Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
22
L’Art de se
CHAP. II.
Où l’on fait des réflexions plus particulieres sur l’homme, où l’on tâche de découvrir sa nature, ses perfections & sa fin, pour trouver quelque consolation à ce qu’on a découvert de sa bassesse & de sa misere.
N Ous regardons comme un phantôme
tout corps, où l’on trouve
la présence de quelque esprit, ou les
caracteres d’une intelligence, lorsqu’on
est d’ailleurs persuadé, qu’il n’y en
devroit point avoir. C’est ce qui se
présente ici à notre considération. Car
enfin cet homme, que je vois devant moi
& qui me parle, n’est originairement
qu’une portion de matiere : & pourquoi
dans cette matiere y a-t-il quelque
chose qui pense, qui doute, qui raisonne
avec moi ? Est-ce parce que ce corps
a certains organes, une tête, des pieds,
un cerveau, un cœur, des nerfs, &c.
Mais il n’y a aucun rapport entre ces parties corporelles, & l’intelligence. Est-ce parce que cette machine corporelle est remplie d’un sang, qui fait dans