Notice sur Le More de La Faye

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NOTICE
SUR LE MORE DE LA FAYE



Le More de La Faye (Louis Christophe) naquit à Tence-en-Velay, en 1759 ou 1760. Les registres baptismaux de cette paroisse n’existant pas pour cette période, il nous est impossible de donner la date exacte de cette naissance.

Il semble que son nom patronymique ait été Le Moro et non Le More ainsi que l’indique l’acte de naissance suivant de son père :

« Louis-Antoine Le Moro, fils légitime à autre Antoine, sieur de La Faye, avocat en parlement, châtelain et juge alternatif de la ville de Tence et à demoiselle Marguerite Le More mariés, est né le 21 et a été baptisé le 22 septembre 1729 : le parrain, sieur Louis Le Moro, la marraine, demoiselle Jeanne Le More, de Tence soussignés. »

Ce qui aurait donné lieu à cette confusion de noms est d’abord leur ressemblance ; en second lieu, la présence, à cette époque, à Tence d’une famille Le More ; enfin, l’alliance de la famille Le Moro avec la famille Le More.

D’abord avocat en parlement, juge-bailli de Tence, avant 1789, Le Moro de la Faye, fut l’un des commissaires désignés pour la rédaction des cahiers du Tiers-État de la Sénéchaussée du Puy, et devint administrateur du département de la Haute-Loire, en 1790. En l’an II, il fut incarcéré et ne dut la liberté qu’au 9 thermidor. Il remplit successivement les fonctions de président du tribunal civil d’Yssingeaux et de membre du tribunal civil séant au Puy.

Il fut en prairial an V, nommé par les électeurs du département de la Haute-Loire, juge au tribunal de Cassation[1]. Le Moro et Truchard du Molin sont les deux seuls magistrats que dans le passé notre département ait eu l’honneur de fournir à la Cour suprême. Il est actuellement représenté auprès d’elle, par M. le conseiller Alexandre de Lagrevol.

Du tribunal de cassation Le Moro passa, vers 1805, en qualité de conseiller à la Cour d’appel de Riom. Il devint enfin président du tribunal civil d’Yssingeaux.

Par le sénatus-consulte des 9 et 10 août 1810, Le Moro de La Faye fut nommé député de la Haute-Loire, au corps-législatif.

Il fut membre du Conseil général de notre département depuis la création de cette assemblée en l’an VIII, jusqu’en 1811.

Il mourut à Paris le 10 novembre 1814, à l’âge de cinquante quatre ans, officier de la légion d’honneur[2].

De son mariage avec mademoiselle Tavernier, Le Moro laissait deux filles Mme de Villeneuve et Mme de La Fayolle de Mars, dont un des petits-fils, M. René de Mars, ancien magistrat est aujourd’hui maire de Tence et conseiller-général pour ce canton.

Henry Mosnier.



[3]


  1. D’après la constitution votée par l’Assemblée Constituante, en 1790 tous les départements de la France devaient concourir successivement par moitié à l’élection des membres de ce tribunal.

    Cette élection se faisait dans les mois d’avril et de mai par les électeurs départementaux.

    Les membres du tribunal n’étaient élus que pour quatre ans, mais pouvaient être réélus.

    Pour être éligible, il fallait avoir trente ans et avoir exercé pendant dix ans les fonctions de juge dans une cour supérieure, un présidial, une sénéchaussée ou avoir rempli les fonctions d’homme de loi. Les juges non gradués des anciens tribunaux d’exception n’étaient pas éligibles.

    Il devait aussi être pourvu à la nomination d’un juge suppléant.

    La Haute-Loire faisait partie de la deuxième série des départements désignés par le sort pour pourvoir au recrutement des membres du tribunal de Cassation.

  2. Extrait des registres de l’état-civil de la ville de Paris : No 151, registres 2, 12084.

    Le maire du quatrième arrondissement, officier de la Légion d’honneur, du 10 novembre 1814 à midi, acte de décès de Le Moro de Lafaye, président du tribunal de première instance d’Yssingeaux, département de la Haute-Loire, officier de la Légion d’honneur et membre de la Chambre des députés décédé ce

  3. jourd’hui à six heures du matin, âgé de cinquante quatre ans, né à Tence, susdit département, y domicilié et logé à Paris, rue Baillif, no 2, quartier de la banque de France, veuf de (on ignore les prénoms et nom). Premier témoin, Joseph-Baltazar Bonnet de Treiches, âgé de cinquante quatre ans, membre de la Chambre des députés, rue de Richelieu no 87 deuxième témoin, Jean Baptiste Louis Serpeille, âgé de quarante six ans, vicaire à Saint-Louis-en-l’île, quai d’Orléans, no 8, amis, lesquels, après lecture faite ont signé.

    Délivré le présent extrait conforme au registre, par nous, maire dudit arrondissement, soussignés.

    Paris, le 14 novembre 1874.

    Signé : Barbier.