Lièvre est alimentée par les lacs Manjamegous, Des Pins, Culotte et Nemiskachi. À 22 milles de son embouchure, ses eaux font un énorme saut de 130 pieds.

Le lièvre est un mammifère rongeur, à longues oreilles, très rapide à la course. Blanc en hiver et brun en été, il est la proie des renards, des pécans, des loups, des hiboux et la manne des Indiens. Certains Indiens m’ont dit qu’ils ne se fatiguaient point de manger sa chair, alors que c’est le contraire pour le chevreuil et l’orignal. Sa peau mince avec ses poils électrisés donnent une chaussette remarquablement douce. Les indiennes taillent sa peau en lanières et en tressent des couvertes blanches comme neige et très chaudes.

Il y a quelques années un Indien appelé Salomon, employé au service de la Compagnie de la Baie d’Hudson, écorcha vif un lièvre et le relâcha, avec de grands éclats de rire. La pauvre bête exaspérée de souffrance, bondissait ça et là, se jetant dans les broussailles et les flaques d’eau, se meurtrissant aux arbres et aux pierres. Or il advint que celui qui avait commis cet acte de cruauté, eut un de ses enfants affligé d’un mal étrange, faisant de temps en temps le saut ridicule du lièvre écorché, et cela jusqu’à épuisement. Tous les Indiens du poste virent dans cette infirmité unique en son genre, un châtiment du ciel.

WABUSH
Wabush (lièvre) Cris.

Nom d’un lac sur les frontières du Labrador et du Québec. Importants dépôts de fer et site d’une ville en construction.

WACH
Wach (cavité, creux horizontal sous terre, terrier) Algonquin, cris, tête-de-boule.

Par analogie, wach se dit d’une tanière d’ours et d’un repaire de serpent. De wach, les Canadiens-français ont fait les mots se ouacher, une wache.

WAGASKA
Wagaska pour wakaskaw (il y a plusieurs croches, c’est croche) Cris.
Racines : Wag : croche ; skaw : beaucoup, plusieurs.

Nom d’une paroisse du diocèse de Grouard, en Alberta.

WAGISTIKWEIA
Wagistikweia (la rivière croche) Cris.
Racines : Wag : croche ; tikweia : rivière.

Plusieurs rivières portent ce nom. Sur les bords de l’une d’elles, très loin dans la forêt, vers Waswanipi, j’ai vu plusieurs orignaux en putréfaction : étranglés par les loups. Un jeune orignal encore vivant se tenait dans la rivière. Il avait reçu plusieurs coups de dents et tremblait de tout son corps. Quelques milles plus loin un gros orignal avait la tête plongée au fond de l’eau et mangeait les racines de plantes aquatiques. Nous cessâmes d’avironner pour ne pas le frapper avec le canot. Quand il leva la tête, il se tourna vers nous et nous regarda fixement, comme pour nous supplier de lui laisser la vie. J’ai souvent pensé que les bêtes considèrent l’homme, à bon droit, comme un protecteur.

Sur cette petite rivière sinueuse, je faillis brûler vif avec cinq Indiens. C’était la nuit, une pluie de feu venant d’une forêt embrasée tombait sur nous. Nous étions entourés d’herbes sèches et de vieilles épinettes particulièrement inflammables. Nous sautâmes dans notre canot, et je dis aux Indiens : « Prions, Dieu seul peut nous tirer de ce danger ». Nous récitâmes deux Pater et deux Ave et soudainement la pluie de feu s’arrêta.

WAGOCH
Wagoch (renard) algonquin.

Nom de plusieurs rivières et ruisseaux.

On évalue le renard selon sa couleur et son poil : le jaune, le rouge, le noir, le croisé, l’argenté et le blanc. Ce dernier rôde dans les contrées très froides du cercle arctique. Le jaune et le croisé sont plus nombreux mais moins estimés, tandis que le renard noir ou argenté est la coqueluche des élégantes. On chasse le renard pour sa fourrure et jamais pour sa chair.

Les renards ont mille ruses pour saisir leur proie et pour éviter les pièges. L’Indien qui tend au renard prend soin de cacher son piège en le recouvrant d’un bloc de neige durci qu’il a aminci à la hache, et, avant de quitter les lieux, il nivèle la neige pour que rien ne paraisse de ses traces. Ensuite il sort de son sac deux ou trois petits morceaux de poisson qu’il jette à quelques pas du piège. Un Indien, à qui je conseillais de mettre plus de poissons, me répondit : « Ce n’est pas chanceux ; quand il y a peu de nourriture, le renard en cherche davantage et se rend jusqu’au piège ».

WAHWASHESH
Wahwashesh pour wawachich (petits œufs) Cris.
Racines : Wawa : œufs ; chich : diminutif.

Wahwashesh est le nom d’un lac de la rivière Magnetawan, qui se jette dans la Baie Georgienne en Ontario.

WAIAGAMAK
Waiagamak pour wawiagamaw (lac rond) Cris, tête-de-boule, montagnais.
Racines : Wawia : rond ; gama : étendue d’eau, lac.

C’est le nom de plusieurs lacs et aussi d’une manufacture de papier à Trois-Rivières. Les gens du Cap-de-la-Madeleine et des environs se plaignent avec raison de l’odeur nauséabonde qui s’échappe de cette manufacture.

Les Servantes de Jésus-Marie de Hull se disposaient à faire une fondation au Cap-de-la-Madeleine quand elles apprirent à regret que les Carmélites du Manitoba avaient pris position avant elles. Or, lorsque celles-ci vinrent au Cap choisir l’emplacement de leur futur monastère, les moulins de la Waiagamak lancèrent une puanteur infecte. Les pauvres Carmélites, étrangères à ce baume, jugèrent qu’elles ne pourraient vivre dans une semblable peste et demandèrent à l’Évêque des Trois-Rivières un autre lieu. Ce qui fut l’occasion de la venue des Servantes de Jésus-Marie au Cap-de-la-Madeleine.

WAKAW
Wakaw (c’est croche, courbé) Cris.

Nom d’une paroisse du diocèse de Prince-Albert, Saskatchewan, où se trouve un sanctuaire national, dédié à Ste-Thérèse de l’Enfant-Jésus. On y fait deux grands pèlerinages annuels : le 2e dimanche de juin et le 3 octobre, chacun précédé d’une neuvaine à la petite fleur de Lisieux.

Canada Ecclésiastique, 1944.

WAKO
Wako pour wakaw (c’est croche) Cris.
Wako est peut-être pour wakoch « renard ». Algonquin.

Nom d’une gare de chemin de fer dans la province d’Ontario.

WAKWEKOBI
Wakwekobi pour wakekobi (il quitte le rivage tranquillement)
Racines : Waké : doucement, tranquillement ; Kopi : quitter le rivage.

Nom d’un lac qui se déverse dans la rivière Mississagi, comté d’Algoma, Ontario.

WANIKEWIN
Wanikewin (oubli) Cris.

Nom d’une gare du Canadien Pacifique entre Pickerd et Franck River, dans la province d’Ontario. J’ignore pourquoi ce lieu fut appelé « oubli ».

J’ai souvent médité sur l’oubli. Il y a tant de sortes d’oubli : l’oubli de choses : tabac, outil, argent ; l’oubli des bienfaits : l’ingratitude ; l’oubli de soi : l’abnégation ; l’oubli des injures : le pardon parfait ; l’oubli de faire pénitence, d’entrer par la porte étroite ; l’oubli de nos fins dernières : l’unique nécessaire ; l’oubli de la présence de Dieu : ce grand malheur qui donne chance au mal et aux tentations ; l’oubli de prier, d’adorer Dieu, le Maître et Créateur de toutes choses, l’Éternel, le Vivant, l’Amour infini ; l’oubli du ciel : la Jérusalem céleste. Ô Dieu, qui n’oubliez point, faites que je n’oublie jamais de me repentir, de vous aimer, de vous servir, de réparer les crimes de la terre et d’exercer l’apostolat.

WAPASKWEYA ou WABASKWEYA
Wabaskweya (la forêt des ours blancs) Cris.
Racines : Wabask : ours blanc ; skweia : forêt.

Nom géographique du Nord-Ouest.

WAPPAWEKA
Wappaweka pour wabanaka (sable blanc) Cris.
Racines : Wab : blanc ; néka : sable.

Côtes de sable blanc au sud du lac Rouge, en Saskatchewan. On dit plutôt « Côtes Wapawekka. »

WASHAGAMI
Washagami (le lac clair) Cris, algonquin, tête-de-boule.
Racines : Was : qui luit, qui brille, clair, lumineux ; gami : lac, étendue d’eau.

Plusieurs lacs et rivières du Canada portent ce nom. Leurs eaux translucides en laissent voir le fond et les poissons dolents qui semblent si souvent rêver.

WASHAGO
Washago pour Washakam (le rivage de la baie) Cris.
Racines : Washaw : baie ; akam : rivage, bord de l’eau.

Paroisse du diocèse de Toronto, comté Simcoe, province d’Ontario.

WASHAMEK
Washamek (baie poissonneuse ou poisson de la baie) Cris, tête-de-boule.
Racines : Washaw : baie ; mek : suffixe idée de poisson.

Washamek : nom géographique de la côte nord du golfe Saint-Laurent.

WASIGAMAK
Wasigamak pour wasegamaw (le lac clair) Cris.
Racines : Wase : clair, eau claire ; gamaw : lac, étendue d’eau.

Wasigamak est une desserte au Vicariat apostolique du Keewatin.

WASKANA
Waskana (entoure-le) Cris.
Racines : Wask : autour, à l’entour ; nam est une forme verbale.

Waskana est le nom d’un lac artificiel, entouré d’arbres et de jolis sentiers, en face des édifices du Parlement à Régina, en Saskatchewan. Cet étang d’un mille de long et d’un demi-mille de large est alimenté par les eaux d’une petite rivière du même nom.

Certains disent que waskana est pour « oskana », les os. Il y avait jadis des monceaux d’ossements sur les bords de cette rivière.

WASKOK
Waskok (dans le nuage, dans le ciel) Tête-de-boule, cris.

Nuage est la signification première de Waskow ; les Cris de la côte ouest de la Baie James et les Têtes-de-boule du Saint-Maurice lui donnent encore la signification de ciel. Joseph Otawa de Manawan mourut en chantant le cantique Waskok ni wi ijaw : « je veux aller au ciel. »

Plusieurs amateurs de pêche et de chasse ont orné du mot Waskok leur chalet de bois rond.

WASWANIPI
Waswanipi (lac où l’on pêche au flambeau) Cris, algonquin.
Racines : Waswaw : pêcher au flambeau ; nipi : eau, lac.

On sait que le poisson est attiré par la lumière. « À Forillon, promontoire escarpé entre le Cap des Rosiers et la baie de Gaspé, les pêcheurs basques bâtirent un petit fort où la nuit, ils faisaient des feux pour attirer le poisson dans leurs filets ».

Waswanipi est le nom d’un poste de la Compagnie de la Baie d’Hudson, d’un lac et d’une rivière qui se déversent dans le Matagami, Québec.

À Waswanipi, il fut un temps où les Compagnies du Nord-Ouest et de la Baie d’Hudson se faisaient une opposition très vive. Les rixes éclataient entre employés et même les femmes indiennes n’y étaient pas étrangères. Un jour deux d’entre elles se battirent à coups de hache et se tuèrent. Il y a quelques années, les jeunes gens de ce poste jouaient avec le crâne de l’une d’elles en se le renvoyant les uns les autres à coup de pied comme si ce fut un ballon. Le commis de l’endroit m’ayant conté la chose, je recherchai le crâne de cette malheureuse païenne pour le mettre en terre.

L’histoire se répète : la tradition rapporte qu’un des premiers ballons chez les Angles, les Saxons et les Vikings fut le crâne d’un envahisseur Danois, et qu’on s’en est servi à Chester.

Le père Guéguen, O.M.I., revenant de mission, attendit 7 jours au bord du lac Waswanipi sans pouvoir le traverser. « Le huitième jour, écrit-il, le vent s’étant calmé, un de mes guides, fatigué d’attendre, se leva de grand matin et dans les ténèbres, voulant préparer le bois pour le feu, se fendit le pied d’un coup de hache. On avait à marcher au moins 150 milles avant de rencontrer quelqu’un. Après avoir bandé la blessure, on tint conseil : devait-on retourner au poste de Waswanipi ou continuer le voyage ? Le blessé dit : « Je puis avironner ; dans les portages, je marcherai sur les mains et les genoux ». L’autre guide ajouta : « Moi, je porterai le canot, les bagages et les provisions. » Ce voyage de retour fut lent et pénible car il y avait de nombreux portages. Le vieux missionnaire était ému en me racontant ces choses.

Digeste catholique, nov. 1948, p. 17.
La Revue de l’Université Laval, avril 1949.
WATCHICH
Watchich (petite montagne, colline) Cris.
Racines : Watchi : montagne ; ich : le diminutif.

Watchich est le nom d’une chaîne de montagnes peu élevées, déboisées qui passent près d’Amos et court de l’ouest à l’est jusqu’au Labrador.

WATCHISTON
Watchiston (le nid) Cris, tête-de-boule.

C’est le nom d’un bosquet qui a la forme d’un nid, sur les bords de la rivière Ekwan. Le lieu est accueillant, indiens et missionnaires aiment à y accoster et camper : l’on s’y sent chez soi comme l’oiseau dans son nid.

Il y a des millions de nids de toutes sortes, et tous leurs œufs sont féconds, et les petits qui naissent de ces œufs fragiles ne manquent jamais de nourriture. Ils dorment dans le duvet, sous l’aile de leur mère. Avant de laisser le nid, l’oiselet se penche et regarde puis il s’envole tout près sur une branche, puis sur une autre et finalement à terre. Il marche quelques pas, puis vole prudemment sans s’éloigner de sa base. Déjà il sait fuir le danger, se cacher, trouver sa nourriture. Après quelques heures, il se risque dans les airs, plus haut que son nid.

WATSISHOU
Watsishou (petite montagne) Cris.

Nom d’un lac de la région du Saguenay, ainsi dénommé à cause des collines qui l’avoisinent.

WAUBAMIK
Waubamik pour Wabamik (castor blanc) Algonquin.
Racines : Wab : blanc, de couleur blanche ; amik : castor.

Waubamik est le nom d’un homme, d’un lieu et d’un rapide, en Ontario.

WAUBAUSHENE
Waubaushene pour wabosing (au lièvre, chez le lièvre) Algonquin.
Racines : Wabos : lièvre ; ing : locatif.

Village situé à l’extrémité sud-est de la Baie Géorgienne, comté Simcoe, Ontario. Peut-être que ce mot mal écrit signifie « petit lièvre » (Waboshish).

WAUPOOS
Waupoos pour wapos ou wabos (lièvre) Algonquin.

Nom d’une localité du diocèse de Pembroke, Ontario.

WAWA
Wawa, pluriel de wawi (œufs) Cris.

Nom d’une paroisse du diocèse de Sault-Sainte-Marie, Ontario.

Un chef de poste de la Compagnie de la Baie d’Hudson à Albany me disait : « Le printemps, quand les outardes nous reviennent, plusieurs s’arrêtent pour pondre et couver à une soixantaine de milles en haut de la rivière. Il arrive quelquefois qu’elles meurent sur leurs nids au temps de la couvaison, quand survient un froid de plusieurs jours. La chaleur naturelle de ces grosses oies produit de l’humidité et le froid glace leurs plumes en les collant au sol. Elles ne peuvent secouer cette robe de glace qui les emprisonne et les pauvres captives périssent de froid, de faim et d’épuisement. On les trouve baignant dans la glue de leurs œufs, les ailes à moitié tendues et entièrement déplumées. »

WAWAKATAWAKAW PAWISTIK
Wawakatawakaw pawistik (rapide qui a plusieurs croches et espaces) Cris.
Racines : Wawakaw : plusieurs croches ; tawaw : place, espace ; pawistik : rapide.

Nom d’un rapide sur la rivière Albany.

Ce fut au pied de ce rapide que chavira la chaloupe du Père Fafard, au printemps de 1894. Tout ce qui pouvait flotter avait pris le large et était emporté par un fort courant. Le Père, sur le rivage, voyant sa chapelle, déjà loin et s’en allant à la dérive, implora les Saints-Anges, patrons de la mission d’Albany. Il s’écria : « Saints-Anges, je ne pourrai sans chapelle dire la messe, ni communier mes pauvres Indiens. Elle m’est indispensable pour continuer mon ministère ». Alors la toute petite Chapelle portative, large d’un pied et longue de quinze pouces, quitta immédiatement le courant du large et vint s’échouer au rivage. « Je la cueillis, me dit-il, sans même me mouiller les pieds ». Trois jours après il me quittait pour Martin Falls et Fort Hope. Plein de joie et de confiance, il entreprenait un voyage de 400 milles.

WAWASKESY
Wawaskesy pour wawachesiw (chevreuil) Algonquin.

Nom d’un parc national de la province d’Alberta.

WAWASKICHIW SIPI
Wawaskichiw sipi (la rivière du chevreuil) Cris, tête-de-boule.

Ancien nom indien de la rivière Red Deer. Cette traduction anglaise est excellente.

La ville de Red Deer en Alberta, est bâtie sur les bords de la rivière de ce nom, qui prend sa source dans le parc Banff au pied des Rocheuses et, après un parcours de plus de 385 milles, se jette dans la Saskatchewan du Sud.

WAWATE
Wawate (aurore boréale ou il fait des éclairs) Algonquin, tête-de-boule.
Racines : Wate : la nuit est un peu éclairée par des nuages blancs ; le premier wa un réduplicatif.

Wawate est le nom d’une rivière de la province de Québec.

Celui qui n’a point vu les aurores boréales de la Baie d’Hudson ou de l’Arctique n’a qu’une faible idée de ce phénomène vraiment merveilleux où se mêlent toutes les couleurs de l’arc-en-ciel. Les aurores boréales sont comme les soirées du ciel. Elles sont si diaphanes qu’on aperçoit très distinctement les étoiles, le halo de la lune, la voie lactée ; elles ne cachent rien du ciel toujours en paix. Ces aurores semblent se tenir à 1,000 pieds au-dessus de nos têtes. On dirait de riches rideaux ou tentures mobiles qui montent et descendent, dansent, courent, s’éloignent, se séparent et reviennent ensemble sans se briser en faisant des grésillements électriques. Et cela varie constamment : écrans, alcôves, longues avenues, etc. et cela dure du crépuscule à l’aurore. Le matin elles sont pâles, comme fatiguées de leurs danses nocturnes, et tassées sur l’horizon. L’aurore boréale est intimement liée au magnétisme terrestre, car elle rend folle l’aiguille aimantée.

WEENISK — WINASK
Weenisk pour winisk (marmotte, siffleux) Cris, maskegon.

Weenisk est le nom d’un fleuve qui se jette dans la Baie d’Hudson, versant ouest. À son embouchure, s’élève une mission indienne, crise. Je fus le premier prêtre à visiter cet endroit (1893). C’était en juillet, il faisait froid, le vent du nord poussait vers nous d’immenses banquises blanches. Je catéchisais une trentaine d’Indiens, tous bien disposés. D’autres familles étaient venues, puis reparties en disant : « La Robe Noire ne viendra pas ici, c’est trop loin. »

Au retour, mes deux guides et moi n’étions pas riches en provisions et devions faire 400 milles d’aviron. Nous fûmes à la gêne, mais jamais à bout de nourriture. La divine Providence veillait sur nous et mettait constamment quelque gibier sur notre chemin. Nous n’avions ni poudre, ni filet, ni hameçon et pourtant nous marchions sans nous préoccuper.

WEKUSKO
Wekusko pour wikkenskaw (gingembre) Cris.
Racines : Wik : agréable au goût, à l’odorat.

Nom d’un lac du Manitoba et d’une gare de chemin de fer.

WÉMISTIGOJIW
Wémistigojiw (un Canadien français, littéralement : homme à canot de bois) Cris, algonquin, tête-de-boule.
Racines : Mistik : bois ; oji : canot.

De toute évidence, ce nom fut donné aux Canadiens français parce que les Indiens remarquèrent qu’ils se fabriquaient des canots en creusant des troncs d’arbres, et non en écorce de bouleau comme leurs canots à eux.

Non loin de Moosonee, il y a un ruisseau que les Indiens appellent Wémistigojiw sipichich « le ruisseau des Français ». C’est dù au fait qu’au printemps de 1686 le chevalier Pierre de Troyes, allant déloger les Anglais de la Baie James, s’y arrêta avec ses soldats afin de préparer l’assaut du fort Moose sipi, aujourd’hui Moose Factory.

L. LE JEUNE, O.M.I. Dictionnaire général de biographie.
WÉTANAGAMIN
Wétanagamin (eau facile) Cris.
Racines : Wétan : facile, aisé ; gamin : eau.

Les eaux de ce lac s’écoulent dans la rivière Waswanipi. On y arrive par un portage. Au milieu de ce portage il y a un petit cimetière et tout près de longues perches plantées et chargées d’ossements d’ours, liés ensemble. Dans leurs superstitions, les Indiens croient qu’ils ne tueraient plus d’ours s’ils dispersaient leurs ossements et c’est pourquoi ils les ramassent. L’âme de l’ours tué, disent-ils, avertiraient les ours vivants de quitter les terres de chasse de ces Indiens qui les abattent et les mangent.

WETASKIWIN
Wetaskiwin (la paix entre nations) Cris.

Wetaskiwin est une ville de l’Alberta. C’est là que les Cris et les Pieds Noirs firent autrefois la paix. Wétaskiwin est un grand centre agricole au sud d’Edmonton, avec minoterie, élévateurs à grain, marchés de bestiaux, établissements avicoles, industrie laitière, etc.

Tout le monde connaît le rôle du fameux calumet chez les tribus indiennes d’Amérique. Lorsqu’il est question de paix ou de guerre, les chefs le font circuler. Or cet important symbole ne serait pas exclusif à l’Indien, car le calumet aurait une signification identique chez les Tondras de la Sibérie Orientale. Témoin ce document du Père Sauteni à propos des Koriaks :

« Quand une nation veut faire la paix, elle allume la pipe sacrée qui est alors offerte par un chef au commandant de la tribu hostile. S’il la reçoit et la fume, la paix est immédiatement proclamée, et ils considèrent cet accord si sacré qu’ils ne l’ont rarement violé. Le fourneau de cette pipe est en terre glaise et le tuyau consiste en un roseau de trois ou quatre pieds de longueur, décoré de plumes de différentes couleurs. »

Le scalpe serait également d’origine asiatique.

Le Progrès du Golfe, 22 août, 1947.
L. LE JEUNE, O.M.I., Dictionnaire général de biographie.
Encyclopédie Grolier.
WEYMONTACHIQUE — WEMONTACHING
Weymontachique pour wemotatchik (montagne d’où on observe) Tête-de-boule.
Racines : Wemot : regarder, observer ; tchi : montagne ; ik et ing : locatif.

Wémontaching sur le Saint-Maurice n’est pas l’endroit du village indien actuel mais un massif de roc à l’embouchure de la rivière du Ruban.

Les Indiens du haut Saint-Maurice, qu’on appelait atikamek (les poissons blancs) et qui s’appellent aujourd’hui Têtes-de-boule, furent visités pour la première fois en 1651 par le père Buteux, s.j. L’année suivante, le missionnaire, voulant les revoir, fut tué par les Iroquois, non loin de Shawinigan. Ce ne fut que 186 ans plus tard (1837) que le curé d’Yamachiche, M. Dumoulin, ancien missionnaire à la Rivière Rouge, entreprit de les évangéliser, à la demande de Mgr Sinay, évêque de Québec.

Ce que je vais écrire me fut raconté en 1913 à Wémontaching même, par le vieux Louis Néwéiachit, alors chef de la tribu indienne de Manawan. Debout, appuyé sur une grosse canne qu’il s’était fabriquée, et la levant de temps à autre pour faire un geste ou pour indiquer un endroit, il parlait ainsi et tous les Indiens de Wémontaching écoutaient. J’avais alors environ huit ans, nous étions campés là où est la maison de la Prière. Un matin, un homme de notre bande dit : « Il vient quelqu’un, une voile brille à l’horizon. » Puis montrant l’ouest, il ajouta : « Quand le soleil aura marché jusque-là, le visiteur débarquera ici au lieu où nous sommes. »

« Alors, tous nous allâmes camper là-bas, à l’embouchure de la rivière Manawan. Nous étions craintifs et pour rendre leur cœur plus fort, les hommes buvaient de l’eau de feu, mais raisonnablement. Dans l’après-midi, toujours inquiets, nous regardions du côté du magasin de la Compagnie. Nous entendîmes un coup de feu et, peu après, au mât de l’embarcation apparut le linge rouge qui s’agite au vent (le pavillon). Alors tous se dirent : « Il est arrivé. Qui est-il ? Que nous veut-il ? » Le lendemain, vers le milieu du jour, le grand canot s’approcha, monté par des visages pâles. Il avançait lentement. Un homme en robe noire était assis au milieu d’eux.

« Plusieurs de nos gens étaient restés dans leur wigwam, d’autres se tenaient debout sur la côte ; les chiens aboyaient et hurlaient. La robe noire ôta son chapeau et nous salua. Lentement, il monta la côte et il donna la main à tous. Il dit : « Mes frères, je viens de Métabenotin (Trois-Rivières). Je ne viens pas acheter des peaux de castor, de loutre, ou de vison ; je ne suis pas marchand. Je suis envoyé par le Grand Esprit, l’Esprit Bon qui a fait le ciel et la terre, les animaux qui vivent dans les eaux et dans les forêts. Si vous voulez planter vos mikiwams de l’autre côté de la rivière, je vous enseignerai à connaître ce Grand Esprit et à le prier ». Le chef répondit : « Nous traverserons pour t’entendre ». Quand la Robe Noire fut partie, nous avons levé le camp. C’était facile, nous n’avions presque rien. Quand nous fûmes de l’autre côté, nous construisîmes une longue cabane d’écorce, tous y mirent la main. Les hommes apportaient des perches, les femmes des branches de sapin. Au fond de la cabane, la Robe Noire étendit une toile blanche et y accrocha des médailles, des chapelets, des images, des crucifix qui brillaient ; alors nous ne savions pas ce qu’étaient ces choses. C’est là qu’il disait la messe, et c’est dans cette longue cabane que j’entendis pour la première fois le chant de la Prière. Il y avait parmi nous un homme et une femme qui venaient d’Oka, sur la rivière Ottawa et qui savaient prier. La Robe Noire se servit d’eux pour nous instruire. On priait jour et nuit. On entendait sans cesse répéter le signe de la Croix, le Notre Père, Je vous salue Marie, Je crois en Dieu. Quand quelqu’un savait l’une de ces prières, la Robe Noire lui donnait une médaille ou un crucifix et elle lui disait : « Enseigne aux autres ce que tu sais. » Ça nous prenait du temps pour apprendre quelque chose et plusieurs partirent sans rien savoir. »

WIACHOUAN
Wiachouan pour wawiatchiwan (courant tournant en rond, remous) Cris.
Racines : wawia : rond, en rond, tchiwan : courant.


Plusieurs lieux portent ce nom. J’ai souvent contemplé le Grand Remous de la Rivière Gatineau où les billots flottent et descendent. Il n’est pas facile de les tirer et, lorsque la rivière se gonfle, c’est peine perdue. Souvent même la masse des billots tourbillonnants casse la chaîne de fer qui les encercle. (Voir le mot SAGUENAY)

WIGWAM
Wigwam corruption de mikiwam (logis, hutte, habitation, cabane indienne) Algonquin, tête-de-boule.

Le wigwam est une habitation conique d’une dizaine de pieds de diamètre, faite de perches d’une douzaine de pieds de longueur qui se rejoignent au sommet, où il y a une ouverture pour laisser passer la fumée et la lumière du jour. L’extérieur du wigwam est recouvert d’écorce ou de peaux de bêtes, que les chiens affamés mangent parfois. La porte est une espace entre deux perches généralement fermée par une peau d’ours. On y entre en se baissant. Au centre c’est le feu entouré de cailloux. Le plancher est d’écorce d’épinette ou de cèdre, recouvert de branches de sapin. Le wigwam est la demeure ordinaire des Indiens vivant dans les forêts.

Il arrive quelquefois que des fanfarons, pour épeurer les familles ou pour les provoquer, plantent leur couteau dans ces murs de peau et les fendent du haut en bas, en poussant des cris sauvages.

Le mot wigwam est passé dans la langue française et dans la langue anglaise.

WIGWASSAN
Wigwassan (écorce de bouleau) Cris, algonquin.

Nom géographique en Ontario.

Les Indiens utilisent l’écorce de bouleau pour faire des canots légers, mais aussi des embarcations lourdes atteignant jusqu’à 36 pieds de longueur. Avec l’écorce, ils couvrent leurs wigwams, se confectionnent des abris, des boîtes, des récipients pour l’eau et les graisses, et des objets de fantaisie, Ils font sur écorces des dessins très bien réussis en grattant le dernier âge du bouleau du côté intérieur. L’écorce de bouleau effeuillée donne un bon papier à écrire. Un chimiste me disait : « On pourrait tirer un excellent produit de l’écorce. » L’écorce est toujours inflammable, même mouillée. On fait un beau feu d’artifice, en allumant un bouleau par le pied ; aussitôt le feu se glisse en crépitant le long du tronc, monte aux branches et dessine un arbre lumineux.

WIKWÉMIKONG
Wikwémikong pour wikwéamikong (au coin des castors) Algonquin.
Racines : Wikwe : angle, coin ; amik : castor ; ong : locatif.

Wikwémikong, située sur la baie Georgienne, est une mission indienne du diocèse du Sault-Sainte-Marie, desservie par les RR. PP. Jésuites.

WINAGAMI LAKE
Winagami lake (le lac sale) Cris, anglais.
Racines : Win : sale ; gami : eau, étendue d’eau.

Lac de l’Alberta au sud du lac Kimiwan près du village de Doussal.

WINDIGO
Windigo pour Witikow (monstre fabuleux, espèce d’homme géant et antropophage) Algonquin, cris.

Windigo est un affluent de la rivière Saint-Maurice. Des portages et plusieurs lieux portent aussi ce nom.

Le windigo est, aux yeux des Indiens, une personne possédée du mauvais esprit, un démoniaque, un cannibale, ou les deux combinés. Ils ont coutume de le tuer à la première occasion. Improprement, c’est un fou exalté, excité.

Depuis le matin du premier mai 1885, une vieille indienne nommée She-Wins, faisait trembler tous les Indiens du camp de Big-Bear. Elle menaçait de dévorer les enfants si on ne la mettait pas à mort avant le coucher du soleil. Le Père Legopf, O.M.I. étant rentré au camp, on vint aussitôt lui demander d’exorciser ou de calmer la pauvre femme devenue Witikow, en lui faisant toucher des choses saintes, ou en l’aspergeant d’eau bénite, ce qui n’eut aucun effet. Avant de se retirer, le missionnaire recommanda aux Indiens de la bien garder et même de la garrotter au besoin, jusqu’à ce que la crise fut passée, mais pour rien au monde ils ne devaient la tuer, car elle était inoffensive. Malheureusement, une heure plus tard, la pauvre démente était transportée par quatre hommes au lieu du supplice, puis criblée de balles. Pour empêcher toute réincarnation de son esprit malfaisant, ses membres furent hachés et ses viscères brûlés.

Les Algonquins se servent du mot Windigo pour empêcher les enfants de pleurer, de faire du tapage ou de désobéir. On les menace de ce vilain fantôme : c’est leur croquemitaine.

A.-G. MORICE, O.M.I. Hist. de l’Église Catholique dans l’Ouest canadien.
Jules LE CHEVALIER, O.M.I. Batoche, p. 220.
J.-A. CUOQ, P.S.S. Lexique de la langue iroquoise, p. 175.
WINNIPEG
Winnipeg pour Winipeg (eau sale) Cris.
Racines : Win : sale ; pew : eau.

Winnipeg fut d’abord le Fort Rouge, bâti en 1738 par la Vérendrye, puis le Fort Garry de la Compagnie de la Baie d’Hudson. Située à la jonction des rivières Rouge et Assiniboine, à 40 milles au sud du lac Winnipeg, cette ville est la capitale du Manitoba. C’est le plus grand centre de blé du continent. Ses élévateurs à grain sont immenses ainsi que son marché de bestiaux.

Winnipeg est également le nom d’un lac aux rives basses, qui décharge ses eaux dans la Baie d’Hudson par le fleuve Nelson. Le lac Winnipeg, qui couvrait autrefois une surface triple ou quadruple, mesure pourtant encore une étendue considérable ; il aurait une superficie de 8,500 milles carrés ; sa plus grande longueur atteint 280 milles, et sa largeur varie de 6 à 60 milles. Sa profondeur n’excède pas 12 brasses. Les eaux du lac Winnipeg, qui a l’est battent le granit et, à l’ouest, les sables et calcaires, ne parviennent pas à s’éclaircir, Winnipeg est aussi le nom d’une rivière formant une succession de lacs, de chutes et de rapides, entre le lac des Bois et le lac Winnipeg.

Mgr Alex. TACHE, O.M.I. évêque de St-Boniface.
Esquisse sur le Nord-Ouest de l’Amérique, p. 28.
WINNIPÉGOSIS
Winnipégosis (petite eau sale, le petit Winnipeg) Cris.
Racines : Win : sale ; pew : eau ; sis : diminutif.

Winnipegosis est le nom d’un lac peu profond, long de 125 milles et large de 20, situé au nord du lac Manitoba et communiquant avec lui par la rivière Waterhen.

Winnipegosis est aussi le nom d’une paroisse de l’archidiocèse de Winnipeg.

WYKES
Wykes (belle-angélique) Tête-de-Boule.

Nom d’une gare du Canadien National, province de Québec.

La belle-angélique est l’acorus calamus des botanistes, plante médicinale en grand renom parmi les Indiens d’Amérique, Sa racine pique la langue et augmente la salive.

YAMACHICHE
Yamachiche pour iyamachichki (beaucoup de boue) Cris.
Racines : iyamitaw : beaucoup ; achichki : boue.

Paroisse sur la rive nord du St-Laurent, diocèse des Trois-Rivières. Elle eut un curé remarquable dans l’abbé N. S. Dumoulin qui fut l’un des deux premiers missionnaires de la Rivière-Rouge, où il arriva avec l’abbé Provencher, le 16 juillet 1818. Cette arrivée fut un événement et provoqua des larmes de joie chez les Métis. M. Dumoulin ouvrit les deux premières écoles et bâtit la première église et le premier presbytère de l’Ouest canadien. Au printemps de 1820, il descendit jusqu’à la Baie d’Hudson, prenant possession du pays au nom de Jésus-Christ. Il écrivit à Mgr Plessis : « Les protestants d’ici sont entièrement contents de la mission catholique, particulièrement le colonel Dickson. Le jour de Noël, j’ai fait faire la première communion à sa fille et à Mlle Powell, née d’un père protestant ». Après deux années il avait déjà fait 313 baptêmes et béni 53 mariages, à la seule mission de Pembina. M. Dumoulin revint dans l’est après cinq ans de bons services.

Mais le missionnaire ne rapportait pas de très bons souvenirs des Indiens de la Rivière-Rouge. En 1820, l’un d’eux l’avait tiré pendant qu’il récitait son bréviaire le long de la rivière Pembina : la balle avait traversé son chapeau. Le même individu revint à la charge avec un résultat identique.

En 1837, obéissant à Mgr Signay, évêque de Québec, il remontait les courants dangereux du Saint-Maurice afin d’évangéliser les Têtes-de-boule à Wémontachik. (voir ce mot) Il les trouva si bien disposés qu’à la fin de sa seconde mission, il avait déjà baptisé plus de 60 adultes et faisait le catéchisme à 80 catéchumènes. Yamachiche est la paroisse qui vit naître Antoine Gérin-Lajoie, le poète Nérée Beauchemin et H. Pothier, ex-gouverneur du Rhode-Island, États-Unis. La compagnie Marconi y opère une station transatlantique.

A. G. MORICE, O.M.I., Histoire de l’Église catholique dans l’Ouest Canadien, V. 1, p. 136, 142, 188.
A. JOYAL, O.M.I., Excursion sacerdotale chez les Têtes-de-Boule, p. 8.
Along Quebec Highways, 1930.
YAMASKA
Yamaska pour iyamaskaw (il y a beaucoup de foin, de jonc) Cris.
Racines ; Iyamitaw : beaucoup : askaw : foin, jonc.

Yamaska est le nom d’une paroisse et d’une montagne dans la vallée du Richelieu, d’un comté et d’une rivière qui prend sa source au lac Brome et se jette dans le fleuve St-Laurent à la tête du lac Saint-Pierre.

À l’embouchure de la rivière Yamaska pousse un foin long de 7 à 8 pieds dont on se servait autrefois pour couvrir les étables et granges. Ces toits duraient 30 à 40 ans. On clouait aux chevrons des gaules à tous les 12 pouces de distance et on y attachait ce foin avec des harts tordues. On voit encore quelques-uns de ces vieux toits.

YOUKLTAS

La tribu indienne Youkltas était considérée comme la plus terrible des dénés de la Colombie canadienne. Mgr Demers, évêque de l’Île Vancouver, baptisa le fils de leur chef. On raconte que le sauvage potentat, voyant dans le missionnaire un être au caractère surnaturel, n’osa approcher de lui qu’en se traînant sur ses genoux et en tremblant de tout son corps.

C’est à cette époque que nous devons rattacher un incident qui montre bien le pouvoir civilisateur de la religion catholique, même sur les natures les plus revêches. Les terribles Youkltas ayant appris, par un faux rapport que le Grand Priant (l’Évêque) était parmi les Nanaimouhs, se mirent en route avec trente canots pour aller l’y trouver. Les Nanaimouhs, à la vue de 600 barbares, qu’ils reconnurent de loin à la coupe de leurs voiles et à la grandeur de leurs canots dont chacun pouvait porter 60 rameurs, coururent aux armes et prirent position sur le rivage à un endroit propice pour repousser l’ennemi. Les Youkltas ne pouvaient reculer sans se déshonorer. Une idée merveilleuse traverse l’esprit du chef : il se lève et s’écrie : « Hommes, femmes et enfants, levez-vous dans vos canots et faites le signe de la croix. » Tous se lèvent et se signent au nom de la Très Sainte Trinité. Immédiatement, les armes tombent des mains des Nanaimouhs qui se pressent maintenant sur la grève pour recevoir en amis leurs ennemis de la veille, devenus leurs frères dans la foi.

A. G. MORICE, O.M.I. Histoire de l’Église catholique dans l’ouest Canadien, V. III, p. 238.
YUKON
Yukon (la plus grande rivière, le plus grand fleuve) Dené.

Le Yukon est un district très montagneux du Nord-Ouest canadien, sur la bordure de l’Alaska. Il tire son nom d’un cours d’eau remarquable, le fleuve Yukon, l’un des plus grands du monde. Long de plus de 2,000, milles, il longe les montagnes Rocheuses, traverse l’Alaska et se jette dans la mer de Behring.

La plupart des Indiens du Yukon, sinon tous, appartiennent à la grande famille des dénés : Loucheux, Peaux-de-Lièvre,  etc. et parlent des dialectes plus ou moins connus. Le premier prêtre catholique à pénétrer au Yukon fut incontestablement le père Séguin, O.M.I., en 1862. Parti de Good-Hope, il s’arrêta un certain temps chez les Loucheux du Fort MacPherson et arriva le onze juin à Lapierre House, où il posa les fondements d’une mission qu’il confia à Saint-Barnabé.

Inspiré par son zèle, Mgr Seghers était parti en Alaska pour une expédition apostolique. Il comptait remonter le fleuve Yukon dans le but d’étudier les possibilités d’établir des missions. Il était accompagné de quelques guides et d’un Américain, nommé François Fuller, qui avait lui-même demandé d’être son serviteur. Pareil voyage comportait nécessairement des difficultés sans nombre et, soit que l’esprit de l’Américain en ait été affecté, soit qu’il n’ait pas eu le courage d’en supporter paisiblement les inconvénients, sa mauvaise humeur ne fit que croître avec les ennuis de la route, et ses exigences devinrent chaque jour plus grandes. Le 28 novembre 1886, Mgr Seghers fut réveillé en sursaut par une voix agitée : « Levez-vous, évêque », criait l’Américain. Ce n’était pas l’appel amical coutumier. Néanmoins, l’évêque se leva. Mais il était à peine debout qu’un canon de fusil le menaçait. Réalisant la situation, l’évêque baissa la tête et croisa les mains sur sa poitrine. Un éclair, accompagné d’une forte détonation… et l’Archevêque de l’Île de Vancouver était tué à bout portant par son serviteur. Mgr Charles Jean Seghers était né à Gand en Belgique, le 26 décembre 1839. Il avait succédé à Mgr Demers en 1873.

A. G. MORICE, O.M.I., Histoire de l’Église Catholique dans l’Ouest Canadien V. II. p. 333.
Mgr Gabriel BREYNAT, O.M.I., Cinquante ans aux pays des Neiges, V. II. p. 56.

TABLE DES MATIÈRES

(ne fait pas partie de l’ouvrage original)


  1. Le R. P. Michael Jacobs, s. j. est iroquois.