Lettre du 21 et 22 août 1675 (Sévigné)

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433. —— DE MADAME DE SÉVIGNÉ
À MADAME DE GRIGNAN.
À Livry, mercredi 21e août.

En vérité, ma bonne, vous devriez bien être ici avec moi ; j’y suis venue ce matin toute seule, fatiguée et lasse de Paris, jusqu’au point de n’y pouvoir durer. Notre abbé est demeuré pour quelques affaires ; pour moi, qui n’en ai point jusqu’à samedi, me voilà. Je prendrai demain ma troisième petite médecine en paix et en repos ; je marcherai beaucoup : je m’imagine que j’en ai besoin. Je penserai extrêmement à vous, pour ne pas dire continuellement : il n’y a ni lieu ni place qui ne me fasse souvenir que nous y étions ensemble il y a un an. Quelle différence ! Il m’est doux de penser à vous ; mais l’absence jette une certaine amertume qui serre le cœur : ce sera pour ce soir la noirceur des pensées. Je me fais un plaisir de vous entretenir dans ce petit cabinet que vous connoissez ; rien ne m’interrompt.

J’ai laissé M. de Coulanges bien en peine de M. de Sanzei[1]. Pour M. de la Trousse, depuis mes chers romans, je n’ai rien vu de si parfaitement heureux que lui. N’avez-vous point vu un prince qui se bat jusqu’à l’extrémité ? un autre s’avance pour voir qui peut faire une si grande résistance : il voit l’inégalité du combat ; il en est honteux ; il écarte ses gens ; il demande pardon à ce vaillant homme, qui lui rend son épée, à cause de son honnêteté, car sans lui il ne l’eût jamais rendue ; il le fait son prisonnier ; il le reconnoît pour un de ses amis, du temps qu’ils étoient tous deux à la cour d’Auguste ; il traite son prisonnier comme son propre frère ; il le loue de son extrême valeur ; mais il me semble que le prisonnier soupire ; je ne sais s’il n’est point amoureux : je crois qu’on lui permettra de revenir sur sa parole ; je ne vois pas bien où la princesse l’attend, et voilà toute l’histoire[2].

Quand je vous mande de certaines choses de Versailles, je les apprends ou de Monsieur le Premier, que je vois assez souvent, et chez lui, et chez moi, et chez Mmes de Lavardin ou de la Fayette, ou de Monsieur le grand maître, ou du fils de M. de la Rochefoucauld : ces auteurs-là ne sont pas méchants ; ils ne veulent jamais être cités pour les moindres bagatelles. Il y a des gens bavards dont je ne prends jamais les nouvelles. Voulez-vous savoir ce que les valets de chambre ont écrit[3] ? Vous savez comme en un certain lieu on aime les lettres ridicules. L’un fait un inventaire de ce qu’il a perdu son étui, sa tasse, son buffle, son caudebec[4]. « C’étoit, dit-il, un désordre du diable[5] ; ma foi, si j’avois été général, cela ne seroit pas arrivé. » Un autre dit : « Nous avons été joliment téméraires : nous n’étions que sept mille hommes, nous en avons attaqué vingt-six[6] ; aussi faut voir comme nous avons été frottés. » Un autre dit : « Nous nous sommes sauvés le plus diligemment que nous avons pu, et si nous n’avons pas laissé d’avoir grand’peur.  » Vous voyez qu’il y a des garçons pâtissiers partout[7]. Il faut avoir, ma bonne, un étrange loisir pour vous conter de telles sottises.

Le mari de votre nourrice vint avant-hier crier miséricorde au logis, que sa femme lui avoit mandé qu’on ne lui donnoit pas ses aliments, et qu’on l’avoit accusée d’avoir du mal ; qu’elle s’étoit dépouillée toute nue devant vous pour vous faire voir le contraire. Pour le premier article, je lui dis que sa femme, c’étoit la plus difficile, la plus méchante, la plus colère du monde, et qu’il n’y avoit pas moyen de la contenter ; que céans elle avoit pensé nous faire enrager, qu’à Grignan on donnoit à la nourrice tout ce qu’il y avoit de meilleur sur la table. Pour l’autre article, je lui dis qu’il étoit fou, et que je ne croyois pas ce qu’il me disoit. Il s’emporta, et dit qu’après l’honneur il n’y avoit plus rien, que si sa femme avoit du mal, elle étoit une p…. et qu’il me vouloit faire voir qu’il n’en avoit point. Sur cela, il fit comme s’il eût voulu se déshabiller ; je le fis sortir de ma chambre ; il le fit en disant cent sottises et qu’il alloit se plaindre à Mme de Villars, et l’histoire finit ainsi. Donnez-moi quelque lumière sur cette belle aventure.

Vous parlez si dignement du cardinal de Retz et de sa retraite, que pour cela seul, vous seriez digne de son amitié et de son estime. Je vois des gens qui disent qu’il devroit venir à Saint-Denis, et ce sont ceux-là même qui trouveroient le plus à redire, s’il y venoit. On voudroit, à quelque prix que ce soit, ternir la beauté de son action ; mais j’en défie la plus fine jalousie[8].

Il y a des endroits dans vos lettres qui sont divins ; j’en relis ici plusieurs. Je vous ferai voir quelque jour ce que vous dites de M. de Turenne. Le cardinal de Bouillon en aura le plaisir, ou le déplaisir, car il en pleurera. Depuis la mort du héros de la guerre[9], celui du bréviaire[10] est allé à Commerci ; il n’y avoit plus de sûreté à Saint-Mihel. Le premier président de la cour des aides[11] a une terre en Champagne ; son fermier lui vint signifier l’autre jour de la rabaisser considérablement, ou de lui remettre le bail qui fut fait il y a deux ans. On demande pourquoi, et que ce n’est pas la coutume ; il répond que du temps de M. de Turenne, on pouvoit recueillir et compter sur les terres de ce pays-là mais que depuis sa mort tout le monde quittoit, croyant que les ennemis y vont entrer[12]. Voilà des choses naturelles qui sont un panégyrique[13] ; ce que vous dites de M. de Lorges en est bien aussi. M. de la Garde n’est point encore parti ; encore il est allé se promener à Chantilly et à Liancourt avec les la Rochefoucaulds. Il en étoit aise comme quand on a quinze ans. Je le reverrai devant qu’il parte.

Ne me parlez point de vous aller voir ; vous me détournez de la pensée de tous mes tristes devoirs. Si je croyois mon cœur, j’enverrois paître toutes mes petites affaires, et m’en irois à Grignan avec lui ; je planterois là le bien Bon, puisqu’il est le bien méchant, et pour quatre jours qu’on a à vivre, je vivrois à ma mode, et suivrois mon inclination : quelle folie de se contraindre pour des routines de devoirs et d’affaires ! Eh, bon Dieu ! qui est-ce qui nous en sait gré ? Je ne suis que trop dans toutes ces pensées ; la règle n’est plus, à mon grand regret, que dans mes actions ; car pour mes discours, ils ont pris l’essor, et je me tire au moins de la contrainte d’approuver tout ce que je fais. Vos affaires règlent ma vie présentement, c’est tout ce qui me console. Je m’en vais courir en Bretagne pendant les vacances, et je serai de retour au mois de novembre, pour m’abandonner à toute la chicane que me prépare l’infidélité de M. de Mirepoix.

Dépit mortel, juste courroux,
Je m’abandonne à vous[14].

Je ne suis nullement contente de la Puy-du-Fou ; si elle aimoit M. de Grignan, elle auroit tout fini, et nous avons vu que ce qu’elle fit l’autre jour n’étoit que l’effet de la rage où elle étoit contre le Mirepoix, qui l’avoit pressurée par vingt signatures. Quand elle a son naturel[15]

elle est incapable d’aucune bonne résolution. La ruine de cette maison fait grand bruit. Je lui dis hier : « Enfin, Madame, c’est par le respect que nous avons pour vous, que nous nous trouvons dans l’embarras des affaires de Monsieur votre frère : si nous avions fait, il y a trois ans, ce que nous venons de faire, M. de Mirepoix n’auroit pas le prétexte de cette déroute pour nous refuser notre ratification[16]. » On ne sait seulement ce qu’elle répond ; elle va regarder aux portes si on ne l’écoute point, et quand elle voit qu’il n’y a personne, elle n’en dit pas davantage. C’est une misérable. On ne parle que des dissipations de cette maison, depuis les plus grandes jusques aux plus petites choses. Sottes gens, sotte besogne : il faut en revenir là.

Ne craignez rien de notre guerre de Bretagne ; ce n’est plus rien du tout ; fiez-vous à ma poltronnerie : je crois que je m’en irai avec le grand d’Harouys.

Je me porte très-bien ; le bon de l’Orme[17] m’a dit que je gardasse sa poudre pour cet hiver, et que je prisse trois jours de cette tisane ; c’est un remède de canicule ; il me croit hors d’affaire.

Mon fils est désespéré du guidonnage. Vous souvient-il de nos folies de don Quichotte ? Il se trouve présentement à neuf cents lieues de ce cap dont nous lui avons tant parlé. Tout ce qui vaque est demandé par des frères blessés, et par des familles si désolées, qu’on est honteuse d’aller barrer leur chemin inutilement. C’est à la Providence à démêler la fortune de ce pauvre guidon ; je le console tant que je puis. Je vous manderai l’adresse qu’il faudra mettre à vos lettres, si je pars. Hélas ! laissez-moi ce soin, c’est ma pauvre vie.

Vous m’enverrez quand vous pourrez cette courtepointe de Damas ; nous en ferons les rideaux de votre lit. Si vous trouviez dans Avignon ou dans Lyon de quoi faire des rideaux, un fond, un dossier, des soubassements, des pentes et des bonnes grâces[18] , nous vous fournirions trois pentes admirables, dont assurément vous n’entreprendrez pas l’assortiment en ce pays ; c’est le pourpoint tailladé. Vous aurez deux autres lits à fort juste prix, ils sont tout réglés. Vous ne voulez rien de plus présentement ; on vous cherche un tapis chez ces tapissiers du Roi, c’est justement de ceux-là qu’il nous faudroit.

Les amies de la voyageuse[19], voyant que le dessous des cartes se voit[20], affectent fort d’en rire et de tourner cela en ridicule ; ou bien conviennent qu’il y a eu quelque

chose, mais que tout est raccommodé. Je ne réponds ni du présent ni de l’avenir, dans un tel pays ; mais du passé, je vous en assure, et qu’il n’y avoit rien de si aigre dans le temps de la mortification des petits. Pour la souveraineté, elle est établie, comme depuis Pharamond. Quanto joue en robe de chambre avec les dames[21] du château qui se trouvent trop heureuses d’être reçues, et qui souvent sont chassées par un clin d’œil qu’on fait à la femme de chambre. Je crois que vous recevrez plus de relations que vous n’en voudrez, par des inconnus que j’ai priés de me faire ce plaisir et à vous aussi, pendant que je suis ici, c’est-à-dire pour vendredi, car je ne serai que samedi à midi à Paris.

Adieu pour aujourd’hui : en voilà assez ; voilà complies qui sonnent : vous connoissez mon manège. Il fait très-beau, je me promènerai beaucoup, et Dieu sait si je penserai à vous et avec quelle extrême tendresse !

Jeudi au soir, 22e août[22]

Je n’y ai pas manqué, ma très-chère ; mais admirez combien je suis peu destinée à la solitude : j’ai pris ce matin mes deux verres de séné bien sagement ; je ne me suis point coiffée en toupet[23] ; je suis demeurée jusqu’à midi spensierata[24] de crainte de troubler mes opérations. Comme je les finissois, voilà un carrosse à six chevaux. J’avois un pigeon pour mon dîner. C’est M. et Mme de Villars, Mme de Saint-Géran et la petite ambassadrice, qui se sont fait un grand plaisir de me surprendre toute seule par le plus beau temps du monde, et montrer ces jardins que vous connoissez à M. de Villars. Vous entendez tout ce qui se dit. Conclusion : mon cuisinier se met à fricasser des poulets, des pigeons, et nous avons très-bien dîné. Nous nous sommes promenés jusqu’à six heures, et puis l’abbé est venu, qui a mis dans sa calèche M. de Coulanges et Mlle Martel[25] ils ont apporté des perdreaux. Et voilà ma pauvre solitude où je me trouvois parfaitement bien.

Le pauvre M. de Sanzei est toujours perdu ; on ne le trouve ni dans les morts, ni dans les blessés, ni dans les prisonniers. Guilleragues[26] a demandé au Roi s’il ne savoit point de ses nouvelles ; il a répondu très-bonnement qu’il en étoit en peine, et qu’il ne comprenoit point du tout où il pouvoit être. Jugez de l’état de cette pauvre femme. Je laisse à M. d’Hacqueville à vous mander les nouvelles ; je ne sais que le siège de Trèves ; je crains un détachement pour mon fils ; envoyez-moi de votre courage pour l’aimer mieux en Allemagne[27] qu’à

la messe aux Minimes[28]. Vous dites là-dessus des choses admirables.

Le jeu des Tambourineux[29], c’est à dire la réunion des deux amies ; mais assurément cela n’est point fait pour le roi des Tambourineux ; c’est Brancas et sa fille.

De tous deux, de grâce

Vous savez le reste. C’est un chef-d’œuvre que ce couplet, et un chef-d’œuvre d’en découvrir le secret.

Le prince d’Harcourt a perdu son frère, et M. de Grignan, un cousin germain[30] ; je ne sais si vous l’avez senti ; cette perte a paru ici comme celle d’une aiguille dans une botte de foin.

J’ai appris encore que feu Saint-Luc[31] mettoit monseigneur à tous les maréchaux de France, parce que son père l’étoit, et le comte de Guiche par cette raison[32] : cela donne la loi aux autres, et ce n’est plus la mode d’y marchander quand on fait tant de leur écrire. Je vous conseille, après M. de Pompone, de n’y pas marchander à M. de Vivonne.

La royauté est établie au delà de ce que vous pouvez vous imaginer : on ne se lève plus, et on ne regarde personne. L’autre jour, une pauvre mère toute en pleurs, qui a perdu le plus joli garçon du monde, demandoit sa charge[33] à Sa Majesté, Elle passa ; ensuite, et toute à genoux, cette pauvre Mme de Froulai se traîna à ses pieds, lui demandant avec des cris et des sanglots qu’elle eût pitié d’elle ; Elle passa sans s’arrêter.

Vous me demandez si M. de la Rochefoucauld a été affligé de M. de Turenne. Oui certes, et très-sensiblement. Pour son fils, il ne s’est pas ménagé. Demandez à la Garde : il vous dira s’il y a un plus honnête homme à la cour et moins corrompu. Ils sont présentement à Liancourt et à Chantilly ensemble. Il vous contera cent choses. Vous serez trop heureux de l’avoir, par mille raisons ; il vous portera aussi la cassolette. Monsieur le

Cardinal[34] m’ordonne de vous l’envoyer, et me paroît piqué de ce que je ne l’ai pas encore fait. Je ne sais comme vous avez pu imaginer qu’il fût honnête de refuser une telle chose : ou je radote et ne sais plus vivre, ou c’eût été la plus rude et la moins respectueuse action que vous eussiez jamais pu faire[35].

J’ai[36] envoyé au cardinal de Bouillon la lettre de M. de Grignan. J’attends à toute heure votre reine de Hongrie[37], dont je vous remercie mille fois. Mme de Villars en aura sa part ; c’est une merveille que d’en avoir de cette bonté. L’abbé a supputé votre tapis à loisir : vous l’aurez pour deux cents livres, pourvu que la frange soit fausse comme à celui de Mme de Verneuil. La bonne Troche[38] est hors de peine. On croyoit que le frère de Tabine[39] se fût battu comme un petit Mars, et qu’il eût tué son homme ; mais cela est devenu faux. Adieu, ma très-chère bonne enfant, pour aujourd’hui. Les Villars vous adorent, et nous avons parlé de vous ; elles sont bien éprises et bien entêtées de ce que vous valez. Adieu, ma très-aimable bonne ; j’embrasse mes chers petits-enfants.


  1. LETTRE 433 (revue en très-grande partie sur une ancienne copie). — M. de Coulanges étoit beau-frère de M. de Sanzei, et cousin germain de M. de la Trousse. (Note de Perrin.) — Dans l’édition de la Haye, les derniers mots de la phrase (M. de Sanzei) se sont changés en votre santé.
  2. C’est sans doute une allusion à un épisode d’un des derniers volumes de la Cléopatre (Xe partie, livre IV). Volusius, perfidement attaqué, non loin d’Alexandrie, et près de succomber sous le nombre, est tout à coup sauvé par Coriolan, prince de Mauritanie, qu’il avait connu à Rome. Si c’est là l’endroit, comme cela paraît bien vraisemblable, que Mme de Sévigné a en vue, elle a un peu modifié les circonstances du récit pour le bien faire cadrer avec l’aventure de son cousin de la Trousse.
  3. C’est après la malheureuse affaire de M. le maréchal de Créquy à Trèves. (Note des éditions de 1726.)
  4. « Sorte de chapeaux de laine qui se font à Caudebec en Normandie. » (Note de Boileau à sa VIe épitre.)
  5. Dans le manuscrit « un désordre de diable. »
  6. Dans l’édition de Rouen (1726) et dans les deux éditions de Perrin : « vingt-six mille. » Le mot mille n’est ni dans le manuscrit ni dans l’édition de la Haye (1726).
  7. Nous avons suivi le texte de l’édition de la Haye (1726). Le manuscrit porte : « Vous voyez qu’il y a des gens et des garçons pâtissiers partout. » Il y a sans doute un mot sauté. À cette phrase l’édition de Rouen a substitué celle-ci : « Vous voyez qu’il y a de l’ingénuité dans ces récits. »
  8. Au lieu de cette phrase, et de la fin de la précédente, depuis : « et ce sont ceux-là, » on lit simplement dans l’édition de la Haye : « Mais oh peut se fier à lui, il ne donnera pas de prise sur sa conduite. »
  9. De la guerre n’est point dans le manuscrit.
  10. Dans la Pompe funèbre de Voiture (voyez les Œuvres de Sarasin, édit. de 1662, p. 255), on lit ces deux vers :
    Car il est des héros d’une douce manière,
    Il en est de justice, il en est de bréviaire.
  11. Nicolas le Camus. Voyez tome II, p.139, note 16.
  12. Dans l’édition de 1754 : « vont entrer en Champagne. »
  13. Tel est le texte du manuscrit. Dans l’édition de la Haye : « qui font son panégyrique ; » dans celle de Rouen et dans les deux de Perrin : « qui font son éloge aussi magnifiquement que les Fléchier et les Mascaron. »
  14. Le monologue de Médée, qui termine le deuxième acte du Thésée de Quinault, commence ainsi :
    Dépit mortel, transport jaloux,
    Je m’abandonne à vous.
  15. Dans l’édition de la Haye (1726) : « Quand elle est en son naturel. »
  16. « Notre satisfaction. » (Édition de la Haye.) — M. de Grignan avait épousé en secondes noces Marie-Angélique du Puy-du-Fou, mais n’en ayant pas eu d’enfants, il était obligé de restituer la dot qu’il avait reçue. Il paraît qu’une transaction était intervenue, et que le marquis de Mirepoix, qui avait épousé Madeleine du Puy-du-Fou, belle-sœur de M. de Grignan, avait promis de la ratifier, et cherchait à éluder sa promesse. (Note de l’édition de 1818.) — Voyez les lettres des 10 et 12 juillet précédents, du 23 août suivant, et du 8 mars 1676.
  17. Voyez la note de la lettre du 11 mars 1676, et comparez les lettres du 7 août précédent et du 3 février 1676.
  18. Voyez tome III, p. 149, note 8. — Le soubassement est la garniture d’étoffe qu’on met au bas d’un lit, quand les rideaux ne vont pas jusqu’à terre ; les pentes, la garniture qu’on met en haut, les bandes qui pendent du ciel du lit sur les rideaux. — Il est parlé quelques lignes plus loin du tapissier du Roi. Est-ce le même qui figure dans une chanson de Coulanges, Sur un vieux lit de famille (édit. de 1698, tome I, p. 207), sous le nom du tapissier Bon, et dont il est dit qu’il
    A si bien fait par ses journées
    Qu’un lit tient toute une maison ?
  19. Mme de Maintenon. (Note des éditions de 1726.) — Voyez la lettre du 7 août précédent, p. 23 et 24.
  20. « Que le dessous des cartes se répand. » (Édition de la Haye, 1726.) — Dans les deux éditions de Perrin : « que le dessous des cartes se découvre. »
  21. Le pluriel les dames du château est la leçon de la Haye (1726), de la Haye seulement. Nous l’avons adoptée, comme plus vraisemblable que le texte généralement reçu jusqu’ici (voyez Walckenaer, tome V, p. 243 et 447) ; mais nous ne pouvons nous empêcher de garder quelques doutes : toutes les autres éditions (Rouen 1726, Perrin 1734 et 1754), d’accord en cela avec notre manuscrit, ont le singulier la dame du château, qui se trouve, etc. De plus, contre son usage, le manuscrit explique cette sorte de chiffre en plaçant à côté le mot Reine, comme un peu avant, à la même ligne, il traduit Quanto en le faisant suivre du nom propre Mme de Montespan. — Pour le chiffre Quanto, les éditions de 1726 vont plus loin ; elles le remplacent par ce nom : « Mme de Montespan joue, etc. »
  22. Cette fin de lettre et la lettre suivante ne se trouvent que dans l’édition de la Haye (1726), et partiellement dans notre ancienne copie.
  23. C’est le texte de la Haye. Dans le manuscrit, il y a stoupet, pour toupet.
  24. Nonchalante, sans vouloir ni rien faire, ni songer à rien.
  25. Le manuscrit donne ici et au commencement de la lettre suivante : « Mademoiselle Martel ; » l’édition de la Haye, aux deux endroits : « Madame Martel. »
  26. Ce qui suit, jusqu’à : « Vous me demandez si M. de la Rochefoucauld… » manque dans notre manuscrit, et ne se trouve que dans les éditions de 1726 ; celle de la Haye a seule le paragraphe suivant.
  27. Sévigné était en Flandre, dans l’armée que, depuis le départ de Condé pour l’Alsace, commandait le nouveau maréchal de Luxembourg (voyez la lettre du 26 août suivant, note 2) et il n’y courait pas de bien grands dangers. Cette armée « qui, après les différents détachements qu’on avait successivement envoyés en Bretagne, sur la Moselle, en Alsace et en Lorraine, s’élevait encore à quarante mille hommes, passa tout le mois d’août renfermée dans le camp de Brugelette, entre Mons et Ath. Le prince d’Orange, de son côté, n’osait pas l’attaquer ; mais il faisait de grandes démonstrations et de grands préparatifs, comme s’il voulait assiéger quelque place d’importance…. Après la prise de Trèves, les troupes de Lunebourg d’un côté, le prince d’Orange de l’autre, ayant paru vouloir comme de concert se rapprocher de la Meuse, le maréchal de Luxembourg marcha du même côté, et vint s’établir sur la Mehaigne, à proximité du maréchal d’Estrades, qui avait conservé le commandement de Maestricht, de Limbourg et des autres places françaises du pays de Liège. Ce seul mouvement suffit pour rompre les desseins de l’ennemi pendant tout le reste de la campagne. » (M. Rousset, Histoire de Louvois, tome II, p. 190, 191.)
  28. Voyez tome II, p. 448 ; tome III, p. 54 ; et comparez la lettre du 7 août précédent, p. 17, note 13.
  29. « On dit d’un homme qui pour ses intérêts ménage avec bassesse jusqu’aux personnes les plus méprisables, qu’il ménage le valet du valet du tambourineur (ou tambourineux). » (Dictionnaire de l’Académie de 1694.) L’emploi du mot tambourineux dans cette phrase énigmatique s’expliquerait-il par une allusion à cet ancien proverbe ? Pour comprendre tout ce passage, il faudrait connaître le couplet qui y est mentionné et en avoir la clef.
  30. Le comte de Montlaur. Voyez plus haut, p. 30 et 31, note 3.
  31. François d’Espinay, marquis de Saint-Luc, fils de Timoléon d’Espinay, maréchal de France, et petit-fils du brave Saint-Luc, l’un des amis de Henri IV. Il a été question de son fils, tome III, p. 353, note 38. Seulement, d’après Moréri, le marquis de Saint-Luc n’est mort qu’en 1678. Ce paragraphe appartiendrait-il à une lettre postérieure ? ou bien faut-il supposer que Moréri s’est trompé ? C’est ce que nous ne pouvons décider.
  32. Voyez la lettre du 19 août précédent, p. 64.
  33. La charge de grand maréchal des logis de la maison du Roi. Voyez la lettre du 26 août suivant, p. 87 et 88.
  34. Le cardinal de Retz.
  35. Voyez les lettres du 24 juillet 1675 (tome III, p. 525), et du 9 septembre suivant.
  36. Nous donnons ce paragraphe d’après notre manuscrit, en en combinant le texte avec celui de l’édition de la Haye (1726).
  37. C’est-à-dire votre eau de la reine de Hongrie. L’eau de la reine d’Hongrie, dit le Dictionnaire de Trévoux, « est une distillation qui se fait au bain-marie, des fleurs de romarin, sur lesquelles on a versé de l’esprit-de-vin bien rectifié. — On l’appelle ainsi à cause du merveilleux effet qu’en ressentit une reine de Hongrie à l’âge de soixante-douze ans. »
  38. Dans l’édition de la Haye, on lit Torelle, au lieu de Troche.
  39. À la place de Tabine, que donne le manuscrit, il y a deux astérisques dans l’édition de la Haye. Il faut sans doute dans ce nom changer le b en t. Dans une chanson de Coulanges (tome I, p. 288), Mlle de la Troche est appelée « la brillante Tatine. »