Lucien Leuwen (ed. Martineau)/Chapitre 48

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Texte établi par Henri MartineauLe Divan (Volume IIIp. 7-23).


TROISIÈME VOLUME

CHAPITRE XLVIII


Maman, pardonnez-moi toutes les choses communes que je vais dire avec emphase, dit Lucien à sa mère en la quittant sur les neuf heures.

En entrant à l’hôtel Grandet, Lucien examinait curieusement ce portier, cette cour, cet escalier au milieu desquels il allait manœuvrer. Tout était magnifique, cher, mais trop neuf. Dans l’antichambre, un paravent de velours bleu garni de ses clous d’or et un peu usé eût dit aux passants : « Ce n’est pas d’hier seulement que nous sommes riches,… » mais un Grandet pense à faire une spéculation sur les paravents, et non à ce qu’ils disent aux passants dans une antichambre.

Lucien trouva madame Grandet en petit comité, il y avait sept à huit personnes dans l’élégante rotonde où elle recevait à cette heure[1]. Il était de bonne heure, trop tôt pour venir chez madame Grandet. Lucien le savait bien, mais il voulait faire acte d’un cœur bien épris. Elle examinait, avec des bougies que l’on plaçait successivement sur tous les points, un buste de Cléopâtre de Tenerani que l’ambassadeur du roi à Rome venait de lui envoyer. L’expression de la reine d’Égypte était simple et noble. Toutes ces figures faisaient des phrases et l’admiraient.

« Elle illumine leur air commun, se dit Leuwen. Toutes ces grosses mines à cheveux grisonnants ont l’air de dire : Oh ! quels bons appointements j’ai ! »

Un député du centre complaisant, attaché à la maison, proposa une poule au billard. Lucien reconnut la grosse voix qui, à la Chambre, est chargée de rire quand, par hasard, on fait quelque proposition généreuse.

Madame Grandet sonna avec empressement pour faire allumer le billard. Tout semblait à Lucien avoir une physionomie nouvelle.

« Il est bon à quelque chose, pensa-t-il, d’avoir des projets, quelque ridicules qu’ils soient. Elle a une taille charmante, et le jeu de billard donne cent occasions de se placer dans les poses les plus gracieuses. Il est étonnant que les convenances religieuses du faubourg Saint-Germain ne se soient pas encore avisées de proscrire ce jeu ! »

Au billard, Lucien commença à parler, et ne cessa presque pas. Sa gaieté augmentait à mesure que le succès de ses propos communs et lourds venait chasser l’image de l’embarras que devait lui causer l’ordre de faire la cour à madame Grandet.

D’abord, ses propos furent trop communs ; il se donnait le plaisir de se moquer lui-même de ce qu’il disait : c’était de l’esprit d’arrière-boutique, des anecdotes imprimées partout, des nouvelles de journaux, etc., etc.

« Elle a des ridicules, pensa-t-il, mais cependant elle est accoutumée à un certain taux d’esprit. Il faut des anecdotes ici, mais moins usées, des considérations lourdes sur des sujets délicats, sur la tendresse de Racine comparée à celle de Virgile, sur les contes italiens où Shakespeare a pris le sujet de ses pièces ; il ne faut jamais de mots vifs et rapides, ils passeraient inaperçus. Il n’en est peut-être pas de même des regards, surtout quand on est bien amoureux. » Et il considéra avec une admiration assez peu dissimulée les charmantes poses dans lesquelles se plaçait madame Grandet.

« Grand Dieu ! qu’eût dit madame de Chasteller si elle eût surpris un de ces regards !

Mais il faut l’oublier pour être heureux ici,

se dit Leuwen. Et il éloigna cette idée fatale, mais pas assez vite pour que son regard n’eût pas l’air fort ému.

Madame Grandet le regardait elle-même d’une façon assez singulière, point tendre il est vrai, mais assez étonnée ; elle se rappelait vivement tout ce que madame de Thémines lui avait appris, quelques jours auparavant, de la passion que Lucien avait pour elle. Elle s’étonnait d’avoir trouvé si ridicules les idées réveillées par le récit de madame de Thémines.

« Réellement, il est présentable, se disait-elle, il a beaucoup de distinction. »

À la poule, le hasard avait donné à Lucien la bille numéro 6. Un grand jeune homme silencieux, apparemment adorateur muet de la maîtresse de la maison, eut le 5, et madame Grandet le numéro 4. Leuwen essaya de tuer le 5, réussit, et se trouva par là chargé de jouer sur madame Grandet et de la faire perdre, ce dont il s’acquitta avec assez de grâce[2]. Il tentait toujours les coups les plus difficiles, et avait le malheur de ne jamais faire la bille de madame Grandet et de la placer presque toujours dans une position avantageuse. Madame Grandet était heureuse.

« La chance de gagner une poule de vingt francs, se dit Lucien, donnerait-elle de l’émotion à cette âme de femme de chambre hôte d’un si beau corps ? La poule va finir, voyons si ma conjecture est fondée ? »

Lucien se laissa tuer ; alors, ce fut au numéro 7 à jouer sur madame Grandet. Ce numéro était tenu par un préfet en congé, grand hâbleur et porteur de toutes les prétentions, même de celle de bien jouer au billard. Ce fat montrait une exaltation de mauvais goût à parler des coups qu’il allait faire, à menacer madame Grandet de faire sa bille ou de la mal placer.

Madame Grandet, voyant son sort tellement changé par la mort de Leuwen, prit de l’humeur, les coins de sa bouche si fraîche se serrèrent entre ses dents.

« Ah ! voilà sa manière d’être piquée ! » se dit Lucien.

Au troisième mauvais coup que lui donnait le préfet impitoyable, madame Grandet regarda Lucien avec l’expression du regret, à quoi Lucien osa répondre en regardant avec l’expression du désir les jolies poses auxquelles madame Grandet s’abandonnait au milieu de sa douleur de perdre[3]. Lucien, tout mort qu’il était, se donnait beaucoup de mouvement autour du billard et suivait les billes de madame Grandet avec l’anxiété du plus vif intérêt[4]. Il prit son parti avec une vivacité affectée et assez plaisante dans une chicane mal fondée qu’elle fit au préfet hâbleur qui était resté seul avec elle et prétendait gagner.

Bientôt madame Grandet perdit la poule, mais Lucien avait fait de tels progrès dans son esprit qu’elle jugea à propos de lui adresser une petite dissertation géométrique et profonde sur les angles que forment les billes d’ivoire en frappant les bandes du billard. Lucien fit des objections.

— Ah ! vous êtes élève de l’École polytechnique, mais vous êtes un élève chassé, et sans doute vous n’êtes pas très fort en géométrie.

Lucien invoqua des expériences ; on mesura des distances sur le billard ; madame Grandet eut l’occasion d’étaler de charmants petits mots de surprise et de jolis éclats de voix. Une fois, Lucien se dit :

« Voici tout ce que j’aurais pu demander à mademoiselle Gosselin. »

De ce moment, il fut vraiment bien, madame Grandet ne quitta les expériences que pour lui offrir de faire une partie de billard avec elle. Il était piquant pour elle-même, parce qu’il l’étonnait. « Je n’en reviens pas, se disait-elle. Grand Dieu ! comme la timidité donne la physionomie d’un sot à l’homme le plus aimable ! »

Sur les dix heures, il vint assez de monde. On avait l’usage de présenter à madame Grandet la plupart des personnages un peu marquants qui passaient à Paris. Il ne manquait à sa collection que les artistes tout à fait crottés ou les grands seigneurs tout à fait de la première volée[5]. Aussi la présence à Paris de ceux-ci, annoncée par les journaux, lui donnait-elle de l’humeur et quelquefois elle se permettait contre eux des propos semi-républicains qui désolaient son mari. Ce mari tout bouffi de la faveur du roi de son choix, arriva avec un ministre sur les dix heures et demie. Bientôt survint un second ministre, et sur ses pas les trois ou quatre députés les plus influents dans la Chambre. Cinq ou six savants qui se trouvaient là se mirent à faire bassement la cour aux ministres, et même aux députés. Ils eurent bientôt pour rivaux deux ou trois littérateurs célèbres un peu moins plats dans la forme et peut-être plus esclaves au fond, mais cachant leur bassesse sous des formes de parfaite urbanité. Ils débitaient d’une voix périodique et adoucie des compliments indirects et admirables de délicatesse. Le préfet hâbleur fut terrifié de ce langage, et se tut.

« Voilà les gens dont on se moque à la maison, se dit Lucien ; ici, ils sont les admirés. »

La plupart des noms célèbres de Paris parurent successivement.

« Il ne manque ici que les hommes d’esprit qui ont la folie d’être de l’opposition. Comment peut-on estimer assez les hommes, cette matière sale, pour être de l’opposition ?… Mais au milieu de tant de célébrités mon règne va finir », pensa Leuwen.

À ce moment, madame Grandet vint du bout du salon lui adresser la parole.

« Voilà une impertinence, se dit-il en riant. Où diable a-t-elle pris cette attention délicate ? Est-ce qu’elle doit se permettre de telles choses ? Serais-je duc sans le savoir ? »

Le député était devenu abondant dans le salon. Lucien remarqua qu’ils parlaient haut et cherchaient à faire du bruit. Ils levaient le plus possible leurs têtes grisonnantes et essayaient de se donner des mouvements brusques. L’un posait sa belle boîte d’or sur la table où il jouait, de façon à faire tourner la tête à trois ou quatre voisins ; un autre, s’établissant sur sa chaise, la faisait se mouvoir à chaque instant sur le parquet, sans égard pour les oreilles de ses voisins.

« Leur mine, se dit Lucien, a toute l’importance du gros propriétaire qui vient de renouveler un bail avantageux. »

Celui qui se remuait avec tant de bruit sur sa chaise vint un instant après dans la salle de billard et demanda à Leuwen la Gazette de France qu’il lisait. Il pria pour ce petit service d’un air si bas que notre héros en fut tout attendri : cet ensemble lui rappela Nancy. Ses yeux devinrent fixes et très ouverts, toute l’expression d’urbanité de la bouche tomba[6]. Lucien sortit de sa rêverie parce qu’on riait beaucoup à ses côtés. Un écrivain célèbre contait une anecdote fort plaisante sur l’abbé Barthélemy, auteur du Voyage d’Anacharsis : puis, vint une anecdote de Marmontel, ensuite une troisième sur l’abbé Delille.

« Le fond de cette gaieté est sec et triste. Ces gens d’Académie, pensa Lucien, ne vivent que sur les ridicules de leurs prédécesseurs. Ils mourront banqueroutiers envers leurs successeurs : ils sont trop timides même pour faire des sottises. Il n’y a rien ici de la joyeuse folie que je trouvais chez madame d’Hocquincourt quand d’Antin nous mettait en train. »

Au commencement d’une quatrième anecdote sur les ridicules de Thomas, Lucien n’y put tenir et regagna le grand salon par une galerie garnie de bustes que l’on tenait moins éclairée. Dans une porte, il rencontra madame Grandet qui lui adressa encore la parole.

« Je serais un ingrat si je ne me rapprochais pas de son groupe, au cas qu’il lui prenne envie de faire la madame de Staël. »

Lucien n’eut pas longtemps à attendre. On avait présenté ce soir-là à madame Grandet un jeune savant allemand à grands cheveux blonds séparés au milieu du front, et horriblement maigre. Madame Grandet lui parla des savantes découvertes faites par les Allemands : Homère n’a peut-être fait qu’un épisode de la collection de chansons si célèbre sous son nom et dont la savante ordonnance, fruit du hasard, est si admirée par le pédant. Madame Grandet parla très bien de l’école d’Alexandrie. On faisait tout à fait cercle autour d’elle. On en vint aux antiquités chrétiennes, madame Grandet prit un air sérieux, les coins de sa bouche s’abaissèrent.

Cet Allemand nouvellement présenté ne se mit-il pas à attaquer la messe, en parlant à une bourgeoise de la cour de Louis-Philippe ? (Ces Allemands sont les rois de l’inconvenance.)

— La messe n’était au Ve siècle, disait-il, qu’une réunion où l’on rompait le pain en commun, en mémoire de Jésus-Christ. C’était une sorte de thé de gens bien pensants. Il n’entrait dans l’idée de personne que l’on fit actuellement quelque chose de sérieux, de différent le moins du monde d’une action ordinaire, et encore moins que l’on fit un miracle, le changement du pain et du vin dans le corps et le sang du Sauveur. Nous voyons peu à peu ce thé des premiers chrétiens augmenter d’importance, et la messe se former.

— Mais, grand Dieu ! où voyez-vous cela, monsieur ? disait madame Grandet effrayée ; apparemment, dans quelques uns de vos auteurs allemands, ordinairement pourtant si amis des idées sublimes et mystérieuses, et par là si chéris de tout ce qui pense bien. Quelques-uns se seront égarés et leur langue, malheureusement si peu connue de mes légers compatriotes, les met à l’abri de toute réfutation.

— Non, madame. Les Français aussi sont fort savants, reprenait le jeune dialecticien allemand, qui apparemment, pour avoir le plaisir de faire durer les discussions, avait appris des formes très polies. Mais, madame, la littérature française est si belle, les Français ont tant de trésors, qu’ils sont comme les gens trop riches, ils ignorent leurs trésors. Toute cette histoire véritable de la messe, je l’ai trouvée dans le père Mabillon, qui vient de donner son nom à une des rues de votre brillante capitale. À la vérité, ce n’est pas dans le texte de Mabillon — le pauvre moine n’osait pas — mais dans les notes. Votre messe, madame, est une invention d’hier ; c’est comme votre Paris, qui n’existait pas au Ve siècle.

Madame Grandet avait répondu jusque-là par des phrases entrecoupées et insignifiantes, sur quoi notre Allemand, relevant ses lunettes, répondit aux phrases par des faits, et, comme on les lui contestait, par des citations. Le monstre avait une mémoire étonnante.

Madame Grandet était excessivement contrariée.

« Comme madame de Staël, se disait-elle, eût été belle dans ce moment, au milieu d’un cercle si nombreux et si attentif ! Je vois au moins trente personnes qui nous écoutent, et moi, grand Dieu ! je vais rester sans un mot à répondre, et il est trop tard pour se fâcher. »

En comptant les auditeurs qui, après s’être moqués de l’étrange tournure de l’Allemand, commençaient à l’admirer, précisément à cause de sa dégaine étrange et de sa façon nouvelle de relever ses lunettes, les yeux de madame Grandet rencontrèrent ceux de Lucien. Dans sa terreur, elle lui demanda presque grâce. Elle venait d’éprouver que ses regards les plus enchanteurs n’avaient aucun effet sur le jeune Allemand, qui s’écoutait parler et ne voyait rien.

Lucien vit dans ce regard suppliant un appel à sa bravoure ; il perça le cercle, vint se placer auprès du jeune dialecticien allemand.

« Mais, monsieur. . . . . . . . . . . .[7]

Il se trouva que cet Allemand n’avait point trop de peur des plaisanteries et de l’ironie françaises. Lucien avait un peu trop compté sur ce moyen, et enfin, comme il ne savait pas le premier mot de cette question, et ne savait pas même en quelle langue Mabillon avait écrit, il fut battu.

À une heure, Lucien quitta cette maison ou l’on avait tout fait pour chercher à lui plaire. Son âme était desséchée. Les idées de l’homme, de l’anecdote du littérateur, de la discussion savante, des formes admirablement polies, lui faisaient horreur. Ce fut avec délices qu’il se permit un tête à tête d’une heure avec le souvenir de madame de Chasteller. Les hommes, dont il venait de voir la fleur ce soir-là, étaient faits pour le faire douter de la possibilité de l’existence d’êtres comme madame de Chasteller. Ce fut avec délices qu’il retrouva cette image chérie, elle avait comme la grâce de la nouveauté, qui est l’unique chose peut-être qui manque au souvenir de l’amour.

Les gens de lettres, les savants, les députés qu’il venait de voir n’avaient garde de paraître dans le salon horriblement méchant de madame Leuwen : on s’y fût moqué d’eux tout en plein. Là, tout le monde se moquait de tout le monde, tant pis pour les sots et pour les hypocrites qui n’avaient pas infiniment d’esprit. Les titres de duc, de pair de France, de colonel de la garde nationale comme l’avait éprouvé M. Grandet, n’y mettaient personne à l’abri de l’ironie la plus gaie.

— Je n’ai rien à demander à la faveur des hommes, gouvernants et gouvernés, disait quelquefois M. Leuwen dans son salon. Je ne m’adresse qu’à leur bourse, c’est à moi de leur prouver, dans mon cabinet, le matin, que leur intérêt et le mien sont les mêmes. Hors de mon cabinet, je n’ai qu’un intérêt : me délasser et rire des sots, qu’ils soient sur le trône ou dans la crotte. Ainsi, mes amis, moquez-vous de moi, si vous pouvez.

Toute la matinée du lendemain, Lucien travailla à tâcher d’y voir clair dans une dénonciation sur Alger, faite par un M. Gandin. Le roi avait demandé un avis motivé à M. le comte de Vaize, qui avait été d’autant flatté que cette affaire regardait le ministère de la Guerre. Il avait passé la nuit à faire un beau travail, puis avait fait appeler Lucien.

— Mon ami, critiquez-moi cela impitoyablement, avait-il dit en lui remettant son cahier fort barbouillé. Trouvez-moi des objections. J’aime mieux être critiqué en secret par mon aide de camp que par mes collègues en plein Conseil. À mesure que vous ne vous servirez plus d’une de mes pages, faites-la copier par un commis discret, n’importe l’écriture. Comme il est fâcheux que la vôtre soit si détestable ! Réellement, vous ne formez pas vos lettres. Ne pourriez-vous pas tenter une réforme ?

— Est-ce qu’on réforme l’habitude ? Si cela se pouvait, combien de voleurs qui ont deux millions deviendraient honnêtes gens !

— Ce Gandin prétend que le général lui a fermé la bouche avec 1.500 louis… Au reste, mon cher ami, j’ai besoin du mis au net de mon rapport et de votre critique avant huit heures. Je veux mettre cela dans mon portefeuille. Mais je vous demande une critique sans pitié. Si nous pouvions compter que votre père ne tirerait pas une épigramme des trésors de la casbah, je paierais au poids de l’or son avis sur cette question.

Lucien feuilletait la minute du ministre, qui avait douze pages.

« Pour tout au monde, mon père ne lirait pas un rapport aussi long, et encore il faudra vérifier les pièces. »

Lucien trouva que cette affaire était aussi difficile, pour le moins, que l’origine de la messe. À sept heures et demie, il envoya au ministre son travail, qui était au moins aussi long que le rapport du ministre, et le mis au net de celui-ci. Sa mère avait fait naître des accidents pour prolonger le dîner, et à son arrivée il n’était pas fini.

— Qui t’amène si tard ? dit M. Leuwen.

— Son amitié pour sa mère, répondit madame Leuwen. Certainement il eût été plus commode pour lui d’aller au cabaret. Que puis-je faire pour te marquer ma reconnaissance, dit-elle à son fils.

— Engager mon père à me donner son avis sur un petit opuscule de ma façon que j’ai là dans ma poche…

Et l’on parla d’Alger, de casbah, de quarante-huit millions, de treize millions volés, jusqu’à neuf heures et demie.

— Et madame Grandet ? dit M. Leuwen.

— Je l’avais tout à fait oubliée…

  1. À dix, elle passait dans le grand salon.
  2. Le vrai : il regardait sa jambe et ses hanches ; madame Grandet n’ayant pas de délicatesse naturelle n’est pas choquée de ces choses, dont elle ne voit pas la moitié.
  3. Alléger le style.
  4. Vérité : — Réellement elle montrait un pied et un bas de jambe charmants, des hanches admirables.
  5. Ce n’est pas le jour de madame Grandet (elle reçoit les mercredis) c’est une soirée ordinaire.
  6. Vrai, mais arranger.
  7. Stendhal a laissé la phrase en suspens, et a noté en marge son intention de demander à M. J. J. Ampère, une objection, la moins mauvaise. N. D. L. E.