Les principaux monuments funéraires/Brongniard

La bibliothèque libre.

BRONGNIARD.




Brongniard (Alexandre-Théodore), architecte distingué, membre de l’Académie royale d’Architecture, inspecteur du Garde-Meuble de la Couronne et de la Manufacture de porcelaine de Sèvres, naquit à Paris, le 15 février 1789.

Son père, qui exerçait la profession de pharmacien, le destinant à celle de médecin, lui fit faire des études analogues ; mais une passion innée pour les beaux-arts engagea bientôt le jeune Brongniard à renoncer à cette carrière, pour se livrer exclusivement à l’architecture.

Élève de l’architecte Boullée, il se montra digne de son maître, et, vers 1773, il commença à construire les édifices qui lui ont assigné dans son art le rang éminent qu’il y occupe. Après avoir bâti de somptueux palais et de magnifiques hôtels, il fut le premier en réputation pour dessiner les jardins d’une manière pittoresque et naturelle, si différens des anciens parterres français.

Il se distingua dans l’art de composer les ornemens d’architecture et d’objets mobiliers ; il donna un grand nombre de dessins de meubles élégans et commodes au Garde-Meuble de la Couronne, auquel il était attaché en qualité d’inspecteur ; il composa également, pour la Manufacture de porcelaine de Sèvres, de nouvelles formes de vases et de décorations qui contribuèrent puissamment à épurer l’ancien style ; mais ce qui a mis le sceau à la réputation de Brongniard, c’est la construction du palais de la Bourse.

Ce superbe monument, digne de l’architecture des Grecs, réunit la solidité, l’élégance et la commodité des distributions. C’est le 24 mars 1808 que ce célèbre architecte posa la première pierre de ce bel édifice, dont il n’a pu malheureusement diriger les travaux que pendant cinq années, étant décédé le 7 juin 1813, à l’âge de soixante-quinze ans.

La direction des travaux publics, l’administration même du département et un grand nombre d’artistes s’empressèrent d’honorer sa mémoire ; les nombreux ouvriers qui travaillaient aux constructions du palais de la Bourse avaient demandé avec instance que le cortège traversât le monument : dès que le corps fut introduit, ils quittèrent leurs travaux, se rangèrent autour du char, la tête découverte, et saluèrent dans le silence de la douleur les restes inanimés d’un homme qui n’eut pas seulement du génie, c’était le dernier hommage des fils adoptifs d’un bon père.

Le char funèbre s’achemina ensuite vers le cimetière du Père-Lachaise, dans lequel la trace de l’admirable talent et du goût exquis de Brongniard avait précédé sa dépouille mortelle. Chargé originairement de la distribution et de l’embellissement de cette vaste enceinte, qui était alors dans un état de confusion et de désordre, il débrouilla habilement ce chaos, traça des allées, même des routes, qu’il borda de divers arbres dont on admire la variété ; il combla les anfractuosités du terrain, et conserva scrupuleusement les bosquets et les bocages où les monumens devaient trouver de religieux abris ; enfin, il distribua le cimetière par divisions distinctes, afin d’établir un ordre de circonscription. Mais il ne vécut pas assez pour jouir du succès de ses utiles travaux : cette belle allée qui précède le bosquet du poète Delille, sous l’ombrage de laquelle Brongniard aimait à se reposer, devait bientôt être pour lui l’asile d’un repos éternel ; c’est là qu’un simple monument en pierre, de forme quadrangulaire, lui a été élevé. On ne se douterait jamais que les restes du savant architecte de la Bourse sont déposés dans ce lieu, si l’image de ce bel édifice, qui est son plus beau titre de gloire, n’était sculptée sur la façade de son modeste tombeau.

Le monument de Brongniard a été construit sur le dessin et sous la direction de M. Lebas, architecte.