Notes historiques sur la vie de P. E. de Radisson/Au service de la France

La bibliothèque libre.

AU SERVICE DE LA FRANCE.


À plusieurs reprises, le grand Colbert, avait invité Radisson et des Groseilliers à reprendre le service de la France. Au mois d’octobre 1674, ils se présentèrent devant lui. Colbert, après leur avoir reproché sévèrement leur conduite, leur promit des lettres patentes de pardon et de restitution de leurs biens, s’ils voulaient se livrer à la traite au profit de leur mère-patrie, la France.

Il leur offrit également d’acquitter leurs dettes, de leur payer £400 en sus et de leur donner un emploi lucratif. Ils acceptèrent.

Radisson dit que Colbert s’acquitta de toutes ses promesses, moins la dernière.

En effet, il attendit quelque temps, sans que ses services fussent requis. Il s’en plaignit à Colbert, qui lui avoua, que pour rétablir la confiance dans son allégeance à la France, il fallait qu’il amène sa femme en France.

Il se rendit en Angleterre, mais ne pût persuader sa femme à le suivre. Son beau-père s’y opposa formellement.

Tout ce que Radisson et des Groseilliers purent obtenir de la cour de France, fut une lettre de recommandation pour le Comte de Frontenac, gouverneur de la colonie.

Ils se rendirent donc à Québec. Frontenac ne voulut ou ne pût, rien faire pour eux.

Des Groseilliers retourna à Trois-Rivières et Radisson en France. Ce dernier s’engagea dans la marine et prit part à l’expédition, commandée par le Comte d’Estrée, dirigée contre l’île de Taboga. Le navire sur lequel, il se trouvait, sombra et il ne se sauva qu’avec la plus grande peine. À son retour en France, il reçut comme récompense, une somme de £100.

Le Vice-Amiral, qui avait pu admirer son courage et son habileté, promit de lui donner le commandement d’un vaisseau de guerre et écrivit à la cour, pour le recommander en conséquence.

Radisson vint encore se heurter cette fois-ci contre le même obstacle. Colbert se défiait de lui. Il croyait qu’il subissait l’influence des Kertk. Pour l’y soustraire, il lui déclara, qu’il ne pouvait rien espérer, tant que sa femme ne viendrait pas demeurer en France. C’était la condition sine qua non de tout avancement.

Colbert avait raison et connaissait bien son homme. Radisson avoue lui même, en toutes lettres, à plusieurs endroits de ses mémoires, que depuis son mariage, les liens de famille étaient plus forts chez lui, que ceux de la patrie et que dans ses affections, il donnait la préférence à l’Angleterre.

Radisson, passa en Angleterre, pour constater encore une fois de plus, les dispositions de sa femme. Son beau-père le mit tellement dans ses intérêts, que Radisson écrivit pour lui, en France, au sujet d’une réclamation qu’il prétendait avoir pour la prise de Québec, en 1629.

Sir John Kertk, était le frère de Louis, Thomas et David Kertk et associé avec eux dans le commerce. Il réclamait pour la société « Kertk » £34,000, comme indemnité de guerre.

Radisson fit des offres de service à la Cie de la Baie d’Hudson, qui les refusa. Le 12 Août 1679, il se trouvait à Brest.

Après bien des correspondances et des entrevues avec Colbert, ce dernier lui donna des lettres d’introduction auprès de l’Intendant de la colonie M. de La Chesnaie. L’Intendant l’informa qu’il n’y avait pour lui, qu’un seul moyen de gagner les bonnes grâces du grand ministre ; c’était de tenter sérieusement un dernier effort, pour amener sa femme en France et d’établir ensuite un poste dans la Baie d’Hudson, pour le compte de la colonie. Radisson promit de ne rien négliger pour réussir. À peine, était-il arrivé à Londres qu’il se rendit auprès du Prince Rupert, pour le prier d’intercéder pour lui, auprès de Cie. Il eut l’humiliation, de se voir encore cette fois-là, éconduit dédaigneusement. Bien entendu, sa femme, ne traversa pas en France. Colbert parait avoir soupçonné le jeu double et déloyal de Radisson, car avant son départ pour Québec, il lui recommanda d’être sur ses gardes et de ne pas se laisser séduire par les promesses des Anglais.

Il arriva à Québec, le 25 Juillet 1681.

Après avoir discuté avec l’Intendant, les conditions de l’expédition projetée, il fut convenu que l’Intendant équiperait deux navires pour le printemps suivant et que des Groseilliers et Radisson en prendraient le commandement. L’Intendant fournissait tout et ils avaient chacun un quart des profits. En ce moment là, se trouvait dans le port de Québec, un navire appartenant au gouverneur de l’Acadie. L’Intendant demanda à Radisson, de partir immédiatement sur ce bateau et d’aller hiverner en Acadie. Au printemps suivant, il devait rencontrer des Groseilliers, à l’île Percée, qui était le lieu du rendez-vous.

Radisson accepta. Il partit, accompagné de trois hommes ; J. Bte. des Groseilliers, son neveu qui avait souvent traité avec les sauvages ; Pierre Allemand, un excellent pilote et J. Bte. Godfroi, un traiteur d’expérience, qui avait une grande connaissance des sauvages.

En juillet 1682, les deux bateaux promis le « Saint Pierre » et la « Charente » arrivèrent à l’ile Percée. Celui qui était destiné à Radisson, était vieux et peu propre à ce service ; celui de des Groseilliers était excellent. Tous deux, cependant étaient trop petits pour un voyage aussi dangereux. Des Groseilliers avait 15 hommes d’équipage.