Notes Eglogues/Églogue IV

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Traduction par divers traducteurs sous la direction de Charles Nisard.
Lucrèce, Virgile, Valérius Flaccus - Œuvres complètesFirmin Didot (p. 466-467).
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Églogue IV. (VII d’après M. Désaugiers.)

Pollion, qui avait été désigné consul pour l’année 714, entre en exercice. Virgile lui dédie cette églogue.

Il avait dit, dans l’exorde de l’églogue précédente :

Prima Syracosio dignata est ludere versu
Nostra, nec erubuit silvas habitare Thalia.
Te nostræ, Vare, myricæ,
Te nemus omne canet.

Dans celle-ci, il invoque les Muses de Sicile, dont il n’avait point dédaigné d’imiter les chants agrestes ; et il a soin de nous rappeler les bois et les bruyères qu’il a promis de faire résonner du nom de Varus.

v. 1. Sicelides Muse, paulo majora canamus,
Non omnis arbusta juvant humilesque myricæ :
Si canimus silvas, silvæ sint Consule dignæ.

Ici, l’allusion à l’églogue de Silène est évidente.

v. 4. Ultima Cumæi venir jam carminis ætas. On a entendu de deux manières les mots Cumæi carminis. Quelques-uns ont pensé qu’il s’agissait ici non de la Sibylle de Cumes, mais d’Hésiode, dont le père était né à Cumes, et qui a parlé des quatre âges du monde dans son poëme des Travaux et des Jours. Mais Hésiode, en y déplorant les misères de l’âge de fer, sous lequel il avait le malheur de vivre, n’a nullement pronostiqué le renouvellement de l’âge d’or, ni même un temps plus heureux. C’est donc des livres de la Sibylle de Cumes qu’il s’agit dans ces vers. Ces livres secrets avaient-ils en effet annoncé ce que Virgile suppose dans cette églogue ? Il est fort permis d’en douter, avec le savant Fabricius, qui discute ce point dans sa dissertation sur les livres Sibyllins (Biblioth. Græca, lib. 1, cap. 30.)

v. 8. Tu modo nascenti puero, quo ferrea primum Desinet, ac toto surget gens aurea mundo, Casta, fave, Lucina : tuus jam regnat Apollo. Teque adeo decus hoc ævi, te Consule, inibit, Pollio ; ei incipient magni procedere menses. Les anciens commentateurs, d’après Servius, ont voulu voir dans Apollon, Octave, qui quelquefois dans sa jeunesse s’était paré des insignes de ce dieu, et dans Lucine, sa sœur Octavie, qu’ils regardaient probablement comme la mère de l’enfant. Nous devons rechercher maintenant quel était l’enfant merveilleux célébré dans cette églogue. Si l’on pèse les expressions de Virgile, l’enfant dont il parle a dû naître lorsque Pollion déjà désigné consul allait entrer en exercice,

Teque adeo decus hoc ævi, te Consule, inibit,

c’est-à-dire à la fin de 713, puisque Pollion reçut les faisceaux à l’ouverture de l’année 714. Ainsi l’enfant né à la fin de 713 aurait eu dix-huit ans révolus à la fin de l’année 731 : or c’est précisément l’âge que Servius donne à Marcellus à sa mort. Dans sa note sur le célèbre passage du sixième livre de l’Énéide, tu Marcellus eris, il dit que ce jeune prince, après avoir langui pendant deux ans, mourut à Baies à l’âge de dix-huit ans, étant alors édile.