Les principaux monuments funéraires/Gall

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GALL.




Gall (le docteur Jean-Joseph) naquit en 1768, à Tiesenbrunn (Wurtemberg), et se consacra à la médecine, qu’il exerça à Vienne avec distinction. Doué dès ses plus jeunes années d’un talent d’observation qui se développa avec l’âge, il s’était attaché, n’étant encore qu’écolier, à examiner avec attention la conformation de la tête de ses camarades, et il avait été amené à cette remarque singulière, que ceux de ses condisciples qui avaient de grands yeux, retenaient plus facilement que lui les leçons des professeurs, quoiqu’il apportât exprès l’attention la plus soutenue.

De là, il déduisit cette conséquence, que les yeux étaient le siège de la mémoire, et que plus ces organes étaient grands, plus cette faculté en recevait de développement.

Cette hypothèse, qu’il abandonna, mais à laquelle il revenait quelquefois, le conduisit à concentrer ses observations sur la configuration des différentes parties de la tête. Il se forma donc une collection de crânes, et poursuivant avec ardeur les recherches dont il s’était imposé la loi, il établit en principe que les facultés intellectuelles sont en proportion des protubérances qu’il avait remarquées sur ces mêmes crânes.

Il classa dans un certain nombre de ces protubérances autant de ces facultés intellectuelles. Il soutint que ces facultés innées ont leur siège dans le cerveau, que plus ces points répandus sur la surface du crâne forment de saillie à l’extérieur, plus la faculté intellectuelle qu’ils contiennent est active, et que cette protubérance démontre extérieurement l’existence des dispositions renfermées dans sa concavité, ainsi que la force d’impulsion irrésistible avec laquelle elles doivent agir sur l’individu.

Un système si nouveau devait nécessairement éveiller l’attention publique : c’est ce qui arriva à Vienne, où le docteur Gall le fit d’abord connaître ; puis à Paris, où il le développa avec un talent que soutenaient de nombreuses et savantes recherches. Cette découverte, qui avait échappé à nos plus fameux anatomistes, lui attira beaucoup d’admirateurs et beaucoup d’ennemis : parmi ces derniers, il en est qui allèrent jusqu’à l’accuser d’athéisme. Il repoussa cette accusation avec toute l’énergie d’un homme qui a la conscience et de ses talens et de ses principes, et la pulvérisa dans un ouvrage qui a pour titre : Des Dispositions innées de l’Ame et de l’Esprit, ou du Matérialisme, etc.

Nous ne rapporterons aucune de ces critiques dont il fut l’objet. Un physiologiste d’un talent aussi éminent que le docteur Gall n’appartient point encore à la postérité. C’est à des expériences réitérées et fondées sur des observations savantes et consciencieuses, à décider le vrai ou le faux de son système : or, ce ne peut être que le résultat de très longues années et de recherches entreprises, non dans un esprit de dénigrement, mais uniquement dans l’intérêt de l’art.

Une justice éclatante qu’on doit rendre au docteur Gall, c’est qu’il a tranché victorieusement une question depuis long-temps indécise entre les anatomistes les plus distingués : il a prouvé que le cerveau tire son origine de la moelle épinière, qui augmente de volume en pénétrant dans le crâne, et forme les deux lobes que l’on y remarque.

La sépulture du docteur Gall, qui n’a d’autre inscription que son nom, est d’une grande simplicité et d’un style sévère. Sa tombe, peu élevée du sol et couverte d’une pierre horizontale, est surmontée d’un cippe de forme antique, sur lequel est placé le buste en marbre du docteur. Sur chacune des parties latérales du buste est gravée une tête : une troisième est également tracée sur le derrière. Sur ces têtes sont désignées, par des numéros, les protubérances qui caractérisent les facultés intellectuelles.

Ce monument a été exécuté par M. Schwind, sculpteur, marbrier de la préfecture de la Seine.