Napoléon et la conquête du monde/II/32

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H.-L. Delloye (p. 420-424).

CHAPITRE XXXII.

MONITEUR DU 5 JUILLET 1827.



Le 5 juillet 1827, au matin, parut, épais comme un volume in-folio, tant les suppléments s’étaient accumulés les uns sur les autres, le Moniteur de ce jour, et ce journal n’avait jamais mérité mieux son titre d’universel.

Il contenait trente-un décrets.

Celui qui les précédait tous était ainsi conçu :

« Napoléon, empereur des Français, monarque universel de la terre :

« Aux rois et aux nations du monde, salut.

« Pour la première fois depuis le commencement des temps, la surface entière du globe est soumise à une seule domination.

« La monarchie universelle est fondée.

« Dieu a accompli par cet événement inoui la destinée de la terre.

« La guerre est détruite, les temps de la paix sont venus.

« Un nouvel ordre de choses commence, l’ancien ordre finit, la diversité funeste des nations et des pouvoirs est fondue désormais et jusqu’à la fin des temps dans une perpétuelle unité.

« Dieu a placé dans moi et dans ma race cette unité de puissance et de monarchie.

« Que les rois et les nations lui rendent gloire avec moi !

« C’est devant lui et en son nom que j’ai décrété ce qui suit :

« Art. Ier Les continents, les îles et les mers qui couvrent la surface du globe composent la monarchie universelle.

« Art. 2. Le christianisme est la seule religion de la terre.

« Art. 3. La monarchie universelle réside en moi et dans ma race à perpétuité.

« Art. 4. Le siège de la monarchie universelle est à Paris, capitale de la terre.

« Art. 5. La terre est divisée en quatre parties : l’Europe, l’Asie à laquelle sont réunies les îles de l’Océanie, l’Afrique et l’Amérique.

« Art. 6. Les quatre parties de la terre sont subdivisées en royaumes.

« Art. 7. La France conserve seule le nom d’empire.

« Art. 8. La guerre est désormais interdite aux rois et aux peuples.

« Art. 9. L’esclavage est détruit.

« Art. 10. Les rois de la terre sont, sous notre souveraineté, chargés en ce qui les concerne de l’exécution du présent décret.

« Donné à Paris, ce 4 juillet 1827.
« Napoléon.
« Par le monarque universel,
« Le roi d’Espagne, Napoléon Joseph.
« Scellé du grand sceau de la monarchie universelle,
« L’archichancelier, duc d’Amalfi. »

Les décrets suivants fixaient les limites des royaumes dans les quatre parties du monde, et les subdivisaient en départements et autres divisions administratives.

Le troisième fixait l’administration religieuse, et convoquait un concile.

Le quatrième nommait les rois aux royaumes d’Asie, d’Afrique et d’Amérique.

Le cinquième déclarait colonies françaises toutes les îles de la terre, sauf le Japon et les îles d’Europe.

Le sixième fixait les relations des rois et des peuples entre eux, et leurs rapports d’obéissance à l’égard du monarque universel.

Le septième proclamait la constitution nouvelle et universelle de la terre.

Le huitième fondait l’administration générale de la monarchie universelle et l’administration particulière des royaumes.

Le neuvième instituait le conseil des rois, réuni tous les trois ans, à Paris, dans une session de deux mois, et présidé par le monarque universel.

Le dixième donnait pour capitale aux quatre parties du monde Paris, Calcutta, Tombouctou et Mexico.

Un sénat dirigeant, nommé par l’empereur, et présidé par un roi choisi par lui, siégeait dans chacune de ces trois dernières villes.

Le quinzième fixait l’état militaire du globe, créait quatre connétables, et élevait le nombre des maréchaux à cent.

Les autres décrets concernaient les douanes, les finances, la justice, les impôts, les sciences et tous les intérêts des hommes et des états.

On peut juger de l’étendue de ce Moniteur et de ces décrets en se rappelant que la seconde édition qui en fut publiée ne contenait pas moins de six volumes in-8o.