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Page:Voltaire - Œuvres complètes Garnier tome25.djvu/505

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DE M. ROBERT COVELLE. 493

yir (le vous; mais enfin tous voilà, monsieur, bien convaincu que vous avez été son éditeur.

« Vous dirai-je encore quelque chose de plus fort ? c'est vous qui fîtes la préface. La preuve en est dans la lettre de l'impri- meur Claude Philibert, du 15 avril 1754. « Vous avez vu, mon- u sieur, la préface de M. Vernet; elle suffit, ce me semble, pour {( me disculper. »

« Enfin, lorsque vous apprîtes que MM. Cramer se disposaient à imprimer cette même histoire, vous écrivîtes à M. de Voltaire en ces mots : « Voici encore de nos libraires qui mettent la fau- « cille dans notre moisson, c'est que la moisson est bonne; et la « denrée se débitera si bien qu'aucun libraire n'en souffrira de « préjudice. Quant à vous, monsieur, il n'y a que de l'honneur à « voir vos ouvrages si répandus, etc. »

a Je vous demande à présent, vénérable homme, comment le petit dépit de n'avoir pas été choisi par M. de Voltaire pour son éditeur et pour son correcteur d'imprimerie a pu vous porter non- seulement à écrire deux volumes d'injures contre lui et contre MM. d'Alembert et Hume, si estimés dans l'Europe, mais à faire toutes les manœuvres dont vous vous êtes rendu coupable depuis plusieurs années? Pensez-vous que si l'auteur de la Hcnriade a négligé de vous punir, et s'il vous a oublié dans la foule, il vous oubliera toujours?

— Oh ! dit Vernet, je n'ai rien à craindre; il me méprise trop pour me répondre.

— Ne vous y fiez pas, répHqua M" Ferbot; on écrase quel- quefois ce qu'on dédaigne : il n'a jamais attaqué personne, mais il est dangereux quand on l'attaque. Et on m'a parlé d'un certain poëme sur Y Hypocrisie ^.,

— Parbleu, dit alors le capitaine, votre procédé n'est pas d'un honnête homme; vous allez tomber dans la plus triste situa- tion où un pirofesseur puisse se mettre en se déshonorant; brûlez votre ouvrage, vous dis-je, comme tout le monde vous le con- seille; respectez M. d'Alembert et M. Hume, dont vous n'êtes pas digne de parler. Songez-vous bien ce que c'est qu'un professeur de théologie qui dit des injures sous un nom supposé, qui se loue sous un nom supposé, et qui avertit qu'ayant assuré autre- fois que la révélation n'était quhitile, il va imprimer bientôt qu'elle est nécessaire? Votre ouvrage est un libelle; vous mettez tous les intéressés en droit de vous couvrir d'opprobre; vous

1. Voyez cette pièce, tome X.

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