Napoléon et la conquête du monde/II/28

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H.-L. Delloye (p. 405-406).

CHAPITRE XXVIII.

PRÉPARATIFS AU CHAMP-DE-MARS.



Un décret d’Amsterdam, en date du 14 mai 1827, avait appelé en une assemblée générale, présidée par l’empereur, le conseil des rois et les corps de l’état. Cette solennité était fixée au 4 juillet ; et déjà l’on préparait au Champ-de-Mars une tente aussi magnifique qu’immense ; elle s’adossait au palais de l’École militaire qui formait un de ses côtés, et elle s’étendait jusqu’au milieu du Champ-de-Mars.

Tout Paris assistait à la construction de cet édifice d’un moment. On voyait avec admiration le luxe napoléonien y éclater de toutes parts. Un trône, d’une élévation inusitée, montait jusqu’au premier étage du palais, et les fenêtres du balcon n’étaient plus que les portes qui introduisaient à ce trône. Les marches descendaient jusqu’au sol, recouvertes de velours, d’or et de pierres précieuses.

Pour soutenir la toiture de toile qui recouvrait la tente dans une étendue aussi grande, on avait eu recours à des moyens nouveaux. Des ballons remplis de gaz hydrogène étaient répartis et fixés sur divers points, et leurs forces ascendantes, habilement calculées, soulevaient les étoffes et les soutenaient dans les airs avec une merveilleuse harmonie.

Des trônes, des amphithéâtres, des ornements de la plus grande somptuosité étaient disposés dans l’intérieur de cette tente ; les velours, les marbres, les métaux précieux, les pierreries, les fleurs les plus rares venaient chaque jour s’y accumuler pour préparer dignement le temple à la solennité encore inconnue.

Cependant, tous les peuples et tous les rois y semblaient conviés et arrivaient en foule. Paris regorgeait d’étrangers déployant dans la capitale de l’Europe les costumes et les usages de tous les pays du globe.

L’empereur, qui était de retour depuis le 20 juin, n’avait pas paru depuis cette époque ; on le disait enfermé dans ses cabinets avec les rois et les ministres, et absorbé dans les travaux les plus importants.