Lettres de Jules Laforgue/061

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Lettres. — II (1883-1887)
Texte établi par G. Jean-Aubry, Mercure de France (Œuvres complètes de Jules Laforgue. Tome Vp. 9-10).
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LXI

À CHARLES EPHRUSSI

Berlin, 26 février 1883 [lundi].
Cher Monsieur Ephrussi,

L’êtes-vous assez, rancunier ? Pourquoi ne m’écrivez-vous pas le moindre petit mot ?

Avant-hier, à la soirée du Kronprinz, j’ai causé avec M. de Seckendorff qui m’a dit avoir reçu nombre de lettres de vous, et m’a appris que vous aviez d’abord le projet de venir à Berlin pour l’Exposition, mais que c’est M. Gonse qui viendra, et que vous prépariez des choses et des choses. À la même soirée, coudoyé plusieurs fois M. Lippmann. Un de mes remords. Lorsque j’irai vous voir, je vous remettrai intacte la lettre de recommandation que vous m’aviez donnée pour lui, il y a des temps infinis de cela. Il paraît qu’il est très bourru mais que sa femme est charmante, double raison, maison à éviter.

J’écris de menus vers et une pièce en un acte qui déborde d’optimisme. Outre cela, M. Bernstein m’a persuadé de mettre en vers le Don Juan de Pouchkine, et j’y vais de bon cœur.

Ne prononcez pas mon nom devant l’auteur des Aveux. Vous réveilleriez de pénibles souvenirs.

Au revoir et un petit mot d’amitié, s. v. p.

Votre
Jules Laforgue.