Mes mémoires (Groulx), tome I/vol. 1/Voyage en Acadie avec le Père Rodrigue Villeneuve, o.m.i

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Texte établi par Notes de Juliette Lalonde-RémillardFides (p. 229-237).

XXIII

VOYAGE EN ACADIE AVEC
LE PÈRE RODRIGUE VILLENEUVE, O.M.I.

J’allais partir, en effet, pour un voyage en Acadie. Et avec quel charmant compagnon ! Au Congrès de l’ACJC de cette année-là, le « Petit Père Villeneuve » avait prononcé une conférence sur l’Acadie. Dans l’auditoire se trouvait un cousin à lui, Zoël Perrault, haut fonctionnaire de l’enseignement à Montréal. Le cousin dit au Père, après sa conférence :

— Tu as bien parlé de l’Acadie. Mais tu en as parlé comme un quelqu’un qui n’y est jamais allé. Veux-tu y faire un voyage ? Je t’offre d’en payer les frais, même s’il te faut amener un compagnon.

Les supérieurs du Père lui feront observer qu’un religieux pouvait difficilement se balader ainsi, pendant un mois, et encore moins avec un autre religieux. Un jour, à Vaudreuil, le « Petit Père Villeneuve » m’arrive à la recherche d’un compagnon. L’invitation, ai-je besoin de le dire, fut promptement acceptée.

Donc, l’un des premiers jours d’août, nous partons tous deux pour l’Acadie. Le beau voyage en perspective ! Je me suis muni de provisions documentaires : ouvrages de l’abbé Casgrain et de quelques autres sur l’histoire acadienne, ainsi qu’une bonne édition du poème Évangéline de Longfellow. Avant le départ nous nous traçons un itinéraire : premier arrêt à Restigouche, rive sud de la baie des Chaleurs, puis rive sud du Golfe, arrêt à Moncton, à Shédiac, à Beauséjour, traversée dans l’Île-du-Prince-Édouard, retour à la vallée d’Annapolis, à la Grand’Prée, à Port-Royal, à la baie Sainte-Marie, enfin remontée vers Saint-Jean, Nouveau-Brunswick. On me pardonnera de ne point raconter tout au long ce voyage. Je voudrais m’en tenir aux étapes qui nous ont laissé nos plus fortes émotions.

Le dimanche 15 août, fête nationale des Acadiens, nous trouve à Moncton. En cette ville, les pauvres dispersés viennent enfin d’obtenir une paroisse nationale. Pour affirmer cette victoire et donner plus de solennité à ce 15 août, ils ont décidé d’organiser, pour la première fois, un défilé à travers Moncton, défilé qui nous conduira à une manifestation publique, quelques pas en dehors de la ville. Plus de cinq cents enfants, habillés de blanc, s’alignent, chacun portant à la main le drapeau de l’Acadie. Le long du parcours, devant l’exhibition de cette force jusque-là ignorée, il faut voir l’ébahissement des Anglo-Canadiens. On se dirige vers une estrade dressée sur un monticule. Là auront lieu les discours. Jour splendide. Pour se mettre de la fête, le ciel s’est paré d’un magnifique soleil. Les deux voyageurs sont invités à parler. Nous l’avons fait l’un et l’autre très émus : acte d’espérance en cette Acadie, alors à la première aube de sa renaissance, appel à tous les groupes français pour un épaulement fraternel, promesse d’appui de la vieille province de Québec. Si je ne me souviens pas très bien de nos discours de ce jour-là, je n’ai pas oublié nos sentiments à tous deux. Je me souviens seulement que le Père Villeneuve parla avec beaucoup de cœur et avec son tact coutumier. Indéniablement le spectacle de cette petite foule prenant conscience, pour la première fois, de sa force et de sa fraternité n’était pas dénué de pathétique. Les grandes émotions flottaient dans l’air. Face à l’estrade, les organisateurs avaient groupé la masse blanche des petits enfants. Les applaudissements soulignaient avec chaleur chacune des phrases quelque peu véhémentes des orateurs. Mais, en même temps, sur un signe invisible, les petits Acadiens dressaient leurs poings et agitaient frénétiquement leurs drapeaux : ce qui n’ajoutait pas peu à l’émotion collective. Je retrouve, dans mon premier spicilège, un seul discours, le mien, prononcé ce jour-là. Le Devoir l’avait publié. Évidemment l’allocution se ressent de quelques incidents douloureux survenus au cours du voyage et que je raconterai tout à l’heure. J’insiste beaucoup, et pour cause, sur la « leçon d’espérance » que nous offre l’histoire de l’Acadie ressuscitée et sur la nécessité, pour tous les groupes français, de s’épauler les uns les autres et de faire confiance à la vieille province de Québec. Je cite quelques lignes de ma péroraison :

Mesdames, messieurs, en ouvrant l’autre jour la traduction française de l’Évangéline de Longfellow par Pamphile LeMay, je regardais avec émotion la gravure qui représente votre héroïne. Elle est là, dans le costume du vieux pays, assise à quelques pas d’une croix du cimetière, regardant, avec un air de profonde mélancolie, à travers la lande qui se prolonge vers la mer infinie. Elle embrasse, dans son regard immense, c’est visible, toute la vieille terre des ancêtres, la terre bien-aimée qu’ont tant pleurée les vieux qui n’y sont pas revenus.

Acadiens d’aujourd’hui, comme votre Évangéline, continuez d’embrasser dans un immense regard d’amour votre pays, votre chère et vieille Acadie. Mais quand vos yeux auront atteint les frontières occidentales de votre patrie, portez avec confiance vos regards encore plus loin, du côté de la vieille province de Québec. Vous y verrez que là-bas, vous comptez des frères et des amis : des frères qui ont pu paraître vous oublier aux mauvais jours, mais qui, maintenant, plus conscients des réalités de leur histoire, vous reviennent et vous comprennent. Gardez dans vos cœurs et dans vos foyers les traditions qui sont votre bien le plus cher après votre foi. Donnez-nous cependant, nous vous le demandons, donnez-nous la main par-dessus vos frontières, pour que, groupés et plus forts, nous gardions allumée, sur les hauteurs du nouveau monde, la flamme de notre idéal catholique et français.

De Moncton, nous continuons vers le sud, suivant toujours la côte. Je note notre arrêt à Cocagne : soirée passée chez un M. Lévesque, prêtre âgé, depuis longtemps au service des Acadiens. Nous le faisons parler de ses ouailles. Il s’amuse assez lourdement de leur langage et de leurs petites manies. Puis, autre arrêt à Shédiac, chez un abbé Hébert que je sais ami et confrère de Grand Séminaire de l’abbé Philippe Perrier. Arrêt prémédité et où j’espère trouver la solution du problème douloureux qui nous obsède depuis quelques jours. Comme la plupart des Canadiens français, nous sommes entrés en Acadie avec une émotion presque pieuse, avec l’âme de pèlerins. Nous allions fouler une terre de martyrs. Depuis ce temps où, dans nos Académies de collège, nous abordions l’histoire acadienne, les victimes du Grand Dérangement ont pris à nos yeux figures de frères héroïques, lamentablement meurtris et spoliés, chassés de leurs foyers comme un troupeau de bêtes par d’ignobles bestiaires. L’Acadie, c’était alors et c’était resté, pour nous, la Pologne du Canada. À son petit peuple et à son infortune eschyléenne, nous avions voué une immense pitié mêlée d’une non moindre admiration. Or, à mesure que progressait notre voyage et que nous avancions au cœur du pays, quels n’étaient pas notre étonnement et notre surprise douloureuse ? Le peuple frère, impossible de nous le cacher, nous était un peuple hostile. Partout, sauf en deux ou trois endroits, sous la cordialité de l’accueil, se dissimulait mal une trop réelle méfiance. Le cœur y était, mais pas entier, et parfois même pas du tout. À Moncton, un soir, le voile se déchira. Les frères Vanier (Guy et Anatole) voyageaient eux-mêmes en Acadie. Ils occupaient, dans l’ACJC, des fonctions de dirigeants. Grande eût été leur joie d’embrigader dans leur association de jeunesse catholique et française, la jeunesse acadienne. Ils ne songeaient pas à une fusion des deux jeunesses. Loin de là. Pour bien respecter le particularisme acadien, ils ne proposaient qu’une union de forme fédéraliste. Et, à cette fin, ils avaient convoqué quelques jeunes de Moncton. Nous étions là. Un refus formel accueillit nos amis de Montréal, et un refus formulé dans les termes les plus catégoriques et les plus déplaisants. Le porte-parole acadien reprocha, en particulier, aux Canadiens français, leur esprit impérialisant, leur ambition de diriger de haut et d’absorber tous les groupes français, y compris celui des provinces maritimes. En vain, avons-nous protesté de nos bons sentiments, exprimé le chagrin et surtout la surprise que nous faisait éprouver un tel accueil, rien n’y fit. Il fallut nous séparer dans cette atmosphère d’amertume.

Donc, le Père Villeneuve et moi nous nous rendions chez l’abbé Hébert, avec l’espoir d’en avoir le cœur net et, si possible, de percer l’énigme. À notre départ de Montréal, l’abbé Perrier m’avait fait un grand éloge de son ami de Shédiac. Celui-là avait appris à connaître les Canadiens français. Il pourrait juger hommes et choses avec plus de sérénité. Un soir, sur la galerie du presbytère de l’abbé Hébert, nous causons dans la demi-obscurité. L’énigme se dissipe. Esprit calme, d’un grand bon sens, l’abbé s’ouvre avec facilité et franchise. L’hostilité ou la méfiance entre Acadiens et Canadiens français n’est pas à nier. Les causes sont multiples. Les Acadiens ont été si malheureux, nous dit l’abbé ; dans la famille française, au Canada, ils restent une minorité ; rien d’étonnant qu’ils soient susceptibles. Leurs frères canadiens les ont-ils toujours compris ? On leur a envoyé des prêtres de langue française en Acadie. Parmi ces prêtres, il s’en est trouvé d’excellents ; il y en eut d’autres ; les évêques n’aiment pas toujours se passer de leurs meilleurs sujets. Or, parmi ces derniers, combien n’ont pas su se montrer, pour leurs ouailles acadiennes, des pasteurs « compréhensifs » ? Ils se sont souvent moqués du particularisme acadien, de leurs mœurs, de leur langage… Combien aussi ont fait pire et, par arrivisme, ont courtisé les pires ennemis des Acadiens, les évêques irlandais, ont travaillé avec eux à les angliciser de gré ou de force. Des congrès acadiens ont eu lieu ; on y a invité des orateurs canadiens-français. Ceux-ci, avec un sans-gêne et une maladresse insignes, ont repris la thèse des curés canadiens-français irlandanisés. Ils ont reproché aux Acadiens leur « manie » de faire bande à part dans la famille franco-canadienne. Pourquoi ne pas donner la main au groupe canadien-français, renforcer ensemble l’influence française au Canada ? Pourquoi une fête nationale spéciale en Acadie ? Un drapeau distinctif, des sociétés d’assurances et des sociétés nationales distinctes, etc., etc. ? L’abbé cite des faits, des noms. Hélas, en l’écoutant, nous nous sentons bien incapables de le contredire tout à fait. L’avant-veille, au presbytère de Cocagne, n’avions-nous pas entendu le vieux curé se moquer si gentiment, mais si copieusement, du langage de ses paroissiens et autres « manies acadiennes » ? L’abbé Hébert en convient toutefois : chez ses compatriotes la méfiance contre les Canadiens français subit assurément un recul. Plus de relations réciproques abaissent le mur. Une querelle avec le Québec n’a pas de sens.

Quelques jours plus tard, les deux voyageurs passaient à l’Île du-Prince-Édouard. Un Congrès pédagogique avait lieu à Notre-Dame-du-Mont-Carmel. Belle occasion de se renseigner sur la situation scolaire des insulaires acadiens. Là encore, avec nos amis les Vanier, nous nous heurtons à la douloureuse énigme. Accueil plutôt réservé, le soir de notre arrivée. Puis, après nos discours, un soir de réunion générale, la fraternité, la chaleur retrouvées. Au surplus nous avions fait de notre mieux, sans qu’il y paraisse trop, pour dissiper le malentendu. Le Congrès nous a révélé d’ailleurs un autre motif de méfiance, motif passé sous silence par l’abbé Hébert : un complexe d’infériorité devant le grand frère qu’on sent ou qu’on se figure de culture plus avancée, un peu de ce sentiment d’humilité contrainte ou de dépit qu’éprouvait naguère le Canadien français devant le Français de France, réputé de haute culture. Il est arrivé, en effet, que nos petits discours, au Congrès de Notre-Dame-du-Mont-Carmel, n’ont pas laissé de produire quelque impression parmi ces braves gens. Succès qui a paru mettre à la gêne quelques-uns de ceux que l’on appelle les « chefs acadiens ». Le lendemain, à la réouverture du Congrès, nous pouvions entendre l’un de ces « chefs » nous décerner ce compliment à la fois suspect et révélateur : « Puis, n’oubliez pas, chers amis, que la province de Québec ne nous envoie pas d’ordinaire ce qu’elle a de pire. »

De l’Île, les pèlerins que nous sommes retournent à la terre ferme, pour la partie la plus désirée et la plus émouvante de leur pèlerinage : l’excursion à la Grand’Prée. Je ne le cacherai pas, sur ce petit coin de la Grand’Prée, nous avons éprouvé les plus fortes émotions de notre voyage. Promenade lente à travers le Parc du Souvenir, un récit de l’expulsion à la main. Longues poses dans l’ancien cimetière, à la croix, sur les tombes délaissées, à la margelle du puits, sous les saules centenaires. Nous revivons à deux le terrible drame, drame que rend encore plus tragique le spectacle d’un pays non pas désert, mais si complètement étranger au petit peuple qui jadis l’avait fait sien. La même étreinte nous prend à la gorge devant les immenses champs de mil qui ondulent sous le vent chaud de ce mois d’août : champs de terre grasse et féconde qui s’étendent jusqu’aux abords de la mer, jusqu’où les avait prolongés le labeur d’une race conquérante. Pour la fin du jour, nous nous sommes ménagé une excursion toute spéciale au cap Blomidon, long promontoire, môle géant qui ferme à demi la baie des Mines. Dans mon petit roman, Au Cap Blomidon, on trouvera cet épisode de notre voyage. Les personnages ne sont pas les mêmes. Tout le reste est strictement objectif. En 1915, la montée vers le cap, ainsi que dans le roman, s’est faite en auto. Le Père et moi nous avons marché une certaine distance pour atteindre l’endroit propice où embrasser l’horizon. Là encore, ainsi que dans le roman, nous nous sommes assis sur un arbre renversé et j’ai lu à mon compagnon, d’une voix parfois tremblante, les passages les plus touchants du poème de Longfellow :

Voici la forêt primitive, les pins murmurants et les sapins…
Où est le village aux toits de chaume, le foyer des fermiers acadiens ?…

Deux ans plus tard, ces impressions et souvenirs encore tout frais dans ma mémoire, j’étais appelé à prononcer, au Monument National de Montréal, une conférence sur l’histoire acadienne. Il s’agissait de cueillir des fonds pour la construction d’une chapelle-souvenir que des Acadiens souhaitaient ériger à la Grand’Prée. On trouvera peut-être un peu grandiloquente une page du discours que je prononçai ce soir-là. Mais ces paroles traduisaient si exactement le trouble profond qui nous avait saisis au soir de cette journée d’août 1915. Je ne résiste pas à l’envie de les reproduire ici, telles que je les ai alors prononcées :

Le soir, je me trouvai au faîte du cap Blomidon, géant qui s’avance dans la mer pour défendre l’entrée du bassin des Mines. Pendant une heure, alors qu’au-dessus de ma tête les hauts pins soupiraient l’élégie immortelle, j’eus sous les yeux le fameux bassin et le cœur de la vieille Acadie, panorama incomparable de grandes falaises rouges, puis de plaines d’alluvion qui se relèvent en petites chaînes de montagnes. Avec les lèvres je me nommai les villages d’autrefois, Rivière-aux-Canards, Grand’Prée, Cobequid… Soudain, à mes pieds, la rade s’anima : des voiliers sinistres, ceux de Lawrence, passèrent devant mes yeux, chargés de leur cargaison humaine. Je vis les masses grises des proscrits entassés sur les ponts ; j’entendis le sanglot de détresse de ces malheureux, arrachés brutalement à leur pays, emportés vers des plages inconnues sans l’espoir d’un retour, et qui, au moment de l’adieu suprême, là-bas, au fond de la baie, voyaient flamber leurs moissons, leurs foyers, leurs églises, un long siècle de travail et de bonheur.

Le paysage, devant moi, respirait je ne sais quel apaisement dans sa solennité harmonieuse et douce. Mais le contraste ne me renvoyait que plus douloureusement le souvenir du bonheur qui là, en ce coin de pays, fut un jour broyé férocement. Alors, mesurant en moi-même la brutalité et la félonie qui ont commis ces choses, qui ont fait à ces Français, nos frères, ce mal jamais réparé, j’ai su pourquoi nous portons tous au cœur de vieilles blessures inguérissables.

Après plus de quarante ans, je ne changerais pas grand-chose à ces lignes. Je sais bien ce que l’on peut m’opposer, et, par exemple, que ces spoliations et déportations étaient dans les mœurs des guerres de l’époque. Louis XIV aurait un moment nourri le dessein d’infliger une semblable déportation aux protestants de la Nouvelle-Angleterre, et les Acadiens, trop dociles aux maladroites directives de quelques-uns de leurs missionnaires, se seraient attiré leur infortune… Possible. Mais de tels actes, exécutés de sang-froid, et, ce qui est plus grave, conçus de longue main, qu’ils soient accomplis par qui que ce soit et pour les motifs que l’on voudra, en restent-ils moins des actes barbares qui, après dix-huit siècles de christianisme, déshonorent l’humanité ? Et ne faudrait-il pas plaindre la conscience d’honnête homme qui absoudrait ces sortes d’abominations ?

Ce sera la grande étape et presque la dernière de notre pèlerinage. L’heure nous presse. Rapidement, nous faisons le crochet vers la baie Sainte-Marie qui nous laisse l’image d’une terre pauvre, d’un pays presque désolé. Les proscrits devenus une race de pêcheurs s’accrochent péniblement à la bordure de leur ancien pays. J’ai hâte d’arriver à la Pointe-à-l’Église (hélas, aujourd’hui Church Point).

Je n’oublie pas, pendant ce voyage, l’événement dominant de ma vie, le départ de Valleyfield, et mon entrée dans ce grand inconnu, cette terra incognita qu’est pour moi Montréal. J’ai demandé, à Montréal, qu’on dirige ma correspondance vers le Collège des Eudistes de la Pointe-à-l’Église. Y trouverai-je mon exeat impatiemment attendu ? Un Eudiste de ma connaissance, compagnon d’enseignement naguère à Valleyfield, me remet le paquet. Une enveloppe porte au coin : « Archevêché de Montréal ». Je l’ouvre fébrilement. La lettre est signée du grand vicaire, Mgr Émile Roy. Elle m’apprend qu’on vient de recevoir mon exeat ! On ajoute que je peux continuer en paix mon voyage, et rentrer à Montréal dès la fin d’août. Les Eudistes achèvent précisément leur retraite annuelle ; ils montent à la chapelle chanter leur Te Deum. Je montre au Père Villeneuve la lettre tant espérée et je lui dis : « Montons à la chapelle que j’y chante, moi aussi, mon Te Deum. »