Livre d’hommage des lettres françaises à Émile Zola/Texte entier

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Livre d’hommage des lettres françaises à Émile Zola
Livre d’hommage des lettres françaises à Émile ZolaSociété libre d’Édition des Gens de Lettres, G. Balat (p. titre-468).
Livre d’Hommage des Lettres françaises
À
ÉMILE ZOLA

COMITÉ DE PATRONAGE :
COLLABORATEURS :
Paul Alexis, Ph. Dubois, Ch. Duclaux, Yves Guyot, Léon Marchand,
Ch. Potvin, Francis de Pressensé, Jean Psichari, Elie Reclus, Joseph Reinach, L. Trarieux,
Ernest Vaughan, Paul Adam, Henri Bauër, Maurice Bouchor, Paul Hrulat,
Cyriel Buysse, Edmond Cattier, Armand Charpentier, Jean Delville, Célestin Demblon,
Georges Eekhoud, Léon Frédéric, Henri Frick, Gustave Geffroy,
René Ghil, Yvan Gilkin, Albert Giraud, Urbain Gohier, A. Ferdinand Herold,
René Jacquet, Léopold Lacour, Camille Lemonnier, Henry Leyret, Georges Marlow,
Lucien-Victor Meunier, Monseur, Maurice Montégut, E. Museux, Emile Royer,
Lucien Solvay, Laurent Tailhade, Marguerite Vande Wiele,
Maurice Vaucaire, Emmanuel Delbousquet, Paul Fort, Mecislas Golberg, Fernand Gregh,
Jules Heyne, Marc Lafargue, François Lattard, Maurice Le Blond,
Roland de Marès, Camille Mauclair, Robert de Miranda, Eugène Monfort,
Léon Parsons, Pierre Quillard, Henri Rainaldy, Georges Rency, Paul Sainte-Brigite,
Saint-Georges de Bouhélier, Paul Salkin, Paul Souchon, Arthur Toisoul,
Marius Vallabrègues, Guillaume van de Kerkhove, Henri Van de Putte, J.-H. Levy,
Robert Buchanan, David-Christie Murray,
G. Degreef, Paul Janson, Ch. Letourneau, Étienne Marcel, Émile Royer,
Séparateur


PARIS
Société libre d’Édition des Gens de Lettres
BRUXELLES
Georges BALAT, Éditeur

1898

  Maître,

« Le peuple s’instruit en lapidant ceux qui l’aiment. »

Un jour, troublé par l’injustice, voulant la lumière, révolté par l’inconscience des foules, vous vous êtes offert en holocauste aux inconscients, afin qu’ils apprennent.

Depuis que Bernard Lazare s’est consacré à la réhabilitation d’une malheureuse victime des mal-entendus, des lâchetés et du faux honneur des bureaux, une race de héros s’est révélée à la France.

Oubliant les situations acquises poussées par la volonté de sauver un innocent, des hommes comme le vaillant colonel Picquart, comme l’éminent Grimaux, vinrent combattre pour la justice en sacrifiant tout, en s’exposant aux pires injures.

Mais pour que la vérité s’affirmât il fallait un acte retentissant. Vous avez consenti à en prendre la responsabilité, à servir de cible aux traits de la bêtise et de l’ignominie.

La minorité — car, malheureusement, nous sommes encore une minorité — a cru qu’il fallait honorer le courage ; elle vous offre ce livre, faible expression des sentiments de Justice et de Devoir que vous avez su répandre à travers le monde.

Trois générations viennent, dans cet hommage, proclamer bien haut que malgré la divergence des opinions politiques, ds situations sociales, il existe un sentiment plus fort que toute idée et tout âge : le sentiment de la Justice.

Permettez aussi, ô maître de l’énergie ! d’exprimer nos sentiments de reconnaissance à tous ceux qui, avec vous, ont collaboré à l’œuvre des Droits de l’Homme : à M. Reinach, et surtout à cet héroïque colonel Picquart.

En vous saluant, non seulement nous faisons notre devoir, mais nous honorons encore en nous-mêmes les sentiments de dignité humaine que vous avez réveillés.

Megislas GOLBERG.
Léon PARSONS.
Henri VAN DE PUTTE.

Paris-Bruxelles.


LIVRE D’HOMMAGE DES LETTRES FRANÇAISES
À ÉMILE ZOLA

I


Il y a dix-huit ans, en tête de mon premier volume La fin de Lucie Pellegrin, j’écrivais :

« À Émile Zola

» À vous, mon ami, pour votre accueil fraternel, dès mon premier jour de Paris ; à vous, pour toutes les bonnes heures que nous avons passées depuis dans une communauté d’idées et de sentiments ; à vous, pour le courage que m’ont apporté toutes vos œuvres ; à vous, enfin, pour cet avenir que je rêve toujours à vos côtés et dans le triomphe certain de notre combat.

« Paris, le 1er janvier 1880. »

Depuis, s’est réalisé ce programme d’amitié et de littérature. Non seulement je n’ai jamais « quitté » Zola, moi, mais je l’ai mieux connu chaque jour, davantage aimé et admiré. De sorte que sa courageuse intervention dans l’affaire Dreyfus, qui a étonné les sots et ceux qui le connaissaient mal, révolté tant de misérables, m’a paru à moi des plus naturelles.

Aussi, sa subite et révoltante impopularité ne m’impressionne guère. Et sa condamnation, mon premier mouvement d’indignation passé, me laisse indifférent. Ses accusateurs et ses juges ne se sont certainement pas doutés qu’en condamnant, ils ne faisaient que préparer l’avenir, consacrer son œuvre, élargir son champ d’action : trois-cent-soixante-cinq jours de prison non mérités peuvent contenir toute une éternité de gloire.


LE « SYNDICAT » GRANDIT

Il me semble que le « syndicat » grandit. La vertu de l’action est si grande que, des points opposés de l’horizon, d’Allemane à Gabriel Séailles, de Jaurès à Paul Desjardins, de Louise Michel à Duclaux, à Anatole France, à Eugène Carrière, à Claude Monet, les adhésions arrivent à Zola. Il faut le dire à leur honneur, les hommes de pensée se sont mis en mouvement d’abord. C’est un signe à ne pas négliger. Il est rare que, dans les mouvements d’opinion publique, les hommes de pur labeur intellectuel se manifestent au premier rang.

Le caractère de leurs travaux, leurs habitudes mentales, le genre de vie auquel ils sont tenus de s’astreindre, tout les éloigne des hommes d’action enclins à dépasser la mesure. Dans le cas présent, il semble qu’un lent travail se fût fait dans les esprits — obscur, car il n’est pas agréable de se donner l’apparence de défendre un traître — mais fiévreusement agité de doutes et d’angoisses.

Et voici qu’au premier geste de Zola, jusqu’alors si éloigné de la place publique, se jetant en avant, et devançant d’un bond ceux qui soutenaient le plus ardemment le combat, les consciences se sont senties libérées de l’affreux cauchemar, les langues se sont déliées, et sous les clameurs de messieurs les étudiants des cercles catholiques, on a entendu le beau cri retentir : Me, me adsum qui feci, on a vu des hommes apporter leur nom pour l’œuvre de justice.

Et voilà que dans notre France de fonctionnaires où l’on tient tant de gens par les croix, par les places, par les faveurs de toutes sortes dont la centralisation fait du gouvernement l’universel distributeur, des hommes de cabinet, de laboratoire, des professeurs, des savants ennemis des agitations publiques, s’émancipent jusqu’à protester à la face de tous en faveur du droit cyniquement violé. Et que serait-ce si des institutions libérales laissaient chaque Français maître de sa volonté ? Hier, un de nos plus distingués professeurs de l’enseignement secondaire me disait : « Vous n’aurez personne des lycées. Si je vous donnais mon nom, cet imbécile de Rambaud (j’atténue) m’enverrait pourrir au fond de la Bretagne. »

Le populaire, je l’avoue, a paru plus tardif à s’émouvoir. Lassé de vingt-cinq ans de paroles sans actes, dégoûté des promesses, toujours renouvelées, jamais tenues, il en est arrivé — je l’en blâme — à se désintéresser de beaucoup de choses qui le passionnaient jadis. Victime de tous les dénis de justice, que lui importe un nouvel acte d’arbitraire et d’iniquité dans le camp de ses maîtres, au détriment de l’un d’eux ? C’est le redressement total qu’il rêve. Combien de fois tenté ! Pour aboutir à quelles catastrophes ! Moi aussi, j*ai foi dans l’avenir de justice sociale. Mais je sais qu’une si haute construction ne peut s’élaborer qu’à la condition que le sentiment de solidarité humaine ait pénétré profondément nos cœurs.

Je le disais hier : la vraie révolution est faite quand l’esclave, plus grand que son maître, découvre qu’il doit la justice, même à ses tortureurs. Cette générosité sublime, le peuple, instinctif, l’éprouve à des heures qui passent. Mais la tentation est si forte, à d’autres moments, de répondre aux actes barbares par une explosion de barbarie ! Ainsi se fait la chaîne sans fin des violences, dans un décor menteur de justice et de liberté ! Ainsi les siècles ont forgé le dur anneau que nous voulons rompre pour libérer l’homme de l’iniquité !

Le soldat qui n’a d’autre emploi de sa vie que l’art de tuer, ne peut pas s’arrêter à ces idées qui ne sont, pour lui, que des misères. Que lui importe la forme d’un jugement ? Il n’a, sous les beaux noms dont il se couvre, qu’un culte, celui de la force qui se dresse en tous lieux contre le droit. Aussi je ne lui en veux pas de ne pas comprendre. C’est aux civils, dans le plus noble sens du mot, aux policés, à ceux qui fondent la civilisation sur le droit qu’il appartient de réagir : aux penseurs, aux savants qui préparent l’avenir, et, avec eux, aux faibles qui sont le nombre, livrés par l’anarchie mentale à la tyrannie des plus forts.

Il ne se peut léser un droit chez le dernier des hommes sans que tous les opprimés aient intérêt à s’en faire solidaires. Ils ne le comprennent que lentement, hélas ! obligés de se soumettre pour vivre, et ne pouvant suivre que de loin l’effort des pensées. Il faut cependant que le nombre et la pensée se rejoignent pour l’établissement de justice dans la cité humaine. Nous marchons vers ce beau jour.

L’affaire qui émeut si fortement l’opinion n’est qu’un incident de la grande bataille contre la férocité des intérêts coalisés. Le peuple ne l’a pas compris tout d’abord. Mais la belle lettre d’Allemane à Zola prouve qu’au moins quelques-uns de ses chefs ont la claire perception des dangers qui nous pressent. Honneur à eux ! Qu’ils amènent tous ceux qui, haïssant la trahison, ne détestent pas moins l’iniquité sous toutes ses formes, et veulent qu’un homme, quel que soit son crime, puisse revendiquer les garanties de justice.

La cause du droit humain ne se peut diviser. Il faut être pour ou contre. Et, si le « syndicat » grandit, c’est qu’après tant d’épreuves la France est en évolution de solidarité.


J’admire sans réserve l’acte de Zola, jetant le cri superbe de sa conscience indignée au lendemain de l’acquittement d’un coupable succédant à la condamnation d’un innocent.

Ce n’est pas seulement la cause du capitaine Dreyfus que le maître a si courageusement prise en mains.

C’est celle du droit violé, de la justice outragée, de la vérité méprisée et foulée aux pieds.

Je suis (et je le regrette bien aujourd’hui) de ceux qui longtemps ont cru à la culpabilité de l’ancien officier de l’État-Major. Avec bien d’autres, j’ai eu le tort de considérer la légitimité de sa condamnation comme une sorte de dogme patriotique. On nous avait tant de fois répété, en 1894, que cette affaire était susceptible de déchaîner l’effroyable guerre sur le pays.

Aucune discussion, d’ailleurs, n’était possible.

À part quelques rares initiés, qui donc eût pu se douter, il y a quelques mois à peine, que les règles les plus élémentaires de l’équité, les droits essentiels et sacrés de la défense avaient été violés à l’égard d’un homme accusé du plus exécrable des crimes : la trahison.

Du procès de 1894 on ne connaissait que le résultat. On ignorait le rapport Besson d’Ormescheville, document puéril et vide de sens, amas de potins ridicules. On ignorait les stupéfiantes péripéties d’une instruction conduite par un morphinomane, du Paty de Clam. On ignorait l’existence, au Ministère de la Guerre, d’une officine de basse police, sorte d’agence Tricoche et Cacolet, utilisant les services de faussaires avérés comme Lemercier-Picard. On ignorait l’œuvre de haine religieuse accomplie par d’anciens élèves des Jésuites de la rue des Postes. On ignorait surtout l’existence, dans l’armée française, d’un uhlan nommé Esterhazy et que ce uhlan était protégé par l’État-Major français et que cet Esterhazy était l’auteur du bordereau perfidement attribué à Alfred Dreyfus.

La lettre publique adressée par Zola au Président de la République, son procès devant la cour d’assises de la Seine ont fait crouler l’échafaudage de mensonges, si laborieusement édifié depuis quatre ans.

En même temps, Zola a mis à nu l’ulcère qui, si l’on n’y prend garde, aura bientôt gangrené la France.

Le danger maintenant est signalé. À nous de prendre contre lui des mesures efficaces. Sus à la « presse immonde », aux journaux de calomnies et de scandales qui trompent sciemment l’opinion ou la maintiennent dans l’ignorance ! Sus au militarisme ! À bas la tyrannie du sabre ! Vive la Liberté ! Vive l’Égalité ! Vive la Fraternité ! Vive la Justice.

Ph. DUBOIS,
rédacteur à l’Aurore.

Il y a toujours eu dans le monde des hommes qui, se tenant en dehors de toute secte, de toute communion politique ou religieuse, se sont attachés à servir l’humanité pour elle-même, et que leur indépendance a fait délaisser par tous les partis. Comme ils étaient des sages, quelques-un encore les seuls sages de leur époque, ils se sont facilement consolés des dédains, des insultes, des sévices de leurs concitoyens, et c’est à peine si le plus grand d’entre eux a eu un instant de défaillance, au moment d’être mis en croix.

Sa douleur eut été plus impersonnelle et par là plus cruelle si sa prescience divine lui eut révélé à ce moment les conséquences du crime politique et religieux dont il était la victime, et surtout s’il avait pu voir, à dix-huit cents ans de là, tout un peuple de disciples s’acharner à son tour sur un juif et s’écrier encore « nous voulons Barabbas ! ».

De quel côté serait-il aujourd’hui, s’il avait à prendre parti, à coup sûr, il l’eut fait sans violences. Il avait l’âme douce et, d’ailleurs, il disait bien haut que dans la vie civile, il fallait rendre à César ce qui était à César. Mais ces réserves faites, il eut dit : cet homme qu’on condamne est plus de ma tradition et de ma lignée que ceux qui le jugent et qui l’abreuvent d’outrages avant qu’il ne soit jugé.

À quoi Zola, en disciple respectueux, pourrait peut-être répondre « pardonnez leur Seigneur, car ils ne savent ce qu’ils font ».

Ch. DUCLAUX,
membre de l’Institut,
directeur de l’Institut Pasteur.

Les ennemis et les défenseurs
de dreyfus

D’un côté, un fou, le colonel Sandherr ayant l’antisémitisme au nombre de ses monomanies ; un autre fou, du Paty de Clam ; une brute, le colonel Henry ; un général qui obéit aux jésuites, le général de Boisdeffre ; un sous-chef d’État-Major timoré, le général Gonse ; un ministre de la guerre, qui, par peur de la Libre Parole et de l’Intransigeant, inspirés par ses officiers d’État-Major, s’est décidé à commettre un crime juridique ; une tourbe d’antisémites, d’anciens boulangistes, menés par Drumont, organe des jésuites, et par Rochefort ; Deroulède, guignol du patriotisme, Millevoye, l’homme des papiers Norton, des ministres qui deviennent pusillanimes jusqu’au crime comme Méline et Billot ; des magistrats qui étendent leurs robes sous les bottes des soldats ; des militaires qui ont le mépris de la loi et qui mettent leur honneur, pour ne pas réparer une erreur judiciaire, à maintenir la condamnation d’un innocent et à couvrir un traître.

D*un autre côté, une famille admirable, un frère dévoué et actif, une femme qui montre un courage à la hauteur du malheur qui la frappée, un père qui la soutient, des amis qui se groupent autour de ces victimes ; un homme comme Picquart qui brise sa carrière militaire dans l’intérêt de la vérité et de la justice ; un vieillard, le dernier représentant de l’Alsace-Lorraine en France, vice-président du Sénat, considéré par tous, qui prend la cause en mains ; les amis connus et inconnus qui se groupent autour d’eux, gens honnêtes et de grande valeur : Joseph Reinach, qui sacrifie son siège de député à son devoir ; Leblois qui, tout dévoué à Picquart, devient aussi dévoué à Dreyfus ; Zola, enfin, un littérateur qui, depuis vingt ans, tient la plus grande place parmi les romanciers et a le don de passionner tout ce qu’il touche, qui se jette dans la bataille avec son audace habituelle et met le gouvernement en demeure de le poursuivre ; un jeune avocat plein d’ardeur, de science juridique, d’éloquence et de foi, Me Labori ; un ancien député dont l’éloquence redoutable a culbuté tant de ministres, M. Clemenceau ; puis tous les intellectuels qui quittent le silence, leurs laboratoires, la tranquillité de leurs cabinets, au risque de compromettre leur situation : Duclaux, Friedel, Grimaux, G. Meyer, Louis Havet, Giry, pour ne citer que les membres de l’Institut, et une foule de membres du haut enseignement.

Voilà en présence les deux groupes.

L’homme qui prône les mensonges du premier groupe, qu’ils défendent, qu’ils mettent leur honneur à couvrir, c’est un ancien zouave pontifical, Walsin Esterhazy ; il a contre lui toutes les preuves ; preuves littérales, preuves testimoniales, présomptions, aveux. C’est un bandit connu comme tel partout où il a passé. Il a écrit des lettres où il crache toute sa haine contre la France, son armée et ses chefs. Il est convaincu du crime.

L’homme que défendent les membres du second groupe est un homme d’un mérite incontestable : nul mobile de trahison, aucune preuve contre lui, aucune présomption, sauf une seule : — Il est Juif.

Il ne reste plus qu’un problème : — Comment y a-t-il encore des adversaires de la révision du procès Dreyfus ?

Yves GUYOT,
ancien ministre,
directeur du Siècle.

La lutte pour le droit
dans l’affaire dreyfus

On a pu juger par les manifestations antisémites et les bagarres qui se sont produites à Paris et en province depuis quelques jours, s’il est exact que l’aspect politique de l’affaire Dreyfus est une lutte des défenseurs des droits de l’homme et des principes de 89 contre un flot de réaction cléricale, soulevant avec lui tout ce qui reste des vieux partis monarchistes et du boulangisme et marchant sous l’odieuse raison sociale de l’antisémitisme. Qu’un pareil mouvement mette en danger les libertés modernes et la civilisation même, qui donc pourrait en douter et quel est le libéral, le socialiste, le démocrate qui ne comprenne que son devoir est de faire tête à un pareil mouvement de réaction ?

D’ailleurs, tout le monde y aura vu clair maintenant. Mais avant de devenir ainsi une grave question politique, avant même d’être le procès des bureaux de la guerre contre l’opinion publique, l’affaire Dreyfus se présentait sous un aspect purement juridique qui aurait dû mettre d’accord tous les hommes de bonne foi.

Un homme a été condamné comme traître par cette juridiction exceptionnelle du Conseil de guerre qui n’offre aucune garantie de compétence, d’indépendance ni d’impartialité ; son procès s’est fait à huis clos, mais sous cette même pression d’opinion extérieure qui se traduit en ce moment par le cri de « Mort aux Juifs ! » et par laquelle le haut État-Major français, pourri de cléricalisme est suspect tout au moins de lâche complaisance, sinon de complicité. La publication de l’acte d’accusation a montré combien étaient faibles les preuves apportées contre cet homme à l’appui d’une accusation que tout rendait invraisemblable : sa position sociale, sa situation de fortune, ses mœurs. Même ceux qui ne croient qu’à l’intérêt doivent se dire que Dreyfus avait tout à perdre et rien à gagner à cette trahison.

On connaît la preuve du bordereau attribué par trois experts à Dreyfus, tandis que deux autres refusent d’y voir son écriture. Et ces cinq experts avaient été choisis par le gouvernement. Il n’y avait donc pas de preuves et Dreyfus aurait dû être acquitté ; en audience publique, il l’eût été, même par un Conseil de guerre ; d’ailleurs le crime dont il était accusé et auquel les Français, en proie à la hantise de l’espionnage depuis 1870, croient volontiers, ne rappelle-t-il pas les accusations de blasphème et de sorcellerie ! Y a-t-il des secrets militaires que les gouvernements volent ou achètent par trahison ? Dans ce cas, il faut que les gouvernements soient encore bien naïfs, car il n’est aucun secret militaire qui n’ait une publicité suffisante pour qu’on ne puisse l’acheter pour quelques francs chez les libraires, dans un manuel ou une revue technique quelconque. C’est pourquoi moi, qui n’ai été mêlé ni de près ni de loin à la campagne pour la révision du procès Dreyfus, qui n’ai pas même été consulté par ceux qui ont mené cette campagne, ici ou ailleurs, j’ai toujours cru que Dreyfus n’était pas coupable de ce dont on l’accusait et qu’il était victime des hallucinations chauvines et de la fièvre antisémite de ses contemporains, en même temps que de la plus abominable des violations des droits de la défense.

Car Dreyfus eût peut-être été acquitté même à huis clos (on prétend qu’il le fut) si en chambre du Conseil on n’avait osé mettre sous les yeux de ces juges militaires étrangers à toute notion de droit, imbus de leurs préjugés professionnels et rompus à l’obéissance hiérarchique, des documents secrets qui n’avaient été communiqués ni à l’accusé, ni à son défenseur.

Voilà la monstruosité qu’un clérical, homme de cœur et homme de droit, notre ancien ministre de la justice, M. Lejeune, qualifiait de crime et d’infamie et qui devrait soulever toutes les consciences, car si cela est possible, tout est possible ; il n’y a ni code, ni droit, ni constitution, ni république ; il n’a servi à rien de faire la Révolution de 1789 et de démolir la Bastille. Un homme est à la merci des gouvernants et peut être déporté après un simulacre de jugement.

Or, ce fait monstrueux a été révélé par les journaux du gouvernement ; jamais le gouvernement ne l’a nié. Et finalement le rapport Ravary l’a implicitement avoué en parlant du dossier secret. C’est sur ce point qu’eussent dû porter les interpellations à la Chambre et au Sénat, si l'on avait en France ce souci profond du droit qui fait la force et la liberté de l’Angleterre. Car, ce qui est une trahison, c’est de ne pas protester contre une pareille violation du droit. Et c’est pourquoi même tant d’étrangers, d’ailleurs amis de la France, se joignent à l’éloquente protestation d’Émile Zola.

On a dit qu’il s’agissait de documents dont la publicité eût amené un conflit avec l’Allemagne. C’est faux, puisque l’Allemagne a déclaré, par voie de notes officieuses et de démarches de son ambassadeur à Paris, que jamais Dreyfus n’avait été en relations avec aucun agent allemand.

C’est peu connaître les habitudes des gouvernements que de supposer que l’empereur d’Allemagne croirait de sa dignité de faire ces démarches pour sauver un espion. C’est absurde ; quand un espion se fait prendre, on ne fait rien pour lui. Et d’autre part, s’il y avait quelque chose, l’Allemagne ne s’exposerait pas à la confusion dont le gouvernement pourrait la couvrir en publiant tout, comme les notes officieuses allemandes l’y convient.

L’explication du mystère se trouverait en ceci : les documents communiqués en chambre du Conseil, non vérifiés, acceptés comme vrais par l’État-major et les ministres, seraient de faux documents, sortis de cette usine Norton, à laquelle n’était peut-être pas étranger de Foucauld de Mondion dont on sait les prouesses en Belgique, et qui auront la valeur des documents par lesquels le grotesque Millevoye voulut prouver que Clemenceau et Rochefort étaient à la solde de l’Angleterre, et dont la fausseté était si évidente qu’ils ne causèrent à la Chambre qu’un éclat de rire, bien que deux ministres y eussent ajouté foi. Dans ce cas tout s’explique et le gouvernement français aurait été incommensurablement bête, mais de bonne foi. Et il s’obstinerait en ce moment à ne pas réparer une erreur judiciaire, pour ne pas faire l’aveu de sa stupidité.

La similitude de l’écriture d’Esterhazy avec celle du bordereau, les propos de rastaquouère détraqué qui vivait d’expédients peu avouables, quêtait des aumônes aux Juifs et parlait de se suicider ou de se procurer de l’argent par un crime, permettent de croire que si l’on avait voulu indaguer dans cette voie, on aurait fini par savoir la vérité. Évidemment Esterhazy devait être acquitté du chef de trahison s’il n’y avait contre lui aucune charge sérieuse, bien qu’il y en eût beaucoup plus que contre Dreyfus ; mais s’il avait été poursuivi sérieusement pour escroquerie ou complicité d’escroquerie, si au lieu de le couvrir d’une protection scandaleuse et de faire preuve en sa faveur d’une partialité révoltante on avait recherché, au grand jour, s’il n’a pas été mêlé à la fourniture des documents restés secrets, presque certainement faux, et que le gouvernement a dû payer fort cher, n’aurait-on pas trouvé ce pot aux roses — que M. Billot se défend en termes élégants d’avoir rempli ?

Car la parodie de justice à laquelle on s’est livré pour innocenter cet officier français qui exprimait le regret de ne pas être un uhlan pour sabrer les Français forme la contre partie de cette œuvre d’iniquité qui a été perpétrée dans l’ombre du huis clos et de la chambre du Conseil pour trouver Dreyfus coupable sur la production de pièces qu’il n’a pas vues et dont personne n’a vérifié l’authenticité.

Et l’on voudrait que ceux qui ont le souci du droit, de la justice, ne manifestent pas leur indignation et ne prennent pas la défense de la victime de ces monstruosités parce que c’est un Juif ? Fût-il même aussi un traître, les droits les plus sacrés de la défense n’en auraient pas moins été violés contre lui, et réclamer la re vision de son procès est un devoir inéluctable pour quiconque peut élever la voix, si faible fût-elle, en faveur du droit et de la justice.

Voilà pourquoi j’écris cet article, quoi que ce soit évidemment aux Français surtout à obtenir cette révision, qui importe à l’honneur de leur pays. Car ce qui compromet l’honneur de l’armée et l’honneur de la France, c’est que des iniquités comme celles du procès Dreyfus et des scandales comme ceux du procès Esterhazy et du procès Picquart puissent se produire, sans être immédiatement réprimés et sans valoir à ceux qui en sont responsables la réprobation générale et une punition exemplaire.

On a l’air de ne pas s’en douter en France et de ne pas voir qu’on est en train, sous les yeux de l’Europe attentive, de déshonorer l’armée et le pays en tolérant des turpitudes, des injustices, des violations de tout droit, dont la répression est une question d’honneur.

Il n’y a pas en Europe deux opinions à ce sujet ; si, comme le disait un journal suisse, il n’est pas hors de France un homme de sens qui croie à la culpabilité de Dreyfus, il n’en est pas un non plus qui ne soit révolté par les scandales du huis clos et les procédés de l’autorité militaire, par les manifestations antisémites et l’attitude du gouvernement français et qui n’applaudisse aux efforts de ces hommes généreux, aux Zola, Clemenceau, Scheurer-Kestner, qui, une fois de plus, se sacrifient et se dévouent au salut commun en s’exposant à la calomnie, aux procès, à une impopularité passagère mais toujours amère à subir, pour sauver l’honneur de la France en l’empêchant de persévérer dans une iniquité et ne pas réparer une violation monstrueuse de ces droits de l’homme et du citoyen qu’elle a eu l’honneur de proclamer et d’enseigner au monde.

Georges LORAND,
membre de la Chambre des représentants de Belgique.

UNE LETTRE

  Mon cher Ami,

Eh oui ! j’ai longtemps pensé comme vous ! J’ai cru Dreyfus coupable !! ! et, alors l’horreur et le dégoût étaient tels, chez moi, qu’aussi féroce qu’un Abdul, j’étais heureux que la loi n’ait pas permis de le fusilier, parce que là bas, à l’île du Diable, il subissait mille morts et agonisait à chaque heure de jour et à chaque heure de nuit.

Était-ce assez féroce pour un cryptogamiste ?… Que voulez-vous ? les losonistes sont, sans doute, comme les poltrons quand ils sont échauffés, ils perdent toute mesure. Mais la trahison n’est pas un crime ordinaire… elle peut amener le massacre de compatriotes… Comment [illisible] circonstance aggravante le traître était un officier qui vendait le reste de la Patrie à ceux qui venaient de nous ravir l’Alsace et la Lorraine…

Depuis, le doute est entré dans mon esprit, les révélations faites de tous côtés m’ont amené à réfléchir, et j’en suis, peu à peu, arrivé à me dire : et pourtant s’il n’était pas coupable !  ! Quand à votre tour vous serez pris de ce doute, et, soyez en certain, cela vous prendra, car la lumière filtrera jusque dans votre village, vous sentirez combien il est troublant de penser qu’une erreur a pu être commise et qu’un innocent subit le martyre !

Cette idée était arrivée à me troubler profondément ; aussi je vous avoue en toute sincérité que j’ai applaudi du fond du cœur à la lettre qu’Émile Zola adressait au président de la République. Oui j’ai admiré le courage de cet homme qui, alors que beaucoup étaient encore à douter se levait et, tout seul, avec l’autorité de son grand nom et le prestige de son génie, venait s’offrir pour faire la lumière, pour calmer ses angoisses, celles de bien d’autres et les miennes.

La lumière si désirée par beaucoup (peut-être redoutée par d’autres) n’a pu être faite comme il se le proposait ; néanmoins ses détracteurs, forcés de répondre au chevaleresque écrivain, n’ont trouvé à opposer à ses affirmations si nettes que le moyen de silence ou des palinodies. Tout en paradant pour la galerie, et, bien que la « mélinite » ait fait long feu et que la « massue » soit restée sur le « billot », ils ont obtenu la condamnation de ce gêneur qu’ils n’ont pas osé regarder de face.

Oh ! je sais bien que, encore à l’heure présente, si l’on plébiscitait sur l’affaire Dreyfus-Zola, la majorité serait contre Émile Zola ; et peut être rééditerait-on le Vox populi ! Vox Dei ! Eh bien ! je vous déclare que je n’y crois plus à cette « voix »… C’est elle qui en 1850 nous a donné l’Empire. C’est elle qui en 1870 nous a menés à Sedan et non à Berlin, et, pour remonter plus haut, c’est elle qui a condamné à mort « Jésus » et gracié « Barrabas » ! Il y a eu de tout temps des Ponce-Pilate…, croyez moi en ce moment, il y a peu d’honneur à se mettre du côté de la « majorité » qui conspue Zola.

Pour mon compte, que Zola ait tort ou raison, je ne l’en admire pas moins :

S’il a tort et si Dreyfus est coupable, je lui saurai gré de m’avoir délivré du cauchemar de son innocence ; et je laisserai le traître subir sa peine. On scellera son tombeau, et l’on ne parlera plus de lui ;

S’il a raison et s’il prouve l’innocence du condamné de l’Île du Diable, ce sera mieux encore, car ce sera pour la conscience publique et pour les cœurs français un soulagement de savoir que quel que soit le sang qui coule dans les veines de nos soldats, aucun n’est traître à la Patrie ;

Enfin, quoi qu’il arrive, nous devons quand même remercier M. Émile Zola de nous avoir prouvé que la France n’est pas déchue, que la race des Voltaire et Victor Hugo n’est pas éteinte, et qu’il est encore de grands cœurs qui sont prêts à sacrifier leur tranquillité pour accourir au secours d’une infortune, pour se dévouer au sauvetage d’un malheureux et à la défense de l’Idée…

Dr Léon MARCHAND,
professeur honoraire de l’École supérieure
de Pharmacie de Paris.

Thiais, 28 avril 1898.


L’ART JUSTICIER

 Il avait tout fouillé, ne ménageant personne
La Curée où se rue un tas de jouisseurs,
L’Assommoir où le peuple en chômant s’empoisonne,
Le boudoir où Nana fait envie à ses sœurs ;

 Même la pourriture où la Terre moissonne
Avant le Germinal des ouvriers penseurs ;
Tout, jusqu’à la Débâcle, où le canon qui tonne
Crut fermer le tombeau, France, à tes défenseurs.

 Achève : rends au Droit sa conscience austère,
Tire un nouveau Calas du bagne militaire,
Pour enjeu du devoir, offre ta liberté ;

 Après Lourdes, tiens bon ! Après Rome, courage !
Qui sauve un innocent, venge l’humanité.
Et Voltaire dirait : « C’est mon meilleur ouvrage. »

Ch. POTVIN,
membre de l’Académie royale
de Belgique.

À ZOLA

Les érudits nous assurent que la France fut jadis la patrie de l’idéalisme. On n’y vit pas seulement une Assemblée où la noblesse et le clergé occupaient la moitié des sièges, se livrer à la sublime déraison de la nuit du Quatre Août et donner par là, à la Déclaration des Droits de l’Homme, une portée humaine, réaliste et pratique, qui n’appartient pas au même degré au très beau préambule de la Déclaration de l’Indépendance américaine.

Il s’y trouva pendant près d’un siècle des hommes qui s’appelaient des noms les plus divers et qui se réclamaient des principes les plus contraires, pour protester au nom du Droit et de la Justice éternelle contre les vilenies de la politique.

Un duc de Broglie s’honorait en débutant à la Chambre des Pairs par un vote courageux contre la condamnation du maréchal Ney. Des républicains comme Armand Carrel, marquaient au fer rouge de leur mépris la trahison d’un Dantz et l’infâme habileté qui consolidait la monarchie de Juillet. Parmi les monarchistes constitutionnels, dans la tourbe bourgeoise et philistine où se recrutait le centre gauche, il y eut des âmes assez fortes, des cœurs assez hauts pour mettre leur veto à l’exécution d’un Barbès.

Le Deux Décembre, cette opération de police qui sauva la société par une sombre matinée d’hiver, eut beau être amnistiée par les beaux esprits des classes dirigeantes ; on compta quelques intransigeants jusque parmi ces affamés de sécurité, pour opposer à ce dix huit brumaire sans le glaive, la protestation de leurs consciences.

Nous vivons en République. La constitution, les lois, nous assurent une quantité nominale de libertés dont se contenteraient, dit-on, les plus exigeants des individualistes. On affirme que les préjugés ont vécu — ceux-là mêmes qui peut-être avaient l’excuse de servir de prémisses à l’obscure dialectique inconsciente de l’âme populaire. Des dieux, il n’en faut plus. La religion, vieille lune. C’est le moment qu’ont pris ces monstres difformes et ridicules de l’antisémitisme et du nationalisme chauvin pour s’étaler au grand soleil. On ne croit plus au christianisme maison hait le juif. On n’entretient plus le fier patriotisme qui est prêt à tous les sacrifices : mais on cultive la fiction malsaine d’une implacable hostilité contre un peuple voisin. — Au premier mot de guerre on s’enfouit la tête dans le sable, telle une autruche, mais on professe une vénération pour les héros qui traînent leurs sabres dans les corps de garde et les estaminets et qui, sous prétexte qu’ils auraient quelque risque à courir le jour où la chair à canon des civils serait mise en réquisition, tranchent du matamore dans les salles d’assises et dans les salons.

Un officier juif a été condamné pour trahison. La légalité a été violée de la façon la plus scandaleuse dans son cas. Nous savons aujourd’hui que la justice n’y a pas eu une moindre atteinte. Le coupable est connu. Personne ne songe même à contester son infamie. Il n’en est pas moins sacro-saint, parce que sa faute est liée indissolublement à celle de l’infaillibilité de l’État-major. La magistrature civile s’est empressée de couvrir de ses abus de pouvoir la forfaiture de la magistrature militaire. Un ministère républicain a affirmé l’intangibilité de ce déni de justice. Au Parlement, l’opposition soi-disant radicale a rivalisé de mauvaise foi, de platitude et de servilité, avec la majorité gouvernementale au profit d’un militarisme de sacristie. Le pays, consulté, a ratifié avec enthousiasme la résolution de ne pas faire justice, de mener jusqu’au bout le supplice d’un innocent et de garantir l’impunité du plus cynique des sans patrie.

Deux hommes se sont levés pour rompre cette consigne du mensonge. L’un, c’était un officier, a simplement, noblement sacrifié une position considérable, les légitimes ambitions d’une brillante carrière ; il a acheté sa liberté à un très haut prix ; il est digne de croire qu’il n’a pas fait un marché de dupe. C’est le colonel Picquart. L’autre, — c’est un homme de lettres, — a jeté au vent une éloquente protestation indignée. Il n’a pas mesuré ses paroles. Il s’est ri de ces prétendues convenances où s’emmaillotent doucettement toutes les lâchetés. Il sait ce qui l’attend. Toute grande cause humaine a besoin de son martyr et le Calas du XIXe siècle aura eu en M. Émile Zola un Voltaire qui n’aura pas reculé devant douze mois de prison.

C’est parce que je crois que la France sera perdue le jour où il n’y aura plus de solidarité indéfectible entre la cause de la justice et du droit et la science ; c’est parce que j’ai quelquefois pensé que le sémitisme des grands juifs et de l’oppresseur capital était l’un des maux les plus flagrants de notre société ; c’est parce que je crois que le christianisme se déshonorerait s’il cessait d’être l’universelle protestation de la conscience contre la force et de l’idéal contre le fait ; c’est parce que je crois être Français libéral-chrétien, — et, si possible citoyen de cette cité de Dieu qui est l’humanité, — que j’ai été heureux de m’associer publiquement à l’acte d’Émile Zola.


APPEL AUX FEMMES DE FRANCE

Dans cette affaire Dreyfus, où tout est en jeu, jusqu’aux intérêts les plus vitaux de la France, le rôle d’Émile Zola a été décisif. Il appartient à l’avenir d’en dire toute la grandeur. Mais il convient dès maintenant de faire hommage à l’écrivain d’action, au poète citoyen, des efforts qu’il a de toutes parts inspirés vers la justice et la vérité. Ajoutons-y la pitié.

Frappé profondément du régime d’exception dont le capitaine Dreyfus a été l’objet depuis l’origine et dont Madame Dreyfus continue à souffrir avec lui cruellement, je publiai dans le Siècle du 24 mars 1898, l’appel qu’on va lire. Il m’a paru surtout à sa place dans un livre consacré à la gloire d’un homme qui, dans un moment suprême, par sa générosité, par son courage, incarna l’âme française.

« C’est à vous que nous faisons appel aujourd’hui, femmes de France, à vous qui fûtes toujours le cœur de notre pays, son honneur et son clair bon sens. C’est à vous, ô femmes, que nous faisons appel, au milieu des colères et des haines, parce que, dans la crise qui nous tourmente, une seule voix est restée muette, la voix de la bonté. Les hommes ont lutté, injurié, frappé : ils se sont déchirés et se déchirent encore. On s’est battu pour la vérité, on a clamé justice, magnifiquement. On n’a pas pleuré. La vision attendrie de la souffrance s’est obscurcie dans la tempête de nos discussions. Nous avons fini par oublier la réalité épouvantable.

» La réalité c’est qu’un homme souffre. Pour nous, cet homme est innocent. La preuve, en tout cas, n’est pas faite de son crime. Mais supposons qu’il vous reste un doute. N’est-ce point assez ? Une question d’humanité est ici en jeu. Rappelez-vous le grand pays de pitié qu’est la terre française. Ne pensez pas à tout le reste. Il n’y a pas longtemps encore, nous écoutions les poètes qui nous apprenaient qu’il faut tout plaindre, qu’il faut pleurer sur toutes les misères quelles qu’elles soient. Cette leçon, ô vous qui croyez et qui priez, n’est-elle pas aussi la leçon chrétienne ? La loi elle-même, dans notre pays et dans notre siècle, n’est pas une loi de vengeance ou de talion ; la loi ne châtie point, la peine infligée ne doit jamais être qu’un moyen de préservation sociale. Il n’est donc pas jusqu’à la loi qui ne répudie la cruauté.

» Un homme souffre cependant, soumis à des rigueurs sans précédent, à des tortures arbitraires. Cela ne peut pas, cela ne doit pas être. Il faut que cet homme soit traité comme un homme. Des nouvelles parfois nous arrivent du fond de l’île maudite. Oh ! ce n’est pas qu’il gémisse. Lui, il subit tout, sans se plaindre. Lisez ses lettres ; lisez la dernière, du 26 janvier, où il place sa confiance suprême dans son chef, dans le général de Boisdeffre : « J’espère aussi que sur ma tombe il me rendra le témoignage, non seulement de la loyauté de mon passé, mais de la loyauté absolue de ma conduite depuis trois ans où, sous les supplices, sous toutes les tortures, je n’ai jamais oublié ce que j’étais : soldat loyal et dévoué à son pays. J’ai tout accepté, tout subi, bouche close. Je ne me vante pas, d’ailleurs ; je n’ai fait que mon devoir, uniquement mon devoir. » Il n’y a pas une révolte, pas un cri contre ses chefs. Il n’y a qu’un cri incessant vers la justice, qu’un cri d’amour vers les siens. Et pourtant, la femme de cet homme n’a même plus la permission de voir de ses yeux l’écriture qui lui est chère ; on ne lui en communique que les copies. Et quelles copies ! Les lettres sont tronquées, falsifiées, antidatées. Celles de Mme Dreyfus, dans lesquelles pourtant elle ne met rien de ce qui se passe, ont probablement le même sort. Quel surcroit de misère et quels doutes affreux !

» Il paraît, — le bruit en court et se confirme. — qu’à chaque tentative faite à Paris en sa faveur, le malheureux voit là-bas redoubler la rigueur du châtiment. On l’isole dans une case au milieu de l’île ; on lui bouche la vue de la mer ; les fers lui ont été mis ; sa santé s’altère ; son cerveau s’affaiblit. Le 26 janvier, il écrit qu’il est « presque un agonisant. »

» La femme de cet agonisant demande aujourd’hui comme une grâce ce qui est son droit absolu ; elle supplie qu’on lui permette d’aller partager l’exil amer et cela ne lui est point accordé. Il serait vain pourtant d’invoquer la raison d’État. La défense nationale ne court aucun risque dans une île où toute communication est impossible. On se demande avec angoisse si la raison de ce refus n’est pas toute autre : on craint sans doute que Mme Dreyfus n’apprenne là-bas les traitements dont son mari fut toujours victime et plus tard ne le dise. Une chose est certaine, c’est que Dreyfus dans ses lettres n’a pas le droit de parler de son régime.

» Par une suprême dérision, nous avons à la fois perdu la pitié et l’énergie, les larmes et le courage, les deux grands mobiles des âmes. Nous savons ces choses et nous nous taisons. Ô femmes, c’est votre tour maintenant. Faites, faites entendre enfin le cri d’amour dont notre époque a besoin. Ouvrez toutes grandes vos âmes aux générosités héréditaires. Ne discutez pas, ne raisonnez pas, souffrez. La vérité est-là. Rassurez-vous : vous aurez fait votre devoir, du moment que vous aurez été bonnes. Intercédez auprès de ceux qui savent et qui peuvent.

» Les hommes s’irritent au son de leurs propres paroles et ils n’en trouvent à dire que de blessantes. Vous, vous saurez vous faire entendre. Dites les cruautés inutiles. Dites que si cet homme meurt là-bas, un cadavre est un insoutenable fardeau et qu’un jour il pèsera lourd sur notre histoire.

» Vous êtes là pour adoucir. Réunissez-vous. Adressez-vous à ceux qui ont le devoir de vous entendre. Demandez que cette femme puisse voir les lettres de son mari fût-ce au Ministère et devant témoins. Demandez, demandez surtout que cette femme admirable, cette infortunée, aille rejoindre celui qui se sent mourir. Soyez dix, soyez vingt, ne soyez que deux, si vous voulez, ne soyez qu’une. Une d’entre vous suffira, si celle-là résume en elle la pitié humaine et prononce au nom de la conscience française la parole qui vivra. »

Cet appel, on s’en souvient peut-être, a recueilli un nombre considérable de signatures, parmi lesquelles on a pu relever les noms les plus illustres. En effet, jamais en France on n’a compris la férocité mesquine et superflue. On s’en étonnera plus tard davantage. L’intérêt bien entendu devrait à lui seul conseiller la justice à défaut de la bonté, car enfin, il y a l’histoire — et la voici déjà qui commence.

Jean PSICHARI,
professeur au Collège de France.

L’ACTE NÉCESSAIRE

M. Brunetière, dans la Revue des Deux-Mondes, écrit du dernier livre de Zola : « On se tromperait si l'on cherchait dans Paris ce que semble en annoncer le titre, mais ce que M. Zola n’a pas voulu y mettre : une synthèse, un symbole de la grande ville. Le vrai sujet de Paris, nettement circonscrit, c’est la déchristianisation de l’abbé Pierre Froment. »

Ce mot de M. Brunetière explique les fureurs soulevées contre Zola, le concert habilement orchestré d’injures, de mensonges, de calomnies, où Ton reconnaît la main directrice de l’Église. La poignée est au Jésus et la pointe partout.

Lourdes, Rome, Paris, voilà le crime.

À Lourdes, la glorification de l’absurde fait prendre en pitié à Pierre Froment l’essai de retour en arrière, à la primitive foi des peuples, jeunes, courbés sous la terreur de l’ignorance. Il voit Rome, incapable de renouveau, moribonde parmi ses ruines, grande ombre bientôt négligeable, qui tombe à la poussière des religions mortes. Enfin, note M. Brunetière, Paris n’est pour l’abbé Froment qu’une dernière et suprême expérience où viennent achever de se débattre son cœur et sa raison. L’expérience est complète, décisive. L’abbé Pierre Froment se déchristianise.

Lourdes, Rome, Paris, trilogie terrible !

Les livres de Zola se vendent à cent mille exemplaires et plus. Ils sont lus dans le monde entier. Zola est une force, une puissance. Il faut abattre cette force, il faut écraser cette puissance.

Déjà Zola avait vu nettement que l’antisémitisme, machine de guerre inventée par l’Église, était le signe d’une effroyable rétrogradation mentale. Il l’avait dit. Il est l’ennemi. Tous les jours, pendant le procès, les étudiants catholiques partaient du cercle de la rue du Luxembourg en colonnes serrées pour aller renforcer les vieilles bandes hurlantes du marquis de Mores.

Depuis vingt ans, l’Église de France n’a eu qu’une pensée, mettre la main sur l’armée par les hauts grades, par le corps d’officiers. Chaque année, la Rue des Postes et les autres maisons de jésuites envoient à l’École polytechnique, à Saint-Cyr, le produit d’une sélection savante. Tel élève des jésuites se croit appelé par sa vocation à entrer dans les Ordres. Ses supérieurs lui disent : « Non, vous vous trompez ; vous êtes marqué pour l’armée. » Il obéit. La protection des Pères, toutes les influences mondaines mises en œuvre le suivent dans la carrière qui lui est largement ouverte. Il sera de l’État-Major.

Ce n’était pas assez de ce travail incessant, sans relâche. Il importait de dégoûter les jeunes gens de race juive d’entrer dans l’armée, en attendant qu’un fait les en chasse et après eux les protestants. Là est le secret de l’affaire Dreyfus.

Nous étions quelques-uns à énoncer le danger, à montrer de quel réseau souterrain l’Église peu à peu enveloppait la société civile et la France de la Révolution. On riait de nous.

Aujourd’hui le danger éclate en pleine lumière. Les aveugles seuls ne le voient pas.

Ce qu’a fait Zola n’est donc pas seulement un acte de grand cœur et de grand courage. C’était l’acte nécessaire.

RANC,
Sénateur.

Ayant beaucoup, ayant bien travaillé, il avait réussi. On pensait qu’il jouirait du succès avec orgueil. Mais il eut compassion d’un malheureux, se dévoua pour lui faire trouver justice.


PROFESSION DE FOI

Un seul candidat s’est présenté aux élections législatives du 8 mai 1898 en réclamant la re vision du procès Dreyfus. Je me suis exprimé, dans ma profession de foi, en ces termes :

« J’oppose aux contrefaçons de la République, la République des Droits de l’Homme et du Citoyen.

Depuis plus de huit ans que j’ai l’honneur d*être votre député, j’ai toujours dit toute ma pensée, tout ce que je croyais être la vérité.

Je n’ai jamais flatté la démocratie ; j’aurais cru lui faire injure.

Celui qui cède aux entraînements de l’opinion, celui qui dissimule par peur ou dans un vil intérêt personnel ses convictions, celui-là est indigne du titre de Représentant du Peuple.

Une question judiciaire passionne depuis six mois le pays. On m’a fait un grief de l’attitude que j’ai prise. Elle m’était dictée par ma conscience.

Un homme, un officier, a été condamné contre toutes les règles du droit et de l’équité, sur des pièces communiquées en secret à ses juges, sans que lui ni son défenseur en aient eu connaissance. Ces pièces pouvaient être fausses, elles pouvaient se rapporter à des tiers. Un pareil procédé est la parodie de la justice, le triomphe de l’arbitraire, la violation des garanties les plus élémentaires que les sociétés les moins civilisées accordent elles-mêmes aux accusés.

« Si Dreyfus a été condamné sur la production de pièces secrètes que la défense n’aurait pas connues, si cela était vrai, il n’est pas douteux que la décision serait frappée d’une nullité radicale. » Qui parle ainsi ? C’est la plus haute autorité judiciaire de France, c’est le procureur général près la Cour de cassation.

Savoir qu’une illégalité, qu’une erreur judiciaire a été commise, et se taire^ c’est s’en rendre complice.

Imaginez qu’un des vôtres ait été victime d’une erreur de ce genre. Qu’auriez-vous dit, si, en ayant acquis la preuve, je vous avais refusé mon concours pour sauver le malheureux ?

Il y a deux ans environ, un conscrit de l’une de nos communes a été condamné à tort par un tribunal militaire. L’erreur m’a été signalée. J’ai fait des démarches, j’ai eu le bonheur d’obtenir du Ministre de la guerre la grâce entière du condamné ; il a été rendu à sa famille : qui de vous ne m’a pas approuvé ?

Seulement, dans cette affaire du petit conscrit des Mées, ni les passions politiques, ni les haines religieuses n’étaient en jeu.

Ce sont ces passions déchaînées contre lesquelles je m’élève ; elles seules obscurcissent aujourd’hui une question qui, en elle-même, était très simple.

On a osé accuser les hommes qui réclamaient la re vision du procès Dreyfus de manquer de patriotisme, d’outrager l’armée et la justice. J’attends qu’on me cite une ligne, une parole de moi, qui justifie cette abominable imputation.

Est-ce manquer de patriotisme que de vouloir que la France, bonne et généreuse, fidèle à sa glorieuse mission, à sa raison d’être historique, reste à l’avant-garde de l’humanité en marche ?

Est-ce outrager la justice que de croire qu’un tribunal peut, de la meilleure foi du monde, se tromper et sur le fait et sur le droit, de dénoncer une erreur, de chercher à la réparer ?

Au début de la dernière législature, la chambre a voté à l’unanimité une loi nouvelle sur la réparation des erreurs judiciaires ; j’en avait été l’un des promoteurs. Mais il ne suffit pas de faire de bonnes lois, il les faut appliquer.

Est-ce outrager l’armée, cette armée où j’ai servi, cette armée que j’aime de toute âme, est-ce l’outrager que de la vouloir pure de toute souillure, que de s’affliger si l’on voit maintenir dans ses rangs le vrai auteur du crime pour lequel un innocent a été frappé ?

Un homme s’est rencontré pour écrire qu’il serait heureux d’être tué comme capitaine de uhlans en sabrant des Français, qui a été pendant des années l’espion à gages d’une puissance étrangère, qui, accablé par les preuves les plus irrécusables, n’a trouvé d’autre réponse que le silence. Et cet homme porte encore l’uniforme français ! Et l’on invoquerait encore, pour le protéger, l’honneur de l’armée !

L’honneur de l’armée, c’est nous qui le défendons.

Vous me connaissez, vous savez qui je suis : aurais-je pris la cause d’un traître ? Non, c’est l’innocent que je défends ; c’est le criminel que j’accuse.

Quand la vérité éclatera-t-elle avec la même force aux yeux de tous ? Ce soir, demain peut-être. Mais je vous réponds que son jour est proche.

Si vous doutez de ma parole que, cependant, vous avez toujours trouvée loyale et sincère, je n’aurai pas un regret personnel, car j’aurai toujours fait mon devoir.

Si vous me croyez, j’en serai heureux, surtout pour vous. Je vous dois d’avoir siégé dans deux assemblées. Je voudrais vous payer ma dette de gratitude en vous épargnant, à vous patriotes, à vous républicains des Alpes, le remords prochain d’avoir été, dans cette bataille, avec le mensonge contre la vérité, avec l’arbitraire contre la justice. »

J’avais été élu, dans l’arrondissement de Digne (Basses-Alpes), en 1889, par 5.845 voix et réélu, en 1893, par 7.160 voix.

J*ai été battu, le 8 mai, dans ce même arrondissement par 9.593 voix contre 1.213.

La Vérité serait moins belle, elle serait moins noble, si elle triomphait du premier coup. C’est presque une loi de l’histoire que le piédestal où elle se dresse, pure et victorieuse, est fait d’humiliations et de défaites.

Joseph REINACH,
Ancien député.

Après le 11 janvier tout semblait consommé. Mais, d’un brusque et violent effort, Zola a enfoncé les portes de la Cour d’assises, et la lumière à laquelle il a voulu livrer passage luit, depuis ce moment, avec une telle clarté que rien ne pourra plus l’étouffer.

Le jour certain où l’œuvre de réparation à laquelle il s’est dévoué aura pu s’accomplir, on ne songera plus à lui reprocher sa révolte passionnée contre une chose jugée faite d’irrégularités et d’erreurs : on ne verra dans son acte que les sentiments généreux qui l’y ont poussé, et on lui sera reconnaissant de ce que lui devront le Droit éternel et la vraie Justice.

Quant aux sycophantes qui, sans bonne foi, l’accusent encore d’avoir insulté l’armée et trahi la Patrie, ils s’empresseront alors de rentrer dans l’antre. Il en sera de leurs mensonges ainsi que des nuages qui passent. La vérité a ses revanches assurées comme le soleil !

L. TRARIEUX.
Ancien Ministre de la Justice,
Sénateur.

Paris, 12 Mai 1898.


ÉMILE ZOLA ET L’ « AURORE »

Lorsque parut le premier numéro de l’Aurore, l’affaire Dreyfus était aussi loin de ma pensée que de celle de mes collaborateurs. Il suffit, pour s’en rendre compte, de consulter la collection du journal. Nous n’avions qu’un but : élever une tribune où puissent être exprimées, développées, défendues toutes les idées d’humanité, de liberté, de justice.

La culpabilité du malheureux capitaine nous paraissait indéniable. Personne alors ne connaissait le véritable auteur du bordereau, et si peu de confiance que nous eussions en l’impeccabilité de la justice en général et de la justice militaire en particulier, nous nous refusions à croire à la possibilité d’une si monstrueuse erreur.

La foi profonde de mon ami Bernard Lazare en l’innocence du condamné me semblait, plutôt basée sur des raisons de sentiments, des présomptions morales que sur d’irrécusables faits, de mathématiques certitudes. Je lui écrivais en ce sens quand il me reprochait de ne pas observer, tout au moins, une bienveillante neutralité. Il était dans le vrai, cependant, et ses intentions généreuses n’allaient pas tarder à être confirmées de la façon la plus éclatante.

Tout d’abord, l’énergique intervention de M. Scheurer-Kestner attira notre attention. Clemenceau, qui ne s’aventurait sur ce terrain, le jugeant peu solide, qu’avec une extrême prudence, fut frappé de ce que le vice-président du Sénat lui révéla. La question de culpabilité passait au second plan. L’illégalité du jugement et, par suite, l’iniquité de la sentence étaient, brutalement, mises en lumière. La revision du procès, que Dreyfus eut ou non trahi son pays, s’imposait. Et Clemenceau le fit magistralement ressortir dans une série d’articles, avec la logique serrée, l’éloquente argumentation qui lui sont propres et l’ont placé au premier rang des polémistes de notre époque.

De proche en proche, la conviction gagnait. Chaque jour amenait à M. Schreurer-Kestner de nouveaux indices, de nouveaux documents, de nouveaux témoignages. Il connaissait enfin le nom du misérable qui avait rédigé, écrit les pièces sur lesquelles les juges du Conseil de guerre avaient prononcé et qui, seules, avaient été produites au cours des débats.

Ce fut alors qu’Émile Zola, plus avant que nous dans les confidences de M. Scheurer-Kestner, indigné du jésuitique accueil fait par les pouvoirs publics aux supplications les plus justifiées dans le fond et les plus modérées dans la forme, se résolut à élever la voix. Dédaigneux des réserves timorées, des circonlocutions prudentes, jugeant passée l’heure de la prière et venue celle de l’affirmation véhémente, il prit en mains la défense du droit violé et écrivit cette admirable lettre au Président de la République, que l’Aurore eut le grand honneur de publier.

Émile Zola ne se dissimulait aucune des responsabilités par lui encourues. Il ne se demandait pas s’il allait compromettre le patrimoine de légitime gloire si laborieusement conquis par un travail incessant de plus de trente années. Simplement, fermement, il accomplissait le devoir que lui traçait sa conscience d’honnête homme.

Alfred Dreyfus est Juif ! Alfred Dreyfus est riche ! et puis après ? En est-il moins la victime d*un déni de justice abominable ? Les étranges apologistes de l’État-major qui se déshonore en s’obstinant à ne pas reconnaître une erreur initiale, nous opposent d’autres condamnations iniques. Où ont-ils vu que l’Aurore ait, un seul instant, cessé de protester contre ces condamnations ?

Quelles que puissent être les conséquences du nouveau procès, Émile Zola ne sera en paix avec lui-même que lorsqu’il aura parachevé son œuvre et rendu, réhabilité, Dreyfus aux siens. Pour ma part, je suis sûr d’être le fidèle interprète de tous mes camarades de l’Aurore en le remerciant, du fond du cœur, de nous avoir jugé dignes d’être associés à son acte.

Ernest VAUGHAN,
Directeur de l’Aurore.

II

LES MAINS ROUGES

Les mains rouges étreignent les mains rouges.

Aux généraux de la Semaine sanglante, aux vainqueurs de Fourmies, les égorgeurs de la Villette prêtent leur vigueur.

On racolera Deibler, aussi.

Bouchers, généraux, bourreaux, forment le syndicat corporatif des tueurs resurgis contre l’idée d’amour international, contre l’Esprit.

Et leurs mains rouges de tous les meurtres historiques se redressent contre la Vie, source de l’Idée qu’ils haïssent.

Oh ! la trace de ces mains sur les Propylées de l’Histoire ! Traces écarlates de doigts meurtriers à la surface de lumière ! Mains barbares, mains saigneuses qui, depuis les origines, avez pollué les façades des civilisations ! Mains cruelles et fines de l’Asie, mains épaisses des géants Scandinaves, mains tartares, mains arabes, qui avez mis le signe de sang au visage des cités où l’idée gréco-latine enfanta la splendeur du monde ! Mains rouges, vous voilà dressées à nouveau contre l’intelligence des âmes libres.

Mains des nobles fils de France, mains qui avez conquis à coups de francisque sur la faiblesse des colons romains le champ fertile et la bauge féodale d’où vous vous appesantissiez jusque sur le passant de la route ; mains rouges des inquisiteurs qui confisquiez les fiefs hérétiques ; mains des rois, mains des soudards lâchés contre la médiation des villes ; mains des conventionnels qui avez ramassé la richesse des biens nationaux dans le liquide de la guillotine ; mains des généraux de l’Empire qui vingt ans avez pillé l’Europe, mains du voleur Augereau, mains du voleur Lannes, mains du voleur Bonaparte, mains de gloire, mains rouges, mains de toutes les infamies, vous voilà redressées à travers les rues, pour mettre un nouveau signe sanglant au front de la Pensée.

Les bouchers vous aident.

Mais, cette fois, l’Idée se lève, plus robuste, contre vous. Elle compte plus de bouches pour proclamer, peut-être, plus de bras pour se défendre.

L’idée de Proudhon et de Fourier compte les forces socialistes ; l’idée de Moïse, de Spinoza et de Karl Marx, les forces sémitiques ; l’idée de Kropotkine et de Reclus, les forces anarchistes ; l’idée des sciences et des lettres, toutes les forces que l’intelligence multiplie sans limites.

Oui, vous êtes le droit divin, le droit de la fatalité des forces physiques, le droit de la brute ruée sous l’impulsion de ses instincts, le droit du sabre et le droit du meurtre.

Mais nous sommes la puissance de l’Idée éclose dans le mystère des religions disparues, grandie au sein d’Eschyle et de Platon, accrue par Spinoza, Kant, Darwin, Spencer, Comte, Taine et Flaubert. Nous sommes la puissance de l’idée latine qui depuis vingt siècles triomphe de tous ses vainqueurs, Scandinaves, germains, tartares, arabes ; qui régit de son Code justinien les barbares de la justice humaine, de la liberté individuelle et de la fraternité des races.

Jamais, dans les temps connus, les mains rouges n’ont prévalu contre elle. Consumée sur les bûchers d’Inquisition, chassée par le glaive, étouffée par les assassins militaires, elle a resurgi plus grande de la mort passagère.

Elle ancre dans l’âme des cités cette certitude :

Il n’y a qu’une honte : Détruire et haïr,
Il n’y a qu’un orgueil : Produire et chérir.

Contre les mensonges de la brutalité, elle leva le flambeau du savoir ; et ce flambeau commence à éclairer les foules.

Gens de l’intolérance et du meurtre, vous êtes le passé. Les sursauts de votre agonie n’empêcheront point la naissance du nouveau temps.

Vous êtes l’époque de la guerre. L’époque du trafic vous succéda. Celle-ci eut ses hontes, ses bassesses et ses crimes que vous reprochez aux juifs ; mais les hontes, les bassesses et les crimes de l’Argent engendraient déjà les formes d’un progrès supérieur aux infamies de la conquête sanglante, et du vol à la main rouge. Après celui de la force, et celui du dol, un autre pouvoir surgira : celui de l’Intelligence prêt d’abolir les haines de sectes, les haines de nationalités, les haines de l’argent et d’instaurer la justice véritable.

Contre les mains rouges de la haine, nous élèverons un ostensoir de lumière qui éclairera le baiser des peuples.

Et vous ne serez rien que du passé, sans honneur : bouchers, généraux, bourreaux !


GLOIRE À ÉMILE ZOLA

Je ne saurais dire quelle admiration profonde l’héroïsme d’Émile Zola émeut en moi.

Du moment que nous avons eu conscience de la plus abominable entre toutes les erreurs dont ait souffert un innocent, il ne nous fut plus possible de vivre tranquillement. Nous pensions le jour, nous pensions le soir, nous pensions à notre réveil à l’iniquité affreuse, à l’excès de torture morale et physique infligée à une misérable créature humaine, par des hommes, ses semblables, ses pairs.

La compassion nous étreignait douloureusement et cette angoisse ne fit que s’accroître par les preuves matérielles de l’innocence de Dreyfus.

Le cri d’Émile Zola a soulagé toutes nos consciences dont il était comme l’explosion. Aussi quelle joie, quelle fierté pour tous les intellectuels, que le proclamateur de la vérité et de la justice soit l’un d’eux, qu’il vibre et qu’il résonne dans tout le monde par la clameur d’airain du plus glorieux et du plus robuste artisan des lettres françaises.

Je hais les égoïstes et les impassibles à qui la douleur humaine est indifférente, à qui l’injustice ne cause aucun tourment et je considère comme les plus grands des hommes ceux qui portent dans la carrière le casque d’or de l’intelligence et les armes de fer de l’action.

Créer par l’intelligence, combattre pour l’Idée, choisir intrépidement le plus beau péril, être celui qu’on hait férocement, qu’on aime avec une religion d’enthousiasme, voilà le personnage supérieur, le héros !

Quelle allégresse, quel honneur pour ceux qui s’élèvent aux régions supérieures de la pensée, qui communiquent au pôle de la plume la flamme du vrai et du beau, que, hors les politiciens et les mauvais bergers dupeurs de foules, le missionnaire sans peur de vérité, de justice et de réparation ait été un homme de lettres.

Comment ne pas célébrer passionnément, ne pas envier la magnifique expansion de l’individu dans la bataille engagée par un seul homme contre tout un peuple, dans le combat livré par un seul à l’armée des mensonges, des préjugés revêtus et empanachés, — à la coalition des forces nationales du fanatisme, de l’envie, des respects, de l’erreur, de la méchanceté et de la sottise publiques.

Ce n’est pas seulement au plus malheureux des hommes, au Juif torturé dans l’Île du Diable contrairement à toutes les formes du droit et de la loi, qu’Émile Zola aura porté secours ; son intervention s’étend plus loin, son champ de bataille contient la cause de la liberté personnelle :

Il est le champion de l’Idée contre la force brute, contre les panaches, les épées, les bataillons épais de la servitude, l’envie, le fanatisme, la stupidité de la foule, la cohue des meneurs.

Il vaincra envers et contre tous ; l’Idée brisera le glaive ! Il a appelé la Vérité, elle est en marche, elle sera ici demain, elle enfoncera les portes et inclinera les têtes rebelles et convaincra les gens de bonne foi. N’apercevez-vous pas les éclairs de la vérité triomphante qui sillonnent le ciel ?

Gloire à Émile Zola !

Henry BAUËR,
Rédacteur à l’Écho de Paris.

Zola fait un puissant effort en faveur de la vérité et, de ce qu’il croit fermement être la justice : nul n’a le droit de mettre en doute sa bonne foi, son désintéressement, et de refuser à son courage l’admiration qui lui est due. Il a qualifié lui-même de révolutionnaire le moyen dont il s’est servi, et la violence de son attaque a pu être regardée comme nuisible à la cause qu’il soutient ; mais il n’eût pas recouru à ce moyen extrême, si l’on ne se fût obstiné à étouffer la lumière. Malgré les subtilités de la procédure, l’évidente partialité du magistrat et la pression exercée contre le jury, une grande partie de la vérité est apparue aux débats ; c’est à Zola qu’on le doit, et peut-être lui devra-t-on qu’elle soit enfin connue toute entière. C’est pourquoi je crois bon de répondre aux sauvages qui crient : À bas Zola ! Mort à Zola ! par ces cris plus humains et plus français : Vive la Vérité ! Vive la Justice ! Vive celui qui combat pour elle !


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Lucien VICTOR-MEUNIER,
rédacteur au Rappel.

30 mai 1898.


UN MATIN, CHEZ ÉMILE ZOLA

Durant le procès, un matin, je suis allé prendre Émile Zola, chez lui, pour l’accompagner à la Cour d’assises. Il achève de déjeuner, et il est fort calme ; les longues et terribles séances ne l’ont pas fatigué ; ces hurlements de mort qui, chaque fois, le poursuivent, à son entrée et à sa sortie du Palais, ne l’ont même pas énervé ; en voyant la justice civile se prostituer à la justice militaire, la toque du juge coiffer le sabre du soldat, il n’a pas senti les atteintes du découragement, au contraire. Il y a, sur son visage reposé et souriant, comme une grande tranquillité joyeuse. Ce n’est pas de l’orgueil, mais la satisfaction intime, contenue, profonde, que donne le devoir accompli. Il est plein d’espoir, parce qu’il est plein de foi… Près de lui, une pile de journaux intacts sous leur bande : deux ou trois seulement dépliés et parcourus rapidement ; d’abjects outrages, des entassements d’ordures, de sinistres appels au meurtre comme toujours. Il n’a pas une plainte contre ces malfaiteurs qui le vouent à l’exécration publique, pas une colère ! À peine un haussement d’épaules… Ils font leur métier et gagnent leur argent… C’est juste ! Je remarque d’ailleurs que, depuis ces événements, Zola est moins nerveux, moins fébrile que d’habitude, il se possède davantage — corps, cerveau et âme. On sent, non seulement que sa conscience ne lui reproche rien, mais que chaque jour, chaque heure, chaque minute apportent à sa conviction un renfort d’énergies nouvelles, et comme une plus inébranlable sécurité dans la justice de son acte. Devant l’Iniquité monstrueuse, il n’a pu faire autrement que ce qu’il a fait, son acte est tout simple. Il est à la fois impulsif et raisonné. C’est un cri de pitié et de vérité parti en même temps de son cœur et de son esprit. S’il ne l’avait pas poussé, ce cri, si, comme tant d’autres en qui étaient les mêmes certitudes, mais non la même passion et le même courage, s’il avait, en face du crime, gardé un criminel silence, sa vie eût été à jamais empoisonnée ; jamais plus il n’aurait dormi !… Arrive donc ce qui doit arriver ! Il est prêt à sacrifier sa liberté, à donner sa vie, pour le triomphe de sa cause, qui est celle de l’humanité.

À ses gestes calmes, à sa voix assurée, à son regard résolu, je vois, je comprends, j’entends tout cela. Et devant cet homme si simple et si fort qui, pendant ces heures tragiques, n’a pas connu la moindre défaillance, dont la grandeur d’âme a grandi avec les insultes, avec les menaces, une émotion immense m’emplit le cœur… Je sais maintenant ce que c’est qu’un héros…

Des cris de « À bas Zola ! » nous viennent de la rue, stupidement poussés par des gens qui passent. Zola n’entend même pas ces cris, ou il les dédaigne. Le voilà maintenant qui expédie quelques lettres, range quelques papiers, donne des ordres aux domestiques… Il n’oublie rien, pas même de vérifier si l’on a renouvelé l’eau de son petit chien, Pinpin, qui trottine derrière lui, avec une agitation inaccoutumée, car il comprend qu’il y a quelque chose de changé dans la maison, puisque son maître va sortir encore, aux heures où il travaillait.

Et la maison, pourtant, a comme un air de fêtes. Si la haine est au dehors, à l’intérieur c’est la fidélité, l’hommage, l’admiration, l’encouragement… Des milliers de lettres, des milliers de télégrammes, encombrent les tables, les meubles, venus des quatre coins du monde… Partout des bouquets, des couronnes, de hautes gerbes de fleurs… Le cabinet de travail, le salon, la salle de billard, l’escalier en sont pleins… Il y en a de fastueux, il y en a de tout petits aussi, de pauvres fleurs humbles et qui ne sont pas les moins touchantes… J’en remarque un, fait de quelques violettes toutes pâles et fanées. Il vient de loin… Et c’est une mère qui l’envoie, une malheureuse mère dont le fils, pour une seconde de révolte, pour un geste impossible à maîtriser, a été condamné, par un conseil de guerre, à mourir en pleine force de jeunesse et d’espoir…

Quand nous sortirons – car l’heure est venue de partir – Zola entendra, dans la rue, les clameurs de mort, et il verra se précipiter aux portières de sa voiture les camelots de la servitude, devenus les camelots du crime.

Hurlez, pauvres diables, hurlez, dans les rues de ce Paris qui a donc oublié les menaces, les tas de cadavres, les fournées rouges des conseils de guerre de 1871 ! Hurlez ! Le jour reviendra, plus prochain que vous le pensez, et plus sanglant, je vous le dis, où vous comprendrez que ce n’était pas Zola que vous insultiez, mais vous-mêmes : et quand vous criiez : « À mort ! », que c’était sur votre liberté et sur votre vie que vous déchaîniez le meurtre !

Octave MIRBEAU


Nous n’aurions pas le droit d’intervenir dans l’affaire Zola parce qu’étrangers ? Mais tout homme, étranger ou non, a le droit et le devoir d’intervenir dans une affaire comme celle-ci.

Dans le sentiment de la moitié des Belges, la France n’est pas seulement une nation amie, c’est une nation sœur, et elle le resterait même si toute amitié venait à disparaître. Pour des raisons de langue et de race, un gros morceau de la Belgique est une terre française à laquelle d’heureux hasards historiques ont permis de conserver une autonomie perdue par les autres parties de la Gaule. De même que les Belges du Nord vivent moralement et intellectuellement avec les Néerlandais de Hollande, les Belges du Sud aiment et pensent à peu près comme les Français de Paris, et s’il y a un reproche à faire à quelques-uns d’entre eux, c’est d’être tellement francisés de cœur et d’esprit qu’ils en oublient parfois leur devoir d’être d’abord eux-mêmes et qu’ils se contentent trop souvent d’un patriotisme superficiel. Socialistes, progressistes, doctrinaires, catholiques même, nous sommes ici en général très attachés à certaines petites libertés. Nous croyon» qu’il est indispensable de pouvoir parler, écrire, se réunir, manifester, même quand cela déplait au gouvernement ; nous enten- 75- Page:Livre d'hommage des lettres françaises à Émile Zola, 1898.djvu/87 Page:Livre d'hommage des lettres françaises à Émile Zola, 1898.djvu/88 Page:Livre d'hommage des lettres françaises à Émile Zola, 1898.djvu/89 Page:Livre d'hommage des lettres françaises à Émile Zola, 1898.djvu/90 Page:Livre d'hommage des lettres françaises à Émile Zola, 1898.djvu/91 Page:Livre d'hommage des lettres françaises à Émile Zola, 1898.djvu/92 Page:Livre d'hommage des lettres françaises à Émile Zola, 1898.djvu/93 Page:Livre d'hommage des lettres françaises à Émile Zola, 1898.djvu/94 Page:Livre d'hommage des lettres françaises à Émile Zola, 1898.djvu/95 Page:Livre d'hommage des lettres françaises à Émile Zola, 1898.djvu/96 Page:Livre d'hommage des lettres françaises à Émile Zola, 1898.djvu/97 Page:Livre d'hommage des lettres françaises à Émile Zola, 1898.djvu/98 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Eh bien, cela tout seul, Messieurs les Jurés, établi et mis au jour, cela doit soulever l’opinion des hommes sincères, et la lettre de M. Émile Zola, ce n’est pas autre chose dans sa violence même, je l’ai dit déjà mais j’en reviens à mon poidt de départ, que le cri même de la conscience publique… (Clameurs dans l’auditoire.)

Il a rallier, Messieurs, à défaut de quelques perturbateurs, ce que la France compte de plus grand et de plus illustre, et n’essayez pas de vous embarrasser de l’immense sophisme dont on prétend vous aveugler en vous disant que l’honneur de l’armée est en cause. Parce qu’il y aurait eu trop de zèle et trop de précipitation chez quelques-uns, trop de crédulité chez d’autres, un grave oubli du droit, du vrai droit, chez un ou chez plusieurs, il ne s’en suit pas que l’armée toute entière soit engagée.

Ne vous laissez donc pas troubler, ne vous laissez pas intimider non plus. On a parlé du danger de guerre qui nous menace ! Soyez tranquilles, aucun danger ne nous menace pour plusieurs raisons ; la première, c’est que les soldats que j’ai vus ici peuvent se tromper au cours d’une information judiciaire qui, après tout, n’est pas de leur métier, et qu’ils se conduiraient bien demain, et qu’ils nous conduiraient encore à la victoire ; j’ai confiance en eux.

Et surtout, ne craignez rien, parce que ce qui fait la force du peuple, c’est l’énergie morale. Oui, il faut poursuivre les traîtres, quand on les connaît, quand on est sûr de les connaître, il faut les frapper. Mais qu’on n’aille pas croire que le salut de la nation tout entière est compromis parce qu’on a livré quelques documents sans valeur, qui sont beaucoup plutôt, je l’ai déjà dit, et je veux le reprendre, l’objet d’une escroquerie que d’une trahison véritable. C’est avec le cœur, avec le cœur de braves gens réunis tous ensemble et sans acception de parti qu’on gagne les batailles.

Eh bien, Messieurs les Jurés, donnez par votre acquittement un exemple de fermeté. Vous sentez bien que cet homme est l’honneur de la France… Zola frappé, c’est la France se frappant elle-même. Ayez le courage de le sentir et de céder à votre impulsion naturelle.

Et je ne veux plus dire qu’un mot pour finir : que votre verdict Messieurs les Jurés, signifie plusieurs choses, d’abord : « Vive l’armée ! » Moi aussi, je veux crier : « Vive l’armée ! » mais aussi : « Vive la République ! » et « Vive la France ! » c’est-à-dire, Messieurs les Jurés : « Vive le Droit ! Vive l’Idéal éternel ! »

Voilà ce que j’avais à vous dire, voilà ce que je vous demande de proclamer dans votre sentence. (Longs applaudissements et clameurs.)

FIN

TABLE DES MATIÈRES


v.
Mécislas Golberg.
Léon Parsons.
Henri Van de Putte.



PREMIÈRE PARTIE

1. Paul Alexis.
2. Georges Clemenceau.
5. Ph. Dubois.
7. Ch. Duclaux.
8. Yves Guyot.
10. Georges Lorand.
16. Léon Marchand.
19. Ch. Potvin.
20. Francis de Pressensé.
23. Jean Psichari.
27. Ranc.
29. Élie Reclus.
29. Joseph Reinach.
33. L. Trarieux.
34. Ernest Vaughan.

37. Paul Adam.
40. Henry Bauër.
42. Maurice Bouchor.

43. Paul Brulat.

44. Cyriel Buysse.

45. Edmond Cattier.

46. Armand Charpentier.

47. Jean Delville.

48. Célestin Demblon.

48. Georges Eekhoud.

53. Léon Frédéric.

53. Henri Frick.

55. Gustave Geffroy.

57. René Ghil.

62. Yvan Gilkin.

62. Albert Giraud.

63. Urbain Gohier.

64. A. Ferdinand Herold.

65. René Jacquet.

66. Léopold Lacour.

67. Camille Lemonnier.

68. Henry Leyret.

68. Maurice Maeterlinck.

69. Georges Marlow.

69. Lucien-Victor Meunier.

72. Octave Mirbeau.

75. Monseur.

77. Maurice Montégut.

78. E. Museux.

80. Émile Royer.

80. Lucien Solvay.

80. Laurent Tailhade.

83. Marguerite Vande Wiele.

84. Maurice Vaucaire.

84. Émile Verhaeren.


86. Emmanuel Delbousquet.

87. Paul Fort.

87. Mecislas Gôlberg.

93. Fernand Gregh.

94. Jules Heyne.

95. Marc Lafargue.

96. François Lattard.

97. Maurice Le Blond.

99. Roland de Mares.

100. Camille Mauclair.

101. Robert de Miranda.

102. Eugène Monfort.

103. Pierre Quillard.

104. Henri Rainaldy.

107. Georges Rency.

108. Paul Ste-Brigite.

113. Saint-Georges de Bouhélier.

115. Paul Salkin.

117. Paul Souchon.

119. Arthur Toisoul.