Lettres à Falconet/20

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Lettres à Falconet
Lettres à Falconet, Texte établi par J. Assézat et M. TourneuxGarnierXVIII (p. 306-307).


XIX


À peine, mon ami, me laisse-t-on le temps de vous dire un mot. Je ne sais si vous aurez reçu mes dernières lettres. Quoi qu’il en soit, voici une occasion de m’obliger essentiellement. J’ai acquis à la vente Gaignat, pour Sa Majesté Impériale, cinq des plus beaux tableaux qu’il y ait en France : un Murillo, trois Gérard Dow et un J.-B. Van Loo. La somme est assez forte, bien qu’elle soit très-au-dessous du mérite de ces morceaux. Je suis sous la main de justice, qui a fait la vente des effets Gaignat. La justice n’entend pas raison. Ayez donc l’amitié pour moi de voir monsieur le général, et de le supplier très-instamment de me faire passer des fonds et de me tirer de souci. Ne le quittez pas que vous n’ayez vu ces fonds expédiés.

Rendez-vous aussi agréable à vos confrères de Paris, en obtenant que les morceaux que l’on a commandés à Vien, qui n’aime pas à attendre, à Machy, qui n’est pas en état d’attendre, et à Casanove, qui est écrasé de dettes, soient promptement acquittés.

J’ai reçu vos présents. Je vous en ai déjà dit quelque chose. Je vous en parlerai mieux et plus au long une autre fois.

Je vous salue et vous embrasse tendrement tous les deux. Ah ! mademoiselle Victoire, quel chemin vous avez fait !


Ce 6 avril 1769.