Notes et Sonnets/Demande-moi plutôt

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RÉPONSE

À M. ANTOINE DE LATOUR


Demande-moi plutôt, ô poëte sincère,
Dans ta comparaison de notre vanité
Avec la vertu simple et la fidélité
De ces cœurs qui cherchaient le seul bien nécessaire,

Demande-moi plutôt, en touchant ma misère,
Si j’aurai rien pris d’eux pour l’avoir raconté,
Si le signe fatal, en ce siècle vanté,
N’est pas autour des saints cette étude trop chère,

Le plus stérile emploi s’il n’est le plus fécond,
Le plus mortel au cœur s’il ne le change au fond :
Regarder dans la foi comme au plus vain mirage ;

Se prendre à la ruine, et toujours repasser,
Comme aux bords d’une Athène, à l’éternel rivage :
Toucher toujours l’autel sans jamais l’embrasser !