Nouvelle Biographie générale/GUILLAUME de Machau

La bibliothèque libre.
Firmin-Didot (22p. 365-366).

GUILLAUME de Machau, en latin Guillelmus de Mascaudio, en italien Guglielmo de Francia, poète et musicien français, né à Machau près Rethel (Champagne), en 1284, vivait encore en 1370. En 1301 il était attaché au service de Jeanne de Navarre, femme de Philippe le Bel, roi de France. Il devint valet de chambre de ce monarque, et conserva son emploi jusqu’à la mort de Philippe, arrivée en novembre 1314. En 1316, Jean de Luxembourg, roi de Bohême, le prit pour clerc (secrétaire). Ce nouvel emploi l’obligea à quitter la France : il a exprimé dans des vers touchants le chagrin qu’il eut de s’éloigner de sa patrie. Il demeura trente ans en Bohême, et ne se fixa en France que lorsque son maître eut été tué, à la bataille de Crécy (1346). Bonne de Luxembourg, duchesse de Normandie, Le prit alors à son service. Après la mort de cette princesse, il fut secrétaire de Jean le Bon, duc de Normndie, et continua à lui être attaché lorsque ce prince eut succédé comme roi de France à son père, Philippe de Valois. Jean je Bon ayant cessé d’exister, Guillaume conserva sa charge auprès de Charles V ; il l’exerçait encore en 1369, époque à laquelle il composa un poème intitulé La Mort de Pierre, roi de Jérusalem et de Chypre. Guillaume avait alors plus de quatre-vingt-cinq ans. Il a laissé un grand nombre de poésies de tous genres, parmi lesquelles on remarque Li Tems pastour. Dans le chapitre qui a pour titre : Comment li amant fut au diner de sa dame, l’auteur donne le nom et la description des instruments de musique de son temps. Les compositions musicales de Guillaume consistent en motets français et latins, à deux ou trois voix ; en ballades à une ou deux voix ; en rondeaux; en chansons badines et en une

messe à quatre parties exécutée à Reims lors du sacre de Charles V. Les manuscrits de la Bibliothèque impériale de Paris n° 7609, 7612, 7995, 7221 (ancien fonds) et 2771 (fonds de La Vallière) contiennent le plus grand nombre de ces curieuses pièces. Perne a lu à l’Institut de Franee, en 1817, un mémoire intéressant sur la messe du poète musicien qu’il a mise en partition et traduite avec exactitude en notation moderne.
E. Desnues.

Comte de Caylus, Notice sur la ne et les Ouvrages de Guillaume de Machau. — l’abbé Rive, Idem. — Fétis, Revue musicale, p. 106-113. — Le même, Biographie universelle des Musiciens. — Catalogue de la Bibliothèque impériale. — Kalkbrenner, Histoire de la Musique, pl. 5. — Kiesewetter, Histoire de la Musique européenne. — Mémoires de l’Institut, année 1817. — Roquefort, De l’Élat de la Poésie française dans les douzième et treizième siècles, p. 105-113.