Notes sur le Japon, la Chine et l’Inde/Muraille, auteurs

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EXTRAITS
D’AUTEURS ANCIENS ET MODERNES

(À L’APPUI).


DE LA GRANDE MURAILLE DE LA CHINE.


Dans le dessein que Thsin-chi-hoang-ti avait de soumettre tous les princes de l’Empire, il craignit que les Tartares Hiong-nou (les Huns) ne vinssent le troubler pendant qu’il serait occupé à ses conquêtes : il voulut se précautionner contre leurs courses ; ses prédécesseurs les avaient écartés de leurs frontières, mais il était à craindre qu’ils ne s’en approchassent de nouveau. Ces Tartares n’avaient point de demeures fixes, et ils ne voulaient point se renfermer dans des murailles ; des tentes leur servaient de maisons, et ils campaient dans les endroits propres à la nourriture de leurs troupeaux, qu’ils conduisaient partout avec eux, et qui leur fournissaient de quoi vivre. Le butin qu’ils faisaient dans leurs brigandages, les pourvoyait des autres choses nécessaires.

Alors l’Empire était partagé entre sept princes les Thsin, les Tchou, les Yen, les Tchao, les Ouei, les Kan et les Tsi. Trois de ces principautés : savoir, celles de Thsin, de Yen et de Tchao confinaient avec les Tartares. Thsin-chi-hoang-ti, pour ne pas être continuellement obligé de tenir sur ses frontières des troupes qu’il pourrait employer plus utilement ailleurs, et afin d’arrêter leurs courses, fit fermer les passages de Long-si[1], de Pé-ti[2] et de Chang-kiun, par où ces Tartares pouvaient pénétrer dans la Chine.

Les princes de Tchao et de Yen, à son exemple, firent construire des murailles : le premier depuis Tai[3], au pied des montagnes Yn-chan[4] jusqu’à Kao-kiné[5], pour mettre à couvert Yun-tchong[6], Yen-men[7] et Tai-hiun[8], et le prince Yen en fit construire une depuis Tsao-yang jusqu’à Séang-ping[9], pour garantir Chang-kou[10], Yu-yang[11], You-pé-ping[12] et Leao-tong[13].

On sentit alors que l’artillerie pouvait être employée utilement contre les Tartares, qui s’étaient déjà présentés au pied de la Grande Muraille, et que les trois pièces de canon envoyées de Macao avaient dispersés en peu d’instants. Ils menaçaient de revenir. Les mandarins de guerre furent d’avis que l’artillerie était la meilleure arme qu’on pût employer contre ces Barbares. Mais comment se la procurer ? À peine les Chinois savaient-ils pointer et tirer le canon : il y a loin de là à la fonte des canons. Ce fut le P. Adam Schaol, missionnaire jésuite, qui leur rendit cet important service. Quelque temps après, le P. Verbiest, autre jésuite missionnaire, entreprit, par ordre de l’Empereur, une nouvelle fonte, et porta l’artillerie chinoise jusqu’au nombre de 320 pièces. Le même religieux leur avait indiqué la manière de fortifier les places, de construire des forteresses nouvelles, d’élever d’autres édifices dans les règles de notre architecture moderne. Les jésuites ne se contentaient point d’envoyer à la Chine des missionnaires zélés ; il fallait encore que le zèle fût réuni aux talents. Cette sage précaution les conduisit au centre d’un empire jusqu’alors inaccessible à tout étranger.

(Histoire générale de la Chine, au Annales de cet Empire, traduites du texte chinois par le feu Père Joseph-Anne-Marie de Mayriac de Mailla ; rédigé par M. l’abbé Grosier, chanoine de Saint-Louis du Louvre. Vol. XIII, 450 et 451.)

Quant aux frontières de ce vaste empire, la nature elle-même a pris soin de les fortifier dans leur plus grande étendue. La mer borde six de ses provinces ; mais elle est si basse vers les côtes, que nul grand vaisseau n’en peut approcher. Des montagnes inaccessibles la couvrent à l’occident ; le surplus de ce vaste Empire est défendu par la Grande Muraille.

Ce prodigieux ouvrage est tout ce que l’antiquité nous offre de plus imposant et de plus gigantesque. Les pyramides d’Égypte sont bien peu de chose, en comparaison d’un mur qui couvre trois grandes provinces, qui parcourt cinq cents lieues d’étendue, et dont l’épaisseur est telle que six cavaliers peuvent aisément s’y promener de front : telle est cette fameuse muraille unique, en effet, dans son espèce. Elle est flanquée de tours, placées chacune à la distance de deux traits d’arbalète, ce qui en facilite la garde et la défense. Le tiers des hommes robustes de la Chine fut employé à sa construction. Il était défendu, sous peine de la vie, de laisser prise au fer entre l’assiette de chaque pierre. Cette précaution a contribué à la solidité de cet ouvrage, encore presque entier aujourd’hui, quoique construit il y a deux mille ans. Le premier Empereur de la famille Tsin en conçut le projet et l’exécuta.

Cette étonnante barrière est devenue à peu près inutile depuis la réunion des Chinois et des Tartares. Ceux-ci ne l’avaient point forcée. Ils furent appelés dans l’intérieur de la Chine pour chasser du trône l’usurpateur Licong-tse : il fut vaincu, chassé et disparut pour toujours ; mais le Tartare vainqueur prit sa place.

(Histoire générale de la Chine, ou Annales de cet Empire, traduites du texte chinois, par le feu Père Joseph-Anne-Marie de Mayriac de Mailla ; rédigé par M. l’abbé Grosier, chanoine de Saint-Louis du Louvre. Vol. XIII, p. 452 et 453.)

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Ce grand et vaste royaume de la Chine, dont Ptolémée a connu le nom et ignoré la puissance, semble être celui même que Marc-Antoine a nommé la province de Mangi.

(Chine ou grand camp de Tartarie, par les sieurs Pierre de Goyer et Jacob de Keyser, vol. I, p. 38.)

(Vol. I, p. 39.) Quant à l’origine du mot de chinois ou sinois, Stéphane l’a prise de la ville métropolitaine de ces peuples nommée Siné, dont parle Marcian en ses Navigations, d’où l’on présume que le mot de Thinœ, mentionné par Ptolémée et Strabon, est corrompu, et qu’au lieu de Thinœ on devait lire Chinœ ou Sinœ. Le P. Xavier, jésuite, en une Épître indienne de l’an 1552, par laquelle il mande à son général Loyole que trois de ses compagnons s’étaient acheminés vers la ville royale de la Chine, l’appelle Sinœ ou Sina. (Mêmes auteurs, vol. I, p. 41.) De plus, si vous considérez exactement sa situation, vous diriez que la nature s’est plu à lui former des remparts si forts et si solides, qu’on croirait à la voir qu’elle en voulut faire un petit monde séparé et retranché de toutes les autres parties. Si nous la regardons du côté de l’orient et du midi, nous la verrons entourée de la mer et d’un grand nombre d’îles, dont les bancs et les écueils sont si dangereux que personne ne les ose presque aborder. Si nous nous tournons au couchant, nous y remarquerons les vastes forêts et les hautes montagnes de Damasie, qui la séparent du reste de l’Asie ; elle est garantie de cette affreuse et sablonneuse plaine de Samo (où les puissantes armées étrangères trouveraient leur cimetière), par cette Grande Muraille qui, vu l’industrie avec laquelle elle est bâtie, supplée en plusieurs endroits aux défauts de la nature. (Mêmes auteurs, vol. I, p. 59.) On remarque encore qu’il n’y a point de lieu dans l’Océan où le poisson soit d’un goût plus agréable. On trouve aussi sur le rivage de cette mer, de certains petits oiseaux semblables à des hirondelles, qui pétrissent l’écume de la mer, et la mêlant avec leur salive, en font une espèce de bitume dont ils bâtissent leurs nids, qui après, étant mis en poudre, servent à faire toutes sortes de sauces très-bonnes et très-exquises. (Mêmes auteurs, vol. I, p. 39.)


Le 28 du même mois (juin 1754), nos voyageurs passèrent Nan-ting-men, qui est la première bouche des montagnes, et à midi ils traversèrent la Grande Muraille. « Ce titre est trop simple, m’écrivit le Frère Attiret, pour une si belle chose. Je suis étonné que tant d’Européens qui l’ont vue, nous aient laissé ignorer l’ouvrage immense qui la compose. C’est un des plus beaux ouvrages qu’il y ait au monde, eu égard au temps où elle a été faite et à la nation qui l’a imaginée et exécutée. Je suis bien résolu d’en faire le dessin à mon retour. »

(Lettres édifiantes et curieuses, t. XXXVI, p. 59-60, par l’abbé missionnaire Amiot.)


Ayant parcouru encore deux verstes, nous atteignîmes la chaîne des montagnes qui sépare la Mongolie de la Chine. Sur leurs sommets s’étend un rempart en pierre, avec des tours carrées, en briques, à une certaine distance les unes des autres. Ces tours, hautes de neuf sagènes, s’élèvent sur une plate-forme d’environ trois sagènes carrées. De ce point, la Chine se présente sous des formes colossales. On ne voit au sud, à l’est et à l’ouest que des montagnes couvertes de neige, et dont les cimes aiguës et noires s’élancent jusque dans les nues. On descend pendant cinq verstes par un chemin étroit et très-dangereux dans cette saison, jusqu’à Nortian, village chinois ; au delà, de hautes montagnes, dont les sommets menaçants donnent à ces cantons un caractère sauvage, se montrent au voyageur. Tel est l’aspect du pays à l’endroit où l’on descend des hautes steppes mongoles dans le terrain bas de la Chine.

(Voyage à Péking à travers la Mongolie, par M. Timkooski ; t. I, ch. vx, p. 358.)

(Mêmes auteurs, vol. I, p. 267.)

Aujourd’hui nous rencontrâmes continuellement des caravanes qui portaient du thé à Kiakhata. Après treize verstes de marche, nous arrivâmes à un rempart en terre assez élevé ; il traverse la route et aboutit à des montagnes qui s’étendent de l’est à l’ouest. À gauche est une vaste plaine très-fertile.

Ne pourrait-on pas trouver quelque analogie entre ce rempart et les anciennes fortifications que l’on trouve près de Péréislao, dans le gouvernement de Poltava, en Bessarabie, et dans d’autres provinces de la Russie ?


Le 2 septembre, Son Excellence, accompagnée de la plus grande partie de ses gentilshommes, de sa suite et de sa garde, se mit en route pour aller rendre une visite privée à l’Empereur, alors en Tartarie. Le soir, nous fîmes halte à une de ses maisons appelée Ming-Yuen-Suen, distante de Pékin d’environ vingt-deux milles. Le 5, nous entrâmes dans les montagnes, et le chemin devint extraordinairement rude et difficile ; après une route de seize milles, très-fatigante, nous prîmes nos logements dans une grande et forte ville de guerre, située précisément sur la frontière de la Tartarie. Le lendemain matin, nous jouîmes de l’intéressant spectacle de la Grande Muraille, qui sépare cette contrée de la Chine. Nous ne pouvions nous lasser de contempler ce prodigieux monument d’antique architecture, qui, durant tant de siècles, a fait l’admiration de l’univers. D’après les renseignements que nous fûmes à portée de recueillir sur les lieux, d’après ceux que nous procurèrent les plus instruits d’entre les Chinois, nous sûmes que cette muraille avait été bâtie, il y a environ quinze cents ans, pour arrêter les incursions fréquentes des Tartares, qui, se répandant par essaims sur la Chine, en ravageaient les provinces septentrionales, avant qu’il fût même possible de leur opposer aucune résistance. Nous apprîmes que sa longueur, d’environ quatorze cents milles, s’étendait sur une contrée généralement montueuse et irrégulière, entrecoupée de temps en temps par des roches et des précipices tellement escarpés, qu’il est difficile de concevoir que l’attrait du pillage ait pu déterminer des hommes à risquer leur vie pour les franchir. La portion de la Muraille que nous examinâmes et que nous mesurâmes avec beaucoup de difficulté, avait vingt-cinq pieds (anglais) d’élévation ; son épaisseur, prise à travers la porte, était de trente-six pas, et demeurait la même jusqu’en haut ; mais dans les vallées et dans les différents endroits qui présentaient à l’ennemi un passage plus facile, son épaisseur et son élévation surpassaient de beaucoup ces dimensions. Elle était bâtie en briques, et depuis Son Excellence jusqu’au dernier de nos soldats, nous eûmes tous un empressement égal à en recueillir des fragments, comme si ces morceaux de brique eussent été des lingots du plus précieux métal. Quoique remontant à une si haute antiquité, la Muraille est généralement en bon état ; quelques parties cependant se dégradent, et depuis la réunion des deux Empires en un seul, on donne moins d’attention à son entretien. À chaque porte il y a un corps de garde où quelques compagnies de soldats sont, en tout temps, stationnées, tandis que d’autres compagnies sont campées de chaque côté de la Muraille, et régulièrement espacées. Sur sa partie supérieure sont construites des tours, distantes d’une portée de fusil l’une de l’autre ; leur hauteur et leur masse présentent le coup d’œil le plus magnifique et le plus imposant.

(Voyage en Chine, en Tartarie, à la suite de l’Ambassade de lord MaCartney, par M. Holmes. Vol. II, ch. VII, p. 17, 18, 19 et 20,)


Avant la conquête de la Chine par les Tartares-Mandchous, la frontière septentrionale de cet Empire était limitée par la Grande Muraille qui s’étend depuis le golfe du Liao-toung ou mer Jaune, jusqu’à l’extrémité occidentale de la province du Chen-si (ou de l’Occident frontière), dans un espace de cinq à six cents lieues. Ce monument, le plus colossal comme le plus insensé peut-être qu’ait jamais conçu la pensée humaine, fut construit par Tsin-chi-hoang-ti (le premier Empereur auguste de la dynastie Tsin, célèbre Empereur chinois, le même qui commanda l’incendie des livres, et qui régnait 214 ans avant notre ère), pour défendre son empire contre les invasions multipliées des barbares Hioun-nou ou Tartares. Plusieurs millions d’hommes, dit-on, furent employés pendant dix ans à cette construction, et quatre cent mille y périrent. L’épaisseur de cette immense et prodigieuse muraille est telle que six cavaliers peuvent la parcourir de front à son sommet. Elle est flanquée de tours dans toute sa longueur, placées chacune à la distance de deux traits de flèche, pour que l’ennemi pût être partout atteint. La construction est très-solide, surtout du côté oriental, oh elle commence par un massif élevé dans la mer ; c’est là qu’il était défendu aux constructeurs, sous peine de la vie, de laisser la possibilité de faire pénétrer un clou entre les assises de chaque pierre. Elle est terrassée et garnie de briques dans toute la province de Tchi-li (Fidèlement attachée) qu’elle suit au nord. Mais plus à l’ouest, dans les provinces de Chan-si (de l’Occident montagneux), de Chen-si et de Kiang-sou (pays riche et fertile sur le fleuve Kiang), elle est en terre seulement dans quelque partie de son étendue. Cependant cette Muraille paraît avoir été bâtie presque partout avec tant de soin et d’habileté que, sans que l’on ait en besoin de la réparer, elle se conserve entière depuis plus de deux mille ans. Dans les endroits ou les passages sont plus faciles à forcer, on a eu soin de multiplier les ouvrages de fortification, et d’élever deux ou trois remparts qui se défendent les uns les autres. Cette muraille ou plutôt ce rempart de six cents lieues de longueur, a presque partout 20 ou 25 pieds d’élévation, même au dessus de montagnes assez hautes par lesquelles on l’a fait passer, et qui sont fréquentes le long de cette frontière de la Mongolie. L’une de ces montagnes que franchit la Grande Muraille, a cinq mille deux cent vingt-cinq pieds d’élévation. Les matériaux qui ont servi à la construction de cette fortification démesurée seraient plus que suffisants, dit M. Barrow, pour bâtir un mur qui ferait deux le tour du globe, et qui aurait six pieds de hauteur et deux pieds d’épaisseur. Elle est percée d’espace en espace de portes qui sont gardées par des soldats, ou défendues par des tours et des bastions. On dit que du temps des empereurs des dynasties chinoises, avant que les Mongols, appelés dans l’intérieur de la Chine, se fussent emparés de l’Empire, cette Muraille était gardée par un million de soldats ; mais à présent que la plus grande partie de la Tartarie et la Chine ne font plus qu’un vaste Empire, et qu’il n’a plus à craindre des invasions barbares, le Gouvernement chinois se contente d’entretenir de bonnes garnisons dans les passages les plus ouverts et les mieux fortifiés.

Voici ce qu’en disent deux témoins oculaires : « La construction de cette Muraille est composée de deux faces de mur, chacune d’un pied et demi d’épaisseur, dont l’intervalle est rempli de terre jusqu’au parapet. Elle est garnie de créneaux comme les tours dont elle est flanquée. À la hauteur de six ou sept pieds depuis le sol, le mur est bâti de grandes pierres carrées, mais le reste est de briques, et le mortier paraît excellent. Sa hauteur totale est entre 18 et 20 pieds, mais il y a peu de tours qui n’en aient au moins 40 par une base de 15 à 16 pieds carrés, qui diminue insensiblement à mesure qu’elle s’élève. On a fait des degrés de briques ou de pierre sur la plate-forme qui est entre les parapets, pour monter et descendre plus facilement. » (P. Gerbillon.)

Une pensée politique autre que celle de préserver les provinces septentrionales de l’Empire chinois contre les irruptions des Tartares, présida à la construction de cet ouvrage aussi gigantesque qu’inutile maintenant, mais qui du moins est un témoignage formidable de ce que peuvent la volonté et le génie de l’homme. Celui qui conçut ce projet ne fut pas un homme ordinaire, malgré les accusations des historiens chinois. Avant son règne, sous la dynastie des Tcheou, l’Empire était divisé en un grand nombre de petits royaumes et de petites principautés féodales, qui ne dépendaient guère que nominalement du souverain de tout l’empire. Thien-chi-hoang ou le premier Empereur auguste de la dynastie Thien, après avoir soumis tous les rois et les princes vassaux de l’empire qui s’étaient rendus indépendants, et restitué à la nation chinoise sa grande et puissante unité, après avoir vaincu les tribus nomades du nord et du midi, avec des armées de plusieurs millions d’hommes, ne voulut pas les laisser se dégrader dans l’oisiveté ou troubler l’empire ; il en fit renfermer cinq cent mille dans des forteresses où ils étaient occupés à des travaux utiles ; et il employa le reste, avec le tiers de la forte population mâle (quatre ou cinq millions d’hommes), à construire cette Grande Muraille que les Chinois nomment Wen-li-tchang-tching, « la Grande Muraille de dix mille lys ou mille lieues, » mais qui n’a guère que la moitié de cette étendue.

(L’Univers pittoresque, par M. G. Pauthier, la Chine, t’I, p. 10 et 11.)


  1. Ti-tao-hien de Ling-tao-fu de Chen-si.
  2. King-yang de la même province.
  3. Soui-te-Tcheou de Yen-ngan-fou du Chen-si.
  4. Chaîne de montagnes qui confinent la Tartarie.
  5. Kao-Kiné, forteresse à quatre cent vingt lys au nord-ouest de Tai-tong-fou.
  6. Dans le district de Tai-tong-fou.
  7. Yu-men, aujourd’hui Tai-tcheou de Tai-yeun-fou du Chan-si.
  8. Tai-kiun dépendent de Tai-yeun-fou.
  9. Leao-yang-tcheou du Leao-tong.
  10. Pao-ngan-tcheou de Siuen-hao-fou dans le Pé-tché-li.
  11. Ping-kou-hien dans le Pé-tché-li.
  12. Yong-ping-fou de la même province.
  13. Les Chinois donnent à cette muraille, qui borne la Chine du côté de la Tartarie, le nom de Ouan-li-chang-tching, c’est-à-dire la Grande Muraille de dix mille lys. À compter dix lys pour une lieue, elle aurait mille lieues d’étendue, mais c’est une exagération : en estimant les divers contours qu’on lui a fait prendre dans quelques endroits, elle n’a qu’aux environs de cinq cents lieues. Elle a de hauteur vingt à vingt-cinq pieds, et elle est si large qu’en quelques endroits six chevaux de front pourraient courir dessus sans s’incommoder. Elle continue jusque sur des montagnes inaccessibles. Le P. Verbiest, en un endroit, lui reconnut mille trente-sept pas géométriques d’élévation au-dessus de l’horizon. Dans sa longueur elle est défendue, à de justes distances, par une chaîne de forts, dans lesquels on entretenait, apparemment dans des temps où on craignait des irruptions de la part des Tartares, jusqu’à un million d’hommes. Ceux qui l’ont vue prétendent qu’il n’y a point d’ouvrage au monde qui lui soit comparable. Aujourd’hui que les Tartares Manchoux sont maîtres de la Chine, nécessairement on néglige d’y faire des réparations ; on entretient seulement les fortifications des passages les plus faibles, et le reste tombe en ruine. On voit par l’histoire qu’on a tort d’attribuer tout ce grand ouvrage à l’empereur Thsin-chi-huang-ti.
    (Histoire générale de la Chine, ou Annales de cet Empire, traduites du texte chinois par le feu P. de Mailla ; rédigé par l’abbé Grosier, t. II, p. 372, 374.)