Pausanias, Elide-1, chapitre IV

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Traduction par M. Clavier.
J.-M. Eberhart (3p. 32-39).

CHAPITRE IV


Oxylus devient roi d'Élis. Laias. Iphitus. Jeux Olympiques.

ON raconte aussi qu'Oxylus, craignant que les fils d'Aristomachus, s'ils voyaient l'Élide, pays fertile et bien cultivé, ne voulussent plus la lui donner, conduisit les Doriens travers l'Arcadie et non à travers le pays des Éléens. Il aurait bien désiré obtenir le trône sans combat; mais Dius ne voulut pas le céder, Oxylus lui proposa de ne pas risquer une bataille générale, mais de choisir de chaque, côté un combattant.

Cette proposition ayant été agrée des deux partis, le choix tomba du côté des Éléens sur Dégmenus, archer de l'Élide, et du côté des Aetoliens sur Pyraechmès, très habile à se servir de la fronde. Ce dernier ayant été vainqueur, Oxylus monta sur le trône. Il laissa pour tout le reste les anciens Epéens tranquilles; il exigea seulement qu'ils reçussent les Aetoliens dans le pays, et fissent un nouveau partage des terres avec eux. Il accorda différentes prérogagatives honorifiques à Dius, maintint les honneurs qu'on rendait suivant d'anciens rites aux autres héros, et les sacrifices funèbres qu'on offrait à Augias, et qu'on lui offre encore maintenant.

On dit aussi qu'il engagea ceux qui habitaient des bourgs peu éloignés des murs d'Élis à venir s'établir dans la ville même, ce qui la rendit plus peuplée et en général plus florissante. L'oracle de Delphes lui ayant ordonné de s'associer un Pélopide pour cette fondation, des recherches faites avec soin lui firent trouver Agorius, fils de Damasias, fils de Penthilus, fils d'Orestes, qui demeurait à Hélicé dans l'Achaïe : il le fit venir, et admit dans sa ville un petit nombre d'Achéens qu'Agorius avait amenés avec lui.

On dit que la femme d'Oxylus se nommait Pieria ; c'est là tout ce que nous en savons. Il en eut deux fils, Aetolus et Laïas: Aetolus étant mort avant ses parents, ceux-ci le firent enterrer sous la porte par où l'on sort pour aller à Olympie et au temple de Jupiter, ce qui se fit d'après un oracle qui ordonnait de l'enterrer de telle manière qu'il ne fût ni dans la ville ni dehors. Le Gymnasiarque offre encore maintenant tous les ans des sacrifices funèbres à Aetolus.

Après la mort d'Oxylus, son trône fut occupé par son fils Laïas. Quant aux descendants de celui-ci, je ne vois pas qu'ils aient régné; je n'en parlerai donc pas, quoique je les connaisse bien, ne voulant pas m'arrêter à de simples particuliers. Longtemps après, Iphitus, descendant d'Oxylus, et contemporain de Lycurgue, qui donna des lois à Lacédémone, fit célébrer des jeux à Olympie, renouvela les fêtes olympiques, et la trêve dont l'usage avait cessé depuis un temps dont je déterminerai la durée, lorsqu'ayant à parler d'Olympie, j'expliquerai la cause de l'interruption des jeux.

Iphitus voyant donc que la Grèce était désolée par des divisions intestines et par une maladie contagieuse, crut devoir aller demander à l'oracle de Delphes un remède à tous ces maux ; et la Pythie lui ordonna, dit-on, de rétablir les jeux olympiques de concert avec les Éléens. Iphitus engagea aussi les Éléens à offrir des sacrifices à Hercules, qu'ils regardaient auparavant comme leur ennemi. Suivant l'inscription qu'on voit à Olympie, Iphitus était fils d'Haemon ; la plupart des Grecs disent qu'il était fils de Praxonide ; mais suivant les anciens documents écrits des Éléens, son père portait le même nom que lui.

Les Éléens se sont trouvés au siége de Troie et aux batailles contre les Mèdes qui étaient venus dans la Grèce ; je ne parlerai point ici des démêlés qu'ils eurent avec les Pisaeates et les Arcadiens au sujet de la présidence des jeux olympiques, mais je dirai qu'ils firent malgré eux une invasion dans l'Attique avec les Lacédémoniens ; ils se liguèrent peu de temps après contre ces derniers, avec les Mantinéens et les Argiens, et ils admirent les Athéniens dans leur coalition.

Lors de l'expédition d'Agis en Élide, et de la trahison de Xénias, ils défirent les Lacédémoniens vers Olympie, les mirent en fuite et les chassèrent de l'enceinte du temple. Cette guerre se termina dans la suite par un traité, comme je l'ai dit précédemment dans mon livre sur les Lacédémoniens.

Philippe, fils d'Amyntas, ayant voulu se mêler des affaires de la Grèce, les Éléens, alors affaiblis par des divisions intestines, entrèrent dans l'alliance des Macédoniens. Ils ne voulurent point cependant combattre à Chéronée contre les Grecs; mais leur ancienne inimitié pour les Lacédémoniens, leur fit prendre part à l'invasion de Philippe dans la Laconie. Après la mort d'Alexandre, ils firent la guerre aux Macédoniens et à Antipater, de concert avec les autres Grecs.