Lettres sur les ouvrages de madame de Staël/Préface

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Rossance père, libraire (p. i-ii).


Préface.


Je pense que les admirateurs de madame de Staël pourront trouver quelque plaisir à revenir sur les pensées que ses ouvrages leur auront inspirées : c’est ce qui me détermine à publier ces lettres.

Ceux qui échouent dans l’hommage qu’ils rendent à la supériorité ont du moins le mérite de l’intention. Dans nos temps d’agitation continuelle, on lui rend trop peu d’honneur. L’attention publique, attirée d’objet en objet, ne s’arrête plus sur ce qui devrait le mieux la fixer. On abandonne le génie, pour le chercher où il n’est pas ; ou bien l’on court se convaincre soi-même, par une funeste expérience, des vérités qu’il avait trouvées et qu’il eût suffi seul pour enseigner. Il est donc utile de revenir à lui, étonné qu’on est, en le retrouvant, d’avoir pu l’abandonner si long-temps.

Puissent ces lettres faire qu’il s’élève des voix pour exprimer mieux que moi l’admiration que j’éprouve !