Odes (Horace, Leconte de Lisle)/I/9

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1er siècle av. J.-C.
Traduction Leconte de Lisle, 1873
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Ode IX. — À THALIARCHUS.


Tu vois comme le haut Soracté se dresse blanc de neige, comme les forêts s’affaissent sous leur fardeau, et comme les fleuves s’arrêtent saisis par la gelée aiguë.

Chasse le froid, mets largement du bois dans le foyer, et puise abondamment un vin de quatre ans du tonneau Sabin, ô Thaliarchus,

Laisse le reste aux Dieux : ils ont abattu les vents qui luttaient sur la mer écumante, et les cyprès et les vieux frênes ne sont plus agités.

Garde-toi de chercher ce qui sera demain et mets à profit le jour, quel qu’il soit, que le sort te donnera. Ne dédaigne, enfant, ni les douces amours, ni les danses

Aussi longtemps que la morose chevelure blanche sera loin de ta verte jeunesse. C’est maintenant qu’il faut rechercher le Champ de Mars, et les portiques, et, à l’heure convenue, les doux murmures dans la nuit,

Et le rire charmant qui trahit la jeune fille cachée dans un angle obscur, et le gage amoureux dérobé au bras ou à la main qui se défend mal.