Les principaux monuments funéraires/Saulx-Tavannes

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DE SAULX-TAVANNES.




L’illustre maison de Saulx-Tavannes, originaire de Bourgogne, était déjà très ancienne lorsque Gaspard du même nom fut placé par son oncle, en 1525, dans les pages de François Ier.

Devenu maréchal de France, il fut un des hommes les plus remarquables de son siècle par ses talens militaires, sa bravoure, sa prudence, son attachement à la religion catholique et à l’autorité royale.

Son fils aîné, le comte Guillaume de Saulx-Tavannes, fut nommé page d’honneur du roi Charles IX : il combattit sous son père, et se signala par des prodiges de valeur à la célèbre bataille de Jarnac. Il fût nommé par Henri III gouverneur du château de Saint-Jean-de-Losne. Ce fut lui qui, à la mort de ce monarque, se hâta de faire prêter serment à Henri IV, et de convoquer les États de la province.

Jean son frère, ligueur déterminé, était gouverneur d’Auxonne : il s’y rendit redoutable aux sectaires, qui conspirèrent contre lui, le surprirent dans une église, et l’enfermèrent dans un château, d’où il s’échappa en descendant d’une muraille de plus de cent pieds de haut.

En 1650, Jacques de Saulx-Tavannes, petit-fils de ce dernier, suivit le grand Condé dans ses campagnes, en qualité de lieutenant-général : il eut part aux nombreux lauriers que moissonna ce fameux capitaine, et mourut en 1683.

C’est de cette famille d’illustres guerriers et de preux chevaliers (dont M. le duc de Saulx-Tavannes, pair de France, est actuellement le chef) qu’est issu le comte Charles-Dominique-Sulpice de Saulx-Tavannes, né le 19 janvier 1751.

Digne héritier des vertus de ses aïeux, il s’est constamment voué à la défense du trône et de l’autel, et, dans la noble et brillante carrière qu’il a parcourue, il a soutenu jusqu’au tombeau l’honneur et la gloire dont s’étaient couverts ses ancêtres.

Il est décédé le 14 août 1822, et a été inhumé au cimetière du Père Lachaise, entre le vicomte de Saulx-Tavannes son fils et la baronne de Bésenval sa fille.

Leur sépulture, d’un genre unique dans ce lieu funéraire, est à la fois d’un style noble, simple, pittoresque et religieux.

Elle représente un rocher en marbre de Carrare, surmonté d’une croix de même substance, non comme celles qui décorent la plupart des monumens, et qui figurent un bois lisse et poli, mais un arbre dans lequel l’artiste a parfaitement imité l’écorce, les nœuds et la rondeur d’un bois rustique.

Sur le rocher qui sert de base à la croix sont sculptées en bas-relief des branches de laurier, d’iris et de roseaux, dont quelques tiges rompues présentent des fleurs dans un état de dépérissement. En outre de ces différens végétaux que l’art a si ingénieusement simulés, la nature semble avoir voulu aussi concourir à l’ornement de ce tombeau : le lierre, symbole de l’amitié, dont les feuilles toujours vertes bravent la glace des hivers, prend racine dans les diverses cavités de ce rocher, et étend ses rameaux flexibles jusqu’à son sommet, où ils entourent le pied de la croix.

Les inscriptions suivantes sont gravées sur le roc : au milieu de la face principale,

ICI REPOSE

CHARLES-DOMINIQUE-SULPICE,
comte DE SAULX-TAVANNES,
NÉ LE 19 JANVIER 1751,

DÉCÉDÉ LE l4 AOUT 1822.

Du côté droit,

ICI REPOSE

LOUIS-HENRI-GASPARD,
vicomte DE SAULX-TAVANNES,
NÉ LE 12 DÉCEMBRE 1777,

DÉCÉDÉ LE 11 MARS 1807.

Du côté gauche,

ICI REPOSE

AGLAÉ-
CAROLINE-JUSTINE
DE SAULX-TAVANNES,
BARONNE DE BÉSENVAL,
NÉE LE 25 DÉCEMBRE 1773,

DÉCÉDÉE LE 26 AOUT l8l6.

Au bas de chaque inscription est gravé :

REQUIESCAT IN PACE.

Nota. Les caractères des inscriptions sont gravés en bâtarde.