Lettres à la princesse/Lettre060

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Lettres à la princesse, Texte établi par Jules TroubatMichel Lévy frères, éditeurs (p. 78-80).
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LX


Ce 23 octobre.
Princesse,

Vous étiez si lasse et si souffrante à la fin de la soirée de mercredi, que j’ai besoin de savoir qu’un bon sommeil a chassé toute cette migraine. Vous travaillez trop, et d’une manière trop continue, pendant toutes les heures de la journée : il n’y a pas trêve dans cette activité studieuse ou charmante, et il est des jours où la nature se plaint et réclamerait vers quatre ou cinq heures, avant le dîner, un quart d’heure ou une demi-heure de repos et de léger oubli. Voilà une ordonnance de médecin qui m’échappe ; mais demandez à Rayer !

J’ai bien songé au professeur d’histoire : je crois savoir celui qui conviendrait au rôle et qui n’est pas seulement instruit, mais gentil et gracieux, c’est M. Thiénot, professeur d’histoire au lycée Charlemagne ; je l’ai quelquefois rencontré. Voulez-vous, Princesse, que je lui touche un mot de votre désir ? M. Thiénot, jeune encore, est un ancien collègue de M. Duruy et ami assez intime ; un des premiers actes du ministre a été de le faire décorer, et il a bien fait en cela. Vous pourriez questionner sur lui M. Duruy, comme incidemment. Ce ministre, en effet, si insuffisant comme ministre ou si suffisant, eût été le meilleur professeur d’histoire pour le but voulu : chacun son domaine.

Daignez agréer, Princesse, l’expression de mon respectueux attachement.