Les tendres épigrammes de Cydno la Lesbienne/18

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(pseudonyme)
Traduction par Ibykos de Rhodes (pseudonyme).
Bibliothèque des curieux (p. 71-73).


XVIII

LA RÉFORME


Sapphô m’est apparue en songe et m’a dit de réformer la règle.

Tu ne connaîtras point, ô Phryné ! l’olisbos déchirant du père Aristophane : ce matin, à l’aube, tandis que vous dormiez toutes du sommeil profond qui suit le plaisir à outrance, je suis descendue vers la grève par l’Allée des Grenades, j’ai attaché un gros caillou à ce priape de cuir et, debout à l’entrée du bosquet d’Hylas, j’ai lancé dans les vagues écumantes l’instrument de torture et d’humiliation.

Repousse, en outre, ô novice radieuse ! le doigt fin de ta cousine Aspasie.

Le coït et le baiser suffisent au bonheur. La succion est une perversité superflue. Couchez-vous l’une sur l’autre ou côte à côte, enlacées, trésor à trésor, poitrine à poitrine, bouche à bouche. Dardez vos aiguillons, gonflez vos seins et confondez ainsi vos âmes : c’est la position que Sapphô préfère.

Tu promets tant, ô Phryné rougissante ! que mon rêve t’érige en symbole du Sapphisme épuré. Modèle-toi sur ton idéale effigie et médite ce précepte que l’ombre de Sapphô m’a confié avant de s’évanouir :

— « Si tu veux t’élever à la perfection, garde jalousement, orgueilleusement, ta virginité ! »