Nouvelle Biographie générale/Sophonisbe

La bibliothèque libre.
Firmin-Didot (44p. 112).
◄  Sophonie
Sophron  ►

SOPHONISBE, fille d’Asdrubal, devint, en 206 av. J.-C., la femme de Syphax, chef de la tribu numide des Massésyliens et allié de Carthage. Étant tombée au pouvoir de Masinissa, à qui elle avait d’abord été destinée, lors de la prise de Cyrta (203), sa beauté frappa vivement le roi des Numides, et, loin de songer à la livrer aux Romains, il résolut de l’épouser. Mais elle avait déjà détourné Syphax de l’alliance des Romains, et Scipion craignit qu’elle n’ébranlât aussi la fidélité de Masinissa ; il lui ordonna donc de renoncer à ce mariage, et réclama la princesse. Ne pouvant résister aux instances de l’illustre Romain, Masinissa en donna avis à Sophonisbe par un message secret. Alors la jeune femme héroïque, qui craignait par-dessus tout l’humiliation d’être traînée à Rome, demanda à son nouvel époux, pour son présent nuptial, une coupe empoisonnée. Le roi eut la lâcheté de la lui envoyer, et elle la vida courageusement.

L’histoire de Sophonisbe a souvent été traitée pour le théâtre. Sans parler de Trissino et d’autres vieux poëtes, Corneille en fit le sujet d’une de ses tragédies, puis après lui Lagrange-Chancel et Voltaire.

Tite Live, XXIX, 23 ; XXX, 3, 7, 12 à 15. — Polybe, XIV, l, 7. — Appien, Pun., 10, 27, 28.