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L’Art de se


CHAP. II.

Où l’on fait des réflexions plus particulieres sur l’homme, où l’on tâche de découvrir sa nature, ses perfections & sa fin, pour trouver quelque consolation à ce qu’on a découvert de sa bassesse & de sa misere.


N Ous regardons comme un phantôme tout corps, où l’on trouve la présence de quelque esprit, ou les caracteres d’une intelligence, lorsqu’on est d’ailleurs persuadé, qu’il n’y en devroit point avoir. C’est ce qui se présente ici à notre considération. Car enfin cet homme, que je vois devant moi & qui me parle, n’est originairement qu’une portion de matiere : & pourquoi dans cette matiere y a-t-il quelque chose qui pense, qui doute, qui raisonne avec moi ? Est-ce parce que ce corps a certains organes, une tête, des pieds, un cerveau, un cœur, des nerfs, &c.

Mais il n’y a aucun rapport entre ces parties corporelles, & l’intelligence. Est-ce parce que cette machine corporelle est remplie d’un sang, qui fait dans