Modernités/Parisiennes/Oiseaux d’hiver

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E. Giraud et Cie, éditeurs (p. 15).


OISEAU D’HIVER


À de Nittis.


Les beaux retours des bois sont les retours d’automne,
Quand, grelottant d’avance aux premiers froids d’hiver,
Les belles au nez rose, aux fins cheveux d’or clair,
Descendent l’avenue au grand trot monotone
De leurs chevaux anglais.
 
De leurs chevaux anglais.Un flux de vétiver
Monte des peaux de loutre, où leur beauté frissonne ;
Et les mors nikelés, la gourmette qui sonne,
Bruit, vitesse et clarté, les nimbent d’un éclair.
 
Parfois sur leurs genoux une feuille fanée
Tourbillonne, et, pensive, entr’ouvrant ses yeux lourds,
Peut-être qu’elle songe aux défuntes amours !
 
Non pas, chacune songe aux notes de l’année,
À monsieur mal en train, endetté, sans débours,
Et chacune regrette et l’Empire et les Cours.