Lettre de Jeanne d’Arc aux habitants de Riom

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Chers et bons amis, vous savez bien comment la Ville de Saint Pierre le Moustier a esté prinse d’assault ; et à l’aide de Dieu ay entencion de faire vuider les autres places qui sont contraires au Roy ; mais pour ce que grant despense de pouldres, trait et autres habillemens de guerre a esté faicte devant la dicte ville et que petitement les seigneurs qui sont en ceste ville et moy en sommes pourveuz pour aler mectre le siège devant la Charité, où nous allons prestement. Je vous prie sur tant que vous aymez le bien et honneur du roy. Et aussi de tous les autres de par deça, que vueillez incontinent envoyer et aider pour ledit siège, de pouldres, salepestre, souffre, trait, arbelestres fortes et d’autres habillemens de guerre. Et en ce, faictes tant que par faulte des dicts pouldres et habillemens de guerre la chose ne soit longue et que on ne vous puisse dire en ce estre négligens ou refusans. Chers et bons amis, notre sire soit gardé de vous. Escript à Molins le neufviesme jour de novembre.

Jehanne[1]
  1. Le texte est ici retranscrit dans sa version originale, en moyen français.

    Traduction en français moderne

    Chers et bons amis, vous savez bien comment la ville de Saint-Pierre-le-Moûtier a été prise d’assaut ; et avec l’aide de Dieu j’ai l’intention de faire vider les autres places qui sont contraires au roi. Mais pour ce, de grandes dépenses de poudre, traits et autres habillements de guerre ont été faites devant la dite ville [de Saint-Pierre-le-Moûtier] et modestement les seigneurs qui sont en cette ville et moi-même en sommes pourvus pour aller mettre le siège devant La Charité-sur-Loire, où nous allons prestement. Je vous prie parce que vous aimez le bien et l'honneur du roi. Et aussi vous voudrez bien aider pour ledit siège et ainsi envoyer rapidement de la poudre, du salpêtre, du soufre, des traits, des arbalètes fortes et d’autres habillements de guerre. Faute de poudre et habillements de guerre, faites que la chose ne soit pas longue et qu’on ne puisse dire que vous êtes négligents ou refusants. Chers et bons amis, que notre sire soit protégé par vous. Écrit à Moulins le 9 novembre [1429].

    Jeanne.