Odes (Horace, Mondot)/13

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Traduction par Jacques Mondot.
Poncelet (p. 30-31).
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À LYDIE SA
MAIStresse.

Il se plaint de ce que Theleph est
plus aymé de sa Dame que luy.


ODE XIII.




Ma Lydie où ie tiens encloses
Mes volontez & mes desirs,
Lors que tu semes tant de roses
Au col, l’objet de tes plaisirs
Las, Amour, ie me sens épris
D’vn feu qui brusle mes esprits.

L’ame s’en-vole & me delaisse
Iaune, pasmé, mort à demy
De l’onde qui sort la largesse
De mes yeux dit mon ennemy :
Tesmoins certain du desconfort
Plus cruel qu’vn traicl de la mort.

Quand ie vois ton gentil corsage
Estre alaidy, par vn courrous :
Et que Teleph’sentant la rage
Des amans (dont ie suis ialous)
Son amour venant amuser
Graue tes leures d’vn baiser.

D’vn baiser qui n’est agreable,
Qui n’est plaisant ny gracieux,
Croy moy, il est trop variable,
Il te trompe mocquant tes yeux,
Garde que ses propos aislez
Ne t’enferment dans ses filets.

Heureux trois fois, heureux encore
Qui gardent entier le lien
De l’amour que tant on honore
Sans le rompre ou briser en rien
Attendant que leur dernier iour
Donne la fin à leur amour.