Pausanias, Attique-1, chapitre VII

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Description de la Grèce de Pausanias, tome 1
Traduction par M. Clavier.
J.-M. Eberhart (1p. 44-48).
chapitre VII.

Ptolemée Philadelphe. Magas.

Ce Ptolémée étant devenu amoureux d’Arsinoé sa seur de père et de mère, l’épousa, ce qui étoit contraire aux lois des Macédoniens, mais non à celles des Egyptiens, dont il étoit roi. Il fit mourir Argéus, son second frère, qui avoit, dit-on, conspiré contre lui. Le corps d’Alexandre le Grand fut apporté de Memphis à Alexandrie par son ordre. Un autre de ses frères, né d’Eurydice, fut mis à mort pour avoir fait révolter les habitants de l’île de Chypre. Il restoit à Ptolémée un frère de mère, nommé Magas, fils que Bérénice avoit eu d’un certain Philippe, Macédonien,

à la vérité, mais d’ailleurs peu connu et né dans la classe vulgaire. Magas, qui, par la protection de sa mère, avoit obtenu le gouvernement de Cyrène, poussa les Cyrénéens à la révolte, et les conduisit contre Ptolémée : celui-ci ayant fortifié l’entrée de ses états, attendoit les rebelles, lorsque leur chef apprenant en route le soulèvement des Marmarides, peuple Nomade de la Libye, revint à Cyrène pour les soumettre. Ptolémée vouloit poursuivre les Cyrénéens, mais voici ce qui l’en empêcha. À la nouvelle de la révolte de Magas, il avoit pris à sa solde des troupes étrangères, et entre-autres, environ quatre mille Gaulois ; ayant découvert qu’ils travailloient à se rendre maitres de l’Egypte, il les fit entrer dans une île déserte au milieu du Nil, où ils périrent tous de faim, ou en se tuant les uns les autres.

Cependant Magas, qui avoit déjà épousé Apamé, fille d’Antiochus, fils de Séleucus, décida son beau-père à violer le traité que Séleucus avoit fait avec Ptolémée, et à tourner ses armes contre l’Egypte ; mais Ptolémée, ayant appris qu’Antiochus se mettoit, en marche, envoya des troupes

dans tous les états de ce prince, et en désolant les peuples les plus foibles par des incursions, en contenant par des corps d’armées ceux qui étoient plus puissants, il occupa tellement Antiochus qu’il ne songea plus à venir attaquer l’Egypte. Ce Ptolémée est, comme je l’ai déjà dit, celui qui, pour secourir Athènes, contre Antigone, roi de Macédoine, envoya une escadre qui ne fut pourtant pas très-utile aux Athéniens. L’Arsinoé dont il eut des enfants étoit fille de Lysimaque : Arsinoé soeur et femme de Ptolémée, mourut avant lui sans laisser d’enfants, et donna son nom à un des nomes de l’Egypte, l’Arsinoïte.