Lettre à M. de Falloux

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Lettre à M. de Falloux

Ministre de l’Instruction publique et des Cultes, contenant le récit d’une odieuse persécution et le jugement porté sur cette persécution par les hommes les plus compétens et les plus considérables de l’Europe ; Suivie d’un grand nombre de Documents relatifs aux spoliations qui ont eu lieu, à différentes époques, dans les Bibliothèques et les Archives de la France. Par G. Libri, membre de l’Institut, etc.

Afin de mieux faire comprendre tout l’intérêt qui s’attache à ce livre, dont la première édition a été presque entièrement enlevée en quelques jours, et dont il se prépare déjà une seconde édition ; afin qu’on puisse mieux sentir tout l’odieux de la persécution dont M. Libri a été l’objet, nous donnons ici la traduction littérale d’un article inséré dans l’Atheneum du 12 mai dernier, par M. de Morgan, secrétaire de la Société royale astronomique de Londres, et l’un des savants les plus illustres de l’Angleterre. La lecture de cet article, dans lequel on voit quelles sont les marques de confiance que le Parlement d’Angleterre vient d’accorder à l’homme dont le nom a été couvert d’opprobre en France, doit nous faire profondément réfléchir sur le danger des jugements portés dans des moments de trouble et de révolution. Le sommaire du livre de M. Libri, qu’on trouvera à la suite de l’article de M. de Morgan, explique l’empressement du public pour la lecture d’un ouvrage’dans lequel sont traitées les questions les plus graves de personnes et de bibliographie. Voici d’abord l’article de M. Morgan :

D’après l’ancienne coutume de quelques nations, les corps des malfaiteurs étaient livrés au scalpel du chirurgien. M. Libri a suivi cette coutume : ayant réussi, de l’avis de tout homme impartial, à exécuter ses calomniateurs, il s’occupe maintenant à les disséquer. Voici sa première dissertation sur leurs restes mutilés, et il donne à entendre à plusieurs reprises qu’il y en aura d’autres. La présente lettre, avec son monceau de suppléments, est un ouvrage de 327 pages, si curieux sous le point de vue bibliographique, que nous aurions dû nous y arrêter longuement quand bien même il n’eût pas eu droit à notre attention (à nous qui avons, dès le commencement, suivi cette affaire) par son rapport avec les accusations portées contre l’auteur, car il tourne bien à la honte, de ceux qui ont publié ces accusations, et qui ne veulent plus maintenant ni les soutenir ni les désavouer.

Nous renvoyons nos lecteurs au compte que nous avons rendu (n° 1074, p. 527) de la réfutation triomphante de M. Libri. Cette réfutation nous frappe plus que ne ferait une justification ordinaire. Qu’un homme, qui a été forcé de fuir pour défendre sa vie, ait pu en pays étranger parvenir à répondre à toute allégation renfermant la moindre circonstance définie, c’est là une chose plus qu’heureuse. M. Libri a réimprimé, en fronçais, un grand nombre ; d’articles de différents ; journaux anglais et étrangers, tous exprimant la même opinion et prononçant non-seulement son acquittement, mais un verdict de culpabilité contre ses accusateurs. Nous ne suivrons pas M. Libri dans ses nombreuses preuves additionnelles, établissant que véritablement il n’a pas volé à la France pour dix mille livres sterling de livres ; mais nous pouvons lui pardonner d’avoir insisté sur sa défense tout en faisant ses attaques ; nos lecteurs préféreront connaître ces dernières. — Avant d’aller plus loin, nous ferons remarquer un ou deux points sur lesquels des éclaircissemens sont donnés.

M. Libri a avancé, nos lecteurs s’en souviendront, qu’il avait offert toute sa collection, livres et manuscrits à la fois, à la Bibliothèque royale de Paris, sous la condition qu’ils ne seraient pas séparés. Il a avancé aussi que M. Guizot se rappelait cette offre. C’était en quelque sorte faire un appel à ce dernier, et nous pouvons en donner le résultat. Nous affirmons maintenant savoir personnellement que M. Guizot se souvient de cette offre, de la condition qui y était mise et du refus de cette condition, choses qui ont été portées à sa connaissance lorsqu’il était au pouvoir. En déclarant qu’il se souvient de ces trois faits, M. Guizot donne son assentiment à la publication d’une telle assertion.

Nos lecteurs se souviendront de la lettre menaçantequi a été mise entre les mains de M. Libri à l’Institut, lui donnant le conseil de fuir pour épargner au peuple français un acte de vengeance qui répugnerait à son caractère. Il ajoutait à cela que ses amis lui conseillèrent de suivre cet avis. Bien que nous ayons cru et croyions toujours qu’il aurait fallu qu’il fût fou pour rester dans un pays où une pièce telle que le Rapport Boucly a pu être le commencement officiel d’une procédure criminelle, nous ne savions pas exactement quelle importance attacher à la lettre menaçante, et le conseil de fuite donné par les amis de M. Libri nous en disait plus que la lettre qui motivait ce conseil.

M. Libri ajoute maintenant une terrible signification à cet avertissement en nous faisant savoir que l’homme qui a écrit ce billet qu’il a remis de ses propres mains à M. Libri, est M. Terrien, rédacteur du National, à ce moment le plus puissant de tous les journaux. Le nom de M. Terrien a été supprimé dans la première publication, parce que M. Libri avait reçu un avis qui pouvait faire supposer que M. Terrien avait réellement cru agir avec bienveillance. Convain depuis par une longue série d’attaques calomniatrices faites contre lui dans le National, que sa réserve n’a pas été appréciée, M. Libri porte au rédacteur de ce journal un coup qui restera dans l’histoire de la science.

Passons maintenant de M. Terrien à M. Arago. Nous avions mis celui-ci et M. Lamatine en demeure de se défendre contre une vive présomption de malveillance, leur imputant (ou au moins à l’un d’eux) la publication du Rapport Boucly, comme aux chefs principaux du gouvernement provisoire en ce qui concernanti les matières littéraires, leur reprochant d’avoir adopté ce ramas de rumeurs scandaleuses comme si c’eussent été des faits accrédités. M. Lamartine, nous l’ignorions, avait donné un démenti. Dans son journal officiel, le Moniteur. (22 mars 1848), on lisait ceci : « C’est par erreur que quelques, journaux ont annoncé qu’un document judiciaire relatif à M. Libri avait été tiré des archives du ministère des affaires étrangères : aucun document n’est sorti de ce ministère pour être livré à la publicité. » Quelques journaux expliquent ceci en disant que le Rapport a été trouvé au ministère des affaires étrangères par un citoyen qui y a pénétré pendant les troubles. M. Libri leur rappelle cependant que la foule n’a pas envahi le ministère des affaires étrangères, que certains journalistes seulement y sont entrés, et que la publication du Rapport dans le Moniteur, journal officiel du gouvernement provisoire, ne peut avoir eu lieu que du consentement des membres ou d’une partie des membres de ce gouvernement. « Pourquoi ne pas dire (ajoute M. Libri) qui a donné cet ordre ? Faut-il que je raconte cette histoire, dont je connais tous les détails ? » Tout ce que nous savons de M. Arago, c’est qu’il se plaint de ce que M. Libri imagine qu’il aurait sanctionné une telle publication, et il dit que c’est là la plus grave de toutes les imputations injurieuses qu’il a eu à supporter de la part de M. Libri. Ceci n’est pas un démenti. S’il est vrai que M. Arago a été l’instigateur de cette publication, sans doute cette appréciation de l’accusation de M. Libri peut être juste. L’imputation fondée sur la vérité est celle qui produit le mieux son effet. D’un bout de l’Europe à l’autre, la science désigne M. Arago comme l’auteur probable de cette publication, et lui demande d’expliquer la part qu’il y a prise. En Allemagne, un article qui se termine par le nom illustre d’Encke exprime clairement le plus profond regret qu’un semblable document ait été publié par l’organe officiel d’un gouvernement parmi les membres duquel était M. Arago, l’ennemi déclaré de la victime. M. Arago, a à se défendre contre ces présomptions, plus fortes qu’aucune de celles qui ont jamais été produites contre M. Libri.

D’après les lettres du domestique de M. Libri, à Paris, il parait que les commissaires chargés de l’examen — ou de ce que l’on appelle l’examen — de ses livres, entrent dans sa bibliothèque, quelquefois plusieurs ensemble, quelquefois il n’en vient qu’un seul, emportant et rapportant des paquets de livres. Comme cette Commission est composée entièrement d’élèves de l’École des chartes, qui ont des raisons particulières pour être hostiles à M. Libri ; — comme cette Commission a été dissoute une fois et reconstituée pour se débarrasser d’un membre impartial ; — comme il est défendu au domestique lui-même d’être dans l’appartement (la raison qui a été donnée est qu’il gênait les commissaires) ; comme ce domestique ne peut pas inspecter ce qu’ils apportent et ce qu’ils remportent, M. Libri a quelque raison de donner à entendre qu’il pourrait bien sortir de sa bibliothèque des livres qui n’en ont jamais fait partie. Si, un jour ou l’autre, on trouve une bonne collection de livres volés dans les appartements de M. Libri, ce sera une question délicate de savoir qui les y aura mis. Une année et demie écoulée sans qu’on ait rendu compte d’un si grand nombre de visites, de ces entrées et sorties des commissaires et des livres, fera naître de très-forts soupçons, à moins que des explications très-claires ne soient données et soutenues.

Maintenant passons à la principale substance du second écrit de M. Libri. Nous avons depuis longtemps pensé que des vols commis dans les bibliothèques de France étaient et sont très-communs : il y a à Londres tant de livres à vendre portant les estampilles de ces bibliothèques ! Nous avons eu sous les yeux, il y a peu de temps, un rapport fait par d’Alembert à l’Institut, et contresigné par Clairaut, qui devait évidemment avoir été volé. À la première réfutation des accusations dirigées contre M. Libri, nous n’avons pas pu nous empêcher de nous imaginer que les gens qui avaient publié le Rapport Boucly ; considéraient le métier de voleur de livres comme si commun, qu’ils pensaient réellement que le moindre témoignage suffirait pour faire croire au public qu’un homme qui avait des livres devait en avoir volé au moins une partie. En Angleterre, quand on vent perdre un homme, on l’appelle un tripotier (jobber), en France, un voleur de livres ; M. Libri a beaucoup à dire sur les pratiques qui sont maintenant de mode. Il prouve, par un écrit de la main de celui qu’il employait au catalogue de ses livres, qu’il avait donné des instructions pour qu’on mit à part tous les livres estampillés, afin qu’ils fussent rendus aux bibliothèques dont ils portaient l’estampille, et qu’il rendait constamment les livres ainsi estampillés qu’il avait lui-même achetés, Mais il donne aux Français une leçon si remplie d’esprit et d’une sévérité si

amusante, que certes les oreilles d’une nation si sensible au ridicule lui tinteront à la réprimande. Il s’est adressé depuis quelque temps à un petit nombre de libraires de Londres, pour faire rechercher dans leurs magasins les livres portant des estampilles de bibliothèques, sans aucune marque indiquant qu’ils aient été vendus comme doubles. Quatre libraires lui ont procuré en quelques jours quatre-vingt-deux volumes presque tous des bibliothèques de France. Une semblable démarche à Paris a produit presque immédiatement un nombre tel que l’ensemble s’est élevé à deux cent trois. De même furent trouvées des centaines d’autographes, des lettres tirées des Archives nationales, des rapports de l’Institut, etc. Parmi les autographes, M. Libri en choisit quarante ou cinquante (réservant ceux qui donneront lieu à des recherches ultérieures) et les envoie, avec tous les livres au ministre de l’instruction publique. Il demande en même temps que le ministre nomme une Commission pour examiner la manière dont ces livres et ces manuscrits sont sortis des mains de ceux qui avaient charge de les garder, et qu’après cet examen ils soient rendus aux divers établissements auxquels ils semblent appartenir. C’est un curieux présent à faire à un gouvernement. Si l’on accède à cette demande, il y aura une enquête du plus grand intérêt. Si on la repousse, il y aura de telles présomptions contre l’honnêteté de ceux qui ont accès aux bibliothèques de France, qu’il faudra bien du temps avant qu’elles s’effacent. C’est la seconde fois que M. Libri offre en don des livres à la nation française ; la première fois sa condition a été refusée. Si elle l’est encore cette fois, et si les livres sont rendus à M. Libri, par défaut (by default), nous lui recommandons de les donner au British Museum, en mettant dans chacun une feuille volante imprimée, expliquant comment il se trouve là. Nous supposons bien que le ministre n’adoptera pas le terme moyen de renvoyer simplement les livres aux bibliothèques sans nommer une Commission ; car ce serait admettre le vol et refuser de rechercher qui l’a commis.

Ù’aprés le témoignage de M. Picchioni, maintenant à Paris, autrefois au collège d’Eton, L. Lalanne, un des, commissaires qui apportent des livres chez M. Libri et qui en emportent, a dit en pleine rue, à M. Merlin, sous-bibliothécaire au ministère de l’intérieur, que l’Ecole des chartes ne sera contente que lorsqu’elle— aura fait pendre M. Libri. Jusqu’à présent, si un mauvais jeu de mots peut être permis, l’Ecole des chartes n’a rien fait que long feu[1].

M. Lepelle écrit à M. Libri qu’il est bien connu qu’un commissaire de police répondit de la manière suivante à une remontrante de M. Chabaille (ce membre de la Commission, qui en fut évincé à cause de ses dispositions en faveur de l’accusé) « Que voulez-vous ? Il n’est pas étonnant que l’affaire de M. Libri traîne en longueur, il a été livré pieds et poings liés à ses ennemis. » Ceci sera certifié en temps et lieu par M. Chabaille lui-même. Le nom de M. Libri a servi de tentation pour bien des jeux de mots. Un journal français, le Corsaire, dès le 23 mars de l’année dernière, publia sur l’influence fatale des noms un article finissant ainsi : « LIBRI ! C’est précisément ce qui l’a perdu ! » La phrase aurait dû être, nous l’acceptons ainsi : «  ce qu’il a perdu ! » Ses livres sont perdus, mais il n’est pas perdu lui-même. Heureusement, de lui rien n’est attaché pieds et poings liés en France que sa bibliothèque, et lui-même est dans un pays de franc jeu, de justice et d’équité.

C’est une habitude du gouvernement français, soit monarchique, soit républicain, d’agir par intimidation, de réprimer l’opposition, si c’est possible, par la menace. En mars 1848, M. Libri adressa une courte réfutation des calomnies Boucly aux journaux français, qui refusèrent de la publier. M. Durand, libraire, tâcha d’obtenir cette insertion dans plusieurs d’entre eux. Tandis qu’il s’occupait de cela, il reçut un ordre de comparaître au Palais de Justice, où le juge, d’instruction lui dit d’un ton de reproche « Vous êtes en correspondance : avec M. Libri. » La réponse fut négative, ce qui était vrai alors… Néanmoins, ajouta le juge, vous tâchez de faire insérer une lettre de lui dans les journaux ». Il le reconnut ; la copie fut exhibée, et M. Durand dut consentir à la laisser aux jures. Ceci est une excellente leçon sur la différence qu’il y a entre les noms et les choses. Le mot de liberté a été depuis soixante ans prononcé en France mille fois autant que dans tous les autres pays de l’Europe ensemble. Le magistrat ne pensait guère que sa courte conférence avec M. Durand servirait dans toute l’Europe à commenter les maximes qui semblent devoir prévaloir dans la jeune République. Un grand nombre de nos lecteurs croiront avec peine que c’est la même chose que si le lord-maire, ou M. Hardwick, ou tout autre magistrat chargé de rendre la justice, avait mandé un commerçant de Londres et lui avait fait déposer une lettre qu’il aurait eu l’intention d’envoyer aux journaux en faveur d’un accusé. Nous aimons à pouvoir dire que l’esprit de résistance devient plus fort. Beaucoup de gens se sont fait honneur en fournissant à M. Libri des renseignements, avec permission d’user de leur nom. — Quelques-uns ne se sont pas sentis assez forts pour aller jusque-là. Nous citerons en première ligne, parmi ceux qui se sont déclarés prêts à combattre le chef de vingt légions, M. Paul Lacroix, le célèbre bibliophile Jacob. M. Lacroix a entrepris un catalogue descriptif des manuscrits qui sont ou ont été en la possession de M. Libri, établissant leur provenance sur des documents et des témoignages. La tâche, quelque rude qu’elle soit, sera facile pour ce célèbre bibliographe. — Nous avons entendu parler, de sa connaissance approfondie des bibliothèques, de sa prodigieuse mémoire pour tous les faits relatifs aux manuscrits en particulier, d’une façon telle que nous ne voulons pas la reproduire devant nos lecteurs sans l’appuyer du témoignage ; que nous en avons reçu nous-même. M. Lacroix s’est occupé récemment de la grande collection de manuscrits que M. Libri a vendus il y a déjà quelques années à lord Asburnham, et il promet de rendre un compte très-détaillé de la manière dont on se les est procurés. Tout cela est superflu en ce qui concerne l’acquittement de M. Libri pour tout autre pays que la France. Mais M. Lacroix ne semble pas travailler pour M. Libri seul ; c’est dans son propre intérêt et dans celui de tous les amateurs. Il nous donne à entendre que des accusations de cette nature sont le sort commun de tous ceux qui rassemblent des livres ou des manuscrits en France : — circonstance assez naturelle dans un pays où, à ce qu’il paraît, les bibliothèques ont à souffrir des vols considérables, sans qu’on y porte une grande attention ; probablement, les collectionneurs de livres de profession, qui sont peu nombreux en France, sont les plus innocents en général. Mais, leur réputation a pu souffrir par suite de la négligence des bibliothécaires. M. Libri donne une liste des livres qu’il a envoyés à Paris pour être examinés : il donne aussi une liste de cent cinquante-trois manuscrits qui ont disparu de la bibliothèque de l’Institut, — comme on le voit par le mot manque, écrit à côté de leurs titres, dans le catalogue. Il ne pense pas que dix des membres de l’Institut soient instruits de cette perte, sur laquelle il appelle l’attention de l’autorité.

Toute cette affaire, se réduit depuis longtemps, en ce qui concerne M. Libri, à la question de savoir si M. Libri recouvrera les biens qu’il a laissés en France, avec compensation pour le dommage qui doit indubitablement résulter de la manière dont ces biens ont été administrés. Dans tous les cas, il peut mesurer l’étendue de ses pertes ; mais la nation française ne peut pas aussi bien mesurer les siennes si elle persiste dans ce déni de justice, déguisé sous cette farce d’une Commission à 10 fr. par tête, per diem. La honte en retombera particulièrement sur les classes littéraires et scientifiques, et elles s’en apercevront dans leurs rapports avec le reste de l’Europe. La conduite de ceux qui se sont prévalus de la révolution, pour satisfaire leurs haines privées, portera atteinte à l’honneur national. Certes, une nation peut plus facilement qu’un individu racheter ses torts, puisque ses tribunaux peuvent toujours en faire retomber les conséquences sur qui de droit. — Mais une telle réparation, pour être efficace, ne doit pas trop tarder. En attendant ; l’Angleterre a récemment donné une marque publique et éclatante de son opinion. M. Libri a été appelé devant une Commission de la Chambre des communes, pour donner des renseignements (give evidence) sur les bibliothèques de France et d’Italie.


Voici maintenant le sommaire de la Lettre de M. Libri à M. de Falloux :


AVERTISSEMENT. — Me taxera-t-on d’impatience ? p. V. – Abrégé des persécutions dont je suis l’objet, ibid. Le comte Marsigli, VIII. – M. Pierre Leroux, p. XIII – Opinion de M. Guizot sur les entraînemens de la Justice ibid. – Etat de la question, p. XV.


LETTRE à M. de FALLOUX. – Le cumul sans places, p. 1-2 – Le général Carnot expulsé de l’Institut par ordonnance : son fils fait rayer mon nom des programmes des Cours, p. 2-3 – M. TERRIEN, rédacteur du National, p. 5 – Menace d’une vengeance populaire, p. 5-6. – M. LALANNE s’en tient à vouloir me faire pendre, p. 6 – Un Italien de moins, p. 7 – Quand M. Arago n’agit pas Les SIENS agissent pour lui, ibid. – Attention délicate des journaux français ibid – Grosse injure que je fais à M. Arago, p. 7-8 – Injure encore plus grosse que lui font M. ENCKE, secrétaire de l’Académie des Sciences de Berlin, M. de MORGAN, secrétaire de la Société astronomique de Londres, etc., etc., ibid – Qui veut-on atteindre, en me calomniant ? P. 9-10 – Un des plus détestables exploits de la Terreur, p. Il – Le Comité de législation a-t-il condamné le gouvernement provisoire à l’amende ? P. 12 – Comment mon affaire est jugée par l’Europe, p. 14 – Opinion d’un grand-chancelier d’Angleterre, p. 15 – dix-huit caisses de PIECES COMPROMETTANTES, p. 18-19 – Utilité des commissions désignées, p. 20 – SHILOK EXPERT, ibid – Intimidation. – Gens qui n’ont pas peur d’avouer qu’ils ont peur, p. 21 – Evangéliaire de M. LEDRU-ROLLIN, ibid – Comment des experts à 10 fr. Par jour n’ont-ils pas pu trouver encore un crime qu’on disait évident il y a un an ? P. 22 – On a tout saisi sans inventaire, p. 23 – Qu’a-t-on fait d’un portefeuille contenant 45,000 fr. De valeurs, ibid – On a défendu depuis un an de nettoyer mon appartement : ce qui ne l’empêche pas d’être envahi, p. 24 et suiv. – Paquets emportés journellement ibid – Ce qui arrive aux gens qui ne partagent pas l’acharnement des experts contre moi, ibid – Les experts ne veulent pas qu’on les gêne, p. 25-26 – On calomnie les magistrats, p. 27-28 – Un rapport INEPTE, p. 29 – Comment les experts s’y prennent pour prouver que j’ai dérobé un volume à MM. Didot, p. 30-31 – Que font-ils des factures des libraires ? P. 31-32 – Qu’a-t-on introduit chez mois ? ibid – Y a-t-il de par le monde des livres estampillés ? P. 33 – La DAL VER ?

?

? Cgez L ? Cig… p. 34 – Instructions abominables que je donne à ceux qui travaillent à mon Catalogue ibid – DECLARATION IMPORTANTE de M. CROSNIER, ibid – Les LOUPS RAVISSANTS quittent Lyon, p. 36 – La PISANELLA, un RAMELLI relié par DEROME, etc., etc., quittent la Bibliothèque royale, ibid – De quelle bibliothèques sortent les deux cent trois volumes que j’achète et que j’envoie à M. De Falloux, p. 37 – Sort-il des établissements publics de France moins d’autographes que de livres ? P. 38 – Les estampilles garantissent-elles les correspondances ministérielles ? P. 39 – Autographes que j’achète et que j’envoie à M. De Falloux ibid – Lettres de cinq membres de la famille Bonaparte, p. 39 – Lettre de NAPOLEON, de KLOPSTOCK, de ROSSINI, d’HAYDN, etc., etc., sorties des archives d’Institut, p. 42 – Autres exemples, p. 42-43 – A quoi l’on s’expose QUAND ON FERME MAL LES PORTES, p. 43-44 – Manque-t-il des mauscrits à la Bibliothèque de l’Institu ? ibid – S’est-on beaucoup ému de ces pertes ? P. 44 – On écrit MANQUE et l’on se croit en règle ibid – L’ILLUSTRATION et les Bibliothèques de Paris, p. 45 – Procès de CHARLOTTE CORDAY, ibid – Il n’y a guère que cent quarante-deux ans qu’on a commencé à voler des manuscrits à la Bibliothèque royale de Paris, ibid – Combien manque-t-il de volumes dans cet établissement : vingt mille ou cinquante mille ? P. 46 – Bonne foi des détenteurs, p. 49 – Mutilations : BIBLE de CHARLES LE CHAUVE, COLLECTION BETHUNE, etc., p. 51 – La Bibliothèque nationale n’achète-t-elle pas de livre volés ? p. 55 – Tout ce qu’on avait pris aux Bibliothèques de BELGIQUE, de MILAN, du VATICAN ou des Archives de SIMANCAS a-t-il été rendu ? P. 54 – Y avait-il des livres à estampille dans les collections de MM. BOULARD et de SOLEINNE ? P. 55-56 – Dessin de GUASPRE, ibid –Le PETIT CHEVAL, p. 56-57 – Manuscrits de l’Escurial et de Carpentras qui courent le monde, p. 58 – Première édition de DON QUICHOTTE, ibid – Les manuscrits disparaissent vite ; il y en avait deux mille en 1808 à la Bibliothèque de Carpentras, il n’en restait plus que six cent soixante-neyf eb 1826n o ? 59-61 – Connaissance bibliographiques des experts, p. 62-65 – Conduite délicate de certains débiteurs ; comment on s’y prend pour avoir mon logement et mes places, p. 63 – Certains élèves de l’Ecole des Chartes font-ils le commerce des livres ? Ont-ils vendu des livres volés ? – OUI – Ont-ils été inquiétés pour ce fait ? – NON, p. 63-65 – Toute la bibliothèque d’une ville de France vendue au poids, p. 68 – Livres et manuscrits rendus aux émigrés, p. 68-69 – Auto-da-fé de patiers AARISTOCRATES – Un volume de cinq mille francs volé à la Bibliothèque nationale, p. 70 – Nécessité d’un récolement, p. 73 – Doit-on punir pour n’avoir pas rédigé le catalogue de ses manuscrits ? P. 75 – Mon catalogue sera rédigé par M. Paul Laroix, p. 75 – Garder vos reçus, ibid – N’ai-je jamais acheté de panuscrits ? P. 76 – Nommera-t-on une Commission pour examiner les livres à estampille que j’envoie à M. De Falloux ? ibid


DOCUMENTS – Lettre de M. PANIZZI, conservateur du département des livres imprimés au British Museum, p. 81 – Ai-je dérobé un Psautier à Grenoble, ibid – Premier devoir d’un magistrat, p. 82 – M. CARTERON, p. 83 – Opinion des honnêtes gens sur le Rapport Boucly, p. 83 – Cherche-t-on la vérité, ou veut-on écraser M. Lobri ? P. 84 – Les collections publiques de France ont-elles été dépouillées d’une manière SCANDALEUSE ? P. 85 – Où se trouve l’AUSONE à la reliure de GROLIER provenant de la Bibliothèque nationale ? ibid – Se cache-t-on pour vendre à Londres ce qui sort des archives publiques de France, p. 86 – Dilapidations tolérées, p. 87 – M. HALLIWELL et les manuscrits de Cambridge, p. 88-89 – Procès gagné par M. RODD, p. 89 – Opinion d’un homme éminent, p. 90 – DELCARATION de M. HOLMES, premier adjoint au département des manuscrits du British Museum, p. 91 – Mes manuscrits étaient-ils cachés ? Après les avoir exeminés pendant un mois, il repousse avec indignation les calomnies dirigées contre moi, p. 91-92 – Déclaration motivée de M. Paul Lacroix (Bibliothèque Jacob), membre du Comité des monuments historiques qui a examiné les pièces, p. 95-97 – Lettre à M. De Monmerqué, p. 98-100 – MEA CULPA, ibid – Lettre de M. Paul Lacroix, p. 101 – Dois-je aller à Paris, ibid – Quand les experts déposeront-ils leur rapport ? P. 102 – Dix mois de prison sur la foi du Rapport de M. Boucly, ce serait trop, ibid – Qui a fait le Rapport Boucly, p. 103 – Lettre de M. Picchioni, ancien professeur au collège d’Eton, p. 105 – Quelles sont les gens qui crient le plus fort contre moi, p. 106 – Encouragements donnés à ceux qui veulent éclairer l’opinion sur mon compte, p. 107 – Conduite des experts, p. 108-109 – On me suppose coupable à priori, p. 109 – Maximes de morale, p. 100-111 – LES AMATEURS SONT TOUS DES VOLEURS, ibid – Le témoignage de M. Paulin est-il reçu ? p. 112 – Modèle de saisie régulière, p. 113 – Intimidation : y a-t-il un parti pris ? p. 114 – DANTE condamné par contumace comme voleur, p. 115 – Mort MERITEE de M. Rossi, d’après le National, p. 115 – Lettre de M. Molini, ancien bibliothécaire du grand-duc de Toscane, p. 116 – Si les livres de la Bibliothèque nationale vont en Italie, les livres et les manuscrits des bibliothèques de Florence viennent à Paris, ibid – Lettre d’un membre de l’Institut, p. 119. — Les magistrats sont-ils piqués ? — Si j’allais à Paris, m’oublierait-on en prison ? ibid – Lâche procédé, p. 120. – Opinion de M. ENCKE, secrétaire perpétuel de l’Académie des Sciences de Berlin, p. 121. Sentiment de justice allemand, p. 122. — La conduite de M. Arago jugée par M. ENCKE, p. 123. – OPINION de M. STERN, publiée sous les auspices de 1’Académie de Gœttingue, p 127 — Mes calomniateurs marqués du sceau de l’infamie, ibid — OPINION de M. CH. WITTE, professeur à l’Université de Halle p.135. — Il déclare avoir été soupçonné d’un vol de livres, p. 139-140. – Opinion DE M. LEHMANN ; on se permet tout dans les luttes politiques, p. 141 – Opinion de M. BRANDES, bibliothèque à Berlin, p. 144 – Libéralisme criard, p. 146 – Opinion de M. HOFFMANN, bibliothéciare à Hambourg ; Opinion de M. le baron de REIFFENBERG, p. 157-158 – Opinion de M. de MORGAN, secrétaire de la Société astronomique de Londres, p. 159. — De quelles accusations doivent se défendre mes adversaires, p. 160. — Ce qu’on pense en Angleterre des accusations anonymes, p. 162. — Il aurait fallu que je fusse FOU (dit M. de MORGAN) pour rentrer en France, p. 165 – Caractère de M. Arago, p. 166 – Ai-je été condamné pour vol en Italie ? Il paraît que MM. Capponi, Gioberti, Guerrazzi et Mamiani, membres de divers gouvernements italiens, ont ignoré cette condamnation, p. 168 et suiv. – Ai-je dépouillé les Archives de Florence ? p. 172-173 – Louable concert des journaux français en ce qui me concerne, p. 177 et suiv. – Le National : élection corrompues, p. 177 – l’ILLUSTRATION et le National, p. 179-180 – Accusation de complicité, p. 181 – Je calomnie (dit le Siècle) les princes et les peuples qui aspirent à la liberté, p. 182 – Un CITOYEN qui s’empare d’une pièce, p. 185 – Dix mille volumes provenant de vols, p. 187-188 – Véritable pensée des gens qui me calomnie ; p. 190 – Catalogue des deux cent trois volumes A ESTAMPILLE, que j’adresse à M. de Falloux, p. 195 – Onze volumes provenant de la Bibliothèque nationale ; trois de la bibliothèque de l’Arsenal, etc. p. 195-200 – Livres portant l’estampille du Ministère des Cultes, du Ministère du Commerce, du Dépôt de la Guerre, du Conservatoire des Arts et Métiers, du Prytanée, du Corps législatif, du Tribunat, de l’Université, de l’Ecole de santé, de la Faculté de médecine, de l’Hôtel-de-Ville de Paris, p. 200-205 – Livres provenant de divers établissements publics de Moulins, de Lyon, d’Avignon, de Marseille, de Toulouse, d’Amiens, de Metz, p. 205-206 – Livres avec les estampilles des bibliothèques de Florence, de Ferrare, de Parme, p. 206-209 — N’a-t— on jamais gratté ou enlevé des estampilles ? p. 207 — Factures des libraires qui m’ont vendu ces deux cent trois volumes, p. 213 et suiv. — Trouve-t-on à Londres des autographes sortis des établissements publics de la France ? p. 239. —Lettres de créance de Joseph II, ibid –Lettres du Duc DE BERRY, de la princesse Caroline, de la princesse Elisa, de Louis Bonaparte, de Joachim Murat, de Camille Borghèse ; pièces portant l’estampille des divers ministères, p. 231-233. — M. Botta, l’historien, recommandé à M, de Fontanes, p. 235. — Comment on assoupit une AFFAIRE MALHEUREUSE, p. 236.— Lettres de CONDORCET et de LAGRANGE à l’Académie des Sciences, p. 238.— N’y a-t-il pas ; entre les mains des personnes les plus respectables, des autographes provenant désétablissements publics ? — Combien de pièces sorties des archives de l’Institut y avait-il dans le Catalogue des autographes de MADAME LA MARQUISE DE DOLOMIEU, dame d’honneur de la reine, p. 240. et suiv. — Y en avait-il dans le Catalogue de M. COLLIER DE BEAUBOIS ? p. 243. — Et dans d’autres Catalogues ? p. 245. — LISTE DE CENT CINQUANTE-TROIS VOLUMES MANUSCRITS QUI ONT DISPARU DE LA BIBLIOTHÈQUE DE L’INSTITUT, p. 249. — Signature de MOLIÈRE, p. 252. — Pourquoi laisse-t-on aux uns ce qu’on réclame aux autres ? p. 255. — La Bibliothèque nationale n’a-t-elle pas cédé ou vendu des autographes à M. DE MONMERQUÉ, à M. CAMPENON, à M. FOSSÉ D’ARCOSSE, etc. ? p. 257-263.— Un incident de la vente Soleinne, p. 267. — L’AN DES SEPT DAMES, provenant de Sainte-Geneviève, p. 269. — Les œuvres de ROGER DE COLLERYE réclamées vainement par la Mazarine, p. 270. — TROIS CENTS VOLUMES PROVENANT.DE LA BIBLIOTHÈQUE ROYALE TROUVÉS CHEZ M. AUGER, MEMBRE DE L’INSTITUT, p ; 271. — Y en avait-il chez M. DARU ? p. 272. — Comment après VINGT-HUIT ANS un manuscrit précieux de la bibliothèque de BERNE se retrouve dans la succession de MANUEL, p. 275. — PROTESTATION, p. 277. — Condamnation d’un bibliothécaire et archiviste de Troyes et de Tours, p. 290. — Extraits de Haenel. — Bibliothèque entière vendue au poids, p. 292. — Ce que pense un juge d’instruction des rapports de la magistrature avec le Gouvernement provisoire, p. 295. — Comment se font les ventes d’autographes à Paris, p. 298 et suiv. — Origine du Rapport de M. Boucly, p. 302. — Le NATIONAL déclare qu’il n’avait AUCUNE RAISON de me calomnier, ce qui ne l’empêche pas de recommencer, p. 305-308. — La Bible de Diodati, de la Bibliothèque de l’Arsenal, p. 308-309. — Avais-je une bibliothèque en Italie, p. 310.— N’ai-je jamais donné de livres à personne ? p. 310-311.-DON ROYAL ? p. 311.-A quelle époque avais-je la GALEOMYOMACHIA ? ibid. — Le VALERIUS FLACCUS et le MANILIUS de Bologne (1474), imprimés sur peau vélin, p. 312. — Collection Pucci, ibid. — N’ai-je jamais reçu d’argent d’Italie ? p. 313.-Leçon donnée par le Grand-Duc de Toscane aux dictateurs de Février, p. 314. — Petites additions bibliographiques et autres, p. 315 et suiv. — Description du manuscrit de Baena, ibid.— Ce qu’on peut trouver sur les quais, p. 316.-Je fais présent d’un manuscrit de Peiresc à la Bibliothèque royale, ibid.-M. MONTEIL ET LES ARCHIVES DES MINISTÈRES, ibid. — Encore des cinquante mille volumes enlevés à la Bibliothèque nationale, p. 317.-Voyages inconnus du Cardinal de Retz, ibid. — Archives de la Marine, p. 318. — AMEILHON, conservateur des manuscrits de la Bibliothèque nationale, alimente les auto-da-fé révolutionnaires, p. 319. — COLLOT-D’HERBOIS, conservateur des Archives de la Côte-d’Or, ibid. — Lettre curieuse de Garat, ibid. — Manuscrits de Séguier dépouillés, p. 320.— Mutilations de manuscrits, ibid.— Ce qu’est devenu le manuscrit original du procès de Galilée, ibid. — Aveu touchant au sujet des Archives de la marine, p. 321. — Autographes appartenant à la Bibliothèque nationale, saisis à Londres et à Paris, p. 322. — La fable du Loup et de l’Agneau, ibid.-Un faux autographe saisi comme pouvant avoir appartenu à la Bibliothèque nationale, p. 325. — Dilemme : les experts sont-ils de bonne foi, ou pèchent-ils seulement par ignorance ? ibid. — Je ne suis pas un délateur, p. 324.

ADDITIONS DE L’ÉDITEUR, M. PAULIN. Hommage rendu à un caractère honorable, p. 325. — LETTRE DE M. CANUTI, ibid.— Lettre de M. Libri en 1845, ibid ; — M Libri jugé par ses actions, p. 326.

  1. Il y a ici dans l’anglais un jeu de mots intraduisible en français, et qui porte sur le mot pendre (to hang). To hang fire, mot à mot prendre le feu, signifie faire long feu.