Moïse Joessin/10

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L’auteur éditeur (p. 64-66).

PENSÉES

Le véritable homme de cœur se consacre tout entier à la bonne cause ; encore faut-il qu’il la distingue.

Le cœur fortifie les résolutions de justice, sans obscurcir l’intelligence, dans le cours familier d’une vie ; c’est lui qui démêle l’inconnu.

Le sang appelle le sang, voilà pourquoi les guerres sont longues, même les plus courtes. Malheur aux agresseurs : aux premiers coupables.

Le droit divin qui tombe avec un empereur, ne fut un droit divin que dans la pensée des martyrs et non dans celle des partisans intéressés.

L’injustice unit aux causes qu’elle vient défendre : la force se fait parfois un droit nouveau à elle-même, mais ce droit vieillit avec cette force jusqu’à la mort : et le juste droit ne meurt pas, il renaît en une force neuve.

La meilleure religion dans son double effort de morale et de groupement ne veut pas intimider la raison ; mais essaye de la guider sur les chemins de la vertu qu’est la modération.

J’ai beau méditer, je ne puis sortir de là que la vraie religion est la vraie droiture, tout détour fait en son nom n’est pas juste. Faire servir la religion à autre chose c’est l’amoindrir.

Jésus était poète, le poète Jésus, la poésie signifie créer, faire, il a créé ses sermons, il les improvisait au fil de l’heure.

Le dernier moyen de défense de ceux qui se croiraient opprimés au Canada serait de prêcher l’annexion de notre pays aux États-Unis, et ceux qui préconisent une taxe directe par l’Angleterre aussi bien que la non liberté des langues, favorisent grandement ce projet. Ceux là, soyez en sûrs, ne sont pas aussi fidèles à l’Angleterre qu’ils devraient l’être.