cune l’abaiffement & la gloire de l’homme. La vie fait la gloire du corps & l’abaissement de notre ame. C’est par la vie que le corps s’étend jufqu’à la juste & naturelle proportion de ses parties. La vie lui donne de la santé, de la force, de l’agilité, de la beauté, de l’adresse, & fait en un mot toutes ses perfections. Mais la vie fait l’abaissement de notre ame. Elle l’attache à des objets qui n’ont aucun raport avec son excellence naturelle. Elle fait que cet esprit s’occupe des plus petites affaires, & se renferme dans un ménage, dans un champ, dans une vigne, dans les besoins du corps les plus bas ; comme si cet esprit immortel n’étoit fait, que pour prolonger pour quelques momens la durée de cette fragile machine à laquelle il est attaché.
Si la vie fait la gloire du corps & l’abaissement
de l’esprit, on peut dire que la mort
fait la gloire de l’esprit & l’abaissement du
corps. Le corps tombe ; mais l’esprit se
releve. Le corps diminue & se reduit à un peu
de poussiere avec le tems ; mais l’esprit
s’etend comme une sphere divine, qui devient
plus grande à mesure qu’elle approche de
Dieu. Le corps perd le mouvement qu’il
avoit, l’eſprit acquiert des connoissances
qu’il n’avoit point. Le corps se confond avec
la terre, l’esprit se réunit avec Dieu.