Lithuanie (Syrokomla)

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Lithuanie
1850

«O ma Lithuanie! O patrie adorée,
Couverte de sapins, par ton sable dorée!
Ton climat est sévère et ton ciel, gris et plat,
Ne peut se comparer au lumineux éclat
Du ciel bleu d’Italie, où l’eau coule en fontaines,
Où s’ouvrent au soleil et roses et verveines...
Tes coteaux sont poudreux et sombres tes grands bois;
Humbles sont tes maisons sous le chaume des toits,
Et leurs bons habitants, d’esprit simple et crédule,
Ignorent encor l’art du point, de la virgule...
Tes mérites pourtant sont réels, moins connus,
Que défauts de surface, à vol d’aigle aperçus...
L’étranger vient chercher dans tes bois la mâture
Des rapides voiliers d’élégante structure;
Tes braves campagnards, revêtus de haillons,
Creusent, laborieux, dans le sol des sillons
Et font germer froment et seigle dans la terre,
Pour nourrir au besoin toute l’Europe entière
Qu’ils ont, l’arme à la main, parcourue en tous sens,
Avec Napoléon, le maître des géants...
Mais pour apprécier ses vertus, son génie,
Il faut aspirer l’air de la Lithuanie... »

«O ma chère patrie! O passé glorieux
Des antiques exploits de nos vaillants aïeux!
A mon appel pressant, vous sortez de la tombe,
Pour montrer à vos fils, comme on vit et succombe,
Servant, jusqu’à la mort, honneur et liberté !
Puisse de vos rayons la brillante clarté
Illuminer nos cœurs, dissiper les ténèbres
Et nous débarrasser de nos linceuls funèbres !... »