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toute la rive opposée, et il aura remarqué qu’elle ne forme qu’une immense falaise, interrompue vers le nord par un ressaut peu élevé au-dessus des eaux et couvert de cultures. Sa base, découpée en mille criques capricieuses, présente des promontoires de toutes formes, et sur l’un des plus saillants s’élève un majestueux édifice, accosté d’une haute tour ; c’est la royale abbaye d’Hautecombe.

Hautecombe ! Quelle dénomination parut jamais plus inexacte à celui qui a observé la topographie des lieux, comme nous venons de le faire ! Mais si, guidés par le sens de cette vieille locution[1], nous consultons les traditions locales et si nous les confrontons avec les anciens documents, nous apprendrons que les rives du lac du Bourget n’ont vu s’écouler que la seconde période de l’existence du monastère, dont les débuts eurent lieu sur le revers de la montagne qui nous montre à l’est ses flancs abrupts et déchirés.

Un ancien récit, conservé aux archives de Turin, conforme aux données d’Alphonse Delbene sur les origines d’Hautecombe, en expose ainsi la fondation : « L’an 1101, quelques hommes, animés de l’esprit de Dieu. désirant embrasser la vie érémitique, arrivèrent à un lieu, alors plein d’horreur et de solitude, appelé Hautecombe. Là, ils bâtirent un oratoire et menèrent une vie sainte et solitaire jusqu’à la fin de l’année 1125 du Seigneur, où, suivant les conseils de saint Bernard, qui alors passait dans cette direction, et à cause d’une lumière qui, pendant la nuit, se rendait de l’ancien monastère au lieu nommé Charaïa, situé de l’autre côté du lac du Bourget, ils se

  1. Haute vallée. Le mot combe, admis dans l’ancien français, est encore en usage dans le patois du pays.