Mémoires de la ville de Dourdan/Transaction entre la veuve du Duc d’Anjou, et le Duc de Berry

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Tranſaction entre la veufue du Duc d’Anjou, & le Duc de Berry.

Charles par la grace de Dieu Roy de France, à tous ceux qui ces preſentes lettres verront, ſalut. Comme de la partie de noſtre tres-chere & tres-amée Tante la Royne de Ieruſalem & de Sicile, Ducheſſe d’Anjou, tant en ſon nom comme Baille, tutereſſe & ayant le bail, garde & adminiſtration & gouuernemẽt de nos tres-chers & tres-amez couſins Loys Roy & Duc deſdits Royaumes & Duché, & Charles, enfans d’elle & de noſtre tres-cher & tres-amé oncle, que Dieu abſoille, Loys iadis Roy & Duc d’iceux Royaumes & Duché, & auſſi de la partie d’iceux enfans nous ait eſté expoſé, que noſtre tres-cher & tres-amé oncle Iean Duc de Berry & d’Auuergne, Comte de Poictou, diſant que feu le Roy noſtredit oncle luy donna en ſon viuant la Principauté de Tarente auecques toutes ſes appartenances quelſconques, pour certaines conſiderations, & ſi comme plus à plain eſt contenu en certaines lettres d’iceluy feu noſtre oncle audit noſtre oncle de Berry ſur ce faictes : a requiſe icelle noſtre Tante ou nom que deſſus, & auſſi noſtredit couſin le Roy, que ladite Principauté ainſi que donnée luy auoit eſté, luy voulſiſt bailler & deliurer : mais pource que ſans le tres-grand & importable dommage deſdits expoſans, conſideré que pour le bail & deliurance dudit Principauté, le faict de la conqueſte du Royame de Sicile en ſeroit ou pourroit eſtre empeſché, & ſeroit occasion de mettre en rebellion enuers leſdits expoſans les nobles, non nobles, & habitans dudit Principauté, & pluſieurs autres parties du Royaume de Sicille, & auſſi pour ce qu’il n’eſt pas à preſent bien poſſible que ledit Principauté luy peuſt eſtre baillé & deliuré, pource que noſtredit oncle en aliena pluſieurs droicts, rentes & reuenus en ſon viuant, il a eſté parlé qu’en lieu & recompenſation deſdits Principauté & appartenances, leſdits expoſans bailleront entant comme chacun d’eux puet touchier audit noſtre oncle le Duc de Berry, pour luy, ſes hoirs & ſucceſſeurs & ayans cauſe de luy, ou cas toutesfois qu’il nous plairoit, & que nous y voudrions interpoſer & mettre noſtre auctorité & decret, pouruoir & diſpoſer ſur ce, en maniere que la choſe ſe puiſt licitement faire, & ſans preiudice d’aucun tout tel droict comme ils ont ou leur appartient & competent en la ſucceſſion des Comtez, terres & Seigneuries d’Eſtampes & de Gien ſur Loire, és villes, Chaſteaux & Chaſtellenies de Dourdan & d’Aubigny, & en toutes les appendances & appartenances d’icelles Comtez, villes & chaſteaux, & generalement tout le droict qui leur appartient & puet appartenir en la ſucceſſion de noſtre couſin le Comte d’Eſtampes, & en outre auſſi le droict que ils ont & peuuent auoir, & leur appartient & compete és ville, terres, Chaſtel & Baronnie de Lunel, auecques tous ſes droicts, ſeigneuries, nobleſſes, appendances & appartenances quelſconques, leſquelles le feu noſtredit oncle le Roy, auant qu’il euſt prins tiltre de Roy acquiſt en ſon viuant dudit Comte d’Eſtampes. Sçauoir faiſons que nous conſiderans les choſes deſſuſdites, eu ſur ce le conſeil & aduis de noſtre tres-cher & tres-amé oncle le Duc de Bourgongne, & informez deuëment tant par luy que par pluſieurs autres de noſtre ſang & lignage, & de noſtredit couſin, que ladite compenſation eſt & fera grand profit & vtilité euidens à noſtredite tante & noſdits couſins ſes enfans, à icelle noſtre tante la Royne ou nom que deſſus, & audit noſtre couſin le Roy ſon fils, auons donné & octroyé, donnons & octroyons par ces preſentes de grace eſpecial ſe meſtier eſt, & de certaine ſcience, auctorité Royal & plaine puiſſance, congié, licence & auctorité de bailler, cedder & tranſporter leur droict qu’ils ont & leur appartient & compete és Comtez, villes, chaſteaux, terres & ſeigneuries deſſuſdites, auecq leurs appartenances quelſconques, audit noſtre oncle le Duc de Berry, tout en la forme & maniere que deſſus eſt dict, nonobſtant la minorité d’aage, & quelconque autre deffaut qui par ladite minorité pourroit eſtre en ladite compenſation, & ſans ce que pour cauſe d’iceux bail, ceſſion & tranſport, aucun prejudice ſoit engendré à ladite noſtre Tante la Royne, quant au faict du bail, garde, adminiſtration & gouuernement de ſeſdits enfans, ançois ait iceux bail, garde, adminiſtration & gouuernement tout ainſi que ſe ladite compenſation n’eſtoit point faite, nonobſtant couſtumes de noſtre Royaume & des pays d’Anjou, du Mayne, & d’ailleurs de noſtre Royaume, vſaiges, ſtiles, obſeruations & autres choſes quelſconques à ce contraires, & quant à ce nous auctoriſons icelles noſtre Tante ou nom que deſſus, & ledit noſtre Couſin le Roy ſon fils, & dés maintenant nous ayans agreable ladite compenſation, decernons icelle auoir valeur, force & vigueur, & nous plaiſt que elle ſoit faicte par la maniere que deſſus, & la promettons à confermer quand requis en ſeront, & par ces preſentes ſuppleéons tous deffaux & diſpenſons contre tous droicts, toutes couſtumes, vſaiges & obſeruances de pays par leſquels ou leſquelles ladite compenſation ne deuroit eſtre faicte & qui aucun prejudice pourroient porter à ladite noſtre Tante la Royne, es bail, garde, adminiſtration & gouuernement deſſuſdits ou autrement en quelconque maniere. Si donnons en mandement par ces meſmes lettres à tous les Iuſticiers & officiers de noſtre Royaume & à chacun d’eux ſi comme à luy appartiendra ou leurs Lieutenans, que de nos preſens octroy, grace, licence, auctoriſation ſuppletion & de toutes autres choſes deſſus eſcrites, ils facent & laiſſent joir & vſer paiſiblement leſdites parties & chacunes d’icelles entant comme chacune touche ou pourra toucher ou temps aduenir ſans les empeſcher ou ſouffrir empeſcher au contraire nonobſtant les droicts, couſtumes & autres choſes deſſuſdites. En teſmoin de ce nous auons fait mettre noſtre ſcel à ces lettres données le premier iour d’Aouſt en noſtre oſt en Flandres, l’an de grace 1385. le quint de noſtre regne, Signé Par le Roy, preſent Monſieur le Duc de Bourgongne & pluſieurs du Conſeil, R. Toronde.