Nécrologie de M. Ernest Cadet

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Nécrologie de M. Ernest Cadet
Revue pédagogique, premier semestre 189220 (p. 278-279).

NÉCROLOGIE : M. ERNEST CADET

Au moment où il allait prendre, après une longue et honorable carrière, une retraite bien méritée, M. Ernest Cadet, chef de bureau au ministère de l’instruction publique, a été brusquement atteint par la mort, le 17 février dernier. Il était le frère du regretté inspecteur général, M. Félix Cadet, dont le souvenir est encore vivant dans nos écoles.

Né à Paris en 1832, M. Ernest Cadet, après de bonnes études au lycée Saint-Louis, est entré au ministère de l’instruction publique en 1850 ; il y est resté jusqu’au jour de sa mort. On peut dire de lui qu’il était de la maison, et il n’a cessé d’y rendre les plus assidus et les plus utiles services. Attaché en 1870 au cabinet du ministre, il devint ensuite chef de bureau à l’enseignement supérieur, plus tard et définitivement chef de bureau à l’enseignement primaire, auquel il s’est consacré avec un entier dévouement. Il a collaboré sans relâche à l’œuvre si laborieuse de la réorganisation de l’enseignement primaire, entravée par tant de difficultés de toute nature et qui soulevait à chaque instant des hostilités mesquines ou violentes. Sa compétence bien reconnue dans les matières de droit et son expérience consommée des hommes et des choses, son sang — froid, la finesse de son esprit, son inaltérable bon sens faisaient de lui un conseiller sûr, un agent perspicace et résolu. Dans les commissions dont il faisait partie, il écoutait beaucoup, parlait peu, mais son avis était toujours clair, bien fondé, incisif et souvent décisif.

Devenu docteur en droit, professeur de législation usuelle à l’Association philotechnique (cours créé sur sa proposition en 1861), il a publié en 1869 son Dictionnaire usuel de législation, qui en est aujourd’hui à sa Troisième édition ; en 1870, son mémoire sur le Mariage en France a obtenu une première mention honorable à l’Académie des sciences morales et politiques et, l’année suivante, un prix de statistique à l’Académie des sciences. Il a écrit dans le journal l’Instruction primaire un grand nombre d’articles dont les principaux ont été réunis en un volume sous ce titre : Législation et jurisprudence scolaires ; plus une étude sur les « caisses des écoles » dans le recueil des Monographies pédagogiques publiées à l’occasion de l’Exposition universelle de 1889, et divers travaux dans la Revue pédagogique.

Il ne s’est pas borné à écrire, il a agi. Maire de Chaville pendant douze ans, il avait fondé une Caisse des écoles avant que cette institution fût devenue légalement obligatoire ; il a fait construire dans sa commune un groupe scolaire, organisé une société philotechnique, une bibliothèque populaire, des conférences, etc. Il y a rendu des services si appréciés que son nom a été donné de son vivant à une des nouvelles rues de la commune.

Il a ainsi donné, dans ses fonctions officielles et dans sa vie publique, l’exemple d’un bon citoyen, dévoué à son pays et à la cause éminemment patriotique de l’enseignement populaire.