Les principaux monuments funéraires/Foy

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LE GÉNÉRAL FOY.




Foy (Maximilien-Sébastien), lieutenant-général, commandant de la Légion-d’Honneur, membre de la Chambre des Députés, naquit à Ham (Somme), le 3 février 1775.

Il entra sous-lieutenant d’artillerie dans le régiment de la Fère le 1er mars 1792 ; mais, par ses talens et sa bravoure, il obtint plusieurs grades en peu d’années, et servit avec la plus grande distinction sous Dumouriez, Dampierre, Custines, Houchard et Pichegru.

Dans quelques discussions qu’il eut avec Joseph Lebon, en mission à Arras, ce proconsul se trouvant blessé de la franchise toute militaire du général Foy, voulut le faire arrêter ; mais, prévenu à temps, il parvint à s’échapper. De retour à l’armée, il se lia de la plus étroite amitié avec les généraux Abatucci et Desaix. Le premier mourut dans ses bras à l’attaque du pont d’Huningue, et le second ne put jouir à Marengo du succès de sa brillante manœuvre, qui décida la victoire.

L’Allemagne, l’Italie, la Suisse, l’Espagne et le Portugal furent les témoins de sa valeur : toujours il s’y montra le digne émule des braves qu’il commandait. Son nom, honorablement inscrit dans nos fastes militaires, et quinze blessures, attestent qu’il se trouva partout où il y avait des lauriers à cueillir. Son excessive bravoure, mais toujours réfléchie, son courage pour triompher des obstacles, son attachement à ses soldats, ses soins assidus à pourvoir à tous leurs besoins, lui avaient concilié la confiance et l’amour de ses troupes.

Après les désastres de Waterloo, le général Foy puisa dans les excellentes études qu’il avait faites un nouveau moyen d’être utile à son pays. Nommé par son département à la Chambre des Députés, la première fois qu’il parut à la tribune ce fut pour défendre les militaires décorés de la Légion-d’Honneur. Après avoir établi d’une manière incontestable la légitimité de leurs titres à la reconnaissance du pays, il s’écria : Ce ne sont pas des intérêts privés que je viens défendre ; c’est la cause de la nation… Il y a de l’écho en France quand on prononce ici les noms d’honneur et de patrie.

Le général Foy avait échappé pendant vingt-cinq ans aux fatigues et aux périls de la guerre ; il succomba sous dix années de travaux législatifs. Il eût pu, en s’éloignant quelque temps des affaires, se soustraire au danger qui le menaçait ; mais, habitué à faire à son pays le sacrifice de sa vie, il ne put se résoudre à vivre et à cesser de lui être utile : il mourut le 28 novembre 1825.

Sous le rapport des talens oratoires, le général Foy laissera de longs souvenirs. Toujours renfermé dans la question, il n’allait point chercher hors de la discussion des sujets d’émotions étrangères : habile à saisir la faiblesse ou le faux du raisonnement de ses adversaires, il les terrassait par une logique serrée qui ne laissait aucune prise sur ; lui. S attaquant aux principes, et non aux hommes, il ne s’abandonnait à aucune personnalité, et ses paroles, quelque énergiques qu’elles fussent, étaient toujours en harmonie avec les convenances parlementaires : aussi la tribune restera long-temps veuve d’un orateur qui réunissait à une éloquence tout à la fois sévère ; entraînante et persuasive, l’art de concilier les égards dus à ses collègues, avec le respect qu’il se devait à lui-même.

La mort du général Foy fut considérée comme une calamité publique. Un concours immense de citoyens l’accompagna jusqu’au tombeau, et la douleur générale, expression fidèle des sentimens qu’inspirait ce fatal événement, fut l’hommage le plus digne de sa mémoire.

La sépulture du général Foy est de forme quadrangulaire, et est élevée sur une estrade en pierre de Volvic, aux angles de laquelle sont placées des bornes qui soutiennent la grille d’entourage, qui est en fer fondu, ainsi que la porte du caveau. Au-dessus est un stylobate (dont la corniche est ornée d’oves) surmonte de quatre colonnes cannelées qui supportent l’entablement, avec fronton triangulaire devant et derrière, dans le tympan desquels sont des couronnes de laurier ; la statue en marbre du général est placée entre les colonnes. Sur le stylobate sont quatre bas-reliefs : celui qui est à la face du nord représente le général entouré de ses collègues de la Chambre des Députés, auxquels il présente un projet de loi ; à la face de l’est, le général est représenté dans une bataille, à la tête de ses grenadiers ; celui de la face de l’ouest représente ses obsèques ; et enfin à la face méridionale est une inscription, placée entre le Génie de la guerre et celui de l’éloquence, ainsi conçue :

AU GÉNÉRAL
FOY,
SES CONCITOYENS ;
28 novembre 1825.

Ce monument a été exécuté sur le dessin de M. Debray fils, architecte, sous la direction de M. Debray père. La statue et les sculptures des bas-reliefs sont dues au ciseau de M. David, membre de l’Institut.