Lexique des Antiquités Grecques/Α

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Albert Fontemoing (p. 11-14).
A


’Αβάκιον. 1° Longue table rectangulaire, ou boîte, destinée à faciliter les calculs. La surface supérieure est gravée de lignes ou de rainures parallèles sur lesquelles ou entre lesquelles on fait courir des jetons, qui prennent, suivant leur place, une valeur différente.

2° Tables divisées en compartiments variés et servant à différents jeux, analogues à nos dames ou nos échecs, où l’on employait des jetons (Voy. Πεττεία).

3° Table ou dressoir destiné à supporter les ex-voto dans les temples, ou, dans les appartements luxueux, la riche vaisselle et les objets précieux (Voy. ’Αγγοθήκη).

4° Tablette posée dans le chapiteau des colonnes grecques immédiatement au-dessus de l’échine (ἐχῖνος), pour servir de support à l’entablement. Rond comme l’échine même dans les plus anciennes colonnes doriques, l’abaque devient carré dans la colonne dorique parfaite ; dans les chapiteaux ioniques il est réduit à une simple moulure, ove ou talon ; dans le corinthien, il se décompose d’ordinaire en trois moulures : un cavet, un filet et un quart de rond, et épouse les formes des volutes angulaires (Voy. Ἐπίκρανον, Κιονόκρανον, Κίων).


’Aβακίσκος. — Petit cube ou dé coloré, de pierre, de verre ou d’argile, qui


servait à la confection des ouvrages en mosaïque (Voy. Λιθόστρωτον).


Ἄβατον. — Se dit d’un temple ou d’une partie de temple dont l’accès est interdit aux profanes ; c’est un synonyme du mot ἄδυτον ; mais il s’applique aussi à des sacrifices mystérieux et réservés, et à des lieux ou des routes qu’on ne peut traverser sans sacrilège.


Ἄβολος [στολή]. — Nom d’une sorte de manteau devenu l’abolla des Latins. La forme ἀβόλλα se trouve d’ailleurs également.


Ἃβρα. — Jeune esclave ou jeune servante privilégiée, à qui les riches maîtresses de maison donnaient leur confiance, et qu’elles chargeaient de fonctions un peu relevées et délicates ; femme de chambre, presque dame de compagnie (Voy. Δμώς).


’Aβράξας ou Άβράσας. — Ce mot, formé peut-être d’une réunion de lettres formant le chiffre 365 (nombre des jours de l’année), était, dans la secte gnostique, le nom du Dieu suprême. Il en est arrivé ensuite à désigner les pierres gnostiques sur lesquelles il se trouve gravé seul ou accompagné de figures et de signes symboliques, et même sur les pierres du même genre où il ne se lit pas.


’Aβυρτάκη. — Espèce de sauce très piquante, peut-être d’origine perse, où il entre, parmi d’autres ingrédients, des poireaux, du cresson, des graines de grenade, des câpres.


’Αγαθοεργοί. — Cavaliers Spartiates, au nombre de cinq, libérés chaque année du service militaire, et gardés cependant la disposition du pouvoir pour remplir au besoin des missions. Leur nom vient de ce qu'ils étaient choisis parmi les plus braves.


Ἄγαλμα.[modifier]

— Désigne en principe tout ce qui charme les yeux ou l'esprit, et s'applique en particulier à un ex-voto, quelle qu'en soit la nature, destiné à plaire à un dieu. Comme on offrait souvent à la divinité son image, ἄγαλμα en est venu à signifier une statue de dieu, en bois, en marbre ou en métal, puis, d'une façon plus générale, une statue quelconque, même en forme d'hermès, et jusqu'à un bas-relief.


’Aγαλμάτιον.[modifier]

— Diminutif du précédent, mais avec le sens exclusif de petite image, statuette, figurine.


’Aγαμίου γραφή.[modifier]

Action de célibat intentée à Sparte aux citoyens qui n'étaient pas mariés à partir d'un âge déterminé. Cette action entraînait pour eux l’atimie, ou déchéance civique, et des peines infamantes qu'ils subissaient, en proie aux sarcasmes de leurs concitoyens et aux coups des femmes. Pour Athènes, aucun témoignage précis ne mentionne une ἀγαμίου γραφή, et les juristes croient qu'en fait cette action n'a jamais existé.


’Aγγείδιον, diminutif de Άγγεῖον.[modifier]

1° Terme générique pour désigner un vase, un récipient, quelles qu'en soient la forme, la taille, la matière ou la destination.

2° Rideau, voile ou morceau d'étoffe analogue.

3° Sacoche de cuir.


’Αγγελική [ὄρχησις].[modifier]

— Danse exécutée dans les festins ; les danseurs imitaient l'action et le récit des messagers arrivés au terme de leur mission.


’Αγγοθήκη.[modifier]

— Peut-être, dans un sens général, table, buffet, dressoir servant à déposer les vases ; plus particulièrement support creux, de forme triangulaire, sur lequel on posait un vase d'argile.


Ἄγγος.[modifier]

— En général, tout récipient ou vase, synonyme de άγγεῖον ; en particulier :

1° Vase à contenir des liquides, vin, lait, etc., ou des objets solides, des graines, du blé.

2° Urne funéraire où l'on recueillait les restes des morts.

3° Coffre pour les vêtements.

4° Caisse sans couvercle ou berceau dans lequel on exposait les enfants.


’Αγέλα, ’Αγελάοι, ’Αγέλαστος, ’Αγελάτης.[modifier]

— Les enfants crétois, jusqu'à l'âge de seize ans, vivaient dans leur famille ; on les appelait σκότιοι (vivant dans l'ombre), ἀπόδρομοι (hors de course) ou ἀπαγέλοι, c'est-à-dire hors de l'ἀγέλα. C'est qu'à seize ans ils se réunissaient en associations qui portaient le nom d'ἀγέλαι. Chaque groupe était sous la direction d'un ἀγελάτης, d'ordinaire le père du jeune homme riche qui avait pris l'initiative de l'association.

Le but de ces associations était d'exercer les jeunes gens aux plus rudes exercices du corps, en particulier à la course (d'où le nom de δεκάδρομοι, synonyme d'ἀγέλαστοι), à la chasse, au tir de l'arc, aux danses armées qu'ils accompagnaient de péans et d'odes guerrières, et même à de véritables batailles. Après dix ans, c'est-à-dire à vingt-six ans, les agélastes ou décadromes prenaient rang parmi les citoyens.

Il est à peine besoin de dire qu'ἀγέλα signifie proprement un troupeau.


’Αγένειοι.[modifier]

— Les imberbes, adolescents de seize à dix-huit ans. C'était, à l'époque classique, une catégorie de jeunes gens nettement déterminée, qui avait, dans les concours publics, des épreuves distinctes de celles des enfants (παῖδες) et de celles des hommes (ἄνδρες). Dans les temps plus anciens on ne distinguait que les enfants et les hommes. Plus tard, et peut-être aussi concurremment, on adopta d'autres termes, comme ἔφηβοι, νέοι.


Ἄγημα.[modifier]

— Troupe d'infanterie faisant partie de la garde d'Alexandre. Le même nom a été donné à un escadron de l'armée d'Antiochus, composé de mille cavaliers, et à des troupes, infanterie et cavalerie de l'armée de Persée. C'était donc, en principe, un corps d'élite de l'armée macédonienne, dont la composition a varié.


Ἀγήρατος.[modifier]

— Pierre que les cordonniers raclaient en poudre pour faire briller les chaussures des femmes.

Cette poudre était aussi employée en médecine comme astringent et dissolvant.


Ἁγισμός.[modifier]

— Voy. Ἐνάγισμα, Ἐναγισμός.


Ἁγιστεία.[modifier]

— Cérémonie religieuse ; se dit de pratiques, comme la célébration des mystères, ou de purifications, et aussi, dans un sens plus général, du culte, surtout matériel, rendu à une divinité.


’Αγκίστριον, diminutif de Ἄγκιστρον.[modifier]

— Toute espèce de crochet, plus particulièrement la pointe crochue du fuseau, et surtout l'hameçon. Il y avait des hameçons de différentes formes, par exemple de simples crochets, dont la tige était droite, et d'autres dont la tige était arrondie. L'hameçon était attaché à un fil lisse et sans nœuds, autant que possible, par l'intermédiaire d'un crin blanc, afin de ne pas effrayer les poissons. Au-dessus de l'hameçon, on attachait quelquefois au crin un petit objet en forme de corne pour empêcher le poisson de le couper en cet endroit.


Ἀγκτήρ.[modifier]

— Epingle ou crochet dont se servaient les chirurgiens pour rapprocher les lèvres d'une plaie.


Ἀγκύλη.[modifier]

— Lanière de cuir fixée par un bout à la haste d'un javelot, vers le milieu de sa longueur ; on l'enroulait autour de cette haste, et l'on tenait entre l'index et le médius l'extrémité libre. On lançait alors l'arme, à qui la courroie, en se déroulant, imprimait un mouvement vif de rotation. Ce mouvement augmentait la vitesse et la force de pénétration du trait. Quelquefois l'ἀγκύλη était fixée au bois du javelot par les deux extrémités, formant une anse. C'est sous cette forme que les Romains l'ont empruntée aux Grecs (hasta ansata).

Le mot, par extension, a servi à désigner le javelot armé de cet accessoire (Voy. Ἄκοντιον).

Il désigne aussi la corde d'un arc, une amarre de vaisseau, la boucle de corde où passaient les bras de levier des machines de jet (ἀγχῶνες), et toute corde formant nœud ou boucle, comme la laisse d'un chien de chasse, le cordon d'un soulier.

Enfin on appelait ἀγκύλη une coupe qui servait dans le jeu du cottabe, ou le jet même du cottabe, parce qu'il fallait, pour s'y livrer, lever et plier le bras au coude (Voy. Κότταβος).


Ἀγκύλια [τα].[modifier]

Traduction du latin ancilia, boucliers sacrés.


Ἀγκυλίς.[modifier]

— Epieu recourbé en croc dont s'armaient les chasseurs.


Ἀγκυλόπους [δίφρος].[modifier]

— La chaise curule des Romains ; le nom grec de ce siège est tiré de la forme recourbée des pieds.


Ἀγκυλωτός.[modifier]

— Trait auquel est adaptée l'anse de jet appelée ἀγκύλη.


Ἄγκυρα.[modifier]

— 1° Ancre servant à fixer les navires au mouillage. Après s'être servis d'une simple pierre ou d'une masse de métal (εὐνή), les Grecs employèrent un lourd crochet de fer, à une seule dent, qui s'enfonçait dans le sable ou s'accrochait au fond rocheux de la mer (ἄγκυρα ἑτερόστομος). Cette ancre simple subsista sans doute concurremment avec l'ancre double (ἀμφίστομος ou ἀμφίβολος). Ce n'est sûrement qu'à une époque assez récente qu'on imagina la branche transversale supérieure ou jas de l'ancre. Un anneau placé au point de jonction des deux crocs servait soit à accrocher l'ancre à l'avant du navire, sa place ordinaire, mais non exclusive, ou à fixer un filin terminé par un flotteur qui servait à indiquer la place exacte de l'ancre. Il n'est pas sûr que les deux bras de l'ancre grecque aient été façonnés à leur pointe en forme de fer de lance ou de flèche, comme les ancres modernes.

Jeter l'ancre, se disait ἄγκυραν βάλλειν, βάλλεσθαι, καθεῖναι, κατατεῖναι ; rester à l'ancre, ἐπ ' ἀγκύρας ἀποσαλεύειν ; lever l'ancre, ἄγκυραν αῖρειν, ἀναίρειν. — On a signalé des ancres non plus en fer, mais en bois.

2° Croc à deux ou trois dents, servant aux laboureurs.