Napoléon et la conquête du monde/I/35

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H.-L. Delloye (p. 149-151).

CHAPITRE XXXV.

PAIX, CANAUX ET ROUTES.



Cette expédition fut la seule qui interrompit la paix de 1817 à 1820. Encore ne peut-on dire que ce fut là une guerre véritable ; l’empereur ne voulut pas la considérer ainsi ; il la regardait comme un châtiment infligé à des pirates.

Pendant ces quatre années de paix, il s’attacha presque uniquement à organiser un système complet de routes et de canaux dans l’empire. Il ordonna la création de routes militaires, partant toutes de Paris, et allant presque en ligne droite aboutir aux villes les plus importantes des extrémités de l’empire. La plus extraordinaire sans contredit était celle de Paris à Constantinople, dont la largeur et la beauté sont considérées comme des merveilles. Les autres, moins étendues, étaient non moins admirables ; c’étaient les routes militaires de Paris à Amsterdam, à Calais, à Hambourg, à Genève, à Toulon, à Rome, et l’embranchement de celle de Constantinople qui allait de Scutari, en Morée, jusqu’à Lépante. La route militaire de Londres à Édimbourg ne le cédait qu’en longueur à celle de Constantinople, car toutes, étaient dans des conditions uniformes de largeur et de formation.

Des canaux furent aussi établis sur tout le territoire français, et particulièrement en France. On proposa à l’empereur de réaliser le projet si agité déjà dit canal maritime de Paris au Hâvre, à quoi il répondit qu’il importait peu que la mer vînt à Paris, puisqu’elle allait au Hâvre, et presque à Rouen. « Le Hâvre, Rouen et Paris, ajouta-t-il, sont une même ville dont la Seine est la grande rue. » C’était presque ce mot si poétique de Pascal : « Les fleuves sont des chemins qui marchent. »

Avec le système de canalisation des fleuves, il arriva que ces chemins qui marchent furent réunis depuis la Garonne jusqu’à l’Elbe par des anneaux rapprochés de rivières factices s’enchaînant de toutes parts, et faisant comme un immense filet de navigation jeté sur tout l’empire.

Au centre fut créé le canal impérial, d’une largeur plus considérable et pouvant recevoir des bâtiments d’une force importante. Il partait de Bordeaux et de Lyon pour se réunir aux environs d’Orléans et se prolonger jusqu’à Amsterdam en passant par Paris. À lui aboutissaient tous les autres canaux des départements ; ce fut aussi une route militaire pour le commerce.