Notes et Sonnets/De Ballaigues à Orbe

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Notes et SonnetsMichel Lévy frères. (p. 287-288).


NOTES ET SONNETS

faisant comme suite aux Pensées d’août



Tous sont divers, et tous furent vrais un moment
André Chénier.


SONNETS


I

DE BALLAIGUES À ORBE, JURA


14 octobre.


Sur ce large versant, au dernier ciel d’automne,
Les arbres étagés mêlent à mes regards
Les couleurs du déclin dans leurs mille hasards,
Chacun différemment effeuillant sa couronne :

L’un, pâle et jaunissant ; amplement s’abandonne ;
L’autre, au bois nu, mais vert, semble au matin de mars ;

D’autres, près de mourir, dorent leurs fronts épars
D’un rouge glorieux dont tout ce deuil s’étonne.

Les sapins cependant, les mélèzes, les pins,
D’un vert sombre, et groupés par places aux gradins,
Regardent fixement ces défaillants ombrages,

Ces pâleurs, ces rougeurs, avant de se quitter…
Et semblent des vieillards, qui, sachant les orages
El voyant tout finir, sont tristes de rester.