Nouvelles conversations avec Eckermann (La Revue Blanche)/9

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Nouvelles conversations avec Eckermann (La Revue Blanche)
La Revue blancheTome XXIV (p. 358-363).

Nouvelles Conversations avec Eckermann

11 septembre. — Les journaux français annoncent que trois officiers juifs ont donné leur démission par suite des procédés insultants de leurs camarades. On leur avait refusé d’ailleurs un avancement légitime. Cette nouvelle a éveillé en moi une vive indignation, mais Goethe n’a pas paru la partager entièrement.

— Assurément, dit-il, rien ne peut me sembler plus sot, plus méprisable que les polémiques de presse et les insolences de mess qui déterminent de tels scandales. Je penserais ainsi même si j’étais l’ennemi des Juifs. Chez nous, de par la loi, ils ne peuvent être officiers, et je ne vois pas que leur race soit moins prospère ou moins puissante. C’est de la vexation en pure perte ; elle n’en est que plus choquante. Je plains aussi, et de tout mon cœur, les braves gens que la nécessité matérielle de leur existence retient au milieu de ces grossièretés basses et impunies. Néanmoins je n’ai jamais été fort alarmé par les faits que relaient les journaux, car je les juge sans gravité réelle et je crois qu’ils resteront sans conséquences.

— Ils démontrent pourtant, répondis-je, que la France est restée dans un état dangereux de passion et d’injustice : l’histoire prouve à quel excès de barbarie de tels sentiments peuvent monter.

— Que craignez-vous, dit Goethe, une Saint-Barthélémy des Juifs ? Ce souvenir est tragique, mais il ne m’épouvante nullement. À cette époque, la moitié de la France était protestante et aujourd’hui les Juifs ne forment pas la cinq centième partie du peuple français : ce n’est pas assez pour que chaque chrétien ait à portée de la main un Juif à détester, et peut-être à dépouiller. Dans un tel état, on ne peut créer la haine que par des moyens artificiels : et elle reste théorique et vaine. N’oubliez pas non plus que les Sémites sont, presque en totalité, groupés dans les grandes villes. Or, les ouvriers des villes ne se laisseront pas aisément fanatiser par des fables absurdes, et d’ailleurs ils se méfient beaucoup plus des Antisémites que des Juifs.

— Vous n’admettez donc pas que l’antisémitisme puisse devenir dangereux ?

— Si, en Pologne, en Galicie ou en Roumanie ; à Alger même si vous voulez : mais pas en France. Ce n’est là qu’un sentiment factice, et je vous en donnerai pour preuve que son origine n’est pas populaire, mais mondaine. Il est né dans les grandes cercles et sur les champs de courses. Ce qui naît là ne va pas loin.

Je suis demeuré un peu surpris. Mais Goethe a poursuivi, en s’échauffant peu à peu. Il pense que, quoiqu’il puisse arriver, les Juifs français n’ont rien à craindre. Il est certain, dit-il, que la France est au début de grandes luttes civiques. Mais si les curés sont vaincus, ils auront assez de penser à eux-mêmes. S’ils triomphent, leur victoire passera bientôt sur la tête des Juifs, qui ne les gênent guère en réalité, alors qu’ils ont à détruire tant d’institutions dangereuses ; les lois scolaires, les droits sur les congrégations, le mariage civil et le divorce leur importent bien autrement que Rothschild. Goethe a encore envisagé la question d’un autre point de vue. Supposons une révolution en France, a-t-il dit. Si elle amène au pouvoir un gouvernement capitaliste, quel qu’il soit, empire, royauté ou dictature, il ne pourra se passer du capital juif. Si de la révolution au contraire doit émerger l’État collectiviste, eh bien ! les Juifs ne seront pas plus dépouillés que les autres par la commune expropriation.

J’ai été frappé de ces arguments, mais je ne pouvais m’empêcher de penser qu’en attendant ces officiers démissionnaires étaient fort à plaindre. Je le dis à Goethe. Qui nous garantit, ajoutai-je, que demain il n’en sera pas de même pour les magistrats, pour les préfets… ? Où sera la liberté promise aux hommes, l’égalité garantie entre les citoyens ?

— Puisque cette question vous tient à cœur, a répondu Goethe en souriant, je vous dirai franchement toute ma pensée. Ces fonctionnaires, civils ou militaires, ont choisi leur carrière à leur gré ; ils l’ont embrassée librement. Dès lors ils doivent subir, sans s’étonner, des événements qui en sont la suite même. Qui ne sait, en entrant dans les fonctions publiques, qu’il sera courtisé ou méprisé de ses camarades, pour des motifs où le mérite personnel n’entre pour rien ? Ces officiers juifs s’étonnaient-ils autrefois d’être adulés s’ils étaient riches et prêtaient aux autres leurs beaux chevaux, ou s’ils étaient bien en cour et influents près du ministre ? Non, ils trouvaient cela naturel. Il n’est pas plus extraordinaire qu’on se détourne d’eux à présent. Si ces messieurs souhaitaient d’être considérés selon leur valeur individuelle, ils n’avaient qu’à choisir un autre milieu et une autre vie.

De même pour l’avancement. L’avancement est toujours accéléré ou retardé pour d’autres raisons que l’intelligence et l’aptitude professionnelle. Il y a trente ans, dans les fonctions publiques de tout ordre, les conservateurs prospéraient, il y a quinze ans les républicains, aujourd’hui les ralliés sont les maîtres ; mais le sort du fonctionnaire est entraîné toujours par ces courants généraux qui se contrarient et se succèdent. Cela est dans l’ordre. Vos amis l’ignoraient-ils ? Non, mais probablement ils se disaient tout bas qu’ils sauraient bien nager jusqu’au bout dans le courant favorable… On doit pourtant savoir supporter la perte quand on aurait accepté le gain… Ces accidents entrent dans la définition même de la carrière qu’ils avaient choisie. S’ils n’étaient pas d’humeur à les supporter, qu’allaient-ils faire dans cette galère ?

Goethe a dit encore : Trop de Juifs s’étaient précipités à la fois dans les fonctions publiques ; il n’est pas mauvais qu’ils s’en écartent, fût-ce à leur corps défendant ; l’état du fonctionnaire s’adaptait mal aux caractères fondamentaux de leur race. Ils contractaient aisément l’habitude d’une morgue sèche, impeccable et concentrée, qui rebutait. D’autre part, on réservait pour cette carrière tous les jeunes gens bien doués, ce qui constitue une pratique absurde. Les dons supérieurs de l’intelligence sont nécessaires au marchand, à l’industriel, au boutiquier, dans toutes les carrières où l’homme dépend de lui seul et porte seul le poids de ses résolutions ; ils ne sont d’aucun service au bureaucrate, civil ou militaire ; ils lui nuiraient plutôt. Pour réussir dans les fonctions publiques il suffit précisément de ces qualités moyennes de docilité, d’exactitude et de modestie que l’on réserve aujourd’hui pour la boutique ou pour l’atelier.

Réjouissons-nous donc pour les jeunes Juifs, a dit Goethe, si, même par l’effet d’actes fâcheux et de passions méprisables, ils sont rendus à leur droit chemin. Leur nature vraie sera sauvegardée ; ils connaîtront cette joie de l’indépendance qu’une mauvaise distribution sociale refuse le plus souvent aux êtres supérieurs. Mieux adaptés à leur tâche, ils se trouveront plus libres et plus heureux ; ils pourront s’apprêter, avec une confiance joyeuse, au rôle que leur réserve l’avenir.

Nous sommes remontés dans le cabinet de Goethe, où se trouvaient Du Coudray et Soret, et la conversation est devenue générale :

— J’ai entendu, dit Goethe, le plus éloquent des Français discourir sur le rôle des Juifs dans le monde. J’ai retenu une expression magnifique, dont il se servit : « Ce sont, disait-il, les grands spoliés de l’histoire. » Ils ont imaginé le prophétisme qui se retourna contre leur race : ils ont créé le capitalisme qui veut aujourd’hui leur ruine ; ils ont inauguré l’internationalisme que demain les socialistes réaliseront.

— Certains historiens ne pensent-ils pas, demanda Soret, que la franc-maçonnerie, dont l’influence sur les révolutions du siècle dernier paraît prépondérante, fut organisée, à son début, vers l’époque de la Renaissance, par des rabbins cabbalistes.

— Je l’ai entendu soutenir, répondit Goethe. Mais, à mon sens, ce n’est encore qu’une hypothèse, plausible sans doute, mais insuffisamment vérifiée.

— Et sans doute, demanda Soret, vous estimez que l’action de la race juive sur les destinées de ce monde n’est pas épuisée.

— En effet, répondit Goethe, je pense ainsi.

— Dans quel sens cette action doit-elle, selon vous, s’exercer ?

— On ne peut pas hésiter, dit Goethe. À portée de nos mains, il n’est pas beaucoup de grandes tâches. Notre société vermoulue s’écroule. Un effort collectif ne peut plus guère s’employer qu’à en étayer les murs qui branlent ou à les ruiner à jamais.

— El vous pensez que les Juifs auront une part dans la destruction de La société présente, dans l’édification d’une société nouvelle ?

— Oui.

— Apparemment, cette prévision vous est inspirée par l’affaire D…

— Non. dit Goethe en souriant et en hochant la tête ; nullement.

— Pourtant, dis-je, nous avons vu tous les Juifs indignés par l’injustice obstinée commise à l’égard d’un des leurs ; ce n’est que par le secours des socialistes qu’ils ont fait triompher la vérité. Il est juste que, tôt ou tard, ils leur rendent l’aide qu’ils en ont reçue.

— Ce qui manque le plus au socialisme, observa Du Coudray, c’est l’argent. Mis au service du socialisme international, le capital juif ferait assurément de grandes choses.

— Et je crois aussi qu’il fera de grandes choses, dit Goethe, d’ici cinquante ou cent ans. Mais il est essentiel d’observer que si les Juifs interviennent dans la lutte sociale, ce ne sera pas parce que le capitaine D…, juif, a été mis au bagne injustement, mais bien pour obéir à leur instinct, à la loi naturelle de leur race.

— Il faut croire, en tout cas, répondit Soret, que cet instinct ne s’est pas encore clairement révélé dans la société juive de la finance. Lors de mon dernier voyage à Paris, j’ai fréquenté d’assez près tous ces gros banquiers. Votre prophétie les surprendrait fort. Le seul changement que j’aie observé en eux, c’est qu’ils étaient orléanistes avant l’Affaire D…, et qu’ils sont bonapartistes maintenant. Sans doute jugent-ils qu’un pouvoir plus fort les garantirait mieux des violences, et puis le Duc s’est laissé entraîner à des paroles, à des alliances imprudentes, dont le Prince s’est soigneusement gardé. Chez maint potentat de la Bourse on trouve, maintenant, en bonne place, le Mémorial de Sainte-Hélène, et les moulages du docteur Antommarchi.

— La vie de la race ne siège pas là, répondit Goethe. Cherchez-la parmi les prolétaires, chez les artisans habiles, chez les jeunes gens laborieux et généreux de la petite bourgeoisie. C’est de là que monte la sève.

D’ailleurs, tels qu’ils sont, les millionnaires juifs de la finance ne seraient point les adversaires obstinés de la Révolution. Ils ne sont point dangereux pour elle, quoi qu’ils en pensent. Ils céderaient les premiers ; ils céderaient dès qu’ils sentiraient la résistance inutile. C’est un des caractères de la race. Elle est clairvoyante ; elle sait prévoir. Accoutumée au danger, dressée par la persécution, elle perçoit avec un flair presque animal l’approche des cataclysmes révolutionnaires. Et comme elle fut toujours la plus faible, elle a appris à ne pas lutter contre les grands courants de l’histoire. C’est une grande vertu. Ne dussent-ils qu’en donner l’exemple, les Juifs joueraient par cela seul un rôle essentiel dans la destinée prochaine de l’humanité. Songez-y : ce qui fit sanglante la Grande Révolution ce fut précisément l’impuissance des privilégiés à discerner en elle une force nécessaire, leur manque d’obéissance à l’inévitable, la résistance en pure perte, par point d’honneur. Nous qui souhaitons pacifique la Révolution prochaine, c’est peut-être à l’opportunité de l’abandon juif que nous devrons cette joie.

Les Juifs sont résignés. Ils ont supporté la dispersion, l’esclavage, la vie ingrate, le mépris, et, pendant tant de siècles, le labeur obscur perdu à des tâches imposées. Je crois qu’ils ne regretteront pas longtemps leur or. Ils se résigneront à la perte de leurs biens comme ils se sont résignés à la perte de leur temple et de leur patrie. Le ghetto souabe ou italien ne leur avait pas semblé trop cruel, la cité socialiste leur sera douce. Nul n’acceptera mieux qu’eux la répartition équitable des tâches et la loi commune du travail. Et à ce propos, voulez-vous entendre une grande vérité ? Nous autres Aryens, nous sommes gâtés par un préjugé absurde et qui pourrait tout retarder de beaucoup d’années. C’est le préjugé que certaines tâches sont honorables, ou même nobles, tandis que d’autres sont viles et dégradantes. Par le bienfait de sa vie passée, le Juif échappe à cette sottise dangereuse, dont il faudra que l’humanité se purge entièrement avant d’entrer dans ses voies nouvelles.

— Je ne doute pas, dit Soret, que les Juifs accepteront les grands changements que l’avenir prépare. J’admets aussi qu’ils donneront l’exemple de cette acceptation. Mais vous prétendiez bien autre chose. Selon vous, ils doivent compter parmi les ouvriers de la Révolution.

— Oui. dit, Goethe.

— Et pourquoi donc ?

— Je voudrais que mes raisons fussent plus fortes. C’est peut-être moins une certitude qu’un pressentiment. Dans la mesure où je discerne la poussée collective de leur race, c’est vers la Révolution qu’elle les mène. La force critique est puissante chez eux ; je prends le mot dans son acception la plus haute, c’est-à-dire le besoin de ruiner toute idée, toute forme traditionnelle qui ne concorde pas avec les faits ou ne se justifie pas pour la raison. Et, en revanche, ils sont doués d’une puissance logique extraordinaire, d’une audace incomparable pour rebâtir méthodiquement sur nouveaux frais. Au point de vue moral, j’aperçois un contraste du même genre, et dont les effets peuvent être tout aussi féconds. Je n’ai jamais rencontré de gens aussi débarrassés de notions ou de traditions religieuses. C’est au point qu’il est impossible, comme vous savez, de formuler le dogme juif. Dans le peuple, la religion n’est qu’un ensemble de superstitions familiales auxquelles on obéit sans conviction aucune, seulement par respect envers les ancêtres qui s’y sont conformés pendant vingt-cinq siècles : pour les gens éclairés, elle n’est plus rien. Et, cependant, la race est profondément croyante, éminemment capable de foi.

— Mais que peut bien être, demanda Soret, celle foi qui n’est pas religieuse ?

— Elle est toute rationnelle, répondit Goethe. Elle tient en un mot : la Justice. Le Juif a la religion de la Justice comme les Positivistes ont eu la religion du Fait, ou Renan la religion de la Science. L’idée seule de la Justice inévitable a soutenu et rassemblé les Juifs dans leurs longues tribulations. Leur Messie n’est pas autre chose que le symbole de la Justice éternelle, qui sans doute peut délaisser le monde durant des siècles, mais qui ne peut manquer d’y régner un jour. Et ce n’est point, comme les chrétiens, d’une autre existence, qu’ils attendent la réparation et l’équité. Les vieux Juifs ne croyaient point à l’immortalité de l’âme. C’est ce monde-ci, ce monde présent et vivant, avec ces vieilles gens et ses vieux arbres qui doit s’ordonner un jour selon la Raison, faire prévaloir sur tous la règle, faire rendre à chacun son dû. N’est-ce point là l’esprit du socialisme ? C’est l’esprit antique de la race. Si le Christ a prêché la charité, Jéhovah voulait la Justice. La Bible dit un juste quand l’Évangile dit un saint.

— Ajoutez, dit Soret, en souriant que le Juif a conservé l’art oriental du spectacle et de la mise en scène. Il excellera, je crois bien, dans la propagande tapageuse et dans le cabotinage orthodoxe…

— Non, répondit Goethe en souriant aussi, mais gravement, non, mon ami, ce n’est point par une inattention de la Providence qu’un Herzen, qu’un Marx, qu’un Lassalle ont été des Juifs.

— J’ai lu quelque chose d’analogue, dit Soret, c’était je crois bien, dans un roman de Disraeli. Il était né juif… et baptisé.

— Eh bien, voilà un mot de la fin, dit Goethe. Mais parlons d’autre chose. Soret ne veut rien entendre ce soir.

12 septembre. — Goethe m’a dit ce matin : J’ai entendu quelques Juifs de France crier à la persécution. Les pauvres gens ! Comment n’avaient-ils pas compris qu’il dépend entièrement d’un individu, d’une race, d’être ou de n’être pas des persécutés ? Ce qui constitue la persécution, ce n’est pas telle mesure vexatoire, c’est l’état d’esprit avec lequel elle est reçue et subie. Si les Juifs sont courageux, si, loin de grossir l’effet des actes qui les lèsent, ils l’enveloppent et l’atténuent, si, au lieu de s’en lamenter, ils en sourient, s’ils ont tranquillement confiance, comme leurs aïeux, que toute injustice est précaire et que la civilisation ne revient jamais sur ses pas, alors nul ne pourra dire qu’ils sont des persécutés.

Tenez, considérez les catholiques d’Angleterre. Les lois qui les frappaient jusqu’au début de ce siècle étaient bien dures ; plus dures que celles qui dans aucun pays, hors la Russie barbare, atteignent les Juifs. Pourtant ils ne font pas, dans l’histoire, figure de « persécutés ». Simples et sûrs, ils ont laissé passer l’orage, sans se troubler, sans céder. Surtout ils se sont bien gardés de se plaindre, de crier eux-mêmes à la persécution. Ils ont attendu tranquillement la fin d’un état de choses dont la durée est nécessairement limitée par le progrès de la civilisation. Voila l’exemple qu’il faut proposer aux Juifs de France.

Je leur conseille pour ma part, puisque après tout leur vie est en sûreté et que l’ensemble de leur existence est tolérable, de négliger, en souriant, ces petites misères d’amour-propre ou d’intérêt. Elles sont si peu de chose dans la vie d’un homme, elles ne sont rien dans la vie d’un peuple. Surtout, pas de plaintes ! Que l’on n’entende plus dire : « Mais le monde retourne en arrière ! Où cela s’arrètera-t-il ? » Tout cela parce madame X… ne leur aura pas rendu visite, ou qu’un ancien ami ne les saluera plus, dans la rue… Ne voient-ils donc pas que la rupture d’une relation, d’une amitié même, pour de tels motifs, est, au contraire, un bénéfice véritable ?…