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DISCOURS

qui à la vérité n’existe presque plus aujourd’hui) ne reconnoissent point d’espace distingué des corps, & qu’ils regardent l’étendue & la matiere comme une même chose. Il faut convenir qu’en partant d’un pareil principe, le Mouvement seroit la chose la plus difficile à concevoir, & qu’un Cartésien auroit peut-être beaucoup plutôt fait d’en nier l’éxistence, que de chercher à en définir la nature. Au reste, quelque absurde que nous paroisse l’opinion de ces Philosophes, & quelque peu de clarté & de précision qu’il y ait dans les Principes Métaphysiques sur lesquels ils s’efforcent de l’appuyer, nous n’entreprendrons point de la réfuter ici : nous nous contenterons de remarquer, que pour avoir une idée claire du Mouvement, on ne peut se dispenser de distinguer au moins par l’esprit deux sortes d’étendue : l’une, qui soit regardée comme impénétrable, & qui constitue ce qu’on appelle proprement les corps ; l’autre, qui étant considérée simplement comme étendue, sans examiner si elle est pénétrable ou non, soit la mesure de la distance d’un corps à un autre, & dont les parties envisagées comme fixes & immobiles, puissent servir à juger du repos ou du mouvement des corps. Il nous sera donc toujours permis de concevoir un espa-