Aller au contenu

Nouvelle Biographie générale/VALLISNIERI Antonio

La bibliothèque libre.
Firmin-Didot (45p. 455-456).

VALLISNIERI (Antonio, chevalier), célèbre naturaliste italien, né le 3 mai 1661, au château de Tresilico (Modenais), mort le 28 janvier 1730, à Padoue. Il appartenait à une famille noble et ancienne, et un de ses ancêtres avait été créé comte palatin par l’empereur Frédéric III ; son père était médecin, et gouvernait pour le duc de Modène le district de Garfagnana, où il vit le jour. Il commença son éducation à Scandiano, en poursuivit le cours à Modène, chez les jésuites, et fit à Reggio son cours de philosophie. Libre de choisir entre l’étude du droit et celle de la médecine, il se décida pour cette dernière, et alla suivre à Bologne les leçons de l’illustre Malpighi, ami de son père. Après avoir pris à Reggio le diplôme de docteur (1685), conformément aux ordres de son souverain, qui avait défendu à ses sujets de recevoir ce degré hors de ses États, il s’empressa de retourner à Bologne, et s’y perfectionna dans la connaissance de l’anatomie, de la botanique et de l’histoire naturelle. Un séjour de deux années à Venise et à Parme lui permit encore d’assister avec fruit aux leçons de Florio, de Grandi et de Sacchi. De retour à Modène (1689), Vallisnieri s’adonna à la pratique de son art, sans toutefois négliger l’histoire naturelle, pour laquelle il se sentait une inclination particulière ; aussi son premier soin fut-il de faire une ample moisson des objets qui pouvaient servir à ses observations journalières. Il s’occupa d’abord, comme Malpighi, du ver à soie, et répéta les expériences de Redi sur la génération des insectes ; ce qui lui permit de rectifier quelques erreurs échappées à ce naturaliste et de faire quelques découvertes. Son coup d’essai fut imprimé dans la Galleria di Minerva, journal de Venise, et accueilli avec beaucoup de faveur. Appelé le 26 août 1700 à Padoue pour y prendre possession de la chaire de médecine pratique laissée vacante par Sacchi, il la conserva jusqu’en 1709, où il fut chargé d’enseigner la médecine théorique. Il eut de longues luttes à soutenir contre les vieux professeurs, qui ne lui pardonnaient pas d’enseigner les nouvelles découvertes en anatomie. Ses délassements n’étaient qu’un changement d’étude, soit qu’il observât les insectes et les vers, soit qu’il entreprît quelque voyage à travers l’Italie. Il mourut d’une espèce de pleurésie, dans sa soixante-neuvième année. Les honneurs de toutes sortes ne manquèrent pas à ce savant, dont la vie fut tout entière consacrée au travail. Dès 1707 il fut agrégé à l’académie des Curieux de la nature, et peu après à la Société royale de Londres. Presque toutes les académies d’Italie, celle des Ricovrati en tête, l’admirent dans leur sein. Son attachement à l’université de Padoue lui fit refuser la place de médecin du pape et la première chaire de Turin. L’empereur Charles VI voulut le compter au nombre de ses médecins, et le duc de Modène le gratifia en 1728 d’un diplôme de chevalier, pour lui et tous ses descendants aînés. Sa correspondance était des plus actives, et il y avait peu de savants célèbres à l’étranger qui n’eussent recours à ses lumières. De sa femme, Luigia Mattardi, il laissa dix-huit garçons. — Au milieu des opinions qui divisaient alors les savants sur les divers systèmes de génération , Vallisnieri adopta celui des œufs, et combattit par des arguments nouveaux celui de la génération spontanée. Ses efforts obtinrent le suffrage de Buffon, qui, loin de s’approprier quelques-unes de ses découvertes, ainsi que le firent des membres de l’Académie des sciences, le signala comme un investigateur exact et profond à la fois. Lancisi et Tamburini, d’abord ses adversaires, se rendirent à l’évidence de ses preuves. L’histoire naturelle lui est redevable d’une foule d’observations intéressantes, relatives surtout aux insectes ; c’est ainsi qu’il a donné la première description des mœurs du formica leo, et une histoire du caméléon plus complète que celle qu’on possédait avant lui. Les botanistes ont rendu hommage à sa mémoire en donnant le nom de vallisneria à un genre de plantes de la famille des hydrocharidées. Les ouvrages de Vallisnieri sont : Dialoghi sopra la curiosa origine di molti insetti ; Venise, 1700, in-8o : ces dialogues entre Pline et Malpighi avaient déjà paru dans la Galleria di Minerva, ann. 1696 et 1698 ; — Prima raccolla d’osservazioni ed esperienze ; ibid., 1710, in-8o ; — Considerazioni intorno al creduto cervello di bue impietrito ; Padoue, 1710, in-4o : il s’agit d’une concrétion osseuse que Duverney avait présentée à l’Académie des sciences comme un cerveau de bœuf pétrifié ; — Considerazioni ed esperienze intorno alla generazione de’ vermi ordinarj del corpo umano ; ibid., 1710, in-4o, et 1726, in-4o, avec des additions ; trad. en partie dans Hist. latorum lombricorum de D. Le Clerc : en relevant les erreurs d’Andry au sujet du ver solitaire, l’auteur s’efforce de montrer que la transmission des germes vermineux au fœtus a lieu, comme celle du sang, par la communication des vaisseaux de l’utérus avec ceux du placenta ; — Varie lettere spettanti alla storia medica e naturale ; ibid., 1713, in-4o : il y traite de l’ovaire, des vases spermatiques, des polypes vipériformes, des vers ronds de l’urine, etc. ; — Esperienze ed osservazioni intorno all' origine, sviluppi e costumi di varj insetti ; ibid., 1713, in-4o ; — Nuova idea del male contagioso de' buoi ; Milan, 1714, in-12 : se rangeant au système du P. Kircher, il fait venir l’épizootie d’une prodigieuse quantité de vers invisibles ; — Istoria del cameleonte ; Venise, 1715, in-4o ; — Lezione accademica intorno all’ origine delle fontane ; ibid., 1715, 1726, in-4o ; — Istoria della generazione dell’ uomo e degli animali, se sia da’ vermicelli spermatici o dalle uova, con un Trattato della sterilità e de’ suoi rimedj ; ibid., 1721, in-4o : le plus important de ses ouvrages, et celui où il reconnaît l’existence des vers séminaux, qu’il avait combattus jusque-là ; — De’ corpi marini che su’ monti si trovano ; ibid., 1721, 1728, in-4o : cette question lui paraissant épineuse, il ne se prononce pour aucun des systèmes alors suivis, et se contente d’attribuer le déplacement des coquilles à des submersions partielles et non pas au déluge ; les trois lettres ajoutées à la seconde édit., et écrites contre Andry, ont été trad. en français ; Paris, 1727, in-12 ; — Dell’ uso e dell’ abuso delle bevande e bagnature calde o fredde, à la suite d’un traité de Davini ; Modène, 1725, in-4o : il se déclare en faveur de l’eau chaude ; — des mémoires dans les Éphémérides des Curieux de la nature, dans le Giornale de’ letter. de Venise, et dans la Raccolta calogerana. Tous les écrits de ce savant naturaliste ont été recueillis par son fils Antonio (Opere fisico-mediche, stampate e manoscritte ; Venise, 1733, 3 vol. in-fol.). P.

Sa Vie, par Coleti, à la tête des Opere. — Configliachi, Discorso intorno agli scritti d’Ant. Vallisnieri ; Padoue, 1836, in-fol. — Fabroni, Vitæ Italorum, t. VII. — Niceron, Mémoires, t. XVI. — Chaufepié, Nouveau Dict. hist. — Biogr. méd. — Ugoni, dans Biog. degli Ital. illustri, de Tipaldo, t. III.