Page:Alembert - Traité de dynamique (1758).djvu/65

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

dans le Mouvement, est arbitraire, pour ainsi dire, & dépendante de circonstances extérieures. Le Mouvement non uniforme ne peut être par conséquent la mesure naturelle du tems ; car en premier lieu, il n’y auroit pas de raison pourquoi une espece particuliere de Mouvement non uniforme, fût la mesure premiere du tems plutôt qu’une autre : en second lieu, on ne pourroit mesurer le tems par un Mouvement non uniforme, sans avoir découvert auparavant par quelque moyen particulier l’analogie entre le rapport des tems & celui des espaces parcourus, qui conviendroit au Mouvement proposé. D’ailleurs, comment connoître cette analogie autrement que par l’expérience, & l’expérience ne supposeroit-elle pas qu’on eût déja une mesure du tems fixe & certaine ?

Mais le moyen de s’assurer, dira-t’on, qu’un Mouvement soit parfaitement uniforme ? Je réponds d’abord, qu’il n’y a non plus aucun Mouvement non uniforme dont nous sachions exactement la Loi, & qu’ainsi cette difficulté prouve seulement que nous ne pouvons connoître exactement & en toute rigueur le rapport des parties du tems ; mais il s’ensuit pas delà, que le Mouvement uniforme n’en soit par sa nature seule, la premiere & la plus simple mesure. Aussi ne pouvant avoir de mesure du tems précise & rigoureuse, c’est dans les Mouvemens à peu près uniformes que nous en cherchons la mesure au moins approchée. Nous avons trois moyens de juger qu’un Mouvement est à peu près uniforme : 1º. Quand le corps