Notes historiques sur la vie de P. E. de Radisson/À la Baie d’Hudson

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EXPÉDITIONS MARITIMES.

À la Baie d’Hudson.



Malgré le succès de leur expédition, Radisson et des Groseilliers furent très mal accueillis par le gouverneur. Il ne pouvait leur pardonner, d’avoir désobéi à ses ordres et de lui avoir refusé une part des profits. Pour s’en venger, il les rançonna du mieux qu’il pût. Il leur fit payer, entr’autres choses, $2000 pour la construction d’un fort à Trois-Rivières. Cette somme constituait près du tiers, du revenu net de leur voyage.

Cependant, ils ne se découragèrent pas pour cela. Ils formèrent le projet, de se rendre à la Baie d’Hudson, par mer. Ils s’adressèrent à plusieurs marchands de Québec, dans le but d’organiser une société. Comme les négociations n’avançaient pas à leur gré, des Groseilliers passa en France, pour demander la restitution des argents, que le gouverneur leur avait enlevée.

Il fut bien reçu à la cour, mais on se contenta de le payer en belles paroles.

Il se hâta de revenir en Canada.

À peine de retour, il partit de Québec, avec Radisson (1664) sur un petit navire.

Ils n’avaient avec eux que sept matelots. Nous ignorons si ce navire fut équipé à leurs frais ou par les marchands de Québec. Ils avaient avec eux, des marchandises, car ils firent la traite, pendant quelques jours, à St. Pierre du Cap Breton.

Pendant son court séjour en France, des Groseilliers avait rencontré un bourgeois de LaRochelle, qui avait promis de lui envoyer un navire, à l’île Percée et de le mettre ainsi en état, de faire le voyage à la Baie d’Hudson.

Le navire n’arriva pas. Des Groseilliers proposa alors de se rendre dans la Nouvelle-Angleterre. À cette nouvelle, l’équipage, se révolta et menaça de les tuer tous deux, comme traîtres à leur pays.

Ils se dirigèrent vers Port Royal où ils rencontrèrent des armateurs de la Nouvelle Angleterre.

Ils finirent bientôt par s’entendre avec eux. Une convention fut rédigée et signée de part et d’autre.

Dans l’automne (1664) nos deux découvreurs, partaient de Boston, sur un bateau équipé par les armateurs en question. Ils ne pénétrèrent dans la Baie d’Hudson, que jusqu’au 61° nord. Radisson aurait désiré s’avancer plus loin dans la Baie, mais la saison était trop avancée pour le faire.

Ils n’étaient pas préparés d’ailleurs, à hiverner dans ces parages désolés. Ils échangèrent quelques paroles avec des indigènes qu’ils rencontrèrent sur la côte, et se hâtèrent de retourner à Boston, avant d’être arrêtés par les glaces

Radisson donne très peu de détails sur ce voyage. Il est bien certain que son séjour dans la Baie, fut très court. Ce ne fut, pour ainsi dire qu’un premier essai.

Les fréteurs, lui avaient promis deux vaisseaux pour le printemps suivant, (1665). Ils tinrent parole. Comme il était trop à bonne heure, à cause des glaces, pour entreprendre ce voyage, ils l’envoyèrent, en attendant, faire la pêche à l’ile de Sable, sur l’un de ces bateaux.

Une horrible tempête, le jeta sur la côte et le brisa complètement. L’équipage ne se sauva qu’avec la plus grande peine. Un procès s’en suivit, qui finit par être réglé, à l’amiable.

Pendant que Radisson se trouvait à Boston, pour surveiller sa cause, il fut introduit au Colonel George Cartwright.

Cet officier, faisait partie de la commission Royale, chargée de régler des questions importantes, affectant la colonie.

Il s’intéressa à Radisson et lui conseilla de passer en Angleterre avec lui, lui promettant de l’aider dans ses projets, auprès du Roi.

Radisson et des Groseilliers s’embarquèrent en effet avec le Colonel, le 1er Août 1665. Pendant la traversée, ils furent attaqués par un vaisseau Hollandais, le « Coper ». Après deux heures de combat, ils furent obligés de se rendre, et furent transportés sur les côtes d’Espagne, d’où ils se rendirent en Angleterre.

Pendant ce voyage, à la demande de Cartwright, Radisson prépara un mémoire de ses différents voyages, pour être soumis au Souverain Anglais.

Ce mémoire se ressent à certains endroits, de la précipitation avec laquelle, il a été préparé. On y rencontre des anachronismes, et des inexactitudes évidentes, tandis qu’à d’autres endroits, l’auteur passe d’un sujet à un autre, sans transition, ni plan arrêté.

Il est probable aussi que des feuillets ont été transposés et que d’autres manquent complètement.

Ils n’arrivèrent en Angleterre, que le 25 octobre 1665.

Ils étaient à peine installés, qu’ils reçurent la visite d’un Français, originaire de la Picardie, nommé Elie Touret, qui avait bien connu des Groseilliers.

Il paraîtrait, que le capitaine du « Coper » avait fait rapport à Dewitt, le grand homme d’état de la Hollande, de la rencontre qu’il avait faite, de nos deux découvreurs.

Dewitt, qui ne rêvait que l’agrandissement de sa patrie, résolut de les attacher à son service. Il leur dépêcha donc Touret, comme son émissaire secret. Touret fit connaître à Radisson et des Groseilliers, le but de sa mission. Non contents de fermer l’oreille à ses propositions, ils le dénoncèrent. Touret fut arrêté et emprisonné pendant quelque temps.

Cartwright leur obtint une audience auprès du Roi. Ce dernier leur promit un bateau pour le printemps suivant (1666). En attendant il leur fit servir à chacun une pension de 40 chelins par semaine. Ils passèrent trois mois à Oxford et se rendirent de là, à Londres et à Windsor.

La guerre avec la Hollande, fit avorter leur projet. Le navire promis, ne fut pas accordé. Le voyage fut donc ajourné à l’année suivante. Ils ne furent pas plus heureux en 1667, car, le navire qui leur était destiné, reçut l’ordre de se rendre aux iles Barbades et à la Virginie.

Découragés par ces contre-temps, ils s’adressèrent en 1667, à l’ambassadeur Anglais, auprès de la cour de France. L’ambassadeur les introduisit au Prince Rupert.

Ce prince intéressa plusieurs puissants Seigneurs d’Angleterre à cette entreprise.

Ils s’associèrent et équipèrent deux navires. « L’Aigle » qui fut confié au Capt. Stannard et le « Nul-Pareil » (Non-such) qui fut placé sous le commandement du Capt. Zacharie Gillam.

Radisson s’embarqua sur le premier et des Groseilliers sur le second.

Ils partirent de Gravesend, le 3 juin 1668.

Ils firent route ensemble, jusqu’à environ 400 lieues, des côtes d’Irlande. Il s’éleva alors, une grande tempête qui sépara les deux vaisseaux. « L’Aigle » fut en grand danger de périr. Chassé par le vent, et trop avarié pour continuer sa course, il retourna en Angleterre, au grand regret de Radisson.

Le « Nul-Pareil » qui portait des Groseilliers, pût se rendre à la Baie d’Hudson. Il pénétra dans une rivière à laquelle des Groseilliers, donna le nom de « Prince Rupert. » Il bâtit le « fort Charles » et après avoir fait une traite merveilleuse avec les indigènes, il retourna en Angleterre dans l’été 1669.

Les profits considérables que le Prince Rupert et ses associés, retirèrent de ce voyage, donna naissance à la célèbre compagnie de la Baie d’Hudson. Nos deux découvreurs eurent donc l’honneur d’avoir donné l’idée de fonder un poste, dans ce coin reculé du monde.

Ils peuvent à bon droit, réclamer la gloire, d’avoir été les fondateurs de cette puissante compagnie, qui pendant deux siècles, sauf quelques années d’interruption, régna en maîtresse dans ces parages.

En consultant les mémoires échangés, entre le gouvernement Français et le gouvernement Anglais, au sujet des droits de la Cie., on constate que le voyage du Capt. Gillam, ayant des Groseilliers comme guide, est indiqué comme ayant eu lieu, en 1667. Or, Radisson dit positivement, qu’il arriva en Angleterre en 1665, et que le voyage en question, n’eut lieu que trois ans après.