Panthéon égyptien/62

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Panthéon égyptien, collection des personnages mythologiques de l'ancienne Égypte, d'après les monuments
Firmin Didot (p. 131-132).

DJOM, DJEM, ou GOM.

(l’hercule égyptien.)
Planche 25

Les Grecs connurent trois personnages mythiques du nom d’Hercule ; le plus moderne vécut peu de temps avant la guerre de Troie : c’était le fils d’Alemène et le petit-fils d’Alcée[1] ; le second était l’Hercule crétois[2] ; et le plus ancien de tous fut l’Hercule égyptien, dont les travaux et les exploits ont été attribués par les Grecs à leur héros national, né à Thèbes de Béotie[3]. Hérodote, qui convient n’avoir jamais entendu parler dans aucun endroit de l’Égypte de cet Hercule si connu des Grecs[4], nous a transmis de précieux détails sur l’Hercule égyptien.

« Hercule, dit-il, est un dieu très-ancien chez les Égyptiens, et, comme ils l’assurent eux-mêmes, il est du nombre de ces douze dieux qui sont nés des huit premiers dieux, 17000 ans avant le règne d’Amasis[5]. » Diodore de Sicile est d’accord, à cet égard, avec le père de l’histoire, lorsqu’il avance que l’Hercule égyptien parut, dès le premier établissement de la race humaine sur la Terre, époque depuis laquelle les Égyptiens, assure-t-il, comptaient bien plus de 10000 ans[6]. Ce dieu rendit la Terre habitable, en la délivrant des animaux féroces[7]. Ainsi, l’Hercule égyptien était un dieu de la seconde classe qui se composait de douze divinités émanées des huit grands dieux de la première, parmi lesquels Ammon-Chnouphis, Néith, Phtah, Mendès et Phré, occupaient les principaux rangs. Il paraît, comme on le verra dans la suite, que les dieux de la seconde classe ne furent, pour la plupart, que des parèdres de ceux de la première que nous venons de nommer.

Le culte d’Hercule était très-répandu en Égypte, et remontait aussi, selon Macrobe, à l’antiquité la plus reculée ; ce personnage mythique était considéré comme l’emblême de la Force Divine, Virtus Deorum ; et on lui attribuait, ainsi qu’on le fit en Grèce, la défaite des géants ennemis des dieux[8]. Nous apprenons enfin par Plutarque, dans son Traité d’Isis et d’Osiris, que les Égyptiens croyaient que leur Hercule habitait le disque solaire, et qu’il faisait avec cet astre le tour de l’univers.

Cette dernière indication nous a fait reconnaître, dans les peintures des manuscrits et dans les bas-reliefs des temples, les formes variées que les Égyptiens donnèrent à leur Hercule. Ce dieu est figuré sous une apparence toute humaine, et porte ordinairement sur sa tête, ou dans sa main, une longue feuille ou plume, dont la partie supérieure est arrondie et recourbée. Ses chairs sont constamment rouges, et l’Hercule égyptien, comme l’a dit Plutarque, accompagne, en effet, presque toujours le dieu Phré (le Soleil), lorsque cette grande divinité est suivie, sur les monuments, par ses divers parèdres. Dans un des bas-reliefs moulés dans la grande salle du tombeau royal découvert à Thèbes par M. Belzoni, l’Hercule égyptien, tel que nous venons de le décrire, est placé dans la barque du Soleil, à côté du disque lui-même. Dans la seconde partie du rituel funéraire, dont les papyrus, trouvés sur les momies, sont des copies plus ou moins complètes, l’Hercule égyptien accompagne encore le Dieu-Soleil[9]. Il en est ainsi dans une foule d’autres peintures ou sculptures.

L’Hercule égyptien gravé sur notre planche 25, a été copié à Biban-el-Molouk, par la Commission d’Égypte, dans le cinquième tombeau royal de l’est[10] ; la légende hiéroglyphique tracée à côté de ce personnage, renferme son nom propre et sa filiation (nos 1 et 2). Le nom propre est composé ici, comme partout ailleurs, de deux caractères, 1o d’une plume ou feuille, semblable à celle que le dieu porte sur sa tête ; la valeur phonétique de ce signe nous est encore inconnue ; 2o de l’oiseau que nous appelons provisoirement la caille, et qui, dans toutes les légendes hiéroglyphiques, exprimant indifféremment les lettres O, OU et V, a pour homophone, le lituus (lég. no 3). La filiation est indiquée par l’oie, la ligne perpendiculaire, et le disque solaire suivi de la ligne perpendiculaire, ce qui donne Sché ou Sé-Ré, ou bien, Si-Ri, c’est-à-dire, Fils du Soleil : l’Hercule égyptien est ordinairement qualifié de Dieu grand, Fils du Soleil, Seigneur Suprême (voyez la pl. 25 (A)).


Notes
  1. Diodore de Sicile, Biblioth. Histor., lib. III, p. 208, C.
  2. Idem, ibidem.
  3. Idem, p. 207, C, et 208 ; et lib. I, p. 21.
  4. Hérodote, lib. II, §. XLII et CXLV.
  5. Idem, ibidem.
  6. Diodore de Sicile, Biblioth. Histor., lib. I, p. 21, D.
  7. Idem, p. 21, A.
  8. Macrob., Saturn., lib. I, cap. 20.
  9. Description de l’Égypte, Antiq., vol. II, pl. 7, col. 81 à 79.
  10. Idem, Antiq., vol. II, pl. 91, no 2.

——— Planche 25 ———